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Sommaire politique

Le démocrate

Cont@ct

 

Quelques arguments de quelques élitistes contre quelque référendum

Les faibles arguments des élites contre le référendum

 

[sur Agoravox]

[9, 10, 11 octobre 2016]

 

 

Dans la novlangue contemporaine, « populisme » est un synonyme de « fascisme », alors qu'étymologiquement et historiquement, il s'agit de la défense du peuple, à l'opposé de la défense des élites qu'est l'élitisme. Comme l'a rappelé plusieurs fois Michel Onfray face à Yann Moix qui n'entendait pas la définition, le peuple, « c'est ceux sur lesquels s'exerce le pouvoir et qui n'ont jamais la possibilité d'exercer du pouvoir » (sur France 2, dans l’émission On n'est pas couché du 19 septembre 2015, à 13mn54s et à 18mn25s) ; et donc l'élite est la partie de la population qui exerce ce pouvoir (oligarques, monarques, aristocrates, eugénocrates ou autres types de souverains).

Dans On n'est pas couché du 8 octobre 2016, l'avocat Richard Malka s'affiche comme un élitiste/antipopuliste cohérent : questionné par l'animateur Laurent Ruquier, il est « résolument » (15mn47s) contre le référendum, et « pour la démocratie représentative, parce que le référendum, c'est une espèce de populisme », dit-il, le peuple faisant n'importe quoi par des motivations « émotives », comme « le rétablissement de la peine de mort » (l'une des deux fameuses tartes à la crème antidémocrate que je conteste à la fin de mon article Pour une démocratie réelle) ; alors que les élus seraient plus sages, sur des questions « techniques ». Il emploie le mot deux fois, et donne comme exemple la sortie de l'Europe, comme si la souveraineté n'était qu'un problème technique (de moyens donc), et non pas fondamental.

Il est logiquement un chien de garde du libéralisme dominant : « Je ne donne de leçon de morale à personne, parce que j'ai horreur d'en recevoir » (2h12mn04s), dit-il, selon la neutralité axiologique décrite par Jean-Claude Michéa, le droit ne devenant que procédural. Et aussi : « Il est rock 'n' roll, DSK. [...] Je défends la liberté quand je défends DSK. Je défends la liberté sexuelle, je défends la liberté de faire absolument ce qu'on veut dans sa sexualité à partir du moment où on est entre adultes et que c'est consenti. » (2h21mn53s-2h22mn08s) ; il est défenseur de l'oligarchie, de l’occulte banque Clearstream  contre les révélations du journaliste d'investigation Denis Robert, du Premier Ministre Manuel Valls dans son procès intenté contre l'humoriste polémiste Dieudonné M'Bala M'Bala, de Carla Bruni épouse de l'ex-Président Nicolas Sarkozy contre Patrick Buisson lorsque celui-ci révèle au public les propos en coulisse de quelques oligarques, défenseur aussi de l'ex-directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn après ses frasques sexuelles contre toute décence.

La journaliste Vanessa Burggraf est l'autre interlocuteur de Ruquier se disant aussi totalement opposée au référendum, argumentant : « car Moscovici a eu cette phrase qui est tout à fait juste: « Les référendums, ça blesse, ça divise, et ça n'apporte aucune solution. » ; je dirais même que ça apporte des emmerdes. » (17mn20s-17mn30s). Pourtant, par exemple, il y a eu beaucoup de manifestations et de polémiques, et des violences lors de l'autorisation par les politiciens du mariage homosexuel en France, alors que cela aurait pu être plus pacifique avec un référendum suivant une honnête iségorie (égalité d’accès à la médiatisation qui est une condition d’un référendum démocratique). L'Irlande a été le seul État de la planète à autoriser le mariage homosexuel par référendum, et cela s'est fait de façon plus pacifique qu'en France. Ainsi, on n'a pas pu avoir en France la même reconnaissance par les défaits d'une victoire de cette autorisation plus légitime qu’en France :

« Avant même la publication des résultats, un des principaux responsables de la campagne du non, David Quinn, avait concédé la défaite de son camp. "C'est une claire victoire pour le camp du oui", a-t-il déclaré, adressant ses "félicitations" aux partisans du mariage homosexuel. » (France Info, « L'Irlande a voté en faveur du mariage homosexuel à 62,1% selon les résultats définitifs »).

Devant lutter pour conquérir, conserver ou étendre leur pouvoir, les élites, dans leur hubris, sont plus belliqueuses que les peuples, envoyant pour leur profit la chair des autres aux canons : ce sont des élites états-uniennes qui ont voulu la guerre au Koweït en 1991, fabriquant les mensonges sur les bébés sortis des couveuses afin de rallier leur peuple opposé à cette guerre qu’elles avaient fomentée ; ce sont les élites espagnoles et britanniques qui ont voulu faire la guerre en Irak en 2003 (avec les mensonges sur les armes de destruction massives) contre leurs peuples qui manifestaient contre (91% des Espagnols opposés à la guerre en février 2003[i]). « Le 15 février 2003 la plus importante manifestation mondiale enregistrée à ce jour a lieu. »[ii].

Quant à la peine de mort, qu’elle fut abolie ou non ensuite, elle a le plus souvent été d’abord établie par les élites, rarement par référendum[iii], et c’est les lois de l’élite qui déterminaient qui devait être légalement tué.


 

[i] « En avril 2003, [...] plus des deux tiers de l’opinion en France, en Allemagne et en Espagne pensaient que les opérations militaires en Irak étaient injustifiées » (Natalie La Balme, « Opinion publique transatlantique et politique étrangère : le cas de l’intervention en Irak », dans Raisons politiques, 2005/3, n° 19, https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2005-3-page-81.htm).