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Index et citations de Orwell, anarchiste tory de Jean-Claude Michéa

, Index et citations de: L'Empire du moindre mal (Essai sur la civilisation libérale) de Jean-Claude Michéa

 

 

Index et citations de

Scènes de la vie intellectuelle en France

L’intimidation contre le débat

d'André Perrin

(L’Artilleur, 2016)

 

[dimanche 17 mars - samedi 11 mai 2019]

 

 

Jean-Claude Michéa : Préface de l’ouvrage Scènes de la vie intellectuelle en France L’intimidation contre le débat par André Perrin, L’Artilleur, 2016, https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2017/03/08/jean-claude-michea-preface-aux-scenes-de-la-vie-intellectuelle-en-france/.

 

 

 

Avant-propos. L'art perdu du débat

La soif de l'exclusion

Pour quiconque est attentif à la contradiction il y a quelque chose de fascinant à voir comment la passion de l'exclusion irrigue le discours d'un certain nombre d'intellectuels qui se targuent en même temps de la combattre. Cette contradiction ne peut sans doute se résoudre qu'à travers le recyclage.d'une fameuse formule de Saint-Just sous une forme qui pourrait être : pas d'inclusion pour les amis de l'exclusion. Ainsi, le 30 juillet 2014, le journal LibérationTubliait une tribune intitulée : Pourquoi nous appelons à boycotter les rendez-vous de l'histoire de Blois. Les auteurs, Édouard Louis, écrivain, et Geoffroy de Lagasnerie, philosophe, disaient avoir appris non seulement avec stupéfaction, mais avec « un certain dégoût » que Marcel Gauchet avait été invité à prononcer la conférence inaugurale de cette rencontre. Comment, nous expliquaient-ils en substance, serait qualifié pour parler de la rébellion un réactionnaire qui ne s'était jamais rebellé que contre Foucault, Bourdieu et le mariage pour tous ? Passons sur cet étrange présupposé en vertu duquel il faudrait être marxiste pour parler de Marx, croyant pour parler de la religion et, allons jusqu'au bout, néo-nazi pour étudier le nazisme... Il est exact que Gauchet a critiqué Foucault et Bourdieu mais il n'est pas rare que des philosophes contestent les thèses d'autres philosophes | et si M. de Lagasnerie, philosophe, en est chagriné, il a dû beaucoup souffrir en étudiant l'histoire de la philosophie. Il est en revanche inexact que Gauchet se soit opposé au mariage homosexuel : il s'y est au contraire déclaré favorable, mais a commis le crime de donner la parole dans un numéro' de la revue dont il est le rédacteur en chef et qui s'appelle Le Débat à plusieurs intellectuels, des psychiatres, une psychanalyste, une sociologue, qui y étaient opposés. Ce numéro devait être suivi d'un autre2 où des partisans du mariage homosexuel répon­daient aux précédents, comme c'est l'usage dans cette revue. Cependant si, comme on l'a vu plus haut, il y a des opinions qui ne sont pas des opinions mais des délits, même dans une revue qui s'appelle Le Débat, seules devraient avoir droit de cité les opinions qui ne sont pas des délits. Alors MM. Louis, écrivain, et de Lagasnerie, philosophe, pouvaient justifier ainsi leur refus du débat avec Marcel Gauchet: « Ce serait comme si nous nous inscrivions dans le même monde que ce militant de la réaction ». Comme si l'on pouvait discuter avec des gens qui ne sont pas du même monde! Toujours est-il qu'il se trouva 229 intellectuels, assez obscurs il est vrai, pour contresigner cet appel au boycottage des rendez-vous de Blois, ce qui permet de prendre la mesure de l'état du débat intellectuel en France. En effet nous vivons dans un pays où on est capable d'adjurer les Israéliens de dialoguer avec le Hamas en leur représentant qu'on ne peut faire la paix qu'avec son ennemi, mais dans ce même pays des intellectuels considèrent que les intellectuels qui ne pensent pas comme eux ne sont ni des interlocuteurs, ni des adversaires, ni même des ennemis, mais pire que des ennemis puisque, sans qu'il soit question de faire la paix, ils sont à ce point étrangers à leur monde qu'on ne peut ou qu'on ne doit même pas entreprendre une discussion avec eux.

1.   N° 180, mai-août 2014.

2.   N° 183, janvier-février 2015.

C'est ce que nos deux pétitionnaires devaient confirmer dans un Manifeste pour une contre-offensive intellectuelle et politique publié par Le Monde' sous le titre Intellectuels de gauche, réveillez-vous! On pouvait y lire que «En France, "intellectuel de droite" reste un oxymore, mieux: une impossibilité ». Si « intellectuel de droite» est un oxymore, « intellectuels de gauche» est un pléonasme qu'il eût été préférable d'éviter dans le titre, mais passons là-dessus. Cette formule a au moins le mérite d'assigner clairement des limites au débat intellectuel en France: débattre, oui, mais entre soi. Et de fait, au premier rang des principes « éthiques » pour la pensée et l'action qu'ils posent, figure un principe de refus : «fuir les débats imposés, refuser de constituer certains idéologues comme des interlocuteurs, certains thèmes comme discutables, certains problèmes comme pertinents ». En effet ces problèmes ont déjà été résolus par la science dont MM. Louis et de Lagasnerie sont les détenteurs. C'est pourquoi il « ne faut pas accepter de présenter comme des opinions sujettes au débat ce que l'on sait, par la connaissance, être faux ». On voit alors quelle est la tâche qui s'impose vis-à-vis de ces autres irréductiblement autres: non pas les réfuter, puisque c'est déjà fait, mais les couvrir d'opprobre et de honte: qu'ils pensent ce qu'ils veulent, «l'essentiel est qu'ils n'osent plus le dire sans encourir le discrédit ». On touche là à l'essentiel en ce qui concerne les modalités de l'exclusion visée par nos «intellectuels de gauche » : ce n'est pas l'élimination pure et simple de ceux qui ne sont pas «du même monde» car elle n'est ni possible, ni souhaitable. D'une part elle n'est pas possible parce que la logique médiatique s'y oppose. Rien n'est plus rentable en matière d'audimat que les polémiques bruyantes et les joutes oratoires saignantes. C'est pourquoi dans des émissions spécia­lisées on invite volontiers les « oxymores » de MM. Louis et de | Lagasnerie et l'on s'ingénie à les pousser à la faute, à leur faire prononcer la «petite phrase» qui permettra de s'indigner et de communier dans l'indignation. Les magazines prennent le relais en affichant en couverture les visages des « néo-réaction­naires », des « néo-cons » et autres représentants de la « facho­sphère ». Et si ceux-ci sont assez maladroits pour se plaindre d'être ostracisés, on leur rétorque qu'ils sont au contraire omniprésents et qu'on n'entend qu'eux. D'autre part une élimination pure et simple n'est pas non plus souhaitable car la pensée rebelle serait bien embêtée si elle n'avait plus personne contre qui se rebeller. Il faut donc conserver en vie l'infâme qu'on veut écraser, mais il faut que son abjection soit bien visible pour que personne ne puisse douter que la lutte à laquelle on assiste est celle du Bien contre le Mal et pour que la victoire, malgré que Corneille en ait, soit moins périlleuse tout en étant plus glorieuse.

Or il n'y a pas de débat intellectuel là où il ne s'agit plus de démêler le vrai et le faux, mais de dénoncer le mal. À celui qui se trompe, on peut essayer de montrer en quoi il est dans l'erreur, mais que faire avec celui qui refuse l'évidence de la vérité et qui choisit délibérément le mal? S'il est un délin­quant ou un criminel, on le châtie et s'il est un être immoral, on lui fait honte et on le couvre de réprobation sociale. On ne discute pas avec lui. Seul un humoriste a pu créer jadis un groupe « nazisme et dialogue ». Pour penser en vérité il faut accepter de suspendre le jugement moral, il faut préférer la raison à l'émotion et aussi le doute au soupçon. Celui-ci n'est pas inutile quand on se l'applique à soi-même afin de penser contre soi et il relève alors de l'hygiène intellectuelle; appliqué préférentiellement à la pensée de l'autre il s'apparente davantage au terrorisme intellectuel. La plupart des débats de ces dernières années m'ont paru tomber dans ces travers. En m'emparant de quelques-uns d'entre eux je me suis efforcé de les déprendre

1. 27-28 septembre 2015.

 

[64-65-66-67, p67 haut lu le dimanche 31 mars 2019]

 

 

 

Le médiéviste et les nouveaux inquisiteurs

Libera nos a malo

Il est impossible, et il serait fastidieux, de reprendre un à un tous les «arguments» qui ont été accumulés, de façon allusive et désordonnée, contre le livre de Sylvain Gouguenheim'. Ce n'est pas non plus nécessaire. S'il y avait de bons arguments à lui opposer, pourquoi lui en avoir opposé tant de mauvais ? Encore une fois, il ne s'agit pas ici de savoir si ce livre est contestable: contestable, quelle œuvre humaine ne l'est pas ? Il ne s'agit pas de savoir si ses thèses sont discutables, mais de voir comment elles ont été discutées et de s'interroger sur ce que cela signifie des conditions du débat intellectuel en France. Est-il conforme à la démarche scientifique et à la déontologie de l'historien, dont pourtant ils se réclament, que | des dizaines d'universitaires aient osé condamner un ouvrage qu'ils n'avaient pas lu dans un texte débutant par ces mots : « Historiens et philosophes, nous avons lu avec stupéfaction l'ouvrage de Sylvain Gouguenheim... » ? Quel crédit le non-spécialiste, qui n'est pas en mesure de faire lui-même oeuvre d'historien, pourra-t-il leur accorder désormais ? Peut-on dénoncer l'idéologie au nom de la science à travers une démarche qui bafoue les règles élémentaires de la probité scientifique et que seul le parti-pris idéologique peut rendre intelligible ? La réception du livre de Sylvain Gouguenheim aura mis en évidence le climat délétère d'intimidation intellectuelle qui règne aujourd'hui. Celui-ci laisse peu d'espace au dialogue et peu de chances à la liberté de l'esprit.

1. Deux d'entre eux méritent toutefois d'être mis en rapport. On fait grief au livre de Gouguenheim d'énoncer des thèses d'une « parfaite banalité » et de faire prendre « de vieilles lunes pour des étoiles nouvelles ». Qu'Alain de Libera et quelques autres n'aient rien appris en lisant un livre qui se présente dans son avant-propos (p. 10) comme un ouvrage de vulgarisation, c'est, somme toute, assez normal. En revanche il est faux de prétendre que les légendes et la vulgate auxquelles s'en prend Sylvain Gouguenheim soient inexistantes ou inventées de toutes pièces pour être aisément réfutées. Pour s'en tenir au seul exemple d'Averroès, voici ce qu'on peut trouver sur le site Sciences buissonnières à l'article La bibliothèque d'Alexandrie: «La plupart des connaissances de l'antiquité ayant été transmises à l'occident par les traductions arabes telles celles d'Averroès ». Dès lors le reproche adressé à Gouguenheim d'avoir utilisé le procédé du « deux poids, deux mesures » en « reprochant » à Avicenne et à Averroès de n'avoir pas su le grec, mais pas à Abélard ou à Thomas d'Aquin tombe de lui-même parce qu'il relève d'une fausse symétrie: je n'ai, pour ma part jamais rencontré personne qui créditât Abélard ou Thomas d'Aquin d'avoir traduit Aristote du grec, mais j'ai dû plusieurs fois détromper des élèves de classes préparatoires qui en attribuaient le mérite à Averroès.


 
[p. 88 il ne s'agit pas...  Ou.  Est-il conforme... p. 89 ...esprit]

 

 


 
 
Simon Leys 9, 14 ("ânes vivants") 15
Sylvain Gouguenheim 9, 23-30, 69-89
Le Monde 9-10, 14 (Kamel Daoud), 15
Libération 9-10, 15
Internationale Situationniste 9
Alain de Libéra 10, 24  (Philippe Büttgen, Irène Rosier-Catach), 30, 70, 72-73, 76,  84, 87-88*
Max Lejbowicz 24-25, 82
Rémi Brague 25 (Herbert d'Aurillac pape Sylvestre II), 27, 31
Hobbes Marx 10 
René Char. Camus . George Mosse.  Robert Heilbroner. Herbet rla t de Spencer de 11 Milton Friedman Jean-François Gayraud
Orwell 11, 13
John Stuart Mill 11, 13
Robert Merton, Myron Scholes 11-12
Pétition 12, 69, 73-74
Geoffroy de Lagasnerie, Édouard Louis 12, 64-67
Christopher Lasch 12
Voltaire 13
Principe de contradiction 13 (Jan Lukaliewicz, morale, éthique,), 86-87
Balzac 13
idéologie 13, 15-16, 43
Edgar Faure 14-15
Jean-Marc Mandosio 15
Foucault 15, 28 (Andrew Scull, Claude Quétel), 64
Bourdieu, Derrida 15, 64
Élisabeth Tessier 15
Sophiste 18, 83 (ignoratio elenchi)
Merleau-Ponty 18-19
Politique 18-19
Débat 19, 36, 42, 46, 58. 67
Définition 20
Socrate 20-21
Platon 20
Procès d'intention 21, 24
Novlangue 22
Empathie, principe de charité 23
Malek Chebel 26
Jean-Noël Jeanneney 26, 29
Gabriell Martinez-Gros 26, 79
Marcel Gauchet 28, 59, 64, 76
Gladys Swain, François Furet, Pierre Vidal-Naquet, 28
Gérard Mordillat 28-29
Jean-Marie Salamito 29
Patrick Boucheron, iconodule 29-30
Hélène Bellosta 30
Marwan Rashed 30-31, 35
Dette 30-31
Jean-Pierre Vernant 31
Braudel 31-32
Marcel Mauss 32
Civilisation 32
Benoit XVI 33-35
Duns Scot 34-35
Réforme,  Blaise Pascal 34-35 
Emmanuel Kant 34-35, 58, 62
Ibn Hazm 35
Identité 36-38
Immigration 36
Palestine 37
Régis Debray 37-38 (Haïti), 76
Nicolas Demorand 37
Mot 38, 78
Théorie du genre 38-43
ABCD de l'égalité, Vincent Peillon 38, 44
Étude 40
Éric Fassin 40
Judith Butler 40-41, 44 (Monique Wittig)
Éric Aeschimann 41
Denis Colombi 42
Épistémologie 42
François Cusset, Jean-Yves Mas 42
Simone de Beauvoir, Maurice Merleau-Ponty, Elena Giannini Belotti 43
Éducation, instruction 44
Éric Weil 44
Phobie 45
Homophobie 45-46, 94-95
Islamophobie 45, 71, 74, 81
Racisme 45-49, 53, 58, 63, 7?, 78-81
Xénophobie 45, 70, 74
Mariage homosexuel, "pour tous" 45
Christiane Taubira 45
Sexisme 46, 53, 55
Virginie Despentes, Lionel Jospin 46
Zyed Benna et Bouna Traouré, novembre 2005,  David Kessler 47
Alain Finkielkraut 47, 51, 59
Laurent Mucchielli 48-49, 51
Éric Zemmour 49-50, 52, [54], 57-59
"Expliquer, c'est déjà un peu vouloir excuser." 50
Philippe Bilger 50
Jean-Pierre Chevènement 51
Patrick Klugman, Farhad Khosrokhavar, Jack Lang 51
Manuel Valls 52
Jean-Claude Michéa 52, 76
Fabien Jobard et René Lévy 52
Libération 53, 56-57
Stigmatisation 55-57, 70
Pédophiliie, prêtre 56
Caroline Fourest 57-59
Photographie 59-61
Michel Onfray 59, 61
Roland Barthes, fascination 61
Front National, Florian Philippot 62
Manuel Valls, ghetto 63
Jean-Luc Mélenchon 63
Saint-Just 64
Terrorisme intellectuel 67
Thierry Leclère 70-71
Youssef Seddick 70-71
D. Jacquart et F. Michéa, Marcel Détienne 70
Max Lejbowicz 71, 80, 82
Gabriel Martinez-Gros et Julien Loiseau 71, 74pHhhhbyh
Blaise Duffal 71
Paul Ricoeur 72
Nietzsche 75
Chahddortt Djavann, général Bigeard 75
Extrémisme, extrême-droite 75-77
René Marchand 77
Reductio ad hitlerum 76, 81
Lorenzo Minio-Paluello 78-79
Adélard de Bath 82
Cuistrerie 81 
Jacques Le Goff, médiéviste 94 Sylvain Auroux, Barbara Cassin 84
Zancarini 88
Cléricalisme 92-93 (Catherine Kintzler, républicanisme, Jean-Michel Muglioni) 94
François Fillon 93-94

 

 
Coran 207 (dictée,  Louis Massignon)

 

 
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P88 il ne s'agit pas.  Ou.  Est-il conforme 89 esprit
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