Lexique politique
[10/10/2018]
Novlangue : langage créé ou perverti par une élite, une oligarchie, qui domine les moyens de communication, afin que le langage leur permette de conserver ou accroître leur domination. Cette novlangue s’oppose au langage ancien, étymologique. Par exemple, depuis 1800 environ, à partir du Parti Démocrate aux Etats-Unis, par électoralisme, le mot “démocratie” s’oppose au concept stable d’Aristote à Montesquieu en passant par Spinoza. C’est pourquoi nous sommes en 5e République (les constitutionnalistes, comme Emmanuel-Joseph Sieyès en 1791 ne voulant pas de démocratie) et non pas en 5e Démocratie. Autres exemples: souverainisme et populisme.
Une république est une société où la politique est publique, non privée. Le lobbying ou coterie est une activité d'influence, de suggestion des décisions politiques auprès des politiciens, faite sans publicité de la part des acteurs envers la population. Le lobbying est anti-républicain et anti-démocratique, car les influences ne sont pas faites dans un cadre public, et donc évitent toute décision démocratique.
Souveraineté : pouvoir de décision supérieur.
Population : ensemble d’individus,
Démocratie : souveraineté de la population. La démocratie n'est pas la souveraineté de la majorité. Par exemple, si un groupe doit faire une sortie mensuelle ensemble, et qu'il y a chaque fois 80% de votes pour aller au restaurant, et 20% pour aller au cinéma, la prédominance de la majorité ferait qu'ils iraient toujours au restaurant, alors que le respect démocratique (de toute la population, dont la minorité) ferait qu'ils iraient quatre fois sur cinq au restaurant, et une au cinéma. Il y a la prééminence d'un consensus sur un dissensus contradictoire. Imaginons le pire: deux groupes veulent se massacrer: 80% veulent tuer les 20 autres pourcents (et éventuellement inversement, quoique cela ne change rien); mais cela est en contradiction avec le fait que 100% souhaitent ne pas être massacrés, qui doit donc l'emporter.
Démocratie représentative, démocratie directe, participative : le concept de démocratie étant dévoyé, l'oligarchie fait croire qu'on serait dans une démocratie représentative, alors que la représentativité ne pourrait l'être que par le tirage au sort statistiquement représentatif, ou un panel représentatif, mais pas avec des élus (des scrutins non proportionnels et sans mandat impératif) ou des nommés (par ces élus), qui représentent ceux qui financent leurs campagnes. Dans ce cadre la démocratie réelle est appelée démocratie directe, comme s'il y avait une indirecte (on pourrait appeler démocratie indirecte celle qui se fait par des assemblées tirées au sort, statistiquement représentatives ; ou avec des émissaires ayant un mandat impératif ; mais il faut qu'il y ait souverainement des décisions de la population, car si seulement une petite proportion décide toujours, cela reste une oligarchie), voire plus récemment participative (comme s'il pouvait y avoir une démocratie sans que la population participe), basée sur le volontariat avec tous ses biais (participation surtout des hommes, plutôt âgés, plutôt diplômés, plutôt de catégories socioprofessionnelles élevées). C'est en 1800 aux Etats-Unis, que le dévoiement se fait avec la création du « Parti Républicain-Démocrate » de Thomas Jefferson, appelé ainsi par électoralisme. l'anti-démocrate vicomte Alexis de Tocqueville a importé ce dévoiement en France en 1840.
Souverainisme: c'est l'élite la plus internationale, qui a donc plus de souveraineté doublement (en tant qu'élite, et en tant que pouvant l'exercer dans plusieurs nations) qui paradoxalement appelle souverainistes les personnes qui n'ont pas une telle souveraineté, mais aimeraient obtenir une souveraineté plus nationale, donc plus proche d'elles, si ce n'est une souveraineté populaire. Mais il est logique que si chacun était souverainiste, c'est-à-dire réclamant plus de souveraineté pour soi, qu'on en vienne à l'isocratie (égalité de souveraineté), et donc à la démocratie (une voix, un vote).
Elite : ensemble très minoritaire des personnes d'une société en haut de la hiérarchie, qui ont le plus d'autorité.
Peuple : ensemble très majoritaire des personnes d'une société en bas de la hiérarchie, qui ont le moins d'autorité.
Populisme : le populisme était la défense du peuple (contre l'oligarchie ou l’élite). Ce serait maintenant une pratique de politiciens (démagogues) qui agiteraient des boucs émissaires pour se promouvoir auprès du peuple (mais cela n'a pas été appliqué à la présidence de George Bush). Le populisme est confondu avec le fascisme. « Annie Collovald23 [Annie Collovald, Le « Populisme du FN » : un dangereux contresens, Éditions du Croquant, 2004] a fait remarquer que le mot populisme connaît un nouveau succès depuis les années 1980, comme synonyme de démagogie ou d'opportunisme politique, surtout lorsqu'il s'agit de mouvements d'opposition. Selon cette universitaire en sciences politiques, la catégorie renseignerait moins sur ceux qu'elle désigne que sur ceux qui l'emploient. Annie Collovald met en parallèle le succès du vocable avec la disparition progressive des classes populaires dans les appareils et dans les discours des partis politiques et interprète l'usage croissant du mot populisme ou populiste comme l'expression d'une méfiance grandissante à l'égard des classes populaires et d'un penchant nouveau pour la démocratie capacitaire voire censitaire. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Populisme_(politique)#France Son opposé est l'élitisme, la préférence, la défense de l'élite.
Isocratie : égalité de souveraineté. Il peut y avoir une démocratie sans isocratie, par exemple dans une famille où les adultes auraient une voix, et les enfants auraient une demi-voix, un quart de voix ou trois quarts de voix selon leur âge; ou autant de voix pour les adultes que pour les enfants plus nombreux.
Isonomie : égalité face aux règles, aux lois. Par exemple, l'immunité parlementaire est contraire à l'isonomie, comme le fait que puissent s'affronter une personne avec un avocat commis d'office et une autre qui peut se payer plusieurs avocats réputés.
Iségorie : égalité médiatique, c'est-à-dire la possibilité d'avoir des conditions d'expression égales (temps, importance du média) pour une proposition et sa contradiction.
Mandat impératif : mandat par le lequel le mandataire (élu, nommé, tiré au sort) exécute ce pour quoi il est mandat. et ne décide pas à la place des autres.
L’article 27 de la Constitution Française de la Cinquième République déclare : “Tout mandat impératif est nul.”, c’est-à-dire qu’il serait anticonstitutionnel de faire une loi condamnant un élu à faire le contraire de son programme : l’élu a donc la souveraineté sur ses électeurs, et il n’y a pas de démocratie.
Anarchie : absence de souveraineté supérieure de certains. L'anarchie implique l'isocratie.
Oligarchie : souveraineté d'un petit nombre d'individus.
Ploutocratie : souveraineté des plus riches. La ploutocratie n'est pas nécessairement une oligarchie. Par exemple, dans une société où il y a deux tiers de ploutocrates (ayant chacun un million d'unités monétaires) et un tiers de pauvres (ayant un millier d'unités monétaires), les ploutocrates sont majoritaires.
Aristocratie : souveraineté des meilleurs, des plus forts à quelque chose. Par exemple, à la fin de l'Iliade d'Homère le concours de tir à l'arc afin de déterminer quel sera le successeur d'Ulysse comme chef d'Ithaque est aristocratique. Par exemple, l'intronisation d'Œdipe comme roi de Thèbes est aristocratique, car il y est parvenu en étant le premier candidat à résoudre l'énigme du monstre qui menace la cité et a tué les précédents candidats. Un régime électoral sans mandat impératif, où l’élu, à la suite d’une compétition (de bonimenteurs) obtient la souveraineté, est une aristocratie élective.
Eugénocratie est la souveraineté par la naissance, ou la parenté avec ceux qui l'ont déjà. Par exemple, Hugues Capet est un aristocrate, élu roi de France par les plus hauts seigneurs (comtes et ducs), ou Grands du Royaume, vers le 1er juin 987 à Senlis, dans une assemblée convoquée par Adalbéron, archevêque de Reims, et il impose (en particulier à Adalbéron, qui va finalement le sacrer roi, quoiqu'opposé à l'eugénocratie : « Des empereurs de race illustre furent déposés à cause de leur absence de vertu, ils eurent des successeurs tantôt égaux, tantôt inférieurs par leurs origines », faisant allusion à Charles le Gros en 887 et à Charles le Simple en 922; et argumentant: « Le trône ne s'acquiert point par droit héréditaire, et l'on ne doit mettre à la tête du royaume que celui qui se distingue par ses qualités. Donnez-vous donc pour chef le duc Hugues, recommandable par ses actions, par sa noblesse et par ses troupes, en qui vous trouverez un défenseur, non seulement de l'intérêt public mais aussi des intérêts privés. », cité par Richer de Reims, Histoire, IV, 991-998) comme successeur son fils ainé Robert II de France, qui est donc un eugénocrate. L'eugénocratie serait une aristocratie si on considérait qu'elle consiste en la meilleure naissance, et par la suite la meilleure éducation, préparation ; ce n'en est pas une en considérant que l'eugénocrate n'est issu d'aucune compétition (sauf si mystiquement on considère que l'eugénocrate a lutté pour sa place avant la naissance).
Ochlocratie : souveraineté de la foule. L'ochlocratie peut être un gouvernement par une minorité (par ailleurs peut-être manipulée par une bien plus petite minorité), contrairement à la démocratie qui est le gouvernement par toute la population.
Un citoyen est une personne qui a un droit de vote politique dans une démocratie ou une aristocratie élective.
Le vote neutre (blanc ou nul) exprime qu'on n'a pas de préférence pour les diverses propositions, qu'aucune n'est suffisamment satisfaisante, que leur formulation est trop peu compréhensible, ambigüe ou piégeuse, ou que le débat a été insuffisant pour savoir quoi choisir. Le vote blanc n'exprime aucune alternative, alors qu'un vote nul peut être celui ou le votant exprime une alternative, une opposition, une autre proposition que celles délibérées (par exemple un autre candidat, une autre proposition). Les votes blancs et nuls doivent être additionnés comme votes neutres. Par respect pour l'isocratie (égalité dans la décision de chaque votant), les votes neutres (blancs ou nuls) doivent être pris en compte, effectifs. Le vote neutre va dans le sens d’un statu quo de maintien de la situation actuelle en attendant une ou de nouvelles propositions, un débat plus éclairant, pour opérer le changement proposé. * Si ce changement est facultatif, la proposition de changement doit avoir la majorité absolue (plus de 50%, 1/2 des votes), éventuellement plus par sécurité (par exemple selon le règlement intérieur de Decidemos, plus de 3/4, 75% des votes pour changer les statuts, et plus de 2/3, 66,6...% des votes pour changer le règlement intérieur. Cette règle peut être outrepassée si la loi française impose ou interdit un changement statutaire ou réglementaire.). * Si le changement est nécessaire ou obligatoire (une proposition ou son contraire doit se réaliser, il doit y avoir nécessairement une nouvelle réalisation, un changement), la proposition de changement doit avoir une majorité relative pour être réalisée, et c'est seulement si le vote neutre a la majorité relative, qu'on doit recommencer à délibérer en renouvelant les propositions, leur formulation, le débat, en différant la réalisation nécessaire ou obligatoire que du temps bref de la nouvelle délibération. Par exemple, en Suède on roulait à gauche (et on pouvait continuer à rouler à gauche : ce changement était facultatif) : afin de rouler à droite, il aurait fallu que cette proposition référendaire ait la majorité absolue. Ainsi, si les votes étaient : rouler à droite 45%, rouler à gauche 40%,, et neutre 15%, on aurait continué de rouler à gauche, car il y aurait eu 55% qui n’approuvaient pas ce changement facultatif qui n'a pas obtenu la majorité absolue. Par contre, dans une nouvelle contrée où il n’y a aucun côté de circulation déjà établi, mais qu’il en faut un afin d'éviter des accidents, ce même vote établirait la droite comme premier côté de circulation, car il a obtenu la majorité relative (seule une majorité relative de votes neutres aurait obligé à rapidement recommencer à délibérer sur ce problème). Dans le cadre d'une constitution comme celle de la Cinquième République française, où il doit y avoir un président élu, si lors du second tour de l'élection, la majorité relative suffirait donc à établir une nouvelle réalité : si l'un des candidats avait 34%, et l'autre 33% (et donc le vote neutre était à 33%), le candidat à 34% serait élu ; ce ne serait que si le vote neutre avait la majorité relative (par exemple 35% de vote neutre, 33% pour un candidat, et 32% pour l'autre) qu’on éliminerait ces deux candidats pour recommencer l’élection sans eux. (Il y aurait à étudier le cas du vote neutre premier ou deuxième au premier tour… mais de toute façon, le scrutin uninominal à deux tours est très peu représentatif de la volonté populaire, la biaise trop, et sont préférables des scrutins plus démocratiques comme le vote de valeur permettant à chaque votant d'évaluer chaque candidat : on peut argumenter pour qu'une élection avec une majorité relative de votes neutres aille dans le sens de changer les procédures de vote, ou la Constitution...) Dans le cas de 16 votants pour une action facultative, il faudrait au moins 9 votants pour qu'elle soit réalisée; à 8 (ou moins) votants pour, elle ne serait pas réalisée, qu'elle que soit la répartition des votes contre et neutres. Afin d'éviter des confusions, il faut formuler la proposition de telle façon que la proposition de changement facultatif est celle à laquelle on peut répondre favorablement (« oui » ou « pour »). Par exemple, pour un Etat qui fait partie de l'Union Européenne, la question davrait être : « Voulez-vous sortir de l’UE ? » (avec une majorité absolue de oui pour réaliser la sortie) et non « Voulez-vous rester dans l’UE ? ». (La question référendaire « Voulez-vous rester dans l’UE ? » ne serait pertinente que s'il avait déjà été décidé de sortir, mais que des éléments nouveaux pouvaient faire changer la volonté populaire.)
- Si le vote neutre l’emporte à la majorité relative, la proposition et son contraire ne sont pas réalisés : il faut reformuler. - Dans une élection, si le vote blanc est majoritaire les candidats sont éliminés (par exemple, si on avait eu en 2017 35% de vote blanc, 33% pour Macron, et 32% pour Le Pen, ces deux candidats seraient éliminés, et il faudrait refaire l’élection sans ces deux candidats, dans le bancal système uninominal à deux tours, le président précédent le restant en attendant, ou éventuellement le président du sénat assurant l’intérim). - - Dans un référendum, si le vote blanc est majoritaire, il y a un statu quo (la proposition ou son contraire ne sont pas réalisés ; il est possible de faire une autre proposition plus pertinente, plus claire. Dans le cas d’un référendum, le seul problème est de déterminer si la majorité à prendre en compte serait relative ou absolue S’il y a 6 pour, 5 contre et 5 neutre (ou 5 pour, 6 contre et 5 neutre), il y a 11 personnes qui se sont prononcés contre la proposition qui a la majorité relative à 6. Donc, une alternative serait qu’il y faille une majorité absolue pour réaliser un changement. Il faut aussi ne favoriser ni le pour (ou oui) ni le contre (ou non), car la question peut être : « Voulez-vous sortir de l’UE ? » ou « Voulez-vous rester dans l’UE ? », car selon la formulation, les oui et les non sont opposés. Une solution serait qu’il faudrait imposer que la question doit être celle du changement, donc : « Voulez-vous sortir de l’UE ? » (et éventuellement « Voulez-vous rester dans l’UE ? » s’il avait déjà été décidé auparavant de sortir de l’UE…). On pourrait alors considérer dans le RI que le changement doit avoir au moins la majorité absolue.
Dans les deux cas (majorité relative ou absolue), cela ne change rien au vote résultant de la proposition d'action X, de 6 pour, 4 contre et 6 neutres : les votes pour et neutres étant égaux, ce sont alors les contre qui font la différence ; et donc la proposition d’action doit ne pas être exécutée (déjà le vote neutre va vers un statu quo, donc vers l’inexécution de la proposition). L’interprétation : 6 pour moins 4 contre font un différentiel de 2 en faveur du pour est anti-démocratique et anti-isocratique quant à l’effectivité du vote blanc (et plus fondamentalement quant à l’isocratie, l’égalité de souveraineté de chacun, quoi que soit sa préférence) : dans son interprétation, même si les votes neutres ont la majorité absolue (par exemple 5 pour, 4 contre et 7 neutres), ils n’auraient aucune effectivité, ne compteraient pour rien, et c’est comme si ces personnes n’avaient pas voté ; et donc il ne faudrait jamais voter neutre, et nos resterions dans le système dominant du vote blanc qui est ineffectif).
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