Accueil du site

Système philosophique

Politique

Dossiers d'informations Anthologie littéraire

Le philosophe

Cont@ct

 

Imitation, bestialité et personnalité

 

L'imitation est le fait pour un sujet de faire, être ou avoir (ou d'essayer de faire, être ou avoir) quelque chose parce qu'il perçoit ou qu'il a perçu la même chose, ou l'indice ou la représentation de la même chose.

L'imitation est le fait pour un sujet de faire, être ou avoir (ou d'essayer de faire, être ou avoir) quelque chose à cause de l'indice, de la présentation ou de la représentation de la même chose.

Par exemple, une fourmi qui va là où va une autre fourmi parce qu'elle sent ses phéromones, l'imite.

Par exemple, un termite sentant la phéromone dont d'autres termites ont imprégné avec leur salive des boulettes de sable gluant, va déposer sa boulette de sable gluant imprégnée de la phéromone de sa salive sur le même lieu (plus exactement, le termite avance tant qu'il sent de plus en plus de phéromone et dépose sa boulette dès qu'il commence à en sentir moins).

Par exemple, une abeille qui va butiner des fleurs dans un pré que lui a indiqué une autre abeille, l'imite.

Par exemple, des pigeons qui s'envolent parce qu'ils viennent de voir et entendre s'envoler un autre pigeon parmi eux, imitent celui-ci.

Par exemple, la synchronisation du clignotement des lucioles du Sud-Est asiatique est de l'imitation (cf. la synchronisation au chapitre 8).

Par exemple, l'inventeur de la fermeture-éclair a imité le comportement de chenilles qui s'accouplaient en s'accrochant; George de Mestral, l'inventeur du velcro, a imité l'accrochage des petits fruits de la bardane sur son pantalon et sur le pelage de son chien.

Par exemple, Eiji Nakatsu, l'ingénieur en chef du train à haute vitesse japonais Shinkansen qui devait en zone montagneuse rentrer dans de nombreux tunnels où la compression soudaine de l'air le ralentissait et causait une détonation, trouva la solution dans la nature et plus précisément dans sa passion : l'ornithologie, en imitant la forme du martin-pê, devant plonger vers ses proies sans être trop ralenti par l'eau pour ne pas leur laisser de temps de s'échapper, et sans créer de remous qui les avertiraient.

On peut imiter sans en être conscient, sans le savoir.

Imiter, c'est s'identifier (ou essayer de s'identifier).

L'imitation implique l'identification (ou la tentative d'identification).

L'identité imitative est homologique, et non analogique, car elle est causale.

*

Relativement à l'instinct, l'imitation permet une adaptation supérieure et plus rapide d'une population à son environnement, car si un instinct nouveau (créé par mutation génétique) nécessite une succession de plusieurs générations pour se propager, se reproduire, exister chez d'autres individus (de la même espèce), par contre, avec l'imitation, un comportement peut être très rapidement répété dans une même population.

Par exemple, le lavage des patates par les macaques japonais s'est répandu très rapidement par imitation; s'il s'était fait instinctivement, la répétition de ce comportement aurait été très lente, à la suite de plusieurs générations, à la condition que cet instinct permette à ceux qui l'auraient d'être plus adaptés, par exemple en étant moins malades, en vivant plus longtemps et en pouvant ainsi générer plus eux-mêmes et propager, répandre ainsi cet instinct.

*

L'imagination est (souvent) imitative.

Par exemple, des lésions des zones corticales V2 et V4 empêchent la vision des couleurs, mais aussi leur imagination; ainsi, on ne peut plus imaginer un pré, du sang ou une banane qu'en noir et blanc.

*

Un modèle est une chose imitée ou à imiter.

Les modèles sont des agents.

Un même modèle peut être imité diversement.

Par exemple, si je me gratte la tête, une autre personne peut m'imiter en se grattant la tête (imitation "parallèle" ou "symétrique") ou en me grattant la tête (imitation "convergente"): dans le premier cas, elle a imité le fait de se gratter la tête, et dans le second, elle a imité le fait de gratter ma tête.

On peut imiter en réalisant ce qui n'est que représentation chez le modèle.

Par exemple, un jeune lecteur peut imiter dans son comportement réel un personnage de fiction comme Julien Sorel dont les comportements n'existent qu'en représentation dans le roman Le Rouge et le noir de Stendhal.

Communiquer, c'est avoir l'intention de modeler le psychisme d'un autre sujet.

Asserter à un autre sujet, c'est avoir l'intention de modeler des croyances chez un autre sujet.

Demander, c'est avoir l'intention de modeler les intentions d'un sujet.

Comprendre ce qui est communiqué, c'est l'imiter.

Obéir, c'est imiter l'intention d'un autre sujet (celui qui enjoint).

Feindre, c'est imiter la réalité qu'on feint, ou du moins la chose qui est feinte.

Un sujet qui imite la feinte d'un autre sujet, sans être conscient ou sans savoir que l'autre sujet feint, ne feint pas lui-même, ou du moins ne fait pas la même feinte.

*

Une contre-imitation est le fait pour un sujet de faire, être ou avoir (ou d'essayer de faire, être ou avoir) le contraire de quelque chose parce qu'il perçoit ou qu'il a perçu la même chose, ou l'indice ou la représentation de la même chose.

Par exemple, on peut vouloir imiter un artiste dans le fait qu'il ait fait, créé des choses différentes des autres personnes. Donc, l'imiter consisterait à ne pas faire la même chose que lui et en partie à le contre-imiter.

L'imitation précède nécessairement la contre-imitation.

Il ne peut pas y avoir de contre-imitation sans imitation.

*

Copier, c'est imiter de façon presque totale la réalité de quelque chose.

Copier, c'est imiter de façon presque totale quelque chose dans sa réalité.

Copier, c'est imiter quelque chose dans ou par une réalité très identique.

Par exemple, si je copie un geste, un tableau ou une statue, je fais nécessairement un autre geste, un autre tableau ou une autre statue, alors que si je m'inspire d'un geste, d'un tableau ou d'une statue, je peux faire autre chose qu'un geste, qu'un tableau ou qu'une statue.

L'inspiration est la part d'imitation qu'il y a dans une création.

L'inspiration est l'imitation partielle de plusieurs modèles.

Influencer, c'est modifier des croyances, des sentiments, des comportements.

Un guide est un modèle qui est soit un sujet qui connaît ou dont on croit qu'il connaît ce dont il est le modèle, soit quelque chose qui est fait par un tel modèle.

Par exemple, un guide de montagne, est une personne qui connaît la montagne, ses pièges et ses difficultés, et qu'on doit suivre, imiter, à qui on doit obéir pour aller en montagne.

Le grégarisme est le fait pour des sujets d'être ou d'aller de façon imitative dans le même espace ou sur le même lieu, et en même temps que d'autres sujets de la même espèce, ou identiques par ailleurs ou qu'il croit identiques par ailleurs.

Si dans la grégarité, il y a imitation dans le fait d'être dans le même espace, il y a contre-imitation dans le fait d'être au même point (collision, conflit...).

*

Une bête est un sujet aux comportements surtout instinctifs et aux capacités imitatives faibles ou nulles.

Par exemple, la tique est une bête car son comportement est uniquement instinctif; elle vit seule et n'apprend jamais rien des autres tiques.

Une personne est un sujet ayant peu de comportements instinctifs et aux capacités imitatives immenses.

Par exemple, l'humain est une personne: il naît avec quelques instincts (réflexe du sourire, de préhension, etc.) et la plupart de ses comportements sont appris par imitation des autres humains: la marche, la parole, l'habillement, l'écriture, la conduite d'une voiture, etc.

La personnalité est ce en quoi une personne s'imite elle-même, et répète souvent les mêmes comportements.

*

L'assentiment (ou adhésion) est l'imitation des croyances ou des buts (volonté, intention, désir) exprimées dans une communication.

Par exemple, il y a assentiment si je crois une personne qui affirme qu'il pleut (même si elle ment), ou si j'obéis à une personne qui m'enjoint de fermer la porte; il y a aussi assentiment si je crois un menteur qui ne croit donc pas ce qu'il m'affirme.

*

Un accord est le fait d'avoir une même croyance, un même désir, une même intention ou une même volonté.

Un désaccord est le fait d'avoir une croyance, un désir, une intention ou une volonté contraire.

Si A a l'intention de dîner avec B et B a l'intention de dîner avec A, ils ont la même intention de dîner ensemble et sont donc d'accord pour dîner ensemble.

Si A a l'intention de tuer B et B a l'intention de tuer A, ils ont tous les deux l'intention de tuer l'autre mais ce n'est pas la même intention, c'est-à-dire l'intention de tuer la même personne: ils sont donc en désaccord.

Un désaccord n'est pas le fait de ne pas avoir une même croyance, un même désir, une même intention ou une même volonté, car cela impliquerait qu'on serait en désaccord même si on n'avait aucune croyance, désir, intention ou volonté.

Par exemple, si une personne croit que l'orbite des astres est elliptique, une autre personne qui ne croit ni que l'orbite des astres est elliptique, ni que l'orbite des astres n'est pas elliptique n'est ni d'accord ni en désaccord avec elle.

Une unanimité est un accord entre une totalité de sujets.

L'unanimité est le fait pour une collectivité de sujets qu'ils aient tous, de façon plus ou moins imitative, le même comportement, la même intention, la même pensée, la même croyance, le même désir.

*

Le conformisme est l'imitation de modèles sociaux dominants ou majoritaires (dans son environnement).

L'anticonformisme est la contre-imitation des modèles sociaux dominants ou majoritaires, ou l'imitation de modèles sociaux minoritaires dans son environnement, ou l'innovation de comportements.

Il peut y avoir un conformisme de l'anticonformisme: dans certaines parties d'une société, le modèle dominant ou majoritaire consiste à se différencier des autres personnes.

*

Une tradition est un modèle ancien collectivement imité pour/à cause de son ancienneté.

Une tradition est un modèle durable pour une collectivité (imité par des sujets qui se succèdent).

Une mode est un modèle nouveau ou renouvelé et collectivement imité pour/à cause de sa nouveauté.

La mode est l'imitation collective d'un sujet qui fait quelque chose de nouveau pour se démarquer, se distinguer des autres, telle que cette imitation cause la cessation de cette différence et que la cessation de cette différence cause la cessation de cette imitation (cette mode), car les sujets imitent le premier pour eux aussi se distinguer, se démarquer des autres.

Par exemple, les modes vestimentaires permettent d'attirer l'attention d'autres personnes, surtout de l'autre sexe, par des nouveautés vestimentaires qui ne sont efficaces qu'aussi longtemps qu'elles restent des nouveautés.

L'anonymat dans les grandes villes cause l'accroissement des modes et la modernisation, par l'imitation qu'on peut faire de ce qui est socialement au-dessus, sans que cela se sache: on peut ainsi indiquer, faire croire qu'on est socialement au-dessus de ce qu'on est réellement.

Le prestige (et la domination) des vieux est supérieur dans une société traditionnelle que dans une société moderne, et le prestige des jeunes est supérieur dans une société moderne que dans une société traditionnelle; car les vieux connaissent mieux les traditions, et les jeunes imitent et créent plus les modes.

La ringardise est l'imitation (ou l'utilisation) de modes anciennes (et dévalorisées) ou le fait d'être démodé.

*

Une convention est une tradition, une habitude, un comportement imitatif qui n'est justifié que par le fait qu'il est commun à la collectivité qui le produit.

Par exemple, il est conventionnel de conduire à droite dans certains pays et à gauche dans d'autres sans que l'un ni l'autre ne soit plus justifiable, l'un et l'autre n'étant justifiable que par le fait que tous les conducteurs roulent soit à droite, soit à gauche, et que cela évite beaucoup d'accidents.

Les langages (sociaux) sont conventionnels.

Par exemple, qu'un fruit soit nommé "pomme" n'est pas plus justifié qu'il soit nommé "apple", à part par le fait que les autres locuteurs le nomment aussi "pomme".

Les unités de mesure sont conventionnelles.

Par exemple, le mètre, dix millionième partie du quart du méridien aurait autant pu en être le tiers ou le cinquième, tant qu'elle était la même unité de longueur pour tous ses utilisateurs.

*

L'astrologie est l'attribution de la causalité de la personnalité sur les astres et leur position, attribution que le croyant assimile à sa personnalité et qui modèle (en fait) elle-même sa personnalité.

*

L'hypnose est la causation (ou l'acte de causer?) d'une attention vers soi, ses désirs, sa volonté, ses actes, ses représentations qui sont imitées (intentionnellement ou non), sans que le sujet relativise (ou puisse relativiser?) consciemment par d'autres modèles.

Par exemple, un hypnotiseur dit "Vous fermez vos yeux; vous êtes raide; vous ne sentez rien, vous êtes insensible, vous êtes raide..." et répète de telles affirmations qui sont réalisées par l'hypnotisé dont le tonus musculaire augmente et qui s'anesthésie, permettant à l'hypnotiseur de l'allonger torse nu sur une planche à clous et de casser un parpaing avec un maillet sur son ventre.

Un hypnotiseur affirme qu'une fois qu'on a hypnotisé une personne, les fois suivantes sont plus faciles, qu'on peut le faire par téléphone, par courrier: car à l'hétéro-imitation de l'hypnotiseur s'ajoute une auto-imitation de l'hypnotisé qui reproduit son propre comportement passé.