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Le militant démocate

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Pour une démocratie réelle

ou

Réalité et réalisation de la démocratie

 

 

Sur Agoravox en trois parties:

I: Qu'est la démocratie?

II: Qu'est notre régime?

III: Comment établir la démocratie réelle?

 

 

À Coluche.

« Si tous ceux qui n'ont rien n'en demandaient pas plus, il serait bien facile de contenter tout le monde. »

 

 

 

Introduction

Albert Camus avait écrit que « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde. » (dans « Sur une philosophie de l’expression », publié en 1944 dans Poésie 44 (Albert Camus, Œuvres complètes, tome I, La Pléiade, p. 908).

Or on tombe des nues cotonneuses où nous sommes enveloppés en apprenant (en particulier avec Étienne Chouard qui parle de mensonge « sémantique et lexical » : « nous appelons démocratie son strict contraire », dans une émission d’Ici et Maintenant  avec André-Jacques Holbecq rediffusée le 13 février 2012) que les tribuns ont appelé « démocratie » durant plus de deux millénaires, est en contradiction avec la novlangue des classes dominantes qui se sont appropriées ce mot mélioratif depuis deux siècles de régime électoral.

Il s'agit donc ici de rétablir ce qu'est la démocratie, de renommer vraiment ce qu'on appelle faussement « démocratie », et enfin et surtout de proposer un moyen d'établir pacifiquement la démocratie : la constitution d’un parti démocratique avec tirage au sort des candidats aux élections encore en vigueur.

 

Concepts et étiquettes

Il faut faire la distinction entre les concepts, que l'étymologie (étymologiquement la signification vraie) nous permet de révéler et définir, de la novlangue des dominants (l'oligarchie) qui font une valse aux étiquettes mensongères afin de tromper les peuples. Et comme disait Coluche, « C'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont raison. ».

1. La façade ou vitrine démocratique

Ce texte Avait comme premier titre un pléonasme : « Pour une démocratie populaire », représentant doublement qu'il s'agit d'un gouvernement par le peuple. Par contre, la connotation diverge : méliorative pour « démocratique » et péjorative pour « populaire », comme si la démocratie devait être sans peuple pour ceux qui ont la tribune pour s’en prétendre et pour forger les connotations. Ce pléonasme s’avère hélas informatif dans un système où la démocratie est  gangrénée par l’oligarchisme et le ploutocratisme, et où « la démocratie » est un mensonge de ceux qu’elle menace et qui l’empêchent. Dans L'Empire du moindre mal (Essai sur la civilisation libérale), Jean-Claude Michéa analyse comment des officines appelées « ateliers sémantiques » ont ainsi participé au dévoiement du concept de démocratie, celle-ci étant dorénavant appelée « populisme » (Climats, 2007, p. 85-86).

Les noms propres des États et des partis politiques sont souvent impropres. Pour les pays ennemis, nous employions ironiquement leur autodénomination : la République Démocratique d’Allemagne (RDA) nous semblait fort peu républicaine et démocratique ; l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes (URSS) nous semblait fort peu républicaine et socialiste. Par contre, le langage dominant des puissances capitalistes privées occidentales reprenait l’appellation « communiste » de pays dont les opposants communistes, dès l’autocratie léninienne puis stalinienne, dénonçaient en fait une réalité capitaliste d’État derrière la prétention mensongèrement communiste (dès Mikhaïl Bakounine contre Karl Marx dans Étatisme et anarchie ; puis avec Nikolaï Ossinski et Nikolaï Boukharine contre Vladimir Lénine en 1918 ; Rudolf Rocker dans Les Soviets trahis par les bolchevik ; Anton Pannekoek, Alexandra Kollontaï et Alexandre Chliapnikov en 1921 ; Boris Souvarine en 1935 dans Staline. Aperçu historique du bolchevisme ; Ante Ciliga en 1936-1937 dans Au Pays du grand mensonge ; Maximilien Rubel en 1945 dans « Signification historique de la barbarie stalinienne » ; Tony Cliff en 1948 dans Le Capitalisme d’État en Russie ; Cornélius Castoriadis dans Socialisme ou Barbarie ; Charles Bettelheim en 1974-1982 dans Les Luttes de classes en URSS ; etc.). Cette longue liste montre que les belles étiquettes mensongères collent fort à la réalité qu'elles occultent malgré les efforts de démystificateurs, aussi à cause de délétères intellectuels comme Jean-Paul Sartre qui de retour d’URSS, affirmait que :

« La liberté de critique est totale en URSS et le citoyen soviétique améliore sans cesse sa condition au sein d’une société en progression continuelle. » (Libération, 1954), et sa compagne et camarade Simone de Beauvoir renchérit : « Les camps soviétiques, c’était vraiment des centres de rééducation, une exploitation modérée, un régime libéral, des théâtres, des bibliothèques, des causeries, des relations familières, presque amicales, entre les responsables et les détenus » (1963).

Il en est évidemment de même de toutes les "Démocraties Populaires" dont le double mensonge pléonastique était révélateur de la volonté d'asséner le déni.

Par plaisanterie de ce que vante la classe dominante en France, le pays dont elle s’accapare les biens pourrait être appelé « République Démocratique de France » (RDF), sur le modèle de la disparue République Démocratique d’Allemagne ; car comme l’a écrit Simone Weil en 1940, « nous n'avons jamais rien connu qui ressemble même de loin à une démocratie. Dans ce que nous nommons de ce nom, jamais le peuple n'a l'occasion ni le moyen d'exprimer un avis sur aucun problème de la vie publique » (Note sur la suppression générale des partis politiques, Climats, 2006, p. 33).

 

Tout pouvoir tend à se prolonger et à s’étendre. La classe nouvellement dominante il y a un peu plus de deux siècles, la bourgeoisie, si elle prétendait parvenir au pouvoir contre les privilèges héréditaires de l’eugénocratie royale octo-séculaire des Capétiens, n’abandonne pas facilement ses privilèges. D’ailleurs, le commencement de la dynastie française fut aristocratique, puisque il s'agissait de l’élection du roi Hugues Capet le 1er juin 987 par une assemblée à Senlis des Grands du royaume. Il fut suivi de l’établissement de l’eugénocratie (gouvernement des descendants) ayant pour but d’éviter les violentes rivalités d’accession au pouvoir. L'appellation « aristocratique » est une étiquette mensongère : même s'il y avait des désignations aristocratiques (pour des chefs de guerre victorieux par exemple), le pouvoir dominant était eugénocratique. Les eugénocrates sont des nains sur des épaules de géants dont ils s'attribuent abusivement l'aristocratie.

Cette eugénocratie dura jusqu’à ce que le 12 juillet 1789, le journaliste (ou publiciste, comme on disait alors) Camille Desmoulins haranguât la foule au Jardin du Palais Royal qui appartenait au Duc d’Orléans qui ambitionnait d’être roi à la place du roi.

La nouvelle classe dirigeante post-révolutionnaire décréta que la république qu’elle vantait se ferait par l’entremise d’élections qui ne feront participer le peuple au choix que parmi un panel fort restreint de candidats de droit éligibles, dont souvent uniquement deux types, dans un cadre restreint, seront de fait éligibles.

Il s’ensuivit une confrontation qui n’est qu’un spectacle médiatique, où il ne s’agit que de choisir entre apparemment quelques vedettes, mais en fait entre deux candidats de droite, voire d'extrême-droite, comme le dit Étienne Chouard (sur Ici et Maintenant le 25 octobre 2011 ; et à propos du Parti Socialiste « d’extrême-droite » le 22 février 2012). Le philosophe Jean-Claude Michéa dit la même chose, considérant que presque tous les candidats à l'élection primaire Socialiste auraient pu signer le dernier livre de la patronne du patronat  Laurence Parisot (Les Matins de France Culture, 6 octobre 2011).

Clarifions les concepts.

La république consiste en la publicité (caractère public) de la politique, ce qui est d'autant plus effectif que le régime est démocratique, et d'autant moins qu'il est monarchique, oligarchique, aristocratique, ou dominé par les lobbies (comme à Bruxelles et Washington), c'est-à-dire qu'elle est décidée en privé, en secret, dans des chambres closes et autres corridors. Il est remarquable que si en France, nous en sommes à la cinquième « République », c’est que dès la première, il s’agissait de constituer autre chose qu’une démocratie.

La démocratie, c'est le gouvernement par le peuple, comme la ploutocratie est le gouvernement par les riches : prétendre être démocratique avec un gouvernement pour le peuple est une imposture, de la démagogie paternaliste qui s’assimile au prétexte « C’est pour ton bien. », si souvent utilisé afin de justifier quelque sévice d’un supérieur envers un inférieur (voir le livre éponyme d’Alice Miller).

Le référendum relève de la démocratie directe. Le tirage au sort (voire le panel représentatif, plus complexe, moins fiable, plus manipulable, et d’ailleurs utilisé dans les sondages…) relève de la démocratie indirecte ; celle-ci doit être limitée à ce qui prend du temps, comme par exemple pour partie législative la coordination des textes proposés au référendum.

L'élection est un vote pour des personnes, c’est-à-dire ce qu'il y a de plus complexe, d’imprévisible et donc d’incontrôlable ; alors que la démocratie, c'est voter pour des textes, des lois, qui seront d'autant plus compréhensibles qu'ils auront été rédigés par le peuple et non par des avocats, juristes ou autres spécialistes avec leur jargon incompréhensible (alors que nul n'est censé ignorer la loi...).

L’élection érige des personnes hiérarchiquement au-dessus d’autres. L’élection est une érection. L'élection n’est guère démocratique : car même si le peuple vote, il vote à chaque fois la sortie de la démocratie, sa délégation du gouvernement, avec des scrutins aussi peu démocratiques, autant à l’avantage des oligarques-aristocrates (voire ploutocrates) que ceux-ci ont pu l'imposer dans leurs mandats précédents. D'où la fameuse expression : « élection piège à cons », et l’allégorie de Coluche : « Quand je vois un mec qui n'a pas de quoi bouffer aller voter, ça me fait penser à un crocodile qui se présente dans une maroquinerie. ».

Durant plus de deux millénaires, avant les révolutions états-unienne et française, la démocratie était définie comme le contraire de ce que l’oligarchie veut nous faire croire.

Aristote écrivait qu’ « il est considéré comme démocratique que les magistratures soient attribuées par le sort et comme oligarchique qu’elles soient électives » (Politique, IV, 9, 1294 b 7-9) ; « Les élections sont aristocratiques et non démocratiques : elles introduisent un élément de choix délibéré, de sélection des meilleurs citoyens, les « aristoï », au lieu du gouvernement par le peuple tout entier. » (Politique, IV, 1300b4-5).

Spinoza écrivit que si la politique « se fait par une assemblée sortie de la masse du peuple, l’État s’appelle démocratie; si c’est par quelques hommes choisis, l’État s’appelle aristocratie ; par un seul enfin, monarchie. »  (Traité politique, chapitre II : « Du droit naturel », paragraphe 17). C'est ce que les politiciens veulent nous faire croire, que leurs assemblées sont sorties de la masse des peuples. Spinoza précise que ce qui « distingue essentiellement » la démocratie « du gouvernement aristocratique, c’est que, dans ce dernier, la seule volonté du conseil suprême et une libre élection font nommer tel ou tel citoyen patricien, en sorte que nul ne possède à titre héréditaire et ne peut demander ni le droit de suffrage, ni le droit d’occuper les fonctions publiques, au lieu qu’il en est tout autrement dans le gouvernement dont nous allons parler. » (Traité politique, chapitre X : « De la démocratie », paragraphe 1). En une phrase, Spinoza rattache l’élection à l’aristocratie et en détache l’hérédité.

« En effet, il y a cette différence principale entre le gouvernement démocratique et l’aristocratique, que dans celui-ci le droit de gouverner dépend de la seule élection, tandis que dans l’autre il dépend, comme je le montrerai au lieu convenable, soit d’un droit inné, soit d’un droit acquis par le sort »  (Traité politique, chapitre VIII : « De l’aristocratie », paragraphe 1).

Pour Montesquieu, « Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage par le choix est de celle de l'aristocratie. Le sort est une façon d'élire qui n'afflige personne; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie. » (De l'Esprit des lois, livre II : « Des lois qui dérivent directement de la nature du gouvernement », chapitre 2 : « Du gouvernement républicain et des lois relatives à la démocratie »).

« L'amour de la république, dans une démocratie, est celui de la démocratie; l'amour de la démocratie est celui de l'égalité. » (De l'Esprit des lois, livre V : « Que les lois que le législateur donne doivent être relatives au principe de gouvernement », chapitre III : « Ce que c'est que l'amour de la république dans la démocratie »).

« Dans toute magistrature, il faut compenser la grandeur de la puissance par la brièveté de sa durée. Un an est le temps que la plupart des législateurs ont fixé; un temps plus long serait dangereux, un plus court serait contre la nature de la chose. » (De l'Esprit des lois, livre II : « Des lois qui dérivent directement de la nature du gouvernement », chapitre III: « Des lois relatives à la nature de l’aristocratie »)

Pour Jean-Jacques Rousseau, « Il y a donc trois sortes d'aristocratie: naturelle, élective, héréditaire. La première ne convient qu'à des peuples simples; la troisième est le pire de tous les gouvernements. La deuxième est le meilleur : c'est l'aristocratie proprement dite. » (Du contrat social, Livre III, chapitre 5 : « De l'aristocratie »).

Rousseau anticipe surtout le mensonge de la démocratie représentative et la servitude volontaire des citoyens :           

« La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n'y a point de milieu. [...] Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle ; ce n'est point une loi. Le peuple Anglais pense être libre, il se trompe fort il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement: sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde. [...] L'idée des représentants est moderne : elle nous vient du gouvernement féodal, de cet inique et absurde gouvernement dans lequel l'espèce humaine est dégradée, et où le nom d'homme est en déshonneur. » (Du contrat social, livre III, chapitre 15 : « Des députés ou représentants »). Il est révoltant que nous soyons traités comme des bêtes, alors que comme l’avait écrit Aristote, l’humain est un animal politique, et que même le chimpanzé l’est déjà, comme l’a montré Franz de Waal dans La Politique du chimpanzé (Odile Jacob, 1995).

L’historien états-unien Samuel Williams écrivait en 1794 : « La représentation […] a été graduellement introduite en Europe par les monarques ; non pas avec l’intention de favoriser les droits des peuples, mais comme le meilleur moyen de lever de l’argent », The Natural and Civil History of Vermont, Walpole (NH), 1794, dans Charles S. Hyneman & Donald S. Lutz (eds), American Political Writing During the Founding Era 1760-1805, tome II, Liberty Press Edition, 1983, p. 964).

Gracchus Babeuf fut un des rares révolutionnaires à revendiquer la démocratie : « l’un la désire bourgeoise et aristocratique, l’autre entend l’avoir faite et qu’elle demeure toute populaire et démocratique  » (cité par Jens A. Christophersen, The Meaning of « Democracy » : As Used in European Ideologies from the French to the Russian Revolution, Universitetsforlagets Trykningssentral, 1968, p. 16 ; cité par Francis Dupuis-Deri dans son excellent article L’esprit antidémocratique des fondateurs de la «démocratie» moderne, Agone, N° 22, septembre 1999, pp. 95-113).

Dans Le Tribun du peuple (29 novembre 1795), rejetant une proposition qui invitait les républicains à se liguer contre la monarchie, Babeuf en profitait pour se distinguer en démocrate de ses pseudo-alliés républicains :

« Vous ne paraissez réunir autour de vous que des républicains, titre banal et fort équivoque : donc vous ne prêchez que la république quelconque. Nous, nous rassemblons tous les démocrates et les plébéiens, dénominations qui, sans doute, présentent un sens plus positif : nos dogmes sont la démocratie pure, l’égalité sans tâche et sans réserve ». (Ibidem).

James Madison, principal artisan de la Constitution états-unienne, était aristocrate et antidémocrate, car il croyait que les représentants seraient plus sages, plus capables de sacrifier leur intérêt pour le peuple que le peuple lui-même (Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Calmann-Lévy, 1995, p. 12-13). En ploutocrate, il agit « pour protéger la minorité des nantis contre la majorité » (Jonathan Elliott Ed., The Debate in the Several State Conventions on the Adoption of Federal Constitution, 1787, Yates Minutes, 1836, vol. 1, p. 450).

Il argumentait : « Si chaque citoyen d’Athènes avait été un Socrate, chaque assemblée athénienne aurait été malgré tout une cohue » James Madison, Alexander Hamilton & John Jay, The Federalist Papers, Penguin books, 1987, p. 336

Alexander Hamilton, fondateur du Parti Fédéraliste, affirma que la révolution états-unienne n’était que d’apparence et d’apparat : « Il n’y a pas eu de changements dans les lois, il n’y a pas eu d’interférence avec les intérêts de quiconque, tout le monde est resté à sa place et, la seule altération, c’est que le siège du gouvernement a changé » (selon De Charles Albert Moré de Pontgibaud, A French Volunteer in the War of Independence, Paris, 1897, p. 147, cité par Samuel Eliot Morison, The Conservative American Revolution, Anderson House-The Society of the Cincinnati, 1976, p. 17).

John Adams, premier vice-président puis deuxième président des États-Unis affirma son antidémocratisme aussi :  « L’idée que le peuple est le meilleur gardien de sa liberté n’est pas vraie. Il est le pire envisageable, il n’est pas un gardien du tout. Il ne peut ni agir, ni juger, ni penser, ni vouloir » (James A. Morone, The Democratic Wish : Popular Participation and the Limits of American Government, BasicBooks, 1990, p. 33).

L'abbé Emmanuel-Joseph Sieyès, dans son discours du 7 septembre 1789 opposa gouvernement "représentatif" et démocratie, avant que l'oligarchie ait voulu qu'on les confonde afin de tromper le peuple et désamorcer ses revendications :

« La France ne doit pas être une démocratie, mais un régime représentatif. Le choix entre ces deux méthodes de faire la loi, n’est pas douteux parmi nous. D’abord, la très grande pluralité de nos concitoyens n’a ni assez d’instruction, ni assez de loisir, pour vouloir s’occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; ils doivent donc se borner à se nommer des représentants. [...] Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. » (« Sur l’organisation du pouvoir législatif et la sanction royale », in Les Orateurs de la Révolution française. Les Constituants, Tome I, Paris, Gallimard, 1989, p. 1025 et 1027)

D'ailleurs, Sieyès était contre le suffrage universel mais pour le suffrage censitaire, car seuls les citoyens actifs, qui s'enrichissent, mériteraient de voter selon lui ; et cet élément à la fois ploutocratique et aristocratique fut introduit dans la Constitution française du 3 septembre 1791 dont il fut corédacteur.

 

2. La constitution d'une aristocratie élective

Le mot « démocratie » s’est mis, dès le début du dix-neuvième siècle, à qualifier par démagogie un régime qui la méprisait pourtant explicitement dès l'origine. D’ailleurs, la démagogie au sens de manipulation flatteuse du peuple par les politiciens pour leur intérêt n’est guère possible dans une démocratie réelle, où les politiciens n’existent plus (il est aussi remarquable qu’un démagogue  soit étymologiquement un éducateur, un meneur du peuple ; et ce n’est qu’après que le mot est devenu péjoratif, comme beaucoup de ceux qui concernent le peuple).

Ce qu'est la démocratie a tellement été dévoyé que des contemporains inventent de nouveaux mots afin de signifier la part qui en a été occultée : « stochocratie » (gouvernement aléatoire) en 1998 par Roger de Sizif, « lotocratie », « clérocratie » par François Amanrich (qui propose un mélange entre élection et tirage au sort, et ne veut donc qu’une démocratie partielle). Il y a là une polarisation sur la technique du tirage au sort qui, tant exclu, fascine maintenant par son étrangeté ; et une erreur, car ce n'est pas le hasard (le moyen) qui gouverne dans la démocratie, mais le peuple (le but), comme ce n'est pas l'élection qui gouverne dans l'aristocratie (ainsi, c’est comme si nous parlions d’« électocratie » pour caractériser la fascination pour le spectacle électoral).

La première grande utilisation dévoyée du mot « démocratie » semble électoraliste, démagogique : il s’agit du Parti Démocrate aux États-Unis. Il s’appelait d’abord « Parti Républicain », créé par James Madison avec Thomas Jefferson vers 1792, en opposition au Parti Fédéraliste centralisateur d’Alexander Hamilton, et fut appelé après le « Parti Démocrate-Républicain » (comme les sociétés démocrates ou républicaines créées à partir de 1793, et dont le but démocrate de celles qui se nommaient ainsi reste à examiner) : en partie rétrospectivement par les historiens afin de le distinguer du nouveau Parti Républicain fondé en 1854 et opposé au dorénavant officiellement nommé « Parti Démocrate » ; en partie par les opposants fédéralistes afin de les dénigrer en les confondant avec des excès de la révolution française et l’ochlocratie (gouvernement par la foule) ; et occasionnellement par eux-mêmes à partir de 1802, avant d’être uniquement appelé « Parti Démocrate », abandonnant donc progressivement le nom de son opposant actuel, indiquant ainsi que la démagogie des étiquettes.

L'élection est un acte pseudo-démocratique de dépossession démocratique, lorsque le mandat n’est pas impératif. C'est en fait un acte de constitution d'une aristocratie (gouvernement des meilleurs), où on élit comme à un concours de beauté les supposés meilleurs, meilleurs à se faire élire en fait. Un exemple aristocratique est  la compétition proposée par Pénélope afin de déterminer quel sera son époux et nouveau roi d'Ithaque : celui qui réussira à bander l’arc d’Ulysse disparu et à envoyer comme lui une flèche traverser douze fers de haches alignées. L'intronisation d'Œdipe comme roi de Thèbes est aussi aristocratique, car il y est parvenu en résolvant l'énigme du monstre qui menace la cité et a tué les précédents candidats. Il y a d’ailleurs un attrait aristocratique à notre époque dans le développement du sport et autres concours et compétitions et de leur spectacle, y compris dans le très populaire football, moins aristocratique car plus hasardeux avec son jeu de pieds, exceptionnel pour un jeu de balles, qui permet plus souvent aux équipes d’en bas de battre les meilleurs que dans les autres sports de balles. Simone Weil dit radicalement le lien entre sport et aristocratie dans sa Note sur la suppression générale des partis politiques : « Il y a dans les partis anglo-saxons un élément de jeu, de sport, qui ne peut exister que dans une institution d’origine aristocratique ; tout est sérieux dans une institution qui, au départ, est plébéienne. » (Climats, 2006, p. 23).

Dans ce régime aristocratique, les journalistes politiques ne sont guère éloignés des journalistes sportifs, car tous vivent et se délectent du spectacle renouvelé des combats, et l’information n’est qu’un spectacle où est attendue la surenchère. La compétition pour plus de spectacle dont les journalistes sont les fabricants les plus zélés a eu son symbole le plus spectaculaire et révélateur avec le présentateur vedette depuis plus d’une décennie du journal de France 2 David Pujadas qui s’exclama le 11 septembre 2011 lorsqu’il vit un avion percuter une tour new-yorkaise : « Wouahhh ! Géniaaal ! […] Ça, c’est mieux que le Concorde, quand même. On est battus, là ! Peuttt ! Moi j’trouve. » (Canal Plus, Plus clair, 14 septembre 2001).

L’aristocratie, gouvernement des meilleurs, implique la comparaison, la rivalité, l’exacerbation des conflits, de l’envie, de la jalousie, de la violence au moins verbale, de la partialité, avec des partis comme équipes de conquête du pouvoir avec leurs partisans.

La plupart de nos votes sont des élections, c'est-à-dire des choix de personnes, le choix parmi nos maîtres (à tel point que l'on confond hélas souvent l’élection avec le vote et la démocratie). En plus d’un demi-siècle de Cinquième République française, l’unique référendum pour réviser la Constitution advint le 24 septembre 2000 pour que le peuple décide s'il choisit son monarque pour sept ou cinq ans !

Et comment choisir le meilleur parmi les candidats qui nous sont imposés ? La plupart des candidats n'ont jamais exercé le mandat, souvent un seul l'a exercé, parfois aucun, rarement deux ou plus. Dans un système électoral, le « meilleur » est le meilleur séducteur, bonimenteur (« Supermenteur » Jacques Chirac, comme le surnommaient les Guignols de l'Info), celui qui a le plus d’audace, de culot, et qui applique ce précepte du politicien corrézien Henri Queuille : « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. » (repris par Charles Pasqua dans un discours en 1988 ; et Jacques Chirac, selon Le Monde du 22 février 1998).  Ainsi, Jacques Chirac, lors de sa campagne électorale victorieuse (alors qu’il était pronostiqué défait) de 1995 pour la présidence de la France, avait confié à des collaborateurs : « Pendant ma campagne présidentielle je vous étonnerai par ma démagogie. » (Un Secret d’État, Odile Jacob, 1997, p. 18, par Denis Jeambar qui commente lui-même juste après  fort pertinemment : « Un tel cynisme peut indigner, mais, après tout, l’article 27 de la Constitution dit, formellement, que « tout mandat impératif est nul ». En clair, les promesses électorales n’engagent en rien ceux qui les font. »). Comme a dit Coluche,  « La politique, c'est pas compliqué, il suffit d'avoir une bonne conscience, et pour cela il faut juste avoir une mauvaise mémoire ! » (Pensées et anecdotes). Enfin, l’élection est proche du concours de beauté puisque un candidat grand ou extraverti a plus de probabilité d’être élu (« Le Profil psychologique des Hommes politiques », France Inter, La Tête au Carré, 13 mars 2012).

La plus fondamentale compétence utile d'un politicien, ce en quoi il faut qu’il soit meilleur pour être politicien, est celle de se faire élire (ou nommer par ses pairs), et non sa capacité à bien exercer son mandat qui est secondaire, conditionnée par la réalisation de la première. On aboutit donc à une situation proche du syndrome de la promotion Focus (ou principe de Peter) selon lequel « tout employé tend à s'élever à son niveau d'incompétence ». Cornelius Castoriadis remarquait que malgré la prédominance des dossiers économiques que doivent gérer les politiciens, 60 % des députés français affirmaient ne rien comprendre à l’économie (Alain Renaud, « Élection, tirage au sort & démocratie. À propos des Principes du gouvernement représentatif, de Bernard Manin », dans Agone, N° 22, 1999, p. 117).

Mais même la préférence des électeurs ne peut pas être respectée dans les systèmes électoraux uninominaux actuellement institués. Le paradoxe de Condorcet a démontré l’intransitivité de la majorité, et que dès qu’il y a trois candidats, le système électoral fait que même le candidat préféré n’est pas nécessairement élu. Ainsi, avec la présence de plus d’une douzaine de candidats, un système électoral à deux tours est très loin d’être suffisant pour représenter ou extraire la préférence des électeurs. Il y a l’exemple de l’élection présidentielle française de 2007 avec François Bayrou qui, plus centriste, pouvait être préféré par plus d’électeurs que Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal, et aurait fait un score supérieur au second tour contre chacun d’eux que les 53 % de Sarkozy ; il y aussi l’exemple de Jean-Marie Le Pen, parvenant au second tour de l’élection présidentielle française de 2002 en étant un des candidats les moins préférés et y faisant donc un score à peine supérieur à celui du premier tour, ce qui n’aurait pas été le cas de candidats le suivant au premier tour (Lionel Jospin et François Bayrou). Une solution plus représentative des préférences des électeurs mais complexe serait pour chaque électeur de  noter chacun des candidats (de 0 à 10 par exemple) et d’additionner les points obtenus par chaque candidats (c’est le vote de valeur ; voir aussi le vote par approbation, plus simple).

L'absence de mandat impératif et l'irrévocabilité des mandatés ne contraignent pas les politiciens à réaliser ce pour quoi ils ont été élus, et sélectionne donc les meilleurs séducteurs trompeurs. Comme disait Coluche, « Homme politique est un métier où il vaut mieux avoir des relations que des remords et le plus dur pour eux, ce doit être de dormir les yeux ouverts car il paraît qu'il y en a qui ont une conscience ! ».

Alexis de Tocqueville, aristocrate et eugénocrate mais en tout cas antidémocrate ayant diffusé en Europe le dévoiement aux États-Unis du concept de démocratie dans son livre De la Démocratie en Amérique en 1835 (en faisant un concept sociologique plutôt que politique),  lucide sur l'importance de l'imitation (René Girard l'invoque souvent dans Mensonge romantique et vérité romanesque), aurait affirmé : « Je ne crains pas le suffrage universel : les gens voteront comme on leur dira. ».

Le régime des partis politiques, en particulier du bipartisme qui permet à l’oligarchie et à la ploutocratie de contrôler un cadre restreint faiblement alternatif, assure le spectacle d’une pseudo-démocratie (des jeux du cirque pour le peuple), et d’une oligarchie plus subtile et efficace dans l’asservissement (la servitude volontaire utilisée par les psychologues sociaux qui nous gouvernent) que dans des monarchies autocratiques comme celles de Mussolini (officiellement dyarchique avec un roi fantoche), Staline, Hitler, Mao, Pol-Pot, etc. (d’ailleurs le régime le plus opposé au démocratique et aussi le pire, c'est le régime autocratique, car il ne s'agit pas uniquement d'une monarchie, mais d'une monarchie qui ne vient pas de règles collectives, d'autrui, mais d'une plus grande violence : coups d’État afin d’y parvenir et autres crimes afin de s’y maintenir). Jean-Claude Michéa s'amuse de l’« élégance » et l’ « efficacité » du capitalisme, qui plutôt que de s’en tenir au « principe simpliste du parti unique » des « sociétés totalitaires », a inventé « l’alternance unique » (L'Empire du moindre mal. Essai sur la civilisation libérale, Climats, 2007, p. 125). En France, c’est l’Union des Maîtres pour la Perpétuation du Système (UMPS).

Comme l'a dit Coluche à propos de la pseudo-démocratie dégénérée en spectacle compétitif de courses de petits chevaux de chaque écurie électorale, « La droite a gagné les élections. La gauche a gagné les élections. Quand est-ce que ce sera la France qui gagnera les élections ? ».

L’anthropologue George Peter Murdock avait compris dès 1949 l’organisation d’un spectacle cathartique :

« Il est possible que l’organisation dualiste d'une communauté ou d'un groupe social plus étendu constitue une sorte de soupape de sûreté permettant à l'agressivité engendrée par les contraintes intrinsèques de la vie en groupe de s'épancher de façon inoffensive à l'intérieur des limites de celui-ci, par l'intermédiaire d'un biais socialement codifié, au lieu de déferler à l’extérieur sous la forme d'attitudes hostiles et belliqueuses. Si cette théorie hautement hypothétique est exacte, les factions opposées doivent être plus particulièrement la marque des communautés pacifiques que guerrières. Peut-être est-ce là la véritable raison d'être du système du bipartisme propre aux sociétés modernes. » (De la Structure sociale, Payot, 1972, p. 101).

Il s’agit d’un bac à sable où on fait jouer le peuple et où s’amortissent cathartiquement les énergies et les revendications dans des sables mouvants de fait paralysants.

Un régime de partis politiques (par exemple celui établi dans l’article 4 de la Constitution de la Cinquième République française, dans sa partie I trop pertinemment intitulée « De la souveraineté », et contrairement à ce qu’on dit habituellement de la volonté de Charles de Gaulle) n’a rien à faire dans un régime démocratique, mais tout dans un régime oligarchique qui pousse ses champions en avant dans un cadre aristocratique pour la diversion et le divertissement.

En plus, les deux plus grands partis français pratiquent la fraude électorale en interne, leurs dirigeants étant comme une clique d’autocrates ne respectant donc même pas le vote de leurs militants : l'UMP (Hervé Liffran, « Les exploits des serial voteurs à l'UMP », Le Canard Enchaîné n°4604, 21 janvier 2009) et le PS (Antonin André et Karim Rissouli, Hold-ups, arnaques et trahisons, éditions du Moment, 2009).

La démocratie a tellement été édulcorée que l'on parle maintenant de "démocratie participative", comme si le fait de participer était un progrès ajouté à la démocratie alors qu'elle consiste fondamentalement pour le peuple à rien moins que  gouverner !

J’avais déjà publié sur Agoravox un article « Tartufferie : cachez ce « politicien » que je ne saurais voir » afin de dénoncer la tartufferie pour les politiciens de ne plus se faire appeler ainsi mais de s’appeler dans la novlangue des « politiques » afin d'occulter qu'ils font de la politique une profession.

Comme disait Coluche, « Le gouvernement s'occupe de l'emploi. Le Premier ministre s'occupe personnellement de l'emploi. Surtout du sien. ». 

Comme Montesquieu écrivait que « c'est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites. » (De l'Esprit des lois, livre XI), l'empêcher est d'instaurer le plus d'isonomie (égalité des droits) possible. Ceci est exprimé par la métaphore du proverbe vietnamien : « Le poisson pourrit par la tête. » ; or il s’agit de pacifier une société où, disait Coluche, « Si on écoutait ce qui se dit, les riches seraient les méchants et les pauvres seraient les gentils. Alors pourquoi tout le monde veut devenir méchant ? ».

 

3. Une classe ou caste oligarchique

Cette élection aristocratique a aussi pour but de maintenir une oligarchie, car comme dans un concours de beauté où le vote de l’électeur ne compterait que d’autant plus qu’il voterait pour les candidats qui ont le plus de probabilité d’être élus, elle maintient et renforce un statu quo, déjà renforcé par la fabrication de l’opinion publique par des sondages manipulant le vote par la tendance au conformisme, vers plus de votes vers les favoris. Dans ses articles Sondages Opinionway : 100% inexacts ! et Sondages : Opinionway et TNS Sofres se contredisent, Pascal Cuxat a démontré que les instituts de sondage mercenaires exagéraient les intentions de vote envers les candidats qu’ils voulaient favoriser pour leurs commanditaires.

Un autre biais (biaisement) anti-démocratique, et de fait oligarchique, de l'élection, est le "vote utile" : dans un système très peu représentatif, très peu proportionnel imposé par ses bénéficiaires, plutôt que de choisir le candidat qui nous correspond le plus, on nous conseille de voter pour un candidat moins proche, moins désirable, mais qui nous est présenté par les sondages comme un candidat qui a plus de probabilité d'avoir un meilleur score. Il s'agit d'un vote de fait utile pour la conservation de l'oligarchie en place : il est anti-démocratique, et même anti-aristocratique. C'est un peu comme ces concours (de beauté ou autres) où on est récompensé si l'on vote pour le candidat qui gagne : on ne vote plus sincèrement, mais selon l'anticipation de l’opinion des autres sociétaires, avec une forte tendance au conformisme conservateur. Comme disait Lénine, la plus grande force, c'est la force d'inertie. Par ailleurs, s'il y a "vote utile", c'est qu'il y a aussi "vote inutile", et donc un vote sans voix pour les minoritaires, et donc encore moins de démocratie réelle.

Le bicamérisme (sénateurs en plus des députés en France par exemple), avec une seconde assemblée législative qui n'est pas élue par les citoyens est un moyen pour amoindrir encore plus la démocratie au profit d'une oligarchie conservatrice de ses privilèges : c'est la "chambre haute" (comme la "haute société"), plus "modérée", plus "réfléchie" que le peuple d’en bas…). L'exemple au nom le plus justement approprié fut le Sénat Conservateur dont les séances, selon la Constitution de l'an VIII de la République Française (9 novembre 1799), n'étaient même pas publiques ! Afin de limiter l'influence populaire, les moyens sont variés : des mandats plus longs (en France neuf ans pour les sénateurs contre cinq pour les députés), un suffrage plus indirect, moins proportionnel, ou droit de vote plus tardif (à 25 ans pour le Sénat italien contre 18 ans pour les autres votes).

Raymond Aron, que son condisciple Paul Nizan aurait pu classer parmi ses philosophes idéalistes Chiens de garde de la bourgeoisie, écrit en défense de l'oligarchie : « On ne peut pas concevoir de régime qui, en un sens, ne soit oligarchique », « L'essence même de la politique est que des décisions soient prises pour, non par, la collectivité ». Ainsi, Aron guillotine sémantiquement la tête de la démocratie et minimise la puissance des minorités qui détiennent le contrôle de l'économie car « Elles n'ont pu empêcher la nationalisation d'une partie des industries en France ou en Grande-Bretagne. » (Démocratie et totalitarisme 1965 Gallimard, « Du caractère oligarchique des régimes constitutionnels pluralistes », p. 131-150). L'argument apparaît bien faible maintenant, car Aron se situe à une époque où le bloc capitaliste privé avait encore comme ennemi le bloc capitaliste d'État, et où le Conseil National de la Résistance s'était imposé victorieusement avec son programme intitulé Les Jours heureux, contre des industriels souvent compromis avec l'occupant nazi.

Mais maintenant, parmi les députés français, il n’y en a aucun qui fut ouvrier (Monique Pinçon-Charlot dans « 6 mai 2012, le printemps français ! (4) », Là-bas si j’y suis, France Inter, 13 février 2012), mais beaucoup qui sont avocats, donc viennent du pouvoir judiciaire dont ils vivent pour faire les lois complexes dont vit leur profession. Qui plus est, nous avons vu en France avec l’élection de Nicolas Sarkozy un régime d’avocats d’affaires (Sarkozy lui-même, Jean-François Copé, Jean-Louis Borloo, Françoise Lagarde, Frédéric Lefèvre, etc.), et donc d’avocats des ploutocrates.

Dans l'oligarchie, il faut ajouter aux politiciens et aux financiers les journalistes vedettes (d'ailleurs souvent en couple avec des politiciens) qui sont les courroies de transmission médiatiques de l'idéologie, des concepts et de la novlangue de la ploutocratie ; journalistes qu'on appelait publicistes jusqu’il y a un siècle et qui sont en fait si proches de nos contemporains publicitaires, car il s’agit de propager dans le « temps de cerveau humain disponible » (selon l’expression de l’ex directeur de TF1 Patrick Le Lay) les versions des propriétaires des journaux, que sont les banquiers (Édouard de Rothschild devenant le premier actionnaire de Libération, Le Monde à la banque Lazard) et les industriels militaires (Europe 1, Le Journal du Dimanche, Paris Match au Groupe Lagardère). Comme l'a dit Coluche, « Vous savez que les hommes politiques et les journalistes ne sont pas à vendre. D'ailleurs on n'a pas dit combien. » ; et « Les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les répètent ! C'est pire ». Ainsi, « Si les journalistes étaient funambules, il y aurait une forte mortalité dans la profession. ».

Même les syndicalistes en chef, censés défendre les travailleurs, font maintenant partie de l’oligarchie. Il y avait déjà après 1945 la fondation de Force Ouvrière, financée par le plan Marshall, la CIA afin de contrer la Confédération Générale des Travailleurs (CGT) (Frédéric Charpier, La C.I.A. en France. 60 ans d’ingérence dans les affaires françaises, Seuil, 2008)

. Maintenant, nous avons l’ex-présidente de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT), Nicole Notat, qui après avoir été accusée par des manifestants d’avoir trahi les travailleurs en ayant soutenu le plan Juppé en 1995, est devenue le 1er janvier 2011 présidente du club Le Siècle Nicole Notat, devenue présidente du club (la coterie, en français) d’oligarques français Le Siècle. Son article 1er annonce : « L’association « LE SIÈCLE », créée le 2 septembre 1944 et déclarée le 15 février 1946, a pour but d’organiser et de favoriser la rencontre de ceux qui sont particulièrement attentifs à la chose publique ; elle se propose de rapprocher notamment des personnalités politiques, des hauts fonctionnaires, des syndicalistes, des industriels, des financiers, des journalistes, des membres de professions libérales, des personnalités de la vie culturelle et scientifique, pourvu qu’ils portent un vif intérêt aux problèmes généraux que pose l’évolution de la Cité… »

Il s'agit donc de créer des connivences entre des membres de la classe dirigeante (y compris des journalistes, syndicalistes...), ce qu'ils appellent « une grande variété de professions » : « À l’occasion de dîners mensuels, « LE SIECLE » propose à ses membres et invités de discuter de leurs problèmes communs et d’apprendre à se mieux connaître. », ceci discrètement, puisqu’entre 1944 et un article paru en 1977 dans le journal L'Humanité, son existence n'aurait jamais été mentionnée une seule fois dans un article de journal ou un livre.

Et le successeur de Notat à la tête de la CFDT, François Chérèque, eut un discours effarant de connivence avec le patronat et Sarkozy dans une réunion qu’il voulait interdite aux journalistes, mais dont a pu témoigner Jacques Cotta (Riches et presque décomplexés, Fayard, 2008, p. 125). L’humour en moins, on se croirait dans le sketch de Coluche sur Le Délégué syndical.

 

4. L'amont, l'arrière-plan, le fond, le cœur crypto-ploutocratique

Un proverbe anglais dit simplement : « He who pays the piper calls the tune. » (« Qui paie le joueur choisit la mélodie. ») ce que Montesquieu a ainsi écrit :

« Comme celui qui a l’argent est toujours le maître de l’autre, le traitant se rend des­po­tique sur le prince même : il n’est pas législateur, mais il le force à donner des lois. » (L’Esprit des lois).

Les ploutocrates ont voulu que nous soyons dans ce que maintenant on appelle faussement, comme le révèle la lecture de Rousseau, une « démocratie représentative », mais en fait une représentation démocratique, telle une représentation théâtrale, un spectacle qui voudrait se faire passer pour une réalité. Magritte écrivant justement « Ceci n’est pas une pipe. » sous sa peinture d’une pipe, dans la politique actuelle, le symbole du pouvoir qui nous enfume et trompe est plutôt le cigare à la bouche des ploutocrates qui pompent les richesses en amorçant par le financement des pantins politiciens (et de leurs scènes : journaux, télévisions, radios) qui représentent le pouvoir politique mais n’en sont pas la réalité.

L’individualisme et le libéralisme de la bourgeoisie s’exprimèrent dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 qui fit de la propriété privée un droit inviolable, le décret d'Allarde du 2 et 17 mars 1791, et surtout la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 qui interdit les corporations, les guildes et les coalitions (et donc les syndicats ouvriers, jusqu’au 21 mars 1884, et permit donc la répression des grèves), et instaura le principe du marché comme moyen de régulation de l'économie. Les douanes intérieures furent supprimées, comme une prémisse de l'Union Européenne avec le libre-échange des marchandises et des personnes pour la mise en concurrence des travailleurs et donc l'abaissement des salaires.

Le révolutionnaire Thomas Paine critiquait cette émergence ploutocratique, où « la protection de la personne est plus sacrée que la protection de la propriété. Si la propriété devient le critère, cela constituera une rupture complète avec tout principe moral de liberté, car cela rattacherait le droit à la matière et transformerait l’homme en agent de la matière » (cité par Regina Ann Markell Morantz, « “Democracy” and “Republic” in American Ideology (1787-1840) », thèse de doctorat non publiée, Columbia University, 1971, p. 89).

Les politiciens, dans leurs luttes contre leurs rivaux, nécessitent un « trésor de guerre », qu’ils trouvent auprès des puissances financières auxquelles ils s’asservissent.

Nathan Rothschild, le fondateur de la branche anglaise de la dynastie fondée par son père banquier à Francfort en envoyant ses fils à travers l’Europe, dit : « Donnez-moi le contrôle de la monnaie, et je me moque de qui fait les lois. », perpétuant le système de création monétaire déconnecté de l’or ou autre étalon initié à Amsterdam au dix-septième siècle et exporté par les orangistes en Angleterre, assurant la domination de celle-ci par le financement de la Marine Royale à crédit, remboursée par la taxation des propriétaires terriens, et instaurant un empire thalassocratique moderne  conquérant des colonies pour des marchés devant sans cesse être croissants (afin de rembourser les intérêts de la dette inique) contre une tellurocratie paysanne traditionnelle (la Chine avait les bateaux permettant de conquérir les océans mais ne l’a pas fait).

Les successeurs du fondateur de cette dynastie bancaire pouvaient s'écrire :

« Les rares personnes qui comprendront le système seront soit si intéressées par ses profits, soit si dépendantes de ses largesses qu’il n’y aura pas d’opposition à craindre de cette classe-là ! La grande masse des gens, mentalement incapables de comprendre l’immense avantage retiré du système par le capital, porteront leur fardeau sans se plaindre et peut-être sans même remarquer que le système ne sert aucunement leurs intérêts. » (Rothschild Brothers of London, citant John Sherman, communiqué aux associés, New York, le 25 juin 1863). Deux siècles après, le système se perpétue avec la Banque Centrale Européenne dont le siège est aussi à Francfort.

La Banque Fédérale des États-Unis est autant fédérale que peut l'être la compagnie postale Federal Express (la poste publique y étant USPS : United States Postal Service) : c'est en fait une banque privée dont les actionnaires sont secrets, et qui a le monopole de la création de dollars depuis le 23 décembre (jour de l'année où ça passe plus inaperçu) 1913 (et pour 99 ans, donc jusqu'au 22 décembre 2012...).

Édouard Herriot, qui a dirigé le Cartel des Gauches élu en 1924, se heurta contre ce qu'il appelait le « mur d'argent » : des lois ne pouvaient pas être votées, d'autant plus que la Banque de France était une propriété privée, dominée par les fameuses « 200 familles » (selon l'imprécise expression d'Édouard Daladier qui dénonçait cette ploutocratie en 1934), c’est-à-dire les deux cents plus grands actionnaires (sur 40.000) qui composaient l'assemblée générale, et qui faisaient tout pour paralyser l’action du gouvernement et le faire chuter.

De 1945 à 1973, il y eut un répit relatif : le programme du Conseil National de la Résistance imposa la nationalisation de la Banque de France, mais la ploutocratie agit afin de rogner ses réalisations.

Ainsi, Le 3 janvier 1973 (juste après les fêtes de fin d'année, donc), le président de la République Française de 1969 à 1974 Georges Pompidou, ancien directeur de la banque Rothschild (auparavant choisi par le président Charles de Gaulle comme Premier Ministre afin d'assurer l'indépendance financière de la France face aux États-Unis), avec pour Ministre des Finances Valéry Giscard d'Estaing (dont le petit-cousin Nicolas Giscard d'Estaing deviendra aussi directeur de la banque La Compagnie Financière Edmond de Rothschild), fit voter une loi qui interdit à l'État le recours à l'émission des bons du trésor, c'est-à-dire de faire des emprunts d'État exempts d'intérêt, par l'abscond article 25 : « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France. ». La Banque de France cessa ainsi sa fonction de service public de prêteur monétaire à taux nul, car jusqu'en 1973, l'État français, par le Trésor public, "empruntait" (en fait faisait créer une monnaie gratuite) à la Banque de France, deux services publics. L'application de cette loi contribuera au début et à l'accroissement de l'endettement de l'État français à partir de 1974.

Danielle Mitterrand relata ses conversations avec son époux président "Socialiste" : «  « Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais promis ? » Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. J’appris ainsi qu’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. » (Paris Match N° 2441, 7 mars 1996).

Le traité européen de Maastricht, en 1992, par l'article 104, § 1, « interdit en effet à la BCE [Banque Centrale Européenne] et aux banques centrales des États membres, ci après dénommées « banques centrales nationales », d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la BCE, ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. »

On nous a vanté une banque centrale européenne indépendante, mais indépendante de quoi ? de l'État, et donc du contrôle des élus du peuple : c'est en fait une banque dépendante des banques privées et de l’idéologie qu’elles financent à travers de mercenaires économistes de garde. Elle a comme but, comme le rappelait souvent son directeur Jean-Claude Trichet, de maintenir un taux d’inflation bas, et donc au profit des rentiers plutôt que des travailleurs (qui en plus, en France jusqu’en 1982, bénéficiaient, surtout les plus pauvres, de l’indexation des salaires sur les prix, supprimée par le ministre des Finances "Socialiste" Jacques Delors).

Le 24 janvier 2011, Jacques Attali a confirmé que les rédacteurs du traité européen ont fait en sorte qu’il n’y ait pas d’article permettant la sortie de l’euro : « Tous ceux qui, dont j'ai le privilège d'avoir fait partie, ont tenu la plume pour écrire les premières versions du Traité de Maastricht, on s'est bien engagé à faire en sorte que sortir, ce n'est pas possible. On a soigneusement oublié d'écrire l'article qui permet de sortir {rires de l’auditoire]. C’est peut-être pas très démocratique, évidemment, mais c’était une grande garantie pour rendre les choses plus difficiles, pour nous forcer d'avancer ; parce que si on sort, ce qui naturellement est toujours possible ; c'est impossible, mais naturellement si on veut, on peut ; c'est très compliqué. » (Université Participative organisée par Ségolène Royal sur le thème « La crise de l’euro »). Nous, les peuples européens, assistons en spectateurs à la mise en place d’un plan que l’oligarchie veut irréversible, par l’entremise d’une politique à cliquet.

Le référendum du 29 juin 2005 pour une Constitution européenne n'était qu'un plébiscite pour une politique décidée en amont du peuple. Malgré la médiatisation dominante pour l'acceptation de ce traité, et en partie grâce à l'action sur internet du professeur d’économie-gestion Étienne Chouard, qui apparaissait dans les médias comme anecdote distrayante, le refus l'a emporté à 55%. Le Traité de Lisbonne, ratifié en congrès (députés plus sénateurs) à Versailles le 4 février 2008, a montré que ce qu'on ne faisait pas rentrer par la porte sur rue du peuple avec l’appui de la criée médiatique, on le faisait entrer par la fenêtre sur cour des parlementaires Versaillais.

On nous présente l'Union Européenne comme une construction pour la paix et l'union des peuples, ce que la plupart des citoyens veulent, mais les textes qu'on propose au plébiscite sont des chevaux de Troie, des cadeaux empoisonnés pour encore moins de souveraineté des peuples, encore moins d'autonomie, avec des articles absconds pour plus de ploutocratie effective, à travers les lobbyistes installés à côté des institutions européennes.

Le 31 octobre 2011 , le Premier ministre de la Grèce, Geórgios Papandréou, proposa aux Grecs qui manifestaient depuis plusieurs mois contre les différentes réformes « imposées » par des institutions internationales un référendum sur le plan de sortie de crise approuvé cinq jours plus tôt par l'Eurogroupe. Sous la pression des autres gouvernements européens, il y renonça et fut remplacé le 11 novembre par l'ex-gouverneur de la Banque de Grèce et ex-vice-président de la Banque Centrale Européenne, l'économiste Loukás Papadímos, qui avait préparé la rentrée frauduleuse de la Grèce dans l'euro. S'il est "indépendant" quant à son appartenance à quelque parti politique, il l'est de la même façon que l'est la Banque Centrale Européenne…

En Italie, le 16 novembre 2011, après le vote du plan d'austérité, le Président du Conseil Silvio Berlusconi, ultra-riche qui avait abruti le peuple par la télévision avant de se faire élire,  fut remplacé par l'économiste Mario Monti, commissaire européen au Marché intérieur puis commissaire européen à la Concurrence, et président de la section Europe à la Commission Trilatérale et membre du comité de direction du groupe Bilderberg.

Les deux nouveaux chefs de gouvernement dans les modernes Athènes et Rome sont des économistes ayant travaillé pour la banque Goldman Sachs (ainsi que Mario Draghi, nommé président de la Banque Centrale Européenne le 24 juin 2011), remplaçant sans élections des chefs qui contrairement à eux avaient obtenu leur poste par une victoire électorale : la technocratie est imposée, ne remettant en question aucun des buts (croissance du produit intérieur brut, désendettement avec une monnaie créée en enrichissant les prêteurs), mais appliquant uniquement des moyens pour perpétuer le même système indiscutable.

Enfin, les peuples découvrent que leurs États se sont soumis à leur insu à des agences privées de notation de leur politique financière, afin que les marchés déterminent à quel taux leur prêter de la monnaie, maintenant que la création monétaire à taux nul a été confisquée aux nations. En plus, un de leurs critères de notation est le taux de privatisation des services publics ! Comme disait Coluche, « jusqu'où s'arrêteront-ils ? », alors qu’ils dédaignent qu’« Un bon gouvernement doit laisser au peuple assez de richesses pour qu'il puisse supporter sa misère. ». C’est peut-être ce qui les perdra.

 

Conclusion : comment établir une réelle démocratie ?

Nous ne pouvons guère attendre qu'un aristocrate comme à Athènes accorde plus de démocratie, ainsi l’avait fait Clisthène afin de préserver son pouvoir face à ses rivaux ; or l'oligarchie est si forte, si diverse maintenant qu'un seul de ses membres n'a pas assez de pouvoir pour agir ainsi.

Aussi parce qu’elle est plus du côté des dernières générations, l’abstention des abusés désabusés augmente, à raison, puisque suite à la compréhension que les votes sont de plus en plus des miroirs aux alouettes (Alain Garrigou, « Élections sans électeurs », Le Monde Diplomatique, juillet 2009, p. 3). Comme ce sont les jeunes qui votent de moins en moins et les vieux qui persistent (aux élections municipales de 2008 : 54% d’abstention des 18-24 ans contre 18% des 55-64 ans, soit le triple !), on peut s’attendre à un effondrement du système électoral, qui peut déboucher soit sur plus de dictature, soit au mieux sur la démocratie.

Étienne Chouard affirma : « Je ne vois pas d’autre solution que l’insurrection. » (émission sur Ici et Maintenant avec André-Jacques Holbecq, rediffusée le 13 février 2012 vers 4h), c’est-à-dire une probable violence de la foule et contre la foule, et sans que le peuple soit encore informé d’une issue de secours, et cela pourrait encore aboutir d’une façon anti-démocratique, une minorité faisant cette insurrection et une minorité de cette minorité accaparant le pouvoir politique. Or une solution pacifique est envisageable dans le cadre légal constitutionnel actuel.

Alors que le tirage au sort commence à ré-émerger afin d’assurer une représentation moins biaisée par des aspects sociologiques (par exemple éviter une surreprésentation des « gens blancs et retraités » dans le volontariat des conseils de quartier : Arthur Frayer, « La démocratie athénienne version picarde, ou comment Amiens veut réconcilier ses citoyens avec la politique », Le Monde, 27 décembre 2011, p. 10), un moyen démocratique de sortir de la pseudo-démocratie (aristocratique, oligarchique et ploutocratique) et d’instaurer la démocratie réelle serait de fonder un parti démocratique (et donc évidemment républicain) dans le but d’établir une constitution démocratique (avec parmi les résultats l’abolition des partis politiques), qui pourrait être appelé « Démocratie Réelle », et où les candidats seraient tirés au sort parmi les adhérents, engagés dans l'application de la charte démocratique du parti, qui n'aurait aucun porte-parole officiel, mais juste une liste publique des membres qui accepteraient de répondre aux médias. S'ils sont élus, ils s'efforceraient de l'appliquer et pour tous les autres thèmes débattus dans l’assemblée, ils expriment leurs opinions de citoyens, comme tout citoyen hors d’un parti.

Les partisans auraient en commun d’être démocrates, donc d’être pour un changement constitutionnel, et donc de ne pas être par exemple électoralistes, monarchistes, royalistes, etc.

Quelques propositions d’éléments d’une constitution démocratique

Une Constitution démocratique est égalitariste, et ne peut donc accorder à une collectivité, y compris l'État, des droits très supérieurs aux personnes. Ainsi, si une personne n'a le droit de tuer qu'en cas de légitime défense, il peut en être de même pour l'État, et la peine de mort pourrait ainsi être anticonstitutionnelle.

L’assemblée législative serait composée d’environ un millier de citoyens tirés au sort, libres de refuser le mandat, mais des aménagements pourraient être proposés afin de faciliter l’acceptation de la mandature (par exemple en faveur des mères).

Les mandats seraient assez brefs (un an comme proposé par Montesquieu, voire deux).

Il y aurait une séparation stricte des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire

Pour des postes exécutifs il y pourrait y avoir une démocratie par tirage au sort parmi les candidats qui s'estiment compétents pour un poste (ministre de la santé, de l'écologisme, etc.), et des décisions collégiales au conseil des ministres (pas d’hyperprésidence monarchique, mais une présidence tournante par exemple chaque semaine ou mois).

Il n’y aurait pas évidemment pas de cumul des mandats.

Il y aurait une possibilité de destitution avant terme par le peuple à son initiative, avec une majorité de par exemple deux tiers.

Une hiérarchie entre les ministères pourrait être établie par le pouvoir législatif (par exemple considérer que la santé prime sur l'industrie ou le travail).

Il n’y aurait aucune immunité pour aucun mandat (un des privilèges que se sont auto-accordés les politiciens).

Nous ne connaîtrions pas la paralysie cyclique d’action politique lors des périodes électorales, car les assemblées seraient renouvelées (lors des journées référendaires) par tiers ou quart sans campagnes électorales autopromotionnelles.

La république serait totale, car aucun lobbysme ne serait autorisé, l'influence dans des couloirs feutrés étant interdite : toute tentative d’influence des instances politiques doit être publique, à travers des communications écrites ou orales à l'assemblée législative, aux ministères, ou les médias, de la part des citoyens, scientifiques, philosophes, professionnels, spécialistes, industriels, etc.

Les citoyens seraient interdits d’exercice de mandat politique s'ils ont été corrompus, mais pourraient toujours voter (le suffrage resterait universel).

Les référendums et tirages au sort, ainsi que le paiement des mandataires (au salaire médian de la population) seraient beaucoup moins onéreux que les dizaines de millions d'euros des campagnes électorales, et économiseraient encore beaucoup plus de coûts par l'intérêt général des lois votées.

Quel suffrage dans une démocratie ?

Un suffrage universel autoriserait toute personne qui le veut à voter. En fait de "suffrage universel", nous avons un suffrage capacitaire (classiquement attribué selon l'instruction) : la discrimination âgiste (dix-huit ans en France) est une façon d'établir un critère simple de la maturité de la capacité à juger. L’exclusion des condamnés est aussi capacitaire (incapacité à bien se comporter en société). Aux États-Unis, c'est pire avec une exclusion de fait des plus pauvres (dont une majorité de pauvres dans les deux millions de prisonniers) qui confine à un suffrage censitaire, comme le montre Thierry Meyssan dans son implacable et accablante démonstration des verrouillages antidémocratiques de la politique aux États-Unis dans « Un bon show ne fait pas une démocratie » (Profil n° 630, Russie, 22 octobre 2008).

Le suffrage familial proposait une voix par membre de la famille, mais au chef de famille, ce qui était plus facile en des temps machistes d’interdiction de vote des femmes ; mais cela a  l’avantage de donner plus de voix dans l’intérêt des familles et des enfants, et donc dans une politique soucieuse de l’anticipation du futur.

Dans le cadre du suffrage capacitaire, le critère de la majorité est simple, mais arbitraire : en quoi un bachelier surdoué de seize ans devrait attendre deux ans pour voter là où un illettré de dix-huit en aurait le droit ? Autant laisser à chacun la liberté de voter dès qu'il est motivé. Un devoir pourrait être exigé, comme un temps consacré à la collectivité, une formation sur la citoyenneté, ou un examen du type questionnaire à choix multiples (comme pour le code de la route).

Il est pertinent de s'interroger sur le vote obligatoire (comme en Belgique), lorsqu'on sait que ceux qui s'excluent du droit de vote sont ceux qui ont le plus intérêt à voter afin de changer la société : c’est-à-dire les pauvres (chômeurs, salariés précaires, moins diplômés) qui en souffrent plus, et les jeunes qui vont y vivre plus longtemps.

Mais plutôt que de rendre le vote obligatoire, il serait plus judicieux de proposer une rémunération du vote, au salaire minimal, selon le temps passé à voter, selon l’accessibilité du lieu de vote depuis le domicile, et aussi pour le temps éventuel consacré à la participation au dépouillement ; car ce sont des actes qui profitent à la collectivité (c’est-à-dire d’intérêt public).

Perspectives concrètes : se présenter aux élections en vigueur en démocrates

Les opposants à la démocratie, ces loups à masque d'agneau, devront sortir du bois pour s'opposer à ce qu'ils prétendent mensongèrement défendre. Et ce ne sera légalement pas facile pour eux de s’opposer aux démocrates en se prétendant démocrates, car ils ont contre eux plus de deux millénaires de philosophie.

En France, un parti politique n’est qu’une association loi 1901 qui a certains avantages (dans certains pays comme les États-Unis, cela pourrait être plus difficile). Le président et le reste du bureau (légalement, il faut être deux pour faire une association) devrait être à chaque assemblée générale annuelle tiré au sort parmi les candidats à chaque poste, et pouvoir être démis par un vote des adhérents décidé à leur initiative si ses actes ne sont pas conformes aux buts de l’association. Dans le cadre du parti, on s’attellerait à faire évoluer le projet de constitution démocratique.

Un membre de Démocratie Réelle ne serait pas autorisé à se représenter à des élections sans avoir été tiré au sort ; et il pourrait éventuellement y avoir une interdiction pour un membre ayant un mandat de faire partie du tirage au sort pour une élection suivante, afin qu’il y ait une plus grande diversité des mandataires.

Le parti démocratique pour l’abrogation des partis politiques serait, comme tous les partis, dissout lorsque son but serait atteint, c’est-à-dire lorsqu’une constitution démocratique, et donc sans partis, aura été approuvée par le peuple.

Le parti démocratique serait un entraînement concret à la démocratie et un modèle pour son instauration : ainsi, sa victoire ne serait donc guère un saut dans l’inconnu.

Les élections présidentielles sont les dernières auxquelles se présenter, d'une part car elles sont les plus monarchiques, d'autre part car elles sont les plus verrouillées par les aristo-oligarques, avec l'obligation du parrainage par cinq cents des 42.000 élus (et on constate comment un parti qui aurait entre un dixième et un cinquième des voix obtient difficilement ces parrainages). Ainsi, François Amanrich, qui aurait pu être le candidat le plus démocrate de l’élection présidentielle de 2012, après plus d’une décennie d’efforts, a encore échoué à obtenir les cinq cent parrainages après avoir prétendu les avoir obtenu : finalement onze lui auraient manqué, alors qu’en 2007, il n’en aurait obtenu que 240, ce qui indique quand même une grande progression en à peine un quinquennat, avec plus du double de parrainages.

Par contre, nous pouvons nous présenter aux élections législatives de 2012, car les dates de dépôt de candidature sont du 14 au 18 mai 2012. Même si un groupe Démocratie Réelle a été créé sur Facebook dans ce but (ainsi qu’un groupe pour ma circonscription qui peut être imité), il est plus important de ne pas se disperser, et comme le projet démocratique le plus avancé actuellement est celui du Rassemblement d’Initiative Citoyenne (centré sur le référendum d’initiative populaire) qui est en train de constituer une liste aux législatives, il serait judicieux de s’y rattacher (même si on peut penser que son dirigeant reste trop dans des projets d’aristocratie élective plutôt que de démocratie, mais sans qu’il impose de s’y adjoindre. Et même des petits scores au début permettraient d’avoir une audience médiatique conséquente, et d’éveiller les consciences sur une alternative, poussant aussi les partis aristocratiques à devancer la réalisation d’une partie de notre projet démocratique.

 

 

Annexes pour ceux qui lancent les deux tartes à la crème les plus éculées contre la démocratie (y compris ceux qui comme François Amanrich sont pour plus de démocratie : « Interview de François Amanrich, porte-parole du mouvement pour la Clérocratie », par Enquête et Débat).

 

- Adolf Hitler élu démocratiquement ?

L'exemple de l'accession au pouvoir politique d'Adolf Hitler n'est pas démocratique comme l’oligarchie voudrait le faire croire : il fait partie d'un régime de partis, est financé par les ploutocrates, et est désigné par les aristocrates et oligarques alors même qu'il obtint moins de voix du peuple :

En 1920, des fonds secrets de l'armée allemande, qui voyait dans le Parti National-Socialiste des Travailleurs Allemands (NSDAP) une force paramilitaire opposable à l'extrême gauche communiste, permirent à Hitler de contrôler le journal Völkischer Beobachter (Observateur Populaire). Vers 1930, le groupe dirigé par Alfred Hugenberg, qui contrôlait plus du tiers de la presse allemande, le soutint aussi.  Le NSDAP obtint 37,4% des voix en juillet 1932. Il n'en obtint plus que 33,1% (deux millions de moins) en novembre 1932, alors que le Parti Communiste avait monté de 14,6% à 16,9% (continuant  sa progression : 10,6% en 1928, 14,3% en 1930). Le 3 décembre 1932, Kurt von Schleicher succéda à Franz von Papen comme chancelier, mais sa politique économique déplut au président Hindeburg, au dirigeant du Parti National Populaire Allemand (DNVP), Alfred Hugenberg, aux responsables du Stahlhelm (organisation paramilitaire proche du DNVP) et plus largement aux élites traditionnelles. L’ex-chancelier Franz von Papen, proche des milieux conservateurs et industriels qui voulaient éviter la montée du Parti Communiste et finançaient le NSDAP, incita le président Paul von Hindenburg à nommer comme chancelier le 30 janvier 1933 Adolf Hitler, qui l'avait aussi séduit en lui faisant croire qu'il préparait la restauration de la dynastie des Hohenzollern. En juin 1934 lors de la nuit des Longs Couteaux, Hitler, en se débarrassant des chefs SA (Sections d'Assaut), rassura les industriels et financiers inquiets de la faction anticapitaliste du nazisme, et les conservateurs craignant une dérive révolutionnaire. [Ernst Röhm, chef des SA qui s'est opposé dès 1932 à ce rapprochement d'Hitler des milieux capitalistes conservateurs, et Otto Strasser, sont assassinés ; et Gottfried Feder, auteur en 1919 d'un Manifeste pour la rupture de l’asservissement aux intérêts, est écarté.]

Ainsi Hitler est arrivé au pouvoir après que son parti ait amorcé une baisse, et outre le sien et le Parti Communiste (qui lui montait, expliquant paradoxalement et antidémocratiquement l’arrivée au pouvoir d’Hitler), il y avait 50% de voix qui allaient à des partis plus modérés et d'où pouvait être issu le chancelier comme ce fut le cas lors de l’élection précédente de juillet 1932 qui fut l’apogée électorale du parti nazi avant son arrivée au pouvoir.

Le même type de régime que la République de Weimar a été réinstaurée en RFA, en France avec la Quatrième République, en Italie, en Espagne après le franquisme.

A contrario, en Suisse, l'État le plus démocratique, il y eut, à l'initiative de citoyens qui voulaient établir un régime proche de celui qu’instaurait Adolf Hitler en Allemagne, un référendum le 8 septembre 1935 pour une  « Révision totale de la constitution », unique à être validé dans son histoire, révision qui fut refusée par 72,3% des votes valables. Les partis qui soutenaient ce changement périclitèrent suite à cet échec.

 

- La peine de mort

En France, la peine de mort semble être un repoussoir à la démocratie car son abolition a été votée alors que la majorité de la population était encore contre selon les sondages.

D’abord, la peine de mort judiciaire n’a guère été imposée démocratiquement, mais est le fait de tous les types de régimes politiques existants, donc non démocrates. Ensuite, les Français ont le 10 mai 1981 majoritairement voté pour un candidat, François Mitterrand qui avait publiquement affirmé lors de la campagne électorale sa volonté d’abolir la peine de mort, ce qui prouve que le thème n’a pas l’importance d’épouvantail que les antidémocrates veulent lui attribuer.

Ensuite, une Constitution démocratique est égalitariste, et ne peut donc accorder à une collectivité, y compris l'État, des droits très supérieurs aux personnes. Ainsi, si une personne n'a le droit de tuer qu'en cas de légitime défense, il peut en être de même pour l'État, et la peine de mort serait ainsi anticonstitutionnelle dans une démocratie.

Et même si la peine de mort n'était pas anticonstitutionnelle, en toute démocratie, les exécuteurs de la peine de mort pourraient être (comme les jurys) tirés au sort pour chaque exécution, et la plupart des citoyens, imaginant que ça pourrait être eux qui devront déclencher la guillotine pour découper ou la trappe pour pendre une personne qui criera son innocence (car il n’est malheureusement pas inconcevable qu’il y ait encore une partie de condamnés innocents), hésitera à voter pour la peine de mort. Dans une démocratie, chaque citoyen ne saurait être un Ponce Pilate qui se laverait des mains en attribuant la responsabilité de ses actes sur une autre autorité.

Enfin, les morts causées par des politiques sont surtout le fait d’oligarchies contre les peuples qui infiltrent les instances politiques et administratives, comme le complexe militaro-industriel dont le Général Dwight Eisenhower exhortait le peuple états-unien à se méfier lors de son dernier discours de président le 17 janvier 1961 (suivant son collègue militaire le Major Général Samuel Butler, auteur en 1935 de La Guerre est un racket) ; ou comme des laboratoires pharmaceutiques meurtriers, tels Servier pour le Médiator pour ne mentionner que le plus reconnu médiatiquement, mais loin d’avoir les torts les plus graves. Ainsi, l'absence de démocratie, même sans peine de mort, tue plus que la démocratie, et qui plus est, des innocents. Comme le remarquait Étienne Chouard (conférence du 3 décembre 2011 à Genève), l’argument antidémocratique sur la peine de mort concerne la mort de quelques personnes (des dizaines), alors que l’antidémocratie actuelle tue énormément plus (des millions).

 

 

 

 

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Lectures possibles, brouillons

 

« Lorsque, dans la république, le peuple en corps [politique organisé] a la souveraine puissance, c’est une démocratie . Lorsque la souveraine puissance est entre les mains d’une partie du peuple, cela s’appelle une aristocratie » (De L’esprit des lois, livre 2, chap. 2: "Du gouvernement républicain, et des Lois relatives à la démocratie").

 

Rousseau livre IV chap. 3 **

 -Tirage au sort

Hérodote, Histoires, III, 80, 27 discours d'Otanès, partisan de la démocratie, dans le débat sur les constitutions

Pseudo-Xénophon, Constitution d'Athènes, I, 2-3

Xénophon, Mémorables, I, 2, 9 ""

Platon, République, VIII, 561 b, 3-5 ; Lois, VI, 757 e 1-758 a 2

Isocrate, Aéropagitique, VII, 21-22

Aristote, Politique, IV, 15, 1300 a 32 ; VI, 2, 1317 b 20-22 ; Rhétorique, I, 8

-Aristocratie de l'élection:

Isocrate, Panathénaïque, XII, 153-154

Sintomer Pouvoir au peuple

Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif

Pierre Rosanvallon, « L’histoire du mot démocratie : à l’époque moderne », in La Pensée politique I : situations de la démocratie, Gallimard-Le Seuil, 1993.

Jacqueline de Romilly, Actualité de la Démocratie athénienne, aux éditions Bourin, 2006, p. 141 et s. où elle évoque rapidement les hétairies)

Jacques Rancière La Haine de la démocratie

Yves Sintomer, Le Pouvoir au peuple

Robert Michels 1912 Les Partis politiques. Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties Flammarion 1971

MH Hansen La Démocratie athénienne à l'époque de Démosthène 1993 Les Belles Lettres

Conseillés par Chouard le 15 février 2012 :

Dominique Vasseur : La démocratie anesthésiée

Montaigne Chapitre 3 livre 8 : « De la conversation » traduit par Lanli, édition Quatro

Conférences de Guillemin sur la Commune.

Régis Debray : Éloge des frontières

La Dette ou la vie cite Marx, « comme quoi la dette (privée) est la condition d’entrée dans le capitalisme. Mais la monnaie-dette rend le travail possible. Le 100% monnaie et l’étalon-or sont moins convaincants que la création monétaire publique. Il n’y a aucune raison d’abandonner le seigneuriage à la banque privée » (Etienne Chouard le 15/02/2012)

 

« Démocratie » : connoter positivement, repris indûment

« populaire » : connoter négativement : les candidats populistes sont ceux qui plaisent au peuple et gagner des élections contre la ploutocratie (Allende, Chavez, Hugo Morales). Il peut leur en cuire.

 

La "démocratie" élective est une hypo-démocratie.

La démocratie soi-disant représentative, est de fait une aristocratie élective délégative, et de but et de motivation confiscatoire de la part de personnes qui se croient au-dessus du peuple.

 

Au spectacle théâtral de la pièce de l’économiste Frédéric Lordon, D'un retournement l'autre. Comédie sérieuse sur la crise financière. En quatre actes, et en alexandrins, le samedi 4 février 2011,  la députée Martine Billard (Front de Gauche, ex Verts), lorsque je lui disais que le tirage au sort était démocratique, et l’élection aristocratique, éludait cette affirmation alors qu’elle m’affirmait connaître les propos d’Etienne Chouard, et me disait que le tirage au sort dans les conseils de quartier, essayés dans le 20e arrondissement, ne fonctionnaient pas mieux que le volontariat. Elle n’a rien trouvé à dire lorsque je lui ai dit qu’elle comparait un tirage au sort de bénévoles pour une assemblée consultative alors que les élus sont rémunérés, pour un pouvoir plus direct et réel et donc plus motivant, et ont quand même un taux d’absentéisme important, car guère sanctionné.

 

 Le gouvernement s'occupe de l'emploi. Le Premier ministre s'occupe personnellement de l'emploi. Surtout du sien." Michel Colucci, dit Coluche - - Extrait du sketch "Le chômeur"

"Homme politique, c'est une profession où il est plus utile d'avoir des relations que des remords." Michel Colucci, dit Coluche

 

 

 

[11 octobre,  2, 6, 7, 8, 10, 21, 22, 27 novembre, 11 décembre 2011, 29 avril 2013]