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Amérique du sud, 2009

 

 

Invité par Wikipédia au congrès annuel, cette fois à Buenos aires en août, et étant convié en novembre à participer à une exposition à Rio de Janeiro pour l'année 2009 France-Brésil, j'ai décidé de rester voyager dans huit pays d'Amérique du sud entre les deux événements.

Itinéraire sud-américain prévu:

25-31 août: Buenos Aires (congrès de Wikipédia)

1er-10 septembre: Mar del Plata, Bahia Blanca, Puerto Madryn, Trelew, Comodoro Rivadavia, Rio Gallegos, Ushuaia

8-20 septembre: remontée vers le Chili: Punta Arenas, Calafete, Perito Moreno, Coihiaque, San Carlos de Bariloche, Puerto Montt, Temuco, Concepcion, Valparaiso, Santiago, Mendoza, San Juan, La Serena, Copaipo, Antofagasta, Iquique, Arica.
20-30 septembre: Pérou-Equateur: Arequipa, Nazca, Ica, Lima, Chimbote, Trujillo, Chiclayo, Piura, Tumbes ou Machala, Guayaquil, Manta, Esmeraldas, Quito, Cuenca, Loja
1er-10 octobre: Pérou-Bolivie: Tarapoto, Huánuco, Huancayo, Cuzco, Juliaca, La Paz, Sucre
10-20 octobre: Paraguay-Argentine-Uruguay: Filadelfia, Asuncion, Corrientes, Salto, Montevideo
20 octobre - 1er novembre: sud du Brésil: Rio Grande, Porto Alegre, Florianopolis, Joinville, Curitiba, Sao Paulo

2-12 novembre: Rio de Janeiro (exposition)

13-15 novembre: Ouro Prêto, Belo Horizonte, Brasilia

 

 

Itinéraire sud-américain réalisé:

25-29 août: Buenos Aires (congrès de Wikipédia)

30-31 août: Bahia Blanca

1er-2 septembre: Puerto Madryn

2 septembre: Trelew, Gaiman, Rawson, Playa Union, Trelew

3 septembre: Comodoro Rivadavia, Rada Tilly

4-5 septembre: Rio Gallegos

5-8 septembre: Ushuaia

8 septembre: Tohiun, Rio Grande

8-9 septembre: Punta Arenas

9-10 septembre: Puerto Natales

9 septembre: Torre del Paine

10-13 septembre: El Calafate

11 septembre: glacier Perito Moreno

12-13 septembre: El Chalten

14 septembre: Rio Gallegos, Comodoro Rivadavia

15 septembre: Esquel,

15-16 septembre: San Carlos de Bariloche

16 septembre: Puerto Montt (Chili), Puerto Varas, Frutillar

16-17 septembre: Valdiviar

17 septembre: Temuco, Los Angeles

17-18 septembre: Concepcion

18 septembre: Talca, Santiago

18-20 septembre: Valparaiso

19 septembre: Quilpues, Viña del Mar

20 septembre: Santiago

21 septembre: Mendoza

22 septembre: Santiago, Coquimbo, La Serena

23 septembre: Antofagasta

24 septembre: Arica, Tacna (Pérou), Moquegua

24-25 septembre: Arequipa

26 septembre: Nazca, Huacachina, Ica, Pisco

26-27 septembre: Lima, Los Olivos

27 septembre: Miraflores

28 septembre: Trujillo, Huanchaco

29 septembre: Piura, Narihualá,Catacaos

30 septembre: Guayaquil (Equateur)

1er octobre: Salinas, Montañita, Salango, Puerto López, Puerto Cayo, Jipijapa, Manta

2-3 octobre: Quito

3 octobre: Mitad del Mundo

4 octobre: Cuenca

5 octobre: Loja

6 octobre: Zumba, San Ignacio (Pérou), Jaén

7 octobre: Tarapoto, Yamiguaras, Tarapoto

7-8 octobre: Juanjui

8 octobre: Tocache, Tingo Maria

8-9 octobre: Huánuco

9 octobre: Cerro de Pasco, Junin, Tarma

9-10 octobre: Huancayo

10-11 octobre: Huancavelica

11 octobre: Ayachuco

12 octobre: Cuzco, SantaTeresa

13 octobre: Aguas Calientes, Machu Pichu

14 octobre: Olataytambo, Cuzco

15 octobre: Puno, Juli, Copacabana

15-16 octobre: La Paz

17 octobre: Cochabamba, Villa Turani

17-18 octobre: Santa Cruz

19 octobre: Sucre, Potosi

20 octobre: Uyuni, Salar

21 octobre: Tupiza, Villazon, La Quiaca (Argentine)

21-22 octobre: San Salvador de Jujuy

22 octobre: Salta

23 octobre: Clorinda

23-24 octobre: Asunción (Paraguay)

25 octobre: Hernandarias, Ciudad del Este, Foz do Iguaçu (Brésil), Puerto Iguazú (Argentine)

26 octobre: Paso de los Libres, Uruguaiana (Brésil), Barra do Quarai, Bella Unión (Uruguay)

27-28 octobre: Montevideo

29 octobre: Pelotas (Brésil)

29-30 octobre: Porto Alegre

31 octobre: Florianópolis

1er novembre: Curitiba

2 novembre: Sao Paulo

3-12 novembre: Rio de Janeiro

13-14 novembre: Belo Horizonte

14 novembre: Ouro Preto, Mariana

15 novembre: Brasilia

 

 

 

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Récit

Mardi 25 août 2009

Dans l'avion, j'ai choisi la comédie Nouvelle en Ville, avec Renée Zellwiger, sur le choc entre la culture capitaliste d'une côte ensoleillée des USA et une tradition solidaire du centre enneigé du pays.

Après avoir dormi sur mes deux sièges à m'en péter les rotules (mon [gros] voisin qui ressemble à un cachalot avait eu la bonne idée avant le décollage de partir pour l'allée centrale ou il pouvait profiter de trois sièges) je vis les étoiles à l'horizon, derrière l'aile rougie par la lumière clignotante.

Après je regardai une autre bonne comédie, psychologique: Ce que pensent les hommes.

Je suis bien arrivé.

La première surprise fut la chaleur d’un Soleil sans nuage, exceptionnelle m’a-t-on dit.

Stressé par le harcèlement, des chauffeurs de taxi à l’aéroport, j’ai pensé aller à pied au centre mais j’ai renoncé après plusieurs centaines de mètres et plusieurs photos, je suis revenu prendre un bus, et je ne me suis aperçu qu’au bout de quelques heures que j’avais été désorienté à midi en oubliant que le Soleil était au nord…

Les préparatifs, la précipitation, le vol de nuit, beaucoup de marche et de chargement : je suis bien fatigué, mais j’ai enfin trouvé un peu de confort qui me permet d’écrire…

 

De nombreux parkings couverts de toiles pour protéger les voitures.

 

Mercredi 26 août

Hier j'étais au sympathique dîner de Wikipedia.

Malgré la fatigue, couché à 23h, j'ai peu dormi et me suis réveillé à 4h30 locales. Mais ça va mieux. Je me remets du bref sommeil dans l’avion, en travers de deux sièges à m’en péter les rotules. Hier, je m’endormais dans le bus qui m’amenait de l’aéroport au centre.

J’ai réussi à brancher mes adaptateurs électriques nord-américains en les tordant avec un tire-bouchon. Que serait un geek sans électricité ?

Ce matin il y avait une passionnante conférence de Richard Stallman, défenseur des logiciels libres: http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Stallman.

 

Jeudi 27 août 2009

Hier soir, bien fatigué, je suis rentré seul, plus tard que je n’aurais dû, vu le peu d’intérêt de la soirée que j'attendais en somnolant. Sur mes gardes, à un croisement, j’ai remarqué un jeune gars qui m’épiait et changeait de direction. Après que je l’ai traversé, il tenta de m’arracher mon appareil photo. Ma résistance fut telle qu'il lâcha pour s'enfuir, et telle que cela me fit tomber lourdement avec mon chargement, en me blessant à la joue, à l’arcade sourcilière et au coude. Deux passants m’aidèrent à ramasser les mandarines et bananes qui s’étaient éparpillées du sac en plastique déchiré et me conseillèrent de cacher mon appareil. J’utilisai la sacoche offerte par Wikipedia le matin pour mettre les fruits et mon appareil au-dessus. J’essuyai un peu de sang près de mon œil. Après que je m’éloignai, un jeune homme m’interpela. Hésitant, je supposai vite qu’il devait s’agir de quelque chose que j’avais oublié, probablement l’accessoire GPS qui tient mal, et le récupérai effectivement. Je fis ensuite des photos en rangeant à chaque fois l’appareil au-dessus des fruits.

Viva la revolucion! (La révolution au pied du mur)

Vendredi 28 août 2009

Hier, je restai une seconde journée à zoner sur les canapés sur internet (parmi un congrès de geeks, je passe pour une fois inaperçu), à me remettre de mes émotions de la veille et à me reposer de mon intarissable fatigue. J'étais étonné qu'à part ma logeuse au lever, personne ne me demandait pourquoi j'avais ces blessures autour de l'œil. En plus, Guillaume me parlait de la sécurité à Buenos Aires. Trop bizarre. Lassé de voir la lumière solaire dehors, je me suis décidé à 17h à partir me balader vers le bord de mer qui m'attirait. Enfin, je vis une jolie place qui me rappelait les rues piétonnières allemandes, puis un jardin, et aboutis à la gare. Après, je voyais de loin une entrée portuaire qui au crépuscule était peu engageante mais surtout semblait d'un accès réservé.  Je bifurquais sur la droite pour faire demi-tour et commençai à cacher mon appareil photo dans la sacoche  tout en le laissant autour de mon cou. Je trouvai enfin une jolie rue piétonnière pavée, plutôt chic, puis m'enfonçai et me perdis dans une zone plus autoroutière. Je marchais durant six heures pour rentrer à 23h et je m'endormis devant le palier de mes hébergeurs pour être réveillé une demi-heure après par le premier arrivé.

Sur la place du 25 Mai, on manifeste toujours et nuits.

Le lendemain, je partis peu après 8h pour arriver à presque 11h au congrès de Wikipédia.

Au bout d'un jour et demi, Guillaume, le seul participant que je connaissais pour l'avoir rencontré une semaine avant le départ, s'aperçut que j'avais des blessures au visage, et je lui racontai. Je plaisantai sur son discours d'hier sur la sécurité à Buenos Aires alors que j'avais déjà ses blessures, et sur les mandarines et bananes que j'avais achetées avec lui, éparpillées sur le trottoir. En fait il avait trouvé que j'avais une sale gueule sans bien percuter.

Un Français de l'organisation, Gwenole, qui vit depuis quatre ans et demi à Buenos Aires, m'a dit aujourd'hui que 6 ou 7 ordinateurs avaient été volés pendant le congrès.

Dans l'après-midi, je suis allé voir une Californienne de Berkeley qui vit près d'ici, qui m'a été adressée par une amie commune. Elle m'a raconté ses difficultés dans les affaires qu'elle mène dans l'immobilier, sa propension à faire confiance qui ne s'accorde pas avec le mode de vie d'ici. Elle nous a ensuite rejoint à la fête de clôture.

La masothérapie: ça fait du bien là où ça fait mal!

 

Dimanche 30 août 2009

Hier, en fin de matinée, après m'être préparé, je suis parti avec toutes mes affaires pour traverser la ville vers la gare routière. Je pris un billet de nuit pour Bahia Blanca et laissai mon sac à dos dans un casier pour me promener plus léger.

A la gare, je retrouvai par hasard Claudio, biologiste chilien, participant au Congrès, qui dormit aussi les deux dernières nuits dans le salon de mon hébergeuse. Il prenait le bus pour Montevideo.

Vedettes argentines: tout ce qui brille n'est pas d'or.

Après neuf de bus semi-cama (demi-couchette), l'aube se fit sur une banlieue de maisons de plain-pied. Mon hébergeuse Debora était près de la gare et me fit avec sa petite fille découvrir le port, la ville. Elle me montra des usines de plastique et me raconta la pollution que ça engendrait. Un homme riche qui avait sa fille de dix ans atteinte d'une leucémie, l'avait amenée à Londres. Lui ayant demandé à cause de son accent d'où il venait, et ayant répondu: "D'Argentine", on lui demanda à l'hôpital si c'était de Rosario ou de Bahia Bianca, car c'était les deux villes industrielles qui polluaient beaucoup. Debora me dit qu'on en parle guère dans les médias, qui sont la propriété des grandes firmes, et que si quelqu'un en parle publiquement, il perd son emploi.

Port de Bahia Blanca avec Debora et Catalina

Elle fit ensuite jouer sa fille dans un parc et nous déjeunâmes chez ses parents. L'après-midi, je me reposai.

 

Mardi 1er septembre 2009

Bahia Blanca

Hier j'ai fait des photos dans la ville ensoleillée et venteuse. L'après-midi, j'ai rencontré une couchsurfeuse qui m'a fait rester une journée de plus à Bahia Blanca, puis j'ai pris le bus de nuit vers Puerto Madryn. Ayant eu froid durant la journée et m'apprêtant à descendre 800 km au sud, j'ai enfilé quatre t-shirts sous ma veste imperméable, n'ayant pas de pull. Ca ne m'a pas empêché d'avoir froid à 7h30, en m'approchant du rivage au lever du Soleil sur l'Atlantique. A la gare, il y avait un gars qui s'asseyait "sans raison" près de moi et d'un autre gars avec un sac à dos: méfiance...

Puerto Madryn, chez Miriam

Miriam, la couchsurfeuse, est amusante. Elle a préparé un succulent repas avec du mouton, je lui ai offert une boîte de chocolat, et avec son fils Ignacio et le père de son fils, Manolo, nous sommes allés voir par les pistes en pick-up 4x4 les baleines qui nageaient à une dizaine de mètres du rivage. Puis nous nous sommes approchés sur une autre plage d'un éléphant ou lion de mer qui fit son impressionnant lorsqu'il nous jugea trop proche.

Lui a quatre couches de graisse, pas quatre couches de t-shirts

Manolo m'a proposé de m'emmener demain à Trelew, à 70 km, où il doit se rendre à cause de l'administration argentine dont ils se plaignent. Après réflexion, car j'avais l'intention de prendre un bus de nuit pour Comodoro Rivadavia, j'ai accepté. Ensuite m'a fait faire un tour en voiture, car j'ai accepté de sortir pour la lumière de fin d'après-midi, mais comme il ne faisait que tourner avec sa voiture, je n'ai pris aucune photo...

 

Mercredi 2 septembre

Dans la cafétéria au-dessus de la station de bus, j'attends le bus qui va m'amener 400 km plus au sud, à Comodoro Rivadavia. Comme la distance est relativement courte, je ne voyagerai que de 23h30 à 4h30, et j'aurai à attendre jusqu'à 8h30 pour rencontrer le père d'une couchsurfeuse dont le bureau est proche de la station de bus.

Au sud de Puerto Madryn, c'est plat comme le reste de la Patagonie orientale

Nestor et sa famille, à Gaiman

Ce matin, Manolo m'a emmené à Trelew où je me suis baladé avant qu'il ne m'emmène dans le village de son enfance, heureux temps où il jouait aux cowboys et aux Amérindiens dans les collines arides environnantes: Gaiman, où il y avait selon lui la plus ancienne maison de Patagonie.  Devant la maison, je n'ai vu écrit que la plus ancienne maison de Gaiman... Mais l'un n'empêche pas l'autre... Il m'a aussi montré le tunnel d'un train qui a cessé de passer il y a un demi-siècle. Il m'a montré les quatre boutiques qu'il possède, m'a retrouvé sur la colline et m'a emmené dans ses quatorze hectares de terres, dans une ferme où une famille bolivienne brûlait je ne sais quoi. En Argentine, les ouvriers agricoles sont boliviens. Hier, ils me parlaient des Boliviens dans l'usine de poisson, qui faisaient grève pour des revendications salariales. Sur le chemin, Manolo, qui a un peu appris le français, a cité cette expression "mon petit papillon", qu'il emploie pour sa petite amie. Il m'a aussi parlé de son ex-petite amie, une maniaco-dépressive très jalouse. Je ne devais pas mentionner Miriam devant elle ni devant son fils qui parlait anglais. Finalement, je ne les ai pas rencontré. A la fin, Manolo m'a laissé dans le village où j'ai fait mes dernières photos avant de prendre le bus près du square où j'ai croisé un groupe de cinq touristes anglophones que j'aurais dû aborder.

Playa Union

Revenu à Trelew, il n'était que 14h30 et j'ai vu un bus pour Rawson que j'ai pris. Arrivé au terminus, je me demandais ce que je faisais dans un tel désert, puis j'ai pris la direction de la plage et du port. Je ne savais pas que j'en avais pour 5 ou 6 km, mais je ne voulais pas abandonner, et j'arrivais enfin sur une belle plage, dont les vagues me donnaient envie de nager, et que je longeais sans réussite vers le port. Le Soleil baissait déjà, je fatiguais et allais avoir froid. J'abandonnai à un arrêt de bus.

La preuve qu'ils font travailler les enfants sans vergogne!

 

Jeudi 3 septembre 2009

Le Soleil vient de se coucher à Comodoro Rivadavia. Je suis dans le bureau du père de la famille qui m'y accueille aujourd'hui.

J'ai d'abord passé presque quatre heures dans la gare routière, dont une heure à  renommer mes photos dans les toilettes pour handicapés où je suis entré en me glissant sous la porte, et une heure où j'ai même pu dormir allongé sur trois sièges, mes trois sacs accrochés à moi, jusqu'à ce que malheureusement un gardien me demande de m'asseoir.

Peu après être arrivé au bureau du père, situé près de la gare, Maria Eugenia est arrivée avec Damien, un Français à dreadlocks qui fait du snow-board pendant un an en Amérique du sud. Il est arrivé il y a trois mois avec sa copine anglaise à Bariloche mais ça n'allait pas, et il ne pouvait pas pratiquer son sport. Il revenait d'Ushuaia et allait à San Juan. Il était arrivé en auto-stop après avoir attendu quatre heures, alors qu'il s'apprêtait à renoncer à 21h.

A Comodoro Rivadavia, il y a le ciel, le Soleil et la mer.

Maria n'avait pas de cours avant 17h, ce qui était déjà le cas de Gabriela à Buenos Aires; alors elle se proposa de me promener. Contrairement aux villes précédentes, celle-ci n'est pas plate, elle est adossée à la colline terreuse qui a été défoncée pour agrandir la ville, crée en 1901 par la découverte de pétrole.

Lulo, Mariano et Maria

Ensuite, son copain Mariano nous a emmené avec son estafette d'installateur téléphonique jusqu'à leur maison, dans un lotissement près de la mer fait d'une multitude de maisons identiques du même vert. Il Y avait son frère et son grand-père maternel de quatre-vingt-neuf ans, qui regardait la télévision en changeant constamment de chaîne et de volume sonore. il me confondit avec l'autre Français, puis dit que c'était une invasion. Nous mangeâmes. J'étais fatigué, maria aussi, mais elle me proposa d'aller dans un village à dix kilomètres au sud. Nous partîmes d'abord vers le centre-ville en autostop, puis dans le bus nous nous endormîmes tous les deux. Le village était fait de jolies villas souvent originales, affublées de chiens qui nous aboyaient dessus. La première partie du retour se fit en auto-stop, puis Maria me laissa pour aller en retard à l'université alors que j'allais acheter mon prochain billet de bus et quelques sucreries avant d'aller sur l'ordinateur dans le bureau de son père.

Su casa es la verde!

Samedi 5 septembre 2009

Je perds la notion des jours et je ne me rendais pas compte hier que nous étions déjà vendredi et que c'était le weekend. Ce matin, je suis dans le bus qui m'emmène à Ushuaia. Il n'y a pas de bus de nuit, à cause des frontières à traverser, le Chili ne pouvant être évité.

Hier j'ai acheté une demi-douzaine de bananes, autant d'oranges et un gros avocat. J'ai dû me les enfiler en une heure car j'avais oublié que le Chili ne me laisserait pas passer avec mes fruits.

Mon bus hier avait du retard, et comme j'ai traversé Rio Gallegos à pied pour aller chez mon hôte Pablo, je ne suis arrivé qu'à 10h et un voisin m'a dit qu'il travaillait jusqu'à 16h. C'est la première journée où il ne fait pas franchement Soleil. Dans le bus, j'ai pris la précaution de mettre pour la première fois mes deux pantalons, à cause de ce qu'on m'a dit, mais ce n'était pas tant nécessaire.

J'ai donc marché avec mon sac à dos jusqu'à 18h dans la ville, qui ressemble plutôt à un grand village étalé. Contraste étonnant avec Comodoro qui est une ville plus classique, alors que la différence d'habitants n'est pas si énorme (100.000 contre 150.000).

A Rio Gallegos, quelques habitants ajoutent de la couleur à une certaine grisaille.

Je me connectai lorsque je pouvais en wifi dans les rues afin de contacter Pablo ou les quatre autres couchsurfeurs de la ville. Finalement, je reçus un message de Pablo et retournai à 18h chez lui où je fus sympathiquement accueilli. Il me proposa d'aller à une fête pour le départ d'un de ses amis pour des études, mais je préférai me reposer.

Ce matin, sa mère rentra de son travail de policière, puis lui de sa fête. Sa mère m'emmena au bus où je me retrouvais à la place que j'avais choisi parmi celles qui restaient: tout devant derrière le chauffeur afin de bien voir le paysage, mais celui-ci voulut garder son rideau fermé tout le trajet.

Sur la barge qui nous menait du continent à la grande île, j'eus peur lorsque je sortis du bus tellement l'eau était projetée dans la barge et le vent fort. J'ôtai ma casquette que j'aurais perdu sinon.

 

Dimanche 6 août 2009

Dans le bus, mon voisin était un Allemand de 29 ans, Markus, qui travaille à la chambre de commerce allemande à Montevideo. Il voyage ses quatre semaines de vacances en Argentine, et au Chili où il a été étudiant. Il a aussi été étudiant en Syrie, apprenant l'arabe. Ca, je n'ai commencé à le savoir qu'à la fin de ce voyage car au départ, il ne me disait que des bribes de français sarcastique et semblait peu prompt à la conversation. Je ne sais pas ce qui a débloqué la situation, mais j'avais vraiment envie de lui demander sur quoi il travaillait, car il avait un livre, un polycopié et un netbook.

Ma vue depuis ma place à l'avant du bus, à côté de Markus

A la frontière de sortie du territoire chilien, je fus étonné de voir, sur deux écrans de la télévision chilienne juste devant les bureaux des douaniers, un débat intitulé "Los misterios de un atentado: Los torres gemelas". Je compris d'abord qu'il s'agissait de ces théories alternatives car je vis d'abord les images "classiques" de la percussion du deuxième avion, puis les images d'immeubles à structure comparable après des heures d'incendie, dont la structure n'a pas bougé. Ce n'est pas sur les chaînes de télévision française, pays de liberté, qu'on verrait un débat là-dessus.

C'est là aussi que Markus me présenta un autre Français, Safi, producteur de télévision loquace qui allait préparer la finale d'un jeu télévisé de voyage, Pékin-Express, qui se déroulerait entre Quito et Ushuaia, où il devait rejoindre trois créatifs qui avaient pris l'avion. Je lui parlais du livre d'un collaborateur de l'émission, qui parlait de triche. Il tenta de démonter ses arguments, me dit que l'auteur était un fils à papa qui ne pouvait pas être attaqué en diffamation, que c'était avant tout une émission de télévision et qu'il ne s'agissait pas d'appliquer des règles avant tout. Il me dit aussi produire une autre émission, L'Ile de la tentation. Elevé à Paris, il vivait à Ibiza depuis douze ans, était marié à une Argentine dont il avait un petit garçon qui rentrait à la maternelle.

Nous dûmes changer de bus à Rio Grande et c'est là que nous nous sommes retrouvés quatre étrangers, s'ajoutant Belinda, une Californienne d'une quarantaine d'années qui traversait l'Amérique du sud avant d'enseigner l'anglais à Quito début octobre. Elle parlait d'une rupture sentimentale qui l'avait amenée à faire cette rupture professionnelle, alors qu'elle enseignait l'anglais à Los Angeles. C'était tellement important pour elle qu'à un moment où je lui demandais si elle avait une carte téléphonique argentine, elle me parla de cette histoire, que ce n'était pas certain que ce soit fini. Je me demande ce qu'elle avait compris de ma question pour embrayer là-dessus. Alors à la fin de son discours, je lui renouvelai ma question.

Hier soir, nous arrivâmes plus tard que ce que je croyais. J'étais invité à l'anniversaire du fils d'une couchsurfeuse qui ne pouvait m'héberger, mais il était trois heures de plus que ce que je lui avais dit. J'accompagnais d'abord Markus et Belinda dans leur auberge de jeunesse puis, ne pouvant téléphoner de là,  partis pour l'adresse qui m'avait été donnée et qui était proche. Je tombai sur un joli chalet sans personne mais avec des lumières. Je décidai d'attendre, puis m'endormis sur un hamac sur la terrasse couverte, puis par terre car il y faisait moins froid. Ce n'est que vers une heure qu'elle arriva avec son fils, un autre enfant et la mère de celui-ci que je pris d'abord pour un entre enfant tant elle me semblait petite et juvénile. Je parlai cinq minutes avec elles puis retournai vers l'auberge où il restait de la place lorsque je trouvai une estafette aux portes non verrouillées, et sentant le poisson, où je dormis sur les sièges avant. Le lendemain, j'allai rejoindre Markus et Belinda qui allaient à une excursion à bateau où je les suivis. Je me doutais que je ferais des photos plus banales que si j'étais resté seul en ville, mais la grégarité et la curiosité me motivèrent. Je rencontrai d'autres touristes, d'Italie, d'Israël, des USA et d'Argentine. Nous débarquâmes sur une île, vîmes des cormorans, des lions de mer. C'est le genre d'excursion que je ne fais pas, car je préfère voir ce qu'on ne nous montre pas, mais c'était intéressant de discuter, surtout avec Markus. Après nous allâmes tous les trois dans un restaurant à volonté où nous passâmes trop de temps, avant de chercher en vain un moyen de partir vite de cette ville alors que les agences de voyage étaient fermées et qu'il n'y a pas de terminal de bus. Le soir, un couchsurfeur francophone, Luis Maria,  vint me chercher. Je fus embarrassé de l'avoir fait attendre une vingtaine de minutes car nous nous étions perdus dans la nuit. Il avait été vivre en France à quinze ans de 1968 à 1970 et il avait toujours gardé le contact. C'est un ingénieur des eaux , né à Buenos Aires, qui aime vivre dans un lieu tranquille et loin de la chaleur.

Un petit phare fait par des Français, au nom français: sur la pancarte: "LES ECLAIREURS"

Photographie du touriste photographe du bout de l'Argentine et de son drapeau

 

Ushuaia, "Museo del Fin del Mundo"...

 

Lundi 7 septembre 2009

Je n'avais pas internet hier soir dans la maison où je dormais. Les étagères de ma chambre étaient remplies d'une collection de centaines de cannettes de bières. Sur les murs, il y avait les diplômes d'ingénieur de mon hôte, ou les remerciements du ministère de la Défense pour sa participation à la guerre des Malouines.

Je me suis réveillé avant que mon téléphone ne sonne au bout de six heures seulement. Luis m'a amené au centre où j'ai rejoint Markus et Belinda qui émergeaient du sommeil, ayant eu une connexion internet la veille...

Nous sommes allés au marché des tickets, comme a dit Markus, qui devait reprendre le chemin oriental, à cause de son passe illimité en Argentine, alors que Belinda et moi prîmes des tickets pour Punta Arenas au Chili, plus près de la cordillère des Andes.

Ushuaia: après le Musée de la Fin du Monde, voici l'église des saints des jours ultimes...

Après nous sommes allés en taxi sur la route boueuse jusqu'au parc national enneigé où Markus avait du mal à marcher avec ses longues chaussures de ville pointues, malgré sa pointure 46.

Nous sommes arrivés sur une jolie baie ensoleillée, avec une jetée en bois. Je me suis déchaussé, ai ôté mes quatre chaussettes pour les faire sécher. Markus fit de même et nous pique-niquâmes.

Parc national à Ushuaia, Playa ensanada, avec en face, l'île chilienne plus australe.

Mardi 8 septembre 2009

Nous restâmes longtemps car Markus parlait beaucoup. En fait, sa prétention me fait penser à une belle femme trop consciente de sa beauté. Il y a une ambiguïté entre certaines idées écologistes, l'empathie dont il parle, se référant beaucoup à Adam Smith, et son comportement, qui était arrogant dès le départ, ou certains discours. Il ne comprenait pas au nom de quoi il était interdit de tuer son prochain..., alors qu'il avait parlé d'empathie une heure auparavant. Il ne laissait pas de place pour la conversation, faisant des discours et ne prenant pas le temps d'écouter autrui, et mon niveau d'anglais face à Belinda et lui ne me permettait pas de tout suivre. J'aurais en particulier aimé mieux comprendre lorsqu'il parla de sa mère et surtout de son père pour mieux le comprendre...

Mes pieds étaient encore plus trempés au retour, et je souffrais de derrière le talon à cause de mes chaussures. Nous sommes retournés au centre ville où, en voulant contacter Luis pour le prévenir de la suite, je perdis mes deux acolytes qui ne m'avaient pas attendu. Je les ai retrouvés peu après, ils avaient vu la prison qui est à l'origine d'Ushuaia, comme quoi c'est une Sibérie argentine avec son goulag.

Après le Musée de la Fin du Monde et les saints des jours ultimes, voici un champignon très lumineux...

Après je les ai suivis jusqu'à leur auberge de jeunesse où je fis sécher à nouveau mes chaussettes, restais connecté des heures à internet et discutais avec mes acolytes et une Hollandaise de 24 ans, qui venait de finir ses études de psychologie et parcourait durant deux mois l'Argentine. Je remarquai que je rencontrais surtout des voyageurs solitaires.

Je rentrai à pied en une demi-heure chez mon hôte à qui j'offris une bouteille de Martini, le temps de discuter un peu.

Ce matin, un bus devait me chercher entre 5h30 et 6h, et je me doutais que comme j'étais éloigné, je serai parmi les premiers de la tournée, mais réveillé à 5h10 en plein rêve de félicité prochaine, j'entendis un bruit de moteur moins de dix minutes après et me précipitai, aussi averti par Luis qui s'était levé.

Le bus chercha aussi Belinda à l'auberge, Markus était déjà parti dans un autre, et nous fîmes des haltes à Torhuin et Rio Grande où je fis des ballades photographiques rapides mais aussi longues que possible.

Ayant un peu de temps, j'en profite pour ajouter ceci:

Arrivé à Buenos Aires, j'étais surpris par ces rues avec des milliers de numéros, se coupant à angle droit. Ce n'est qu'à Rio Gallegos vendredi que j'ai compris qu'on changeait de centaine à chaque carrefour, astucieux système pour se repérer et évaluer les distances.

La plupart des voitures sont de type européen, avec une étonnante fréquence de la Peugeot 504 (même des taxis), voire quelques Peugeot 404, et il y aussi une proportion de pick-up de type nord-américain.

Si les villes ne sont guère jolies, j'aime la liberté architecturale qui, à cause d'une certaine pauvreté, est laissée aux propriétaires, qui fait qu'ils construisent des maisons peu standardisées, souvent très petites mais très mignonnes.

Je peux dire que depuis hier soir, je suis heureux de ce voyage, moins craintif, moins stressé, mais je dois veiller à ce que cela ne réduise pas ma prudence et ma vigilance..

 

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