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Sommaire politique

Le démocrate

Cont@ct

 

 

Pour la fourniture gratuite inconditionnelle de biens de base

plutôt (plus tôt... ?) que le revenu de base monétaire

 

 

 

 

 

Dans une société décente, une civilisation digne de ce nom, la solidarité ferait que la richesse soit distribuée afin que toutes les personnes aient une vie aussi décente qu'il est possible.

Ainsi, de nombreux théoriciens ont proposé un revenu d'existence, ou un revenu inconditionnel, qui aurait l'avantage d'assurer un "filet de sécurité" (le plus haut, le plus large possible) à toute personne.

Il y a plusieurs avantages à ce que ce soit un une fourniture de biens (justement nommés en l'occurrence) plutôt qu'un revenu monétaire :

 

- Chaque personne a plus ou moins tendance à privilégier certaines satisfactions à court terme plutôt que des choses plus rationnellement importantes, surtout lorsqu’on est confronté à des difficultés, du stress, etc., et à donc à dépenser de la monnaie dans des choses néfastes (malbouffe ou autres). C’est pour cela que certaines assurances sont obligatoires. L'expérience durable et construite de la collectivité permet de voir et prévoir plus loin et mieux que chaque personne. C'est la supériorité du socialisme sur l'individualisme : nous sommes des nains sur des épaules de géants.

Le revenu monétaire inconditionnel peut être dépensé dans n'importe quelle addiction onéreuse (alcool, tabac et autres drogues, jeux, etc.), et c'est souvent le cas des personnes qui ont le plus besoin d’aide et de solidarité dans leur malheur[1]. La collectivité devrait donc, en plus de ce revenu mal utilisé, moralement fournir ces biens (l’alimentation par exemple), plus des biens additionnels (par exemple en soins médicaux afin de lutter contre les effets de drogues pour lequel serait dépensé ce revenu) : elle financerait donc les poisons, puis ensuite soignerait, et donc paierait aussi les remèdes (rendus encore plus coûteux par la facilitation d’accès aux poisons)[2].

Il serait donc plus judicieux de fournir directement à chacun des biens que la collectivité peut proposer à tous, selon ses besoins (supérieurs pour un handicapé, un malade, un vieillard). Si ce n’était pas le cas, cela indiquerait que le revenu monétaire d’ « existence » serait un moyen pour le libéralisme dominant de supprimer la solidarité[3] : dans un individualisme renforcé, libre à chacun d’utiliser ce revenu égal pour se nourrir, se loger, se soigner, s’instruire, ou s’abandonner à ses addictions sans qu’on n’ait plus à avoir d’empathie et de solidarité. Ainsi, le revenu monétaire inconditionnel est un piège, un cheval de Troie tendu par le libéralisme (ou le libertarisme) au solidarisme.

Le Parti Socialiste, qui avec Benoït Hamon était la seule candidature à l'élection présidentielle française de 2017 à faire du Revenu Universel d'Esistence la proposition principale, peut en être l'instrument, comme ses deux présidents élus ont trahi les principes socialistes (François Mitterrand en 1982-1983 avec l'orientation euro-libérale; François Hollande dès son élection en n'ayant plus comme son « ennemi » déclaré « le monde de la finance »).

 

- La distribution monétaire est captée par le capitalisme, alors que la gratuité nous en protège[4]. Dans un secteur de prix libéral (et non dans un secteur de prix réglementés comme ceux des bailleurs sociaux), des études ont constaté que les augmentations des aides monétaires aux loyers ont augmenté les loyers, comme leur diminution a baissé les loyers[5]. Les aides étatiques sont donc absorbées par le capitalisme. Cela s’appliquerait de la même façon aux salaires.

 

- Alors que les plus riches profiteraient tous du revenu monétaire inconditionnel, indifférencié dans leur capital monétaire, ils n’utiliseraient pas nécessairement leurs droits à des repas de base sans mets rares, à des logements minimaux fournis, et ce serait autant d’économisé pour la collectivité (et même, les pauvres mangeraient mieux que les riches).

 

- J'avais proposé dans un article un étalon travailliste à la monnaie : or, avec un revenu inconditionnel monétaire, toute personne serait rémunérée sans travail, et sans rendre compte à la collectivité de l'usage faste ou néfaste de cette monnaie. Plus généralement, la monnaie fournie est une quantité de liberté (une récompense) octroyée en échange d’une contrainte, le travail (étymologiquement un joug) fourni pour autrui, ou un abandon de propriété (c’est-à-dire un transfert de la liberté d’utilisation de quelque chose). Par la fourniture inconditionnelle de biens, la collectivité fournirait en premier la monnaie (récoltée par les impôts ou créée) à ses fournisseurs de biens (agriculteurs bio, médecins, infirmiers et autres thérapeutes, avocats, professeurs, et autres bienfaiteurs).

Aussi, la distribution monétaire, dont la quantité est impossible à évaluer, et très variable selon les partisans (de 250€ à 1500€) perturberait une évaluation juste du prix du travail selon ses coûts, et va plus dans le renforcement du capitalisme que dans sa destruction.

 

 

Quelles fournitures ?

Décemment, la collectivité fournirait inconditionnellement, gratuitement à ses sociétaires (par exemple pour ce qui doit être contrôlé contre tout abus ou erreur, grâce à la justement nommée Carte Vitale de la Sécurité Sociale) :

- Un air sain ;

- Une quantité vitale d’eau saine ;

- Une alimentation saine, nutritivement complète en étant simple et peu coûteuse (donc bio, et plutôt végétarienne) ;

- Un abri individuel ou familial (offrant donc assez d'intimité) à toute heure, pour dormir, ne pas souffrir du froid ou de la canicule, entreposer ses affaires[6] ;

- Des vêtements ;

- L'accès gratuit aux soins[7], au système judiciaire (avocats gratuits), à l'éducation, à l’instruction ;

- La sécurité (par la police, l’aménagement des routes, le contrôle des produits et services, etc.).

Par conséquent :

- Les cantines scolaires seraient gratuites.

- L'accès à la médecine (et à la contraception) et aux avocats étant gratuits, ces professions ne seraient plus libérales, mais solidaires, de service public.

 

Diminution du travail non rémunéré

Par contre, toute production de bien (public) doit être rémunérée : le fait des personnes âgées de bien s'occuper d'enfants, mais aussi des parents de (bien) s'occuper de leurs enfants (revenu parental), ainsi que les études (sur concours d’entrée selon les besoins déterminés par la société) ; aussi la participation à la vie citoyenne en allant voter (comme déjà proposé dans mon article Pour une démocratie réelle), dépouiller les votes, être juré tiré au sort.

Alors que des activités néfastes sont à notre époque surpayées, de plus en plus de travaux d’utilité publique sont externalisés par l’État à des associations avec des bénévoles (par exemple les repas aux plus pauvres distribués par Les Restos du Cœur, fondés par Coluche afin de palier à une défaillance de l’État ou de la collectivité. Dans un système rémunérant le travail pour autrui, ce bénévolat disparaîtrait.

 

Disparition des revenus non travaillés

En conséquence, les revenus minimaux sans travail disparaîtraient (Revenu Minimal d’Insertion, Revenu de Solidarité Active, Allocation Adulte Handicapé, allocations chômage, minimum vieillesse, retraites) ; mais les heures de travail seraient réévaluées en y internalisant divers coûts (risque de chômage selon le métier, effets sanitaires, etc.).

Les mutuelles de santé disparaîtraient. Il resterait des taxes ou des assurances obligatoires pour des activités de loisir risquées qui n’ont aucun intérêt public.

 

Les coûts de son travail pour le travailleur étant internalisés dans sa rémunération, il pourrait en profiter immédiatement. Il n’y aurait plus de retraite publique, la fourniture inconditionnelle la remplaçant (les vieux étant assurés de recevoir la totalité des soins disponibles, la nourriture, le logis, la culture, comme tous). La retraite profite à ceux qui ont la chance de survivre en bonne santé, et moins aux travailleurs les plus mal lotis qui meurent ou sont invalides trop tôt.

Le travail ou l'activité des vieux est un bienfait (se sentir utile, être intégré socialement). Dans l'exemple d’Okinawa, île japonaise où il y a le plus de centenaires (dans le pays où la durée de vie est déjà la plus longue), ceux-ci sont actifs, pêchent, tiennent des épiceries[8]. Leur intégration, leur certitude d’être utiles, intégrés et non pas retirés, en retrait, est un facteur du maintien de leur santé.

 

Conclusion : création monétaire solidariste plutôt qu’égalitariste ou libérale

Lorsque cette solidarité est assurée, on pourra aussi s’interroger radicalement sur la redistribution monétaire par l’État, et même surtout sur la distribution monétaire, si la création monétaire n’est plus accaparée par les banques privées par le crédit (dont les trois quarts vont vers le financement de l’immobilier[9]). Comme l’explique Gérard Foucher dans Les Secrets de la monnaie, la création monétaire profite d’abord à ses créateurs et à ses premiers destinataires. Il préconise un dividende universel distribué également à chaque sociétaire adulte. Dans un État démocratique, il faudrait discuter si la distribution aux serviteurs de la solidarité suffirait. Car, plutôt que cette distribution égalitariste, il pourrait mieux valoir une distribution solidariste, la création monétaire nécessaire par et pour la collectivité étant d’abord versée aux contributeurs, travailleurs du bien commun : médecins, infirmiers, enseignants, agriculteurs, avocats, juges, etc., avant que ceux-ci ne la redistribuent librement en échange de ce qu’ils veulent dans leur vie privée.

 

 

 

 

 

[1] « Causes ou conséquences de conditions de vie difficiles, absence de soutien pour restreindre des comportements à risque, les personnes en situation de précarité sont les plus nombreuses à fumer et à boire en grande quantité (au delà des seuils considérés comme excessifs) et, ce à tous les âges et aussi bien pour les hommes que pour les femmes. » Andrée Mizrahi et Arié Mizrahi : « Consommation d’alcool et de tabac », dans Gérontologie et société, 2003/2, n° 105, p. 21–43, https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe1-2003-2-page-21.htm.

« Les fumeurs [...] se recrutent davantage maintenant dans les populations sociologiquement et psychologiquement fragilisées.

Alors que le tabagisme dans la population générale est de l’ordre de 40%, il concerne environ 67 % de jeunes de 16 à 25 ans en insertion professionnelle, plus de 50 % de chômeurs, 59% de ceux touchant le RMI et 61 % des CES. Le tabagisme est particulièrement élevé chez les femmes seules monoparentales et au chômage.» (http://www.droit-air-pur.com/responsables-tabagisme-passif/fumeurs).

 « Quand le RMI est versé en début de mois, certains font couler à flots le vin, la bière ou le whisky... "Ils disent qu'ils fêtent la Saint-RéMI" » (Bertrand Bissuel : « Nouveau domicile fixe », dans Le Monde, 2 décembre 2006, http://www.lemonde.fr/societe/article/2006/12/02/un-domicile-pour-sdf-campeurs_841169_3224.html).

Par exemple, un homme « dilapide ses ressources (RMI) en alcool, tabac etc. et éprouve les plus grandes difficultés pour s’acquitter de sa participation financière. » (Sultana Hayoun : L’urgence sociale : les limites de l’urgence, l’accueil et l’hébergement des personnes sans domicile fixe à Paris. Mémoire de l’École Nationale de la Santé Publique, 2000, p. 39, http://pmb.santenpdc.org/opac_css/doc_num.php?explnum_id=14090).

 

[2] Ce n'est donc pas un revenu d'existence au sens où il peut être utilisé non que pour exister, mais aussi pour se détruire. C'est un revenu d'existence au sens où il suffit d'exister pour en bénéficier...

 

[3] Ainsi l’économiste libéral Milton Friedman le soutient dans le chapitre 12 de Capitalisme et liberté, selon un libéral qui le soutient aussi, Gaspard Koenig, dirigeant d’un laboratoire de pensée libéral Génération Libre, dans le débat RMC Carrément Brunet du 14 janvier 2016.

 

[4] Paul Jorion, contre revenu universel, dit que ce revenu sera capté par le capitalisme :

« Il faudrait un système où l’argent que les gens reçoivent de jour en jour soit bien mieux redistribué, et pas par des emplâtres sur des jambes de bois non plus comme le revenu universel pour que les gens ne crèvent pas de faim. » (France Inter, le 6/9 de Pierre Weill,  L'invité de 8h20, https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-07-aout-2017, 7mn23s, ou Interactiv' : https://www.franceinter.fr/emissions/le-6-9/le-6-9-07-aout-2017, 149mn38s)

« C’est essentiellement mon expérience d’avoir travaillé dix-huit ans dans la finance qui me rend extrêmement critique vis-à-vis de l’idée du revenu universel ; par ce que j’ai le sentiment que des sommes de ce type-là, qui seraient distribuées à l’ensemble de la population, seraient absorbées en grande quantité, soit directement par la finance, par un biais ou par un autre, soit par ce qu’on appelle le marché. Il y a une époque, il y a des gens qui s’en souviennent, quand les salaires étaient indexés, quand le salaire augmentait parce que le salaire avait monté, tous les loyers, en bonne synchronie, augmentaient de la somme qui avait été distribuée. [...] Ce que je propose à la place, c’est la gratuité. » (Interactiv' : https://www.franceinter.fr/emissions/le-6-9/le-6-9-07-aout-2017, 171mn56s).

Écouter aussi Paul Jorion sur France Inter dans Le Débat De Midi par Philippe Bertrand,  lundi 31 juillet 2017 : « Le revenu universel, une utopie sans avenir ? », https://www.franceinter.fr/emissions/le-debat-de-midi/le-debat-de-midi-31-juillet-2017 (de 10mn58 à 12mn02s, de21mn41s à 24mn20s, de 30mn55s à 34mn53s, de 41mn53s à 45mn25s) où aucun contradicteur n’argumente contre lui pour le revenu monétaire plutôt que la gratuité.

 

[5] Gabrielle Fack : « Pourquoi les ménages pauvres paient-ils des loyers de plus en plus élevés ? L’incidence des aides au logement en France (1973-2002) », Économie et Statistique, 2005, volume 381, numéro 1, pp. 17-40, http://www.persee.fr/doc/estat_0336-1454_2005_num_381_1_7207, p. 34) :

« [...] sur les trente dernières années, le loyer des locataires appartenant aux couches les moins riches de la population a augmenté plus rapidement que celui des locataires plus riches. Les résultats montrent que la réforme de l’extension des aides au logement au début des années 1990 a fortement contribué à cette évolution : selon les estimations réalisées, entre 50% et 80% des allocations de logement ont été absorbées par des hausses de loyer dans des hausses de loyer dans le secteur privé ».

Selon Céline Grislain-Letrémy et Corentin Trevien : « L'impact des aides au logement sur le secteur locatif privé », Insee Analyses N° 19, 14 novembre 2014, https://www.insee.fr/fr/statistiques/1521337 :

« un niveau plus élevé d'aides au logement pousserait à la hausse les loyers privé » ;

 « Ainsi, l'augmentation des aides pour le secteur locatif privé aurait principalement entraîné une hausse du prix des loyers. » ;

« Enfin, plusieurs études [...] quantifient la part de l'aide absorbée par une augmentation du loyer. Elle se situerait entre 60 % et 80 %, suggérant un effet limité mais non nul des aides sur le pouvoir d'achat des bénéficiaires. ».

 

[6] En Europe, il y a 4,1 millions de sans-logis, et 11 millions de logements vides, dont la plupart pourraient abriter plusieurs sans-logis (Robert Neate « Scandal of Europe's 11m empty homes », The Guardian, 23 février 2014, http://www.theguardian.com/society/2014/feb/23/europe-11m-empty-properties-enough-house-homeless-continent-twice).

 

[7] Afin qu’il n’y ait plus les « sans dents » caricaturés par le président François Hollande, ni les sans ouïe, les sans lunettes, à cause de leu prix prohibitif.

 

[8] « La société de l’île d’Okinawa ignore l’idée de retraite. » Asahi Shimbun Source : Courrier international, dans Japon-Infos, 24 novembre 2009, http://www.japoninfos.com/okinawa-l-ile-des-centenaires.html.

 

[9] Gérard Foucher : Les Secrets de la monnaie. Changer la monnaie pour changer le monde, Yves Michel, 2013, p. 87 [index].

 

 

 

Brouillons

Dans l’image de présentation, on lit que le revenu de base "permet[trait] de vivre dignement".

Pas du tout. En particulier c’est un cheval de Troie des ultralibéraux afin de supprimer les services publics : chacun devrait se débrouiller avec ce revenu monétaire de base.
A votre charge de ne pas être des "sans dents" (comme aurait dit le président François Hollande pour parler des pauvres) avec ces quelques centaines d’euros par mois, de soigner vos maladies, vos addictions, vos accidents, si vous n’avez pas payé des assurances privées onéreuses.

Je milite donc contre le revenu monétaire d’existence inconditionnel, et pour la fourniture inconditionnelle de biens (soins médicaux, alimentation saine, logement décent, éducation, culture) pour une vie digne.

Un argument en faveur du don inconditionnel plutôt que le revenu : les plus riches n'utiliseront pas tous leurs droits, par exemple en choisissant des mets plus rares et onéreux, alors qu'un revenu monétaire s'ajoutera totalement à leur capital.

Les enfants peuvent avoir une rémunération pour un travail qui leur permettra d'acheter librement (avec leur « argent de poche », donc) le superflu qu'ils veulent et qui leur est autorisé (vêtements qui leur plaisent, friandises).

 

4, 14 janvier, mercredi 30 novembre, 4 décembre 2016, 18 janvier, vendredi 10 mars, dimanche 29 octobre 2017.

Jeudi 15, jeudi 22, mardi 27 mars 2018

 

 

Annexe

Commentaires sur les arguments pour instaurer le revenu de base sur http://www.revenudebase.info/decouvrir/

 

« Pourquoi l'instaurer ? »

« Éradiquer la grande pauvreté »

 « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-­être et ceux de sa famille » :

Il n’y a aucune nécessité de lui donner de la monnaie pour cela : autant lui fournir gratuitement la santé et autres sources de bien-être.

 

« Nous avons entièrement les moyens de donner à chaque individu ce dont il a besoin » :

Même s'il a besoin d'héroïne ? Chacun a besoin de biens, pas de monnaie (dans le désert, on préfère avoir de l'eau qu'être riche).

 

« Les conditions matérielles (logement, santé, etc.) se détériorent » :

Un revenu monétaire n'empêcherait pas cela : le prix du logement et de la santé peut augmenter ; le prix de la santé est très variable selon sa santé : une maladie grave, une surdité, une vision à corriger.

 

« Quoi de plus simple en effet que de donner tous les mois une somme d’argent aux gens pour s’assurer qu’ils ne manquent de rien ? » :

En quoi une somme monétaire fixe, identique pour tous, assurerait aux gens qu'ils ne manquent de rien ? soit qu'elle n'est pas suffisante (les manques sont variables, par exemple selon la santé), soit qu'elle est utilisée sans combler les manques.

 

« Bien entendu, la mise en place d’un revenu universel n’est pas incompatible avec d’autres actions menées plus en amont ou avec la garantie d’accès à certains biens en nature (santé, éducation, logement), elle permet au moins de s’assurer que personne ne passe entre les mailles du filet de protection. » :

Comment cela ? Chacun avec sa carte Vitale de Sécurité Sociale, aurait accès au filet de protection sociale plus sûrement qu'avec quelques centaines d'euros.

 

« En outre, le revenu de base jouit d’une force symbolique sans précédent : l’inconditionnalité. » :

la fourniture de biens peut être tout autant inconditionnelle.

 

Se réapproprier le travail

« En garantissant à tous les individus un revenu indépendant du salaire, le revenu de base diminue la peur du chômage et permet à chacun de récupérer un certain contrôle de sa vie professionnelle. » :

encore mieux par la fourniture de biens.

 

« Le rapport de force entre employeurs et employés est rééquilibré en faveur de ces derniers et chacun acquiert dès lors un véritable pouvoir de choix sur son activité professionnelle. » :

les salaires devraient donc augmenter pour motiver les travailleurs, diminuant la valeur relative du revenu monétaire universel, et son pouvoir d'achat.

 

«  Développer de nouvelles richesses »

« Développer l’activité au-delà de la rentabilité »

« l’immense majorité des activités non professionnelles (éducation, tâches ménagères, bénévolat, etc.) ne sont pas reconnues comme travail alors même qu’elles jouent un rôle vital. En les soutenant et en les développant, le revenu universel doit permettre des les rendre plus visibles socialement, de leur apporter une légitime reconnaissance » :

comment cela ? Le revenu monétaire inconditionnel aurait tendance à développer des bénévolats, des travaux utiles, bénéfiques impayés et donc non dédommagés, non récompensés, contrairement à la fourniture inconditionnelle de biens.

 

« Favoriser l’économie contributive »

« On appelle économie collaborative ou contributive l’ensemble des projets productifs dans lesquels chacun peut contribuer sans attendre de contrepartie financière : logiciels libres, encyclopédie collaborative (Wikipédia), technologies et design open source, etc. Elle permet l’élaboration d’une richesse entièrement commune, développée hors de toute logique de rentabilité. [...] Loin d’être un secteur indépendant du reste de la société, la richesse produite par l’économie contributive profite à l’ensemble de ses acteurs. Elle permet notamment d’accroître la productivité dans les secteurs marchands puisque les entreprises bénéficient directement de cette multitude de services et d’informations mises à disposition gratuitement sur internet. » :

Pourquoi ces travailleurs, bienfaiteurs ne seraient-ils pas rémunérés ? Il y a bien des abonnements payés pour accéder à Wikipédia ou à des logiciels libres, sur lesquels une partie pourrait payer les créateurs de contenu sur internet, par exemple. Avec le revenu monétaire inconditionnel, on entérine de donner autant à celui qui ne fait rien qu'à celui qui se démène pour les autres.

 

« Le revenu de base donne à chacun les moyens d’accorder du temps à des projets contributifs, il constitue un véritable socle matériel capable de soutenir le travail gratuit des contributeurs. Il permet ainsi d’éviter une dommageable marchandisation d’un secteur de l’économie qui profite aujourd’hui à tous. »

C’est justement cette double déconnexion qui est dommageable : des revenus sans travail (plus généralement des revenus ne compensant, ne dédommageant aucun coût), et du travail sans revenu. Cela ne fait qu’accommoder et perpétuer un système injuste, inéquitable.

 

« Favoriser l’entreprenariat »

Parce qu’il est garanti à vie, le revenu universel constitue une sécurité économique sans précédent. »

La sécurité est bien mieux assurée par la fourniture des biens de base, car rien ne garantit que la monnaie sera utilisée pour la sécurité (elle peut par exemple être dilapidée en addictions délétères).

 

« Il permet ainsi à chacun de prendre des risques, de lancer un projet auquel il tient, quitte à échouer. »

Quels risques individuels, quels projets la collectivité devrait-elle permettre ? S’acheter un deltaplane ou une moto pour risquer sa vie ? La solidarité collective ne devrait financer que les projets d’intérêt collectif.

 

« Aujourd’hui, il est souvent difficile de lancer un tel projet : les investisseurs et les banques veulent souvent être sûrs d’obtenir un retour sur investissement. »

Il s’agit d’abord de réformer l’oligopole de création monétaire par les banques, qui orientent cette monnaie sur des projets sûrs (à trois quarts vers l’immobilier). En démocratie, les citoyens décideraient vers quoi financer la le budget public. Et il existe déjà des sites internet de financement participatif où on peut proposer et choisir des projets à financer.

 

« mettre en place des jardins partagés, organiser une fête de quartier, lancer un club sportif, développer des projets d’éducation populaire, organiser dans le quartier des activités gratuites pour les enfants pendant les vacances scolaires, organiser une concertation pour améliorer le quartier, développer diverses activités citoyennes »

Il serait plus juste de rémunérer les contributeurs de ces bienfaits selon leurs efforts.. Pourquoi certains seraient rémunérés et d’autres non pour le même travail ?

 

« il faut souligner l’intérêt que représente le revenu de base pour la vie politique et citoyenne. La situation présente semble injuste à bien des titres : on attend des citoyens qu’ils s’intéressent et participent à l’activité démocratique sans pour autant leur garantir les ressources matérielles qui rendent possible une telle implication. »

Donc garantissons les ressources matérielles nécessaires, et rémunérons la participation à l’activité démocratique (aller voter, dépouiller les bulletins de vote, etc.).

 

« Parce qu’il sécurise cette base matérielle et qu’il symbolise la confiance que la communauté accorde à chacun dans l’emploi de ses ressources, le revenu universel permettrait de replacer la population au centre de la vie politique. »

La fourniture en biens de base sécurise chacun. Ce qui replace la population au centre de la vie politique, ce sont des règles de fonctionnement démocratique.

 

« Thomas Paine, l’un des premiers défenseurs de l’idée, membre actif des révolutions américaine et française, résumait ce principe d’une formule : « sans revenu, point de citoyen ». »

La formule de Thomas Paine est à comprendre à une époque où existait le suffrage censitaire, où étaient citoyens que les hommes qui payaient un certain montant d’impôt, ce qui n’a disparu en France qu’en 1848. Ce qui fait la citoyenneté, c’est la souveraineté, c’est-à-dire la possibilité de participer, décider de la politique, d’avoir le temps et l’information pour cela.

 

« RÉSOUDRE LES ÉCHECS DU RSA »

Le revenu de base est effectivement un progrès par rapport au Revenu de Solidarité Active, pour son automaticité, sa simplicité, son absence de trappe à inactivité.

 

« AMÉLIORER LA PROTECTION SOCIALE »

« En France, la protection sociale s’est historiquement construite autour du salariat. »

C’est le passé, c’est à changer : la protection sociale doit reposer sur l’existence.

 

Le RMI et le RSA sont expliqués par le chômage de masse et la précarisation des emplois.

 

« Quant aux intermittents du spectacle, ils sont toujours plus nombreux à ne pas pouvoir remplir leur quota horaire nécessaire pour toucher les indemnités. »

Pourquoi ? Si c’est à cause d’un changement de règles, elles sont plus radicalement à rechanger.

 

« L’instauration d’une protection sociale ambitieuse sous la forme d’un revenu de base permettrait à la fois de protéger ces travailleurs face à toutes les situations (maladie, chômage, retraite), mais aussi et surtout de leur donner les moyens de négocier équitablement l’offre de leurs services et de refuser des conditions de travail injustes. Le revenu universel est, avec l’accès universel à la formation, un des outils pour accroître la sécurité et le pouvoir de négociation des travailleurs précaires et indépendants. »

Des personnes, à qui est fournie gratuitement la nourriture, la santé, un abri, sont encore plus à même de refuser des conditions de travail injustes. Plus radicalement, il s’agit de réglementer les rémunérations en en calculant et en y internalisant les coûts, ce que rend plus difficile l’octroi d’un revenu monétaire inconditionnel.

 

« FAVORISER L’ÉMANCIPATION DES FEMMES »

« Parce qu’il est aujourd’hui conjugalisé, le système socio-­fiscal interfère avec la volonté des individus de vivre ou non en couple. »

Tout à fait. Mais la fourniture de biens inconditionnelle serait aussi individuelle.

 

« Si l’on peut certes craindre certains effets pervers (cantonner les femmes aux tâches domestiques sous prétexte qu’elles reçoivent une rémunération), il reste que cela peut être l’occasion de rendre à ces activités une part de la reconnaissance qui leur est due. »

En plus de la fourniture gratuite de biens, il y aurait une rémunération des contributions au bien public. Ainsi, les personnes non professionnelles qui s’occuperaient des enfants (parents, grands-parents, etc.), seraient rémunérées.

 

« Inversement, les femmes trouveraient dans le revenu universel le moyen d’augmenter leur pouvoir de négociation face aux employeurs. Elles pourraient ainsi lutter plus facilement contre les inégalités de salaires et d’accès à certains postes. »

La fourniture de biens augmente aussi le pouvoir de négociation, de façon plus sûre. Par ailleurs, il y a à instaurer une réglementation des salaires. 

 

« FAVORISER L’ÉMANCIPATION DES JEUNES »

« Les bourses étudiantes ne sont versées que 10 mois sur 12 et ne peuvent dépasser 665€ par mois, elles sont également calculées en fonction des ressources des parents et sont conditionnées au suivi assidu d’un cursus scolaire. »

Les études contribuant au bien social, les étudiants doivent être rémunérés pour leur travail.

 

« Garantir un revenu suffisant aux jeunes aurait de nombreux bienfaits. En les affranchissant de toute dépendance matérielle à leur famille, ils seraient en mesure de construire leur parcours librement, sans crainte de peser sur leurs proches et sans risque de subir d’éventuelles pressions parentales. Le revenu universel pourrait donc, par extension, induire une facilitation des rapports familiaux. »

La fourniture de biens permettrait cela, encore plus avec l’ajout du salaire étudiant.

 

AMÉLIORER L’AIDE AUX FAMILLES

« Aujourd’hui, le système d’aides sociales et fiscales pour les enfants est fait de couches successives d’aides spécifiques qui le rende illisible et injuste »

Oui. L’alternative serait la gratuité des biens pour les enfants, plus une rémunération des parents, grands-parents ou autres personnes qui s’en occupent, selon le temps (et éventuellement d’autres critères, par exemple plus si l’enfant est handicapé).

 

« MIEUX RÉPARTIR LE PATRIMOINE COMMUN »

« Un héritage qui appartient à tous

« Un héritage qui appartient à tous »

« Comment justifier qu’une minorité d’individus soit propriétaire d’un bien qui devrait appartenir à tous : la terre ? [...] Verser un revenu à tous serait un moyen de dédommager chaque citoyen de cet inégal partage des ressources naturelles, ce serait une sorte de loyer que les propriétaires versent à la communauté pour avoir le droit d’exploiter ces biens communs. »

N’est-ce pas un emplâtre sur une jambe de bois ? Si le partage est inégal et injuste, c’est à lui qu’il faut palier (en supprimant par exemple l’héritage, ou des revenus du capital par exemple).

 

« Les gains de productivité générés par l’installation des machines ne profitent bien souvent qu’à une minorité de grandes entreprises et de travailleurs en haut de l’échelle. ».

Et donc, c’est la taxation des revenus du capital qui doit y pallier. Ensuite, la répartition peut être solidaire (par les biens et le paiement de ceux qui les produisent et les fournissent) ou égalitaire et libérale (par le revenu de base).

 

« Les monopoles de plateformes »

« Les grands groupes de l’internet (Google, Amazon, Facebook, Uber, Airbnb, Netflix, etc.), certains développeurs de logiciels et progiciels (comptabilité, traduction, secrétariat, rédaction d’articles de presse), des oligopoles dans l’industrie (télécommunications, électronique, informatique, automobile, travaux publics, grande distribution, aéronautique, énergie, transport ferroviaire, etc.) opposent une concurrence implacable à de nombreuses entreprises existantes et tirent une rente extraordinaire de leur position de monopole.

Cette situation est d’autant plus inacceptable qu’un nombre toujours plus grand de tâches est reporté sur le consommateur : commander son billet, enregistrer ses courses, faire de la publicité pour une entreprise via Facebook, noter un restaurant sur TripAdvisor, etc. Ce travail invisible et diffus permet aux géants du web de réduire leurs coûts de production et d’accroître leurs revenus. Mieux taxer ces grandes entreprises et redistribuer les ressources récoltées sous forme de revenu universel permettrait de rendre aux citoyens une part des richesses qu’ils contribuent à générer. »

Plus radicalement, il faut remettre en question qu’un monopole puisse être privé.

Ensuite, le « travail invisible et diffus » doit être rémunéré.

Encore une fois, la redistribution n’est pas forcément en revenu de base.

 

« DÉPASSER L’OBSESSION DE LA CROISSANCE »

« Ouvrir l’horizon social et politique »

« Le revenu universel invite nos sociétés à restaurer un sens des priorités : en répondant au problème du revenu des individus, il diminue la pression sociale de la pauvreté et nous permet d’envisager à nouveau les systèmes économiques comme des moyens plutôt que comme des fins en soi. »

La fourniture en biens répond plus directement à la misère, et replace plus les buts (que veut-on fournir) que les moyens (la monnaie étant un moyen pour acheter ce qu’on veut (assez) librement).

 

« Il replace ainsi au premier plan nombre d’enjeux aujourd’hui sacrifiés : le respect démocratique, le bien-être social, l’équilibre écologique, la santé des populations, etc. »

C’est la fourniture gratuite de soins sanitaires, d’aliments sains qui place au premier plan ces enjeux, plutôt que de fournir un revenu de base dont chacun fait ce qu’il veut.

 

« FACILITER LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE »

« Une consommation plus responsable »

« On peut également espérer que le revenu de base incite les individus à délaisser la spirale de la surconsommation »

On peut l’espérer, mais on peut croire que la fourniture de biens fait plus sortir de la spirale de la surconsommation.

 

« En favorisant la visibilité et la reconnaissance des activités non marchandes, le revenu universel peut encourager des modes d’accomplissement personnel moins avides de biens matériels. »

La reconnaissance des activités bienfaisantes se fera par leur rémunération. Le revenu de base favorise la considération qu’on peut être rémunéré sans activité.

 

« REDYNAMISER LES RÉGIONS RURALES »

« Aujourd’hui, de nombreux travailleurs dans les petites villes ou les zones rurales sont condamnés à chercher des emplois dans les grandes villes, condamnant leur territoire à la dépopulation et à la désertification. [...]

Le revenu universel est le même sur tout le territoire. Il peut ainsi encourager un nombre plus grand de travailleurs à rester ou à s’installer dans les petites villes et les territoires ruraux, quitte à avoir des salaires plus faibles, le coût plus faible de la vie et la douceur de vivre compensant la perte de revenu. »

Ce qui compte, c’est justement la fourniture de biens sur le territoire : la santé avec des services médicaux à proximité, ainsi que tous les services publics (écoles, transports, etc.).

 

« CONSTRUIRE UNE EUROPE PLUS SOLIDAIRE »

« Plusieurs défenseurs du revenu universel ont plaidé pour son instauration à l’échelle de l’Europe entière. Philippe Van Parijs soutient ainsi l’idée d’un eurodividende versé à tous les citoyens. Une telle proposition orienterait l’Europe vers une politique davantage au service des populations. »

Il est prioritaire que si la monnaie est commune, et surtout unique, avec aucun protectionnisme autorisé, son étalonnage soit égal, avec des rémunérations égales, et donc pas de tels écarts de revenu minimal (environ cinq fois entre la France et la Roumanie).