Index de
Les Secrets de la monnaie
de Gérard Foucher, 2013
(Yves Michel, 2013)
[samedi 7 janvier - jeudi 16 mars 2017]
C'est parti !
Les secrets de la monnaie sont nombreux et complexes. ,
Ce livre va vous aider à comprendre les mécanismes qui permettent de
créer la monnaie et de la distribuer dans la société. Nous allons
découvrir ensemble l'importance que ces deux fonctions possèdent non
seulement sur le bien-être de la société dans son ensemble, mais aussi
sur nos comportements sociaux et nos vies.
Tout d'abord, pour commencer, faisons le ménage et éliminons les deux
points aveugles majeurs, les deux idées préconçues et totalement fausses
qui nous empêchent de comprendre la monnaie. Les voici :
La plupart d'entre nous croient :
L que la monnaie est créée par l'État suivant les besoins de
l'économie. C'est faux.
2. que quand quelqu'un fait un emprunt à la banque, la banque prête
l'argent de quelqu'un d'autre. C'est faux aussi.
Contrairement à ce qu'on pourrait penser au premier abord, nous
allons constater que ces deux points sont intimement liés...
Après avoir expliqué ce qui se passe vraiment, et comment la monnaie
est vraiment créée et distribuée, nous essaierons dé réfléchir aux
questions suivantes :
Pourquoi avons-nous toujours l'impression de manquer d'argent ?
|
Pourquoi beaucoup de gens sont maintenant obligés de travailler à
deux pour entretenir une famille ?
Pourquoi les gouvernements assurent-ils que l'inflation est sous
contrôle alors que même la nourriture semble de plus en plus chère et
que les loyers.ne cessent d'augmenter ?
Pourquoi les impôts augmentent-ils alors que les services publics ont
plutôt tendance à se réduire ?
Pourquoi certains s'enrichissent sans rien faire alors que d'autres
triment toute la journée juste pour survivre ?
Si ce livre devait avoir une seule page, voici à peu près ce que nous
pourrions dire :
Notre système monétaire est en réalité très simple : la monnaie est
créée et distribuée par le processus de l'emprunt bancaire.
Pour la banque qui émet l'emprunt, c'est merveilleux car c'est un
crédit, mais pour l'emprunteur qui reçoit l'argent et les citoyens qui
l'utilisent, c'est ennuyeux car c'est une dette. Notre monnaie vient de
l'emprunt, donc notre monnaie, c'est de la dette.
Conséquence 1 : Comme tout le monde a besoin de monnaie, tout le
monde a besoin de dette.
Conséquence 2 : Si l'économie se porte bien, on a besoin de plus de
monnaie, il y aura donc plus de dette.
Conséquence 3 : Si on rembourse la dette, il n'y a plus de monnaie !
Conclusion : Dire que l'on peut rembourser la dette sans dire
simultanément qu'il faut réformer le système monétaire est une
contradiction. La solution n'est pas de réduire la dette. La solution
est de réformer la monnaie.
Voilà, le bouquin est terminé, vous pouvez le refermer !
[Lu le 7
janvier 2017, p. 7-8]
. Pour comprendre la fonction profondément humaine de la monnaie, il
peut être utile de se demander quelle serait la meilleure méthode pour
créer un système d'échange à partir de rien. Voyons voir...
Quand A veut vendre quelque chose à B, et que B est d'accord pour
l'acheter, ils doivent d'abord se mettre d'accord sur la chose et sur le
prix. C'est le fondement du contrat d'achat/vente. Dès qu'ils sont
d'accord, la vente est conclue. Il ne reste plus qu'à l'enregistrer en
chiffres. Si le prix est par exemple de 100, il suffirait que chacun ait
une comptabilité personnelle, et que la comptabilité de B enregistre
-100, et celle de A, +100: Si c'est une simple comptabilité entre eux
deux, ils sont les seuls concernés.
L'intérêt de créer un système de comptabilité mutuelle, c'est que
tous les membres d'une communauté peuvent se mettre d'accord sur une
même unité de compte qu'ils utilisent tous et avec laquelle ils
acceptent de tenir leurs comptes respectifs. À partir de cet accord, qui
est un contrat monétaire, tout le monde est d'accord pour accepter les
échanges dans cette unité, et le protocole d'échange devient une monnaie.
Du coup, A possède un crédit de 100 sur l'ensemble de la communauté qui
utilise le même protocole. B, lui, est débiteur de 100.
A dispose de +100. B est à -100. Si A achète pour 100, ou si B vend
pour 100, chacun revient à zéro. Quoi qu'il arrive, chacun d'eux a la
liberté d'échanger en comptabilisant ses transactions avec l'unité
d'échange commune.
Pour créer une monnaie, il suffirait donc de se mettre d'accord pour
définir une unité, et une série de règles communes :
— Combien d'unités donne-t-on à chacun au départ pour assurer les
premiers échanges ?
— Qu'est-ce qu'on fait pour gérer les deux principaux comportements
qui risquent de déstabiliser le système ?
1. Quand quelqu'un dépense plus qu'il ne gagne, aspire les biens de
tous à son profit et s'endette en déséquilibrant le système.
Et 2. Quand quelqu'un encaisse beaucoup et achète peu, accumulant
ainsi le moyen d'échange au détriment des autres.
— Est-ce qu'on laisse le débit des acheteurs (consommateurs)
augmenter ? Est-ce qu'on laisse le crédit des vendeurs (producteurs)
s'accumuler ?
— Est-ce qu'on redonne de nouveaux chiffres à tout le monde de temps
en temps, à quelle fréquence, combien ?
— Que fait-on pour les nouveaux arrivants ?
Tout ça est juste une question d'accord mutuel. Il faut rechercher un protocole durable, équitable qui, même perturbé par des comportements
décalés, se déséquilibre le moins possible dans le temps. Si les règles
sont saines et transparentes, tout est possible.
[Lu le 11
janvier 2017, p. 16-17]
Dans le monde réel, celui qui a prêté à quelqu'un qui a tout dépensé
et qui ne peut plus rembourser perd son argent, c'est tout simple. Adios
money, pertes et profits, point final, on laisse tomber. Ça arrive tous
les jours. Mais un banquier ne peut pas laisser faire cela. Pourquoi ?
Parce qu'il est responsable de la monnaie qu'il a créée, il doit «
protéger son bilan ». Parce que cette même monnaie a été passée à
d'autres gens, beaucoup d'autres gens, et qu'il est impossible de
retracer le nombre incalculable de transactions qui ont été effectuées
avec. Et parce que si cette monnaie ne revient pas à son point de départ
pour être détruite, personne ne pourra l'enlever de la circulation, et
alors, et alors.... le banquier risquerait de faire faillite à
rembourser tout le monde, parce que le banquier, cet argent qu'il a mis
en circulation, il n'existe pas. Il n'a jamais existé. Il n'existera que
sous la forme de la sueur future et du temps de vie extorqué aux
emprunteurs qui devront le rendre, et par défaut, à l'ensemble de la
société qui devra le garantir ! Et que donc, s'il fallait que le
banquier rende cet argent, il ne le pourrait pas, et quand on doit
rendre quelque chose que l'on n'a pas, on doit fermer boutique, et
travailler le restant de ses jours pour rembourser les gens que l'on a
escroqués, et cela, cela, mesdames et messieurs, ce n'est pas possible !
Pourquoi ?
Peut-on laisser tomber quelqu'un quand celui qui tombe est plus gros
que celui qui est en dessous ?...
[Lu le mardi 17 janvier 2017, p.
48]
La redistribution est évidente, visible, mais ce n'est pas la
redistribution des riches vers les pauvres, censée offrir aux couches
défavorisées de la société les moyens de s'approcher du sommet de la
pyramide, c'est l'inverse : ceux qui ont accumulé la richesse et ceux
qui émettent le moyen de l'échanger pompent la sueur de ceux qui ont
encore le courage ou l'ignorance nécessaire pour continuer à produire
malgré tout, en sachant que ce n'est plus pour eux-mêmes.
Ce détournement d'une partie de la valeur produite pourrait être
considéré comme vertueux s'il s'effectuait vers le bas : depuis ceux qui
ont trop vers ceux qui n'ont pas assez. Ici, c'est le processus inverse
qui s'est installé. Le circuit est inhérent au système et continuera
tant que celui-ci sera en place, c'est-à-dire tant que la • monnaie
commune sera émise par un système pyramidal et centralisé soumis à la
taxe de l'intérêt.
Quand les banques créent beaucoup d'argent par le crédit, il faut
sans cesse trouver de nouveaux emprunteurs. On est obligé d'élargir le
cercle et d'abaisser les critères. De plus en plus de gens sont en
danger de ne pas pouvoir rembourser. C'est statistique.
[Lu le mardi 24 janvier 2017, p.
58]
Réforme monétaire,
une première approche
Une économie, pour rester saine, exige une masse monétaire stable,
dont l'expansion éventuelle devrait rester proportionnelle à la
croissance constatée et à l'évolution de la démographie. Les modalités
de distribution dans l'économie réelle, les conditions de création et
les montants créés devraient être décidés indépendamment du pouvoir
exécutif et avec l'accord de tous les membres de la zone monétaire
concernée.
Dans une telle hypothèse, le système bancaire reprendrait
progressivement ses fonctions naturelles et légitimes de gardien de
l'épargne, et de mise en rapport des prêteurs et des emprunteurs. Si
vous choisissez d'emprunter pour acheter votre logement, vous ferez
gagner de l'argent à quelqu'un qui a vraiment travaillé pour amasser un
peu, pas à un système qui profite d'un privilège pour vous soumettre à
sa domination.
[Lu le mardi 24 janvier 2017, p.
64]
Si l'on approfondit un peu la question, on découvre le système de
réserve fractionnaire, qui autorise les banques à prêter plusieurs fois
le montant qu'elles ont en dépôt d'épargne ou en réserves de monnaie de
base à la Banque Centrale. Grâce à ce système, avec 100 de réserves, on
peut « prêter » 1000.
Cette description pourrait laisser penser que la Banque Centrale, en
définissant le taux de réserve obligatoire, peut contrôler le montant
des prêts accordés, et par conséquent, la quantité de monnaie injectée
dans l'économie. La Banque Centrale dirige, les banques commerciales
s'adaptent.
Ce n'est pas le cas.
En fait, c'est la Banque Centrale qui s'adapte. Le système de réserve
fractionnaire, qui était censé limiter la quantité de monnaie que les
banques commerciales peuvent créer en accordant des crédits, fonctionne
en réalité dans l'autre sens. Ce sont les banques centrales qui sont
tenues, quand les banques créent des crédits, d'ajuster les montants de
monnaie de base que ces banques détiennent chez elles. C'est ainsi que
les banques centrales sont obligées de « créer des réserves » pour
compenser les pertes potentielles de leurs clientes.
Il n'y a donc aucun moyen de limiter les crédits accordés, notamment
en période d'euphorie, et donc, aucun moyen d'empêcher les bulles,
notamment immobilières, de se former. La Banque Centrale ajuste à la
demande le montant des réserves en monnaie de base. Ce qui inverse les
rôles et rend l'effet limitateur inopérant.
La réponse à la question : « D'où vient l'argent ? » est donc : «
L'argent est créé par le crédit, à chaque fois que quelqu'un s'endette
». À chaque crédit accordé, la banque crée l'argent nécessaire, qui
devient une somme de monnaie supplémentaire qu'elle dépose sur le compte
de son client, et la Banque Centrale ajuste les réserves obligatoires.
Nous allons constater que la nature pyramidale, centralisée, et
fondamentalement déséquilibrée d'un tel système de création et de
distribution monétaire étend ses ramifications dans tous les recoins de
la planète, et que ses effets altèrent de manière saisissante la santé
économique, la stabilité financière et l'organisation sociale de
l'ensemble des populations...
[Lu le mardi 24 janvier 2017, p.
68]
Quand un emprunteur A prend un crédit bancaire, il s'engage d'une
part à rembourser le principal, et d'autre part, à payer des intérêts.
Si l'on ajoute principal et intérêts, cela peut atteindre, pour un
crédit immobilier sur vingt ans par exemple, plus du double de la somme
reçue au départ. Mais la banque ne met en dépôt sur le compte de
l'emprunteur que le principal, et c'est cela seulement qui devient de la
monnaie. Alors le reste, d'où vient-il ? Où Monsieur A va-t-il trouver
les intérêts ?
Au moment de l'attribution du crédit initial, la monnaie qui sera
nécessaire pour payer les intérêts n'existe pas encore. Nous avons vu
que, même si c'est la banque qui la diffuse par ses dépenses, il faut
obligatoirement, pour qu'elle soit disponible dans l'économie, que
quelqu'un ait fait un emprunt en amont. C'est ce dernier phénomène qui
oblige nos sociétés à une croissance permanente. |
C'est le même principe que pour les « ventes à la boule de neige »,
où il faut sans cesse des nouveaux arrivants pour acheter aux anciens.
Ce sont aussi les mêmes principes qui sont à l'oeuvre dans les «
pyramides de Ponzi » et les escroqueries à base de « cavalerie » :
donner l'illusion d'une chaîne infinie de prospérité en rémunérant les
premiers arrivés avec l'argent des suivants. Tout fonctionne tant que la
pyramide peut grandir. Quand il n'y a plus personne pour acheter, tout
s'écroule.
Pour que les intérêts qui ne sont pas injectés dans le système
puissent être trouvés et payés, il faut en permanence que de l'argent
nouveau arrive et que les flux circulent, ce qui ne peut se faire que
sous la forme de nouveaux « prêts », puisque dans le système actuel,
pour qu'il y ait plus de monnaie, il faut obligatoirement que de
nouveaux crédits soient injectés dans l'économie, c'est-à-dire plus de
dette !
Pour masquer ce phénomène, il faut de la croissance à tout prix. Nous
sommes sur un tapis roulant freiné par le, taux d'intérêt dans un sens
et poussé par la croissance dans l'autre. In fine, pour que tout reste à
la même place, il faut en gros que le taux de croissance compense le
taux d'intérêt. Autrement dit, le progrès permis par la croissance est
systématiquement aspiré par la fuite de l'intérêt.
[Lu le
mardi 24 janvier 2017, p. 69-70]
C'est un des effets les plus scandaleux et les plus pervers de la
monnaie arbitraire : étouffer la jeunesse, étouffer les génies et les
créateurs. C'est l'évolution du pays tout entier qui est bloquée, qui ne
s'exprime plus, qui ne peut pas s'exprimer, par la faute d'une monnaie
qui n'irrigue que le passé et les privilèges, et jamais la nouveauté et
le progrès,
État diminué — Économie faussée
La création et la distribution monétaire étant effectuées par le
secteur bancaire et non par l'État souverain, celui-ci ne peut pas
augmenter directement la quantité de monnaie en circulation, ce qui fait
que le processus d'allocation de la monnaie nouvelle, qui pourrait
permettre par exemple d'orienter l'économie dans des directions décidées
démocratiquement par l'ensemble de la population, échappe complètement
aux décisions des élus. Sous un système de monnaie-dette, l'action de
l'État est donc limitée à la fiscalité, c'est-à-dire une simple
redistribution, un jeu à somme nulle. On peut raisonnablement se
demander comment une politique peut espérer avoir le moindre effet
positif en l'absence de l'outil primordial que constitue la création
monétaire.
[Lu le mardi 24 janvier 2017, p.
74 progrès OU
monétaire]
Peu à peu, dans tous les pays, les financiers ont réussi à persuader
les États de les laisser s'occuper de la création monétaire, créant
ainsi une flagrante inégalité entre les personnes au niveau de l'accès à
la monnaie et de l'exercice des droits et libertés économiques. Pour
financer le coût induit du loyer de la monnaie, il était dès lors
indispensable que des impôts supplémentaires soient mis en place dans
tous les pays, que l'endettement de tous les gouvernements devienne
structurel, et que l'austérité devienne une obligation.
L'union du pouvoir et de l'argent était inévitable. La démocratie nè
pouvait que s'incliner. Et c'est, bien ce que l'on constate
expérimentalement : les huissiers sont à nos portes.
[Lu le mercredi 25 janvier 2017, p.
82]
Une récente analyse de Jacques Friggit, un des meilleurs spécialistes
français du secteur immobilier, indique qu'il faut en 2012, 32,5 ans
pour acheter le même logement qu'on achetait en 15 ans en 2000 !
L'indice des logements anciens, maisons et appartements confondus,
calculé sur une base 100 en 1970, arrive à 1 745 en 2011 !
Qu'est-ce qui se passe ? Comment est-il possible que des prix
augmentent à ce point ? Ou bien se pourrait-il que nous ne comprenions
rien, que nous percevions le problème à l'envers, et que ce soit en
réalité la monnaie qui perde sa valeur avec le temps ? Se pourrait-il
que le système soit spécialement conçu pour protéger les propriétaires
qui vivent des revenus d'un capital réel 'qui ne se dévalue pas, au
détriment des locataires dont le revenu est un salaire payé en monnaie
qui se dévalue un système pour protéger les détenteurs de richesse
réelle accumulée, au détriment des masses qui n'ont rien ?
En réalité, ce n'est pas l'immobilier qui monte, mais la monnaie qui
descend. Nous sommes tous victimes de l'illusion de l'inflation des
prix, que nous confondons avec l'inflation de la monnaie.
Le boom immobilier profite. surtout aux possesseurs de biens réels au
détriment des possesseurs de monnaie, c'est-à-dire qu'il permet un
transfert d'argent — et donc de travail, d'énergie et de ressources —
depuis les nouveaux arrivants, qui ne peuvent que se soumettre au
système pour quémander quelques miettes en gageant leur travail, vers
les générations anciennes qui ont eu le temps de thésauriser leur
richesse sous forme de réalité matérielle. On pourrait caricaturer la
situation en disant que les jeunes travaillent pour les anciens, ou les
pauvres pour les riches. Évidemment, le boom immobilier profite aussi
aux banques, qui organisent et sont à la clé de toutes les transactions.
Pour elles, l'augmentation des prix signifie des | montants de création
monétaire plus importants, et donc des paiements d'intérêts plus longs
et plus élevés. Certes, l'argent investi dans l'immobilier par les
acheteurs et investisseurs finira par circuler dans le reste de
l'économie et permettre toutes sortes de transactions. Il n'en reste pas
moins vrai que ces montants sont créés d'abord au profit des banques qui
en conservent sinon la propriété, du moins l'usufruit, et ceci, tout au
long de cette circulation.
À long terme, pour les nouveaux arrivants dans la vie, la
redistribution permanente de richesse vers les propriétaires existants
et le système bancaire aboutit à l'impossibilité de faire des économies.
Le système les oblige à dépenser souvent plus d'un tiers de leur revenu
juste pour avoir un toit au-dessus de la tête. Nous sommes en train de
passer d'une population de propriétaires à une population de locataires,
avec un nombre toujours plus grand de locataires asservis et fauchés
travaillant pour un nombre toujours plus petit de propriétaires libres
et rentiers. C'est l'émergence d'un système quasi féodal où la seule
possibilité d'être propriétaire d'un logement sera de l'avoir hérité.
Par ailleurs, la plus-value immobilière a plutôt tendance à
décourager le travail et la création de valeur. Un investisseur qui
aurait par exemple mis à profit le cycle de l'inflation pour acheter au
plus bas et revendre au plus haut se retrouverait finalement, en monnaie,
plus riche qu'un travailleur qui aurait épargné à grand mal pendant le
même laps de temps. En réalité, le niveau de richesse en biens réels est
en fait resté inchangé pour l'investisseur, ce sont les économies de
l'épargnant qui ont perdu leur valeur, mais on ne peut manquer de
remarquer le caractère décourageant de la stratégie de celui-ci par
rapport au succès apparent de celui-là.
Tout ceci est le résultat tragique d'une terrible erreur de
destination. Orienter la création monétaire vers un secteur dont les
seules qualités sont d'enrichir l'émetteur de monnaie et les détenteurs
de richesse ne peut avoir que des conséquences négatives pour le reste
de la société : spoliation pour les secteurs qui ne recevront jamais la
part de monnaie commune à laquelle ils pourraient avoir droit dans un
système réformé, perte sèche
[Lu le jeudi 26 janvier 2017, p.
90-91]
[...] on peut dire que c'est le caractère centralisé et pyramidal de
la distribution monétaire qui rend l'inflation prédatrice et dangereuse
pour certains. Car l'inflation n'est pas un phénomène instantané, elle
se développe dans l'espace économique et dans le temps au rythme des
échanges et de la circulation monétaire, du centre vers la périphérie.
C'est le centre émetteur qui en profite; lui qui a l'opportunité de
dépenser la nouvelle monnaie en premier, avant tout le monde.
C'est le dernier acheteur qui est lésé, lui qui achète au prix
augmenté avec une monnaie qui a baissé. La solution à ce problème est
que tout le monde reçoive la même quantité de monnaie. Les chiffres
augmentent, certes, mais s'ils augmentent pour tout le monde partout et
au même rythme, tout préjudice est rendu impossible de ce point de vue.
[Lu le mardi 31 janvier 2017, p.
95]
La seule solution dont disposent alors les Banques Centrales pour
éviter la « surchauffe » de l'économie (en réalité pour éviter qu'un
arrêt trop brutal des emprunts coupe le robinet monétaire trop vite et
crée une crise trop violente), c'est le taux d'intérêt. En le faisant
monter, elles pensent pouvoir ralentir la demande, et donc les émissions
de crédit. C'est souvent l'anticipation même de cette décision
arbitraire, prise de façon non démocratique par des institutions
contrôlées par des intérêts privés, qui déclenche le cycle de récession.
C'est à travers cet ensemble complexe de causes et d'effets quasiment
impossibles à maîtriser, mais tout à fait déterminants, que les désirs
et les intérêts du système bancaire mondial influencent et manipulent la
santé économique et sociale de l'ensemble de la planète. Tout est
affecté : la production, l'offre et la demande, les prix des biens et
services, les achats, les ventes, en gros, tous les fruits de la
création et de l'activité humaine. Inutile de dire que le niveau de
l'emploi est une conséquence directe de cet état de fait.
Mais il n'y a pas que cela. La destination des crédits, elle aussi,
possède de lourdes conséquences sur la forme générale de la société. |
Une société déséquilibrée
Si les banques dirigent le crédit qu'elles créent vers les
entreprises pour leur permettre d'effectuer des investissements, plus de
biens ou de services pourront être produits et l'économie s'en trouvera
améliorée. Si par contre, les banques dirigent leurs crédits nouveaux
vers les demandeurs de biens de consommation, cela crée de la monnaie et
donc une demande supplémentaire sans créer de nouveaux biens ou
services, ce qui peut résulter en une hausse des prix.
L'élément-clé est donc de déterminer où le crédit bancaire est
injecté. Dans l'état actuel des choses, la réponse est claire et simple
: les banques prêtent 1. là où c'est le plus sûr et 2. là où c'est le
plus rentable.
Les banques, pour décider d'accorder ou non un crédit, étudient
soigneusement, d'une part, la crédibilité de l'emprunteur et les
garanties qu'il peut fournir en échange de sa monnaie et d'autre part,
le profit qu'elles peuvent retirer de l'opération. Nous avons vu que
l'immobilier est le grand gagnant de cette analyse.
A contrario, les banques rechignent à créer de la monnaie pour les
entreprises.
Sur un crédit immobilier, nous savons que la banque prend en gage le
bien que l'emprunteur a acquis. En cas de défaut, elle peut le saisir et
le revendre. Cette menace suffit en général à forcer l'emprunteur à
faire tout ce qui est en son pouvoir pour conserver « son » bien, entre
autres à se soumettre au marché du travail à n'importe quelle condition.
[Lu le jeudi 2 février 2017, p.
96 récession. Ou après]
95 % de la monnaie appartient directement au système bancaire et
réside sur ses bilans comptables. Le reste, les pièces et les billets
sont certes fabriqués par l'État, mais ne servent qu'à se substituer
momentanément à de la monnaie bancaire. |
C'est la totalité de la monnaie qui a été émise sous forme d'emprunt
et qui est donc louée à l'ensemble 'de la population. L'endettement de
chaque génération est structurellement supérieur à celui de la
génération précédente. Les faillites et les dépôts de bilan, le
surendettement des ménages sont dus uniquement à un manque structurel de
monnaie, rendue artificiellement insuffisante par le mécanisme de
l'intérêt appliqué à l'ensemble de la masse monétaire. Rembourser la
dette est mécaniquement impossible, et cela cause le malheur de la
société dans son ensemble et de chacun de ses membres, obligés de se
battre les uns contre les autres pour accaparer leur part vitale de
monnaie. La création monétaire par la dette est directement responsable
des crises à répétition, de la nécessité de croissance infinie, et de la
dette de tous les pays.
[Lu le lundi 6 février 2017, p.
100-101]
Un petit résumé avant de continuer
La monnaie nécessaire aux échanges internes d'un pays
donné n'est pas créée, comme on le croit intuitivement, par l'État ou la
banque centrale du pays, mais par le réseau bancaire, à chaque fois
qu'un crédit est accordé à un client (entreprise, particulier ou État).
La reconnaissance de dette signée par le client est mise à l'actif de la
banque et le crédit accordé au client est inscrit au passif. La
comptabilité de la banque est équilibrée. La banque conserve la
reconnaissance de dette et donne le montant du crédit au client. Il n'y
a aucun transfert d'épargne à la racine de cette opération. Aucun compte
n'est débité de quoi que ce soit en amont. L'argent du crédit apparaît
simultanément à l'actif et au passif de la banque. C'est une création.
Le client dépense son argent dans l'économie, et de
ce fait, le crédit devient de la monnaie qui circule. Mais la dette
existe
toujours bel et bien, et l'emprunteur doit rendre
l'argent. Cela est évidemment impossible, sachant que l'ensemble de la
monnaie du pays est constitué de la même manière. Il est hors de
question que l'argent soit rendu intégralement puisque cela épuiserait
l'ensemble de la monnaie en circulation, ce qui paralyserait totalement
l'économie par suppression de toute possibilité de transaction. Donc, on
ne rend pas le principal. Ce qui n'empêche pas de se battre pour trouver
les intérêts, qui n'existent pas non plus. Pour que les intérêts
existent, il faut que quelqu'un les emprunte et les diffuse en dépensant
l'argent de son prêt. Pour qu'ils restent en circulation, il faut que
quelqu'un les gagne, les rende à la banque et il faut que la banque les
redistribue par ses dépenses. Quoi qu'on fasse, la monnaie est
intrinsèquement liée à une dette équivalente. Tant que la monnaie
circule, la dette est là en parallèle, augmentée des intérêts. Il y a en
théorie assez d'argent pour rembourser le principal mais on ne peut pas
le faire, et pour rembourser les intérêts, il faut en créer toujours
plus !
D'où la concurrence effrénée, d'où la méfiance, d'où
la pauvreté forcée pour certains et l'enrichissement sans cause pour les
autres.
[Lu le mercredi 8 février 2017, p.
116]
La démocratie, l'État et le déficit
Sur cette toute simple reconnaissance de dette,
faisant une confiance absolue à des gouvernements disposant du droit
exceptionnel de taxer leurs populations par l'exercice de la force
publique dont ils ont le monopole, d'autres gens confient leurs
économies à des hommes d'Etat qui pourront ainsi les dépenser comme ils
veulent — entre autres en intérêts et en budget militaire, les deux plus
gros postes de la plupart des nations, qui absorbent à eux seuls environ
la moitié du total. Les créanciers ont cette confiance absolue parce que
les hommes de l'État disposent du droit unilatéral de coercition et
peuvent, si nécessaire, obliger par la force les citoyens à payer leurs
impôts, et réprimer par la force les dissidents qui auraient le malheur
de s'opposer à cet état de fait. Tout le monde le sait, personne n'en
parle. Il faudrait relire. Bourdieu et étudier la « violence symbolique
» — une violence tellement imprimée dans l'âme de ses victimes qu'elle
n'a même plus besoin de s'exercer.
[Lu le mercredi 8 février 2017, p.
121]
Le dilemme de la fin de cycle
L'ennui, quand le système arrive près de son terme,
c'est que la dette finit par aspirer presque toute l'énergie, et il
arrive un moment où le corps social risque de crever sous la succion que
lui fait subir la sangsue financière. Le parasite risque de tuer son
hôte, et de mourir lui-même.
Il est donc contraint, au dernier moment, de prendre
les devants, et, sans remettre en question les tabous si
précautionneusement établis précédemment, de trouver des moyens de
sauver la bête, de lui donner in extremis les moyens de ne pas
s'asphyxier complètement.
La première stratégie est alors de diminuer le plus
possible le taux d'intérêt — le loyer de la monnaie — ce qui diminue
légèrement la pression. Le système gagne quelques précieuses années de
vie.
Cette solution, pour être acceptée par l'hôte, doit
passer par l'illusion qu'il est obligé lui-même de « faire des économies
». On appelle cela « l'austérité ». Il y a quelques années, pour les
pays du tiers-monde, on appelait cela « politique d'ajustement
structurel ». |
En quelque sorte, s'il en est là le pays, c'est un
peu de sa faute. La culpabilisation, ça marche toujours très bien. En
réalité, l'austérité permet de réduire le besoin de monnaie du pays
cible et de prolonger son espérance de vie en le contraignant à vivre
avec très peu, car dans l'état où il est, toute ponction supplémentaire
risquerait de l'achever. On affame le débiteur, mais peu importe,
l'essentiel est qu'il continue à payer.
Quand cette solution cesse peu à peu de fonctionner,
et que l'économie à nouveau pâlit, quand son coeur menace à nouveau de
s'arrêter de battre, alors la stratégie suivante consiste à injecter un
peu, pas trop, de sang dans l'organisme. Ce sont les « assouplissements
quantitatifs », QE1, 2 et 3, refinancements, ELA et autres LTRO, qui ne
font que remplir à posteriori les poches plates et numériques des faux
prêteurs du système bancaire, poches qui ne sont en réalité que des
réservoirs immatériels de chiffres tout aussi immatériels. Les chiffres
changent d'écran et tout est réglé. En attendant, il faut bien qu'il y
ait à un moment donné des vrais muscles, des vrais cerveaux et des
vraies ressources pour produire et matérialiser tout ça.
La dernière stratégie, du moins celle qui devrait
suivre, sera de l'ordre du coup de génie, sinon du coup de Jarnac. Il se
peut qu'elle soit déjà en gestation dans quelque couloir du FMI ou de la
Commission Européenne.
Elle consisterait à laisser croire que le secteur
bancaire a compris son propre effet néfaste et prédateur sur l'économie,
et accepte, par pure charité et pour la clarté de sa conscience, de
confier à nouveau l'émission monétaire aux États « souverains ». Le
peuple uni réclame d'ailleurs dans ses nombreuses manifestations une
réforme monétaire en ce sens, le droit et la justice doivent s'appliquer,
le débat est lancé.
[Lu le mardi 14 février 2017, p.
125-126]
Selon les statistiques, il semble que le pouvoir
d'achat réel augmente régulièrement. On le calcule de manière très
simple en comparant l'indice des prix aux salaires. Mais l'indice des
prix à la consommation est un instantané calculé sur une liste de
produits bien' choisis. Le coût de la vie, c'est tout autre chose. C'est
la somme qu'il faut pour vivre. C'est un flux permanent. Or, aucune
distinction n'est faite entre ce qu'il est nécessaire d'acheter tous les
jours, comme la nourriture, et ce qu'on n'acquiert que rarement, comme
une montre, un meuble ou un ordinateur. L'indice des prix fait la
moyenne de tout.
L'indice des prix ne tient pas compte non plus de la
durée de vie des objets. Un objet fabriqué autrefois par un artisan avec
des matériaux de qualité, qui durait 10 ans et coûtait 100, a-t-il le
même prix que le même objet fabriqué aujourd'hui en plastique par une
machine, qui coûte toujours 100 mais ne dure que deux ans ? Non, bien
sûr, le second est cinq fois plus cher.
Si un produit alimentaire voit son prix augmenter de
20 % et sa valeur nutritive diminuer de 30 %, de combien a-t-il augmenté
en termes réels ? |
Quand on compare le goût et la qualité nutritive des
légumes issus de la culture forcée internationale à grande échelle avec
ceux des légumes de saison cultivés localement par les petits
producteurs, on peut légitimement se demander, même si les seconds
valent le double des premiers, lesquels des deux sont vraiment les plus
chers.
[Lu le lundi 20 février 2017, p.
151-152]
Enseignement, médias et démocratie
Les élections sont un moment privilégié où les
peuples croient jouer un rôle prépondérant dans les décisions qui les
concernent. Mais est-ce vraiment ainsi que le destin des peuples se
décide ?
Les banques distribuent infiniment plus de monnaie
que les gouvernements, sans assumer la moindre responsabilité quant aux
montants accordés et aux bénéficiaires de cette distribution.
Comment un point aussi fondamental de la société a-t-il
pu échapper à la volonté populaire ? Comment se fait-il qu'il continue à
échapper même à la vigilance des politiciens ?
La réponse tient à l'ignorance complète dans laquelle
est maintenue l'ensemble de la population sur ce sujet.
Personne, à aucun moment, ne reçoit le moindre
enseignement sur .l'influence de la monnaie sur la société, personne ne
sait exactement quelle est la définition de la | monnaie. Les
spécialistes que pourraient être les économistes ne savent que répéter
qu'il est bon que la monnaie soit émise sous forme de crédit car le
crédit est indispensable à la prospérité de la société. C'est un peu
comme un médecin qui affirmerait que la maladie est bonne parce qu'elle
est indispensable pour faire marcher les hôpitaux !
Les politiciens pour la plupart ont eux aussi été
formés par les universités et les grandes écoles qui sont elles-mêmes
des organisations de validation de l'accès au pouvoir. Il faut, pour
être admis dans le gotha politique, montrer une conformité totale avec
les idées qui le fondent, et la monnaie est un élément de pouvoir trop
fondamental pour être discuté. Les politiciens, les banquiers et les
grands patrons forment un triangle extrêmement stable dans l'espace et
dans le temps. Les premiers détiennent le pouvoir de faire les lois et
de taxer, les seconds celui de faire élire les premiers et de créer la
monnaie pour payer les marchés publics concédés aux troisièmes. L'entrée
dans le club est l'objet d'une sélection impitoyable et de conditions
implicites très précises.
[Lu le lundi 20 février 2017, p.
180-181]
N.B. : La monnaie peut aussi devenir un mécanisme
compensatoire des inégalités et des accumulations à long terme, et
concourir à éviter les risques de conflits sociaux, conflits de
générations, révoltes, révolutions et guerres dus à la création de
différences de richesse de plus en plus insupportables au sein d'une
même population. Par exemple quand le protocole monétaire prévoit une
distribution régulière de monnaie nouvelle (identique pour tous les
membres de la communauté), la légère et régulière inflation ainsi
générée suffit pour compenser peu à peu l'asymétrie de répartition due
aux stocks accumulés, et garantir ainsi les nouveaux arrivants contre
tout risque de spoliation. Voir chapitre « Dividende universel ».
Chaque monnaie complémentaire, qu'elle soit mise en
oeuvre sous forme de monnaie locale, de SEL, ou autre, est fondée sur
des règles parfois complexes, mais toujours transparentes. Ces règles
sont acceptées librement et en toute connaissance de cause par
l'ensemble des membres de la communauté qui l'utilisent.
J.E.U. ou Jardin d'Échange Universel
Le JEU est un réseau d'échange décentralisé, autogéré,
sans structure et sans frontières.
Les partenaires s'échangent des biens, des services
ou des connaissances sans utiliser de monnaie, simplement en tenant la
comptabilité de leurs échanges mutuels. Chacun dispose d'un carnet de
compte sur lequel le partenaire de l'échange inscrit de sa main les
informations nécessaires. Il n'y a pas d'adhésion, l'accès à l'échange
est libre et inconditionnel. L'unité de compte est la minute de travail,
mais les partenaires peuvent négocier les valeurs respectives de leurs
échanges.
Le système n'est soumis à aucune autorité supérieure
ni à aucune contrainte. Tout repose sur la coopération, la
responsabilisation, et le respect réciproque. Le tissu de confiance est
généré spontanément et le coût des fraudes
220
éventuelles est largement compensé par l'absence de
frais liés à une structure centrale inexistante. De plus, « Le fait
d'être surpris en train de parasiter un groupe tout disposé à se montrer
solidaire ne peut engendrer qu'un sentiment de honte et un mouvement
d'auto-exclusion. »
Monnaies locales complémentaires
Elles sont souvent créées pour essayer de restaurer
le tissu économique d'une ville ou d'une région qui souffre de chômage
et de faible activité au cours ou à la suite d'une crise monétaire ayant
dégénéré en crise économique et sociale, par suite du manque de monnaie
nationale. Créer une monnaie locale, c'est redonner aux habitants le
moyen d'échanger leurs biens et leurs services quand le moyen d'échange
officiel n'est plus là pour remplir son rôle.
Avec la nouvelle monnaie, les forces productives
paralysées par le manque de monnaie officielle peuvent à nouveau
s'exprimer, les chômeurs se remettent en activité, et tous les gens qui
ont des savoir-faire et des connaissances inemployées peuvent
recommencer à les utiliser de manière productive. Même si le volume de
monnaie locale augmente considérablement suite à cette relance, c'est
uniquement parce que l'activité augmente. C'est à la suite des
transactions que la monnaie vient en circulation, et c'est à coût nul.
Il n'y a donc aucune inflation induite.
Plus de 2000 systèmes de monnaies complémentaires
sont utilisés dans le monde. Toutefois, il va sans dire que les États
surveillent sans relâche du coin de leur oeil omniscient toutes ces
tentatives de se libérer du joug de la monnaie-dette officielle. Au
moindre signe de succès ou d'extension en dehors d'une petite zone bien
contrôlable et maîtrisée, le bras omnipotent de l'État, armé de son
arsenal efficace de lois diverses et variées, ne manque pas de
décourager et d'étouffer toute velléité d'extension, soit en
requalifiant les entraides locales en travail clandestin et en
poursuivant les adhérents malchanceux, soit en mettant à l'amende et en
[Lu le mercredi
22 février 2017, p. 220
c'est une monnaie ]
Le vrai risque !
Le seul moyen de faire cesser le monopole est de
communiquer à tous les niveaux, en toute clarté, d'échanger, de partager
et de diffuser toutes les informations, avec tout le monde et pour tout
le monde. Rien ne se fera sans nous.
[Lu le dimanche 26 février 2017, p.
232]
On constate, dès que l'on s'adresse aux économistes
formés par les systèmes éducatifs nationaux, un point aveugle inquiétant
au sujet de la' monnaie. Pour eux, l'inflation des prix est causée 'par
le goût excessif des entrepreneurs pour le profit, absolument pas par
l'obligation d'inclure dans les prix le coût de la monnaie ; les bulles
immobilières sont causées par la rareté des logements, absolument pas
par les injections massives et asymétriques de monnaie dans le secteur
le plus rentable et le plus sûr pour les émetteurs ; la surproduction
est causée par l'excès de cupidité des entrepreneurs et la concurrence
forcenée, |
absolument pas par le manque chronique de monnaie
dont souffrent les consommateurs pour acheter ce qu'ils produisent.
L'augmentation des prix durant les périodes de récession longue
(stagflation) est pour eux un mystère inexplicable, alors qu'en
intégrant les coûts financiers accumulés par les entreprises, ils
comprendraient qu'une entreprise en situation de survie est bien obligée
un jour ou l'autre d'augmenter ses prix pour y intégrer ses coûts réels
de production, fût-on en situation de récession.
Pas étonnant que les économistes soient effrayés par
la seule idée de déflation. La déflation, ce serait la baisse des prix.
Si les salaires restent les mêmes ou augmentent, le pouvoir d'achat
augmente, si les salaires baissent autant que les prix, le pouvoir
d'achat reste le même. Où voient-ils un danger là-dedans ? Pourquoi le
fait que les prix baissent serait-il un mal ? C'est ce qui s'est passé
pendant des siècles sur la plupart des produits, c'est ce qui se passe
sans cesse au niveau des industries à gros gains de productivité comme
l'informatique ou l'audiovisuel. Pourquoi payer moins cher serait-il
dangereux ?
La réponse, encore une fois, se rapporte à la dette
et à la monnaie. Le problème qui empêche la déflation de devenir un
bienfait, c'est la monnaie.
Pour les entreprises, dans le système actuel, la part
de bénéfice qui pourrait être mise de côté pour investir s'évapore au
fur et à mesure des remboursements d'intérêts. Par conséquent, les
entreprises qui veulent investir sont contraintes d'emprunter. C'est un
cercle vicieux. Elles sont donc obligées, pour rester en vie, d'intégrer
les coûts de ces crédits dans leurs prix. Mais le problème, c'est que
cette part de coût, contrairement au prix d'achats ou aux salaires, est
fixe. On peut négocier avec un fournisseur ou avec un salarié, mais avec
un banquier, c'est plus difficile. La dette, c'est la dette. Les
créanciers ont même pris soin depuis toujours d'intégrer l'obligation de
payer ses dettes dans la plupart des codes moraux institués et enseignés
par les religions et les philosophies dominantes. Payer ses dettes est
toujours une obligation morale. Principal et intérêts sont dus, quoi
qu'il arrive, et incompressibles. Ils doivent donc impérativement rester
à la charge des débiteurs, fût-ce au prix de leur vie ou de leur liberté.
Si l'on poursuit le raisonnement, on s'aperçoit que
la déflation, c'est précisément la baisse des prix, donc la baisse du
coût des achats nécessaires à la production, et cela peut toucher aussi
les salaires, diminuant les coûts salariaux de l'entreprise. Le résultat
est clair : en proportion du prix total, si la part des achats et des
salaires baisse, la part relative des coûts financiers augmente, au
risque de rendre les entreprises insolvables. Le chiffre d'affaire
diminue, le bénéfice diminue, mais le prix de la dette, lui, reste le
même, rongeant ce qui reste de marge bénéficiaire.
Conclusion imparable : le système ne peut pas se
permettre que le chiffre d'affaire des entreprises diminue, même si la
rentabilité et le pouvoir d'achat restaient les mêmes pour tout le
monde, ce qui serait le cas dans une baisse générale des prix et des
salaires. Car les banques, elles, veulent être payées à prix constant,
c'est-à-dire au prix convenu avant déflation. Le flux doit rester ferme
! Si la déflation s'installe, les entreprises n'ont plus les moyens de
payer la dîme, le système s'étouffe, les entreprises font faillite et
les banques ferment !
Voilà peut-être la véritable raison de l'horreur que
la déflation inspire aux économistes et aux politiciens. Mais elle est
bien cachée dans les replis des secrets de la monnaie, et probablement
au plus profond de l'inconscient des gouvernants...
Un mot sur « Les Brouettes », ou la République de
Weimar de 1920-22 et les brouettes de millions de marks dévalués pour
aller acheter du pain à la boulangerie avec des taux d'inflation
supérieurs à 50 % par mois !
La source réelle de ce grave problème n'est pas le
recours à la planche à billet. La source réelle est la nécessité pour
l'État de recourir à la planche à billet pour payer ses énormes dettes (dettes
de guerre en l'occurrence). C'est la dette qui est la source de
l'hyperinflation. Il ne faut pas confondre le médicament et la maladie.
[Lu le lundi 27 février 2017, p.
235 On constate...]
La question de l'inflation
L'inflation n'est pas, contrairement à ce que l'on
croit généralement, une augmentation des prix. Elle en est seulement la
cause. L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se
matérialise par une augmentation générale et durable des prix.
Le mot « inflation » est fréquemment utilisé comme
équivalent de la seule hausse de prix des biens de consommation, en
excluant la hausse des prix des valeurs patrimoniales (actifs boursiers
et immobiliers). Cela résulte d'un abus de langage qui lui-même est la
conséquence du mode de mesure de l'inflation.
Le simple fait de dire que l'on souhaite redonner à
l'État le privilège de la création monétaire déclenche souvent une
réaction automatique : « C'est le meilleur moyen de générer de
l'inflation ! » C'est la critique la plus systématique que l'on
rencontre, et elle est parfaitement justifiée. Effectivement, un
gouvernement irresponsable imprimera toujours trop de monnaie afin de
satisfaire ses propres besoins (de même qu'un secteur bancaire trop
gourmand créera toujours des bulles d'inflation localisée dans les
secteurs où il injecte trop de crédit).
Mais précisément, le cadre de cette réforme ne crée
pas ce risque. Les décisions concernant l'émission monétaire ne sont
plus prises par des politiciens en quête de suffrages ou par des
banquiers en quête de bénéfices, mais sur la base de mesures vérifiables
par tous. Ni les États ni les banques ne peuvent avoir d'influence sur
la quantité de monnaie créée.
[Lu le mercredi 8 mars 2017, p.
263]
Henry Ford 5
Marshall McLuhan 5
Monnaie 26, 66, 135, 239-240,
291-292
De base 12, 36, 68, 212, 214, 283-284, 288
Bancaire 12
Fiduciaire 12, 84
Scripturale 12, 84, 212
Complémentaire 217, 221-222, 230
Fondante 219
Création 13, 60, 64, 66, 74, 76, 81-8?, 124, 138,
148, 173, 239, 246, 253, 275, 283
Fausse 152-153
Dette 15, 25-26, 43, 46, 54, 57, 63, 70, 81, 83-85,
113, 137, 262, 280, 281
Endettement 84, 99, 124, 133-134, 137, 227, 262,
266, 283, 289
Échange ? 22-23
Libre échange 112
Confiance 15, 27, 52, 53, 75, 81 (abus), 248, 271,
277, 292
Méfiance 53
Étalonnage 15
Or 15
Réserve 16, 61, 121, 283
Intérêt 16, 27-29, 43-44, 58, 63, 69-71, 96, 101,
116, 120, 122-123, 125 (baisse du taux), 140, 150, 172-173, 191, 238,
240-241, 256, 257, 275, 281
Privé, privatisé 18, 32, 62, 241, 251
Valeur 19, 33, 89, 91, 212, 219, 224, 247, 264,
291-293
Précieux 19
Prix 19, 53, 89, 95, 143, 239, 264
Marche 19, 23, 33?
Temps 20-21, 218, 245
Division du travail 22, 80, 106, 114, 189, 215, 217
Travail 49, 51, 57, 64, 72, 90, 97, 109, 137, 140,
141, 144, 171, 244
Emploi 244-245
Troc 23, 134, 215
Marchandise 23-24
Chômage 23, 55, 57, 92, 127, 140, 171, 205, 218,
221, 245, 281, 286
Crise 24, 39, 47, 56, 84, 101, 119, 150, 217, 219,
250, 261-262, 265, 287, 289
2008 crise des subprimes 261
Récession 84, 95-96, 102, 128, 148, 191, 218, 236,
257, 266, 267, 282
Crédit 25-26, 36, 57, 58, 67, 70, 84, 87, 116, 124,
262, 266
Planche à billets, clavier à crédits, touche Enter,
écran 25, 32, 36, 45, 57, 85, 237, 257
Masse monétaire, quantité 27, 29, 34 (2000-2007:
double), 38-41, 43, 46, 53, 54, 56, 64-65, 70, 74, 84, 93, 122,
124, 135, 162, 167, 178, 213, 223, 228, 234, 241, 256, 257, 258-263,
267, 280, 290
Secret 27, 125
Malice 28
Emprunt 28-29, 69, 70, 71, 73, 75, 83, 95, 138,
228, 240, 253, 256, 257, 262, 265-267, 280, 290
Banque 30, 67-68, 75, 85, 87, 90, 116, 266, 290
Centrale 68, 72, 81, 84, 252, 267, 282, 285, 286,
288
Dollar, pétrole 32
Richesse 32-33, 58, 71, 76, 88, 90-91, 110, 146,
160, 168, 197, 213, 218, 233, 234, 240, 243, 257, 264-265, 267, 275
Pauvreté 58, 71, 92, 98, 146, 160, 168, 197, 264
Dépôt 35, 36, 67, 252, 284
Compensation 36
Du néant, ex nihilo 37, 45, 50, 95, 227
Destruction monétaire 38
Inflation 40, 87, 89-90
(augmentation des prix de 2400 fois aux Etats-Unis depuis 1901, et de
2300 fois depuis 1913 en France), 95, 102, 126
(hyper)-127, 152-153, 220, 221, 235, 237 (République de Weimar, hyper),
238 (hyper), 260 (hyper), 263-265, 286
Stagflation 236
Déflation 236-237
Faillite 47-49, 52-54, 59, 60, 70, 106, 112, 134,
187, 250, 278, 281
Too Big to fail, trop gros pour faillir 49,
99, 184, [251]
État 50, 62, 65, 74 (souverain), 81, 120-122,
126 (souverain), 128-129, 213, 221-222, 238, 242, 250, 253, 254,
258
Souveraineté 260, 285
Débiteur 50, 284
Déficit 51, 128,
129, 135, 136, 140, 178, 211, 238
Impôt 51, 121-123,
127-128, 179, 262
Cercle
vertueux/vicieux procyclique 52, 56, 73, 88, 148, 177, 188, 200, 217,
231, 250, 256, 267, 278-279, 290
Réserve 53, 59,
68, 89
Système de réservé
fractionnaire 68, 98, 164, 252
100% monnaie 252,
283, 290
Privilège 56, 64,
74, 81, 82, 195, 235, 293
Croissance 57, 64,
70, 93, 96, 101, 108, 109, 111, 119, 148, 149-150, 154-155, 189,
191-195, 213, 289
Mazamet 58
Monopoly 58, 72
Redistribution 58,
74, 75, 91, 284
Déflagration 59
Violence, émeute,
pillage 60, 121, 225, 272, 293
Guerre, conflit
61, 180, 235, 265, 272
Liberté 61-63, 74,
81-82, 91 139-140, 146, 169, 171, 195, 207, 212-213, 214, 223, 225, 226,
230, 231, 236, 239, 243, 246, 248, 250, 262, 266, 267, 276, 290-294
Égalité 61-63,
122, 207, 218, 225, 232, 234-235, 248, 259, 261, 264, 276
Monopole 62, 207,
222, 232, 241, 249, 272
Démocratie 61-63,
66-67, 72, 74, 75, 79, 82, 96, 120, 123, 155, 182, 184, 207, 232, 239,
246, [260] (Chaque citoyen décide), 268, 275, 293
Dividende
universel, allocation individuelle 62, 85, 190, 220, 224-225,
229, 239, 253, 259-262, 264, 284
Revenu de base 285
Initiative
Citoyenne Européenne basicincome2013.eu
Épargne,
thésaurisation 65, 116, 121, 124, 141, 225, 228, 240, 241, 251, 255-257,
262, 265, 282, 284, 288, 290
Pyramide de
Charles Ponzi, cavalerie 70, 229, 281
Château de carte
184
Risque systémique
184, 187
Subvention
implicite 187
Rareté 70
Bulle spéculative
73, 89, 263, 286
Prophétie
autoréalisatrice 73
Pionnier,
jeunesse, génie, nouveauté, progrès, invention création 74, 76, 90, 92,
139-140, 190, 246-247, 275
Fiscalité 74, 223
Remboursement 75,
84, 254, 256, 257, 259, 281, 283
Immobilier 75,
86-87 (75% des crédits), 91, 97-98, 102, 153, 235, 263, 265
Courbe de Jacques
Friggit 86, 90
Habitation
autonome 88
Autonomie 114,
215, 249, 260
Élection, élu
79-80, 247, 258, 260, 273, 287
Napoléon 79
Contrat social 81,
279-280
Dol 279
Propriétaire 91,
223, 278
Locataire,
location 91, 280, 283
Rentier 91
Chiffre d'affaires
93
Entreprise 93-94,
97-98, 136-137, 149, 266
Investissement 94,
137, 149, 240, 251, 253-255, 282, 284
Prêt 95,
240, 253, 262
Accord de Bâle 98
Woody Allen 100
Thomas Jefferson 102
Agriculture 104, 154-156, 204, 231
0groalimentaire 115
FMI, Banque Mondiale 107, 126, 158-160, 162-166,
168, 205, 238, 249 (OMC)
Transport 109, 115
Protectionnisme 112, 231
Concurrence 113, 116, vers 138, 142, 145, ?, 213,
216, 222, 231, 235, 253, 256, 271
Exportation/importation 117-119, 167
Bastiat 120
Pierre Bourdieu 121
Crime parfait 124
Austérité, politique d'ajustement structurel
125-126, 128, 159, 179, 290
Budget 128, 140
Politicien 129-130, 179, 180, 191, 234, 237, 258,
260, 263, 267, 270
Instabilité/stabilité 134, 143, 154, 228, 231, 234,
241, 250, 256, 261, 289
Pouvoir d'achat 136-138, 149, 151, 153, 205, 227,
236-237, 263, 283, 285
Actionnaire 137
Loi de l'efficacité maximum, loi du moindre effort
139
Productivité 139, 190, 213, 236, 257
Oisif, parasite 140, 247
Publicité 141-142
Mode 142
Obsolescence 142
Luxe 143
PIB 146, 151, 192-193, 266, 286, 288, 289
Indice des prix 151
Maurice Allais 152
États-Unis 161, 230, 269, 288
1913, Réserve Fédérale 269
2004 abolition de la Règle Picard 269-270
Obligation 162-164
*168, 181, 269, 270
Théorie du complot 269, 271
France 173 (service de la dette, 2012), 276, 279
(article 34 de la Constitution)
Individualisme 175, 248, 268
Économiste 174-175, 181, 185, 213, 234, 235, 237,
266, 274
Solidarité 181, 219, 221, 231
Esclave 175, 190
Exploitation 191
Marxisme, Jaures 191
Parasitisme 191, ?, 221
Spéculation 197
Ville/campagne 200-201
Nouvel ordre mondial 206
Bénévole 213
Gratuit 213
Systèmes d'Échanges Locaux, SELs 217-220
Ithaca Hours, Time Dollar 218
Jardin d'Échange Universel (JEU) 220
WIR de Suisse, Circuit de Crédit Commercial (C3) de
Porto Alegre 222
Consommation 234, 263
TVA 234
Alternative 233, 273, 277
Expert 233-234, 274
Bon du trésor 238
Prison 244
Pierre Dac 246
Réforme 246, 252, 257, 258, 264-267, 269-270, 276
Ruée sur les guichets [panique] 254, 256
Théorie relative de la monnaie 2.0 (TRM) de
Stephane Laborde 261, 286, 298
John Maynard Keynes 264
Étalon 264
Dépendance 266-267, 275
Assouplissement quantitatif, LTRO 267
Quantitative Easing QE 282-286, 288-290
Orwellien 271
Michael Hudson 281-282
Espagne 2013 281
1929 282
Randall L. Wray 282
David Graeber 282
Jubilée antique ?, 283
Bens, Jaromir, Michael Kumhof: Thé Chicago Plan 284
Positive money.org
Japon 288
Bernanke, Helicopter Money 288
Eure 288
Georges Soros 288
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