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Voyages

Amérique du sud, 2009: fin

 

 

Dimanche 20 septembre 2009

J'avais beaucoup de retard sur mon ordinateur et nous sommes sortis vers 11h, le long de la mer vers la place Sotomayor(?) où venait d'avoir lieu un accident de voiture. Une amie à Maria Elena nous attendait dans la sienne, nous a emmené vers le rivage, ce qui m'éloignait du centre où je pouvais faire des photos. Nous avons discuté alimentation, puis nous sommes retournés à la place où elles ont pris un café pendant que je montais vers le quartier voisin qu'elles m'avait déconseillé, et où quelques personnes m'ont fait des signes à propos de mon appareil photo que je ne peux guère cacher avec le sac en plastique noir que j'utilise, moins efficace que le sac oublié à Rio Gallegos. Puis je leur ai montrés les photos qui les étonnaient. Ensuite, Maria Elena m'a emmené dans un train de banlieue récent  où une famille d'amis, une quinzaine de personnes de toutes les générations, certaines bien mal en point, se réunissaient dans leur maison, assez amusante, hippie m'a-t-elle dit, au barbecue pour la fête nationale. C'était la fin d'après-midi lorsque nous sommes partis alors que j'avais très peu vu de Valparaiso. J'ai voulu m'arrêter sur le chemin du retour à Viña del Mar, qui m'a déçu: c'est une ville assez cossue, avec des bâtiments récents. J'imaginais quelque chose de plus typique qu'une station de villégiature.

C'était la nuit lors que nous en sommes partis. J'étais si fatigué que je me suis couché à 21h30.

Ce matin, j'ai pu pas mal avancer sur l'ordinateur, à une heure qui offre l'avantage de communiquer avec la France. Ensuite, avant d'arriver à la station de bus, je suis monté vers la maison de Pablo Neruda, sur les jolies pentes escarpées de Valparaiso. En retournant vers la station, je suis tombé sur une brocante comme à Paris, et ça m'a fait plaisir. Avant d'arriver à la station, j'ai interpelé un bus qui m'a pris puis j'ai vu que la brocante continuait, immense.

A Santiago, j'ai d'abord acheté un ticket pour aller à Mendoza cette nuit. Enfin une frontière qu'on peut traverser de nuit! Puis je suis allé vers le centre, plus à l'est, vers les hautes montagnes enneigées, traversant d'abord une grande zone commerciale animée. Ensuite, les grandes rues à angle droit sont désertées, plus conformément à ce dimanche de fête; et sûres, ce qui était important pour ne pas revivre la même chose qu'à Buenos Aires dans la seconde capitale d'Amérique du sud que je visitais. Me repérant sur les plans à la sortie des métros, j'ai tourné vers le sud pour atteindre le parc O'Higgins, où beaucoup de familles pique-niquaient, jouaient beaucoup au cerf-volant (comme en Chine), avec une vaste pelouse recouverte d'emballages. Je suis remonté vers le nord et par hasard, je suis tombé sur ce que j'espérais, le palais de la présidence ou Salvador Allende avait été assassiné le 11 septembre 1973: comme quoi les comploteurs états-uniens aiment bien ce jour pour leurs mauvais coups (réussis...).

 

Derrière, il y avait une vaste zone de larges rues piétonnières qui me rappelaient aussi la Chine, avec beaucoup d'animation. Un policier me dit de cacher mon appareil photo dans mon sac, où il n'y a pas la place; alors je continue à le cacher tant bien que mal dans le sac en plastique, qui est aussi peu pratique pour l'en extraire et l'utiliser. Toute la journée, avec un mal de dents inquiétant, je souhaitais une soupe improbable, et je pris finalement avec du Fanta deux sandwichs "Italiani" à la tomate et à l'avocat, sans savoir qu'il y avait caché dedans une horrible saucisse, sans oublier une sorte de mayonnaise fluo. Finalement, on  veut nous faire avaler des couleurs. Et j'arrivai sur une belle place historique, avec des bâtiments anciens dont un précédent palais présidentiel. A la fin de cette zone, j'arrivais à ce que je poursuivais, la rivière, un torrent où les neiges des Andes s'écoulent, et un long parc qui suit son cours, tout comme moi. C'était le crépuscule et j'arrivai bien fatigué à la gare routière, écoutant la musique dont j'avais envie: Joy Division, Helmut Fritz, Mickey 3D. Mon billet avait été changé, et c'était un assez petit bus malheureusement, que j'attendais dans les odeurs de vomi de lendemain de fête...

Il fallait encore remplir les mêmes papiers pour ce qui est ma huitième et avant-dernière traversée de la frontière Argentine-Chili.

 

Lundi 21 septembre 2001

Finalement, j'ai pu profiter de toute la rangée de sièges, ce qui m'a permis de mettre mes jambes douloureuses à l'horizontale, ce qui est impossible sur leurs "semi-couchettes". J'ai été réveillé par les virages et ai un peu pu voir la montagne.

A l'arrivée, mes oreilles faisaient des drôles de bruits, en en dormant, je ne déglutissais pas pour m'adapter aux différences d'altitude.

Après avoir attendu trop longtemps à la gare routière, égaré par le décalage horaire, j'ai trouvé assez près la maison de mes hôtes, Cristina et Ricardo. Très colorée, avec un patio. Ricardo était déjà parti travailler. Cristina a été très gentille avec moi. Elle m'a parlé du Che Guevara dont on peut voir des images chez eux. Ricardo, qui travaille dans le social, m'en a parlé aussi plus tard.

Je suis allé parcourir la ville mais fus déçu par la quasi-absence de beaux et anciens édifices. Je ne sais pourquoi (le nom, la situation géographique, la production viticole), j'avais imaginé une belle ville comme à l'intérieur du Portugal Beja ou Evora. J'avais l'impression d'être dans une banlieue et pensai que si j'avais un guide, je me serais abstenu de ce détour trop long et coûteux. J’ai traversé la ville jusqu'au grand parc du général San Martin, puis suis revenu sur la principale rue que m'avait indiquée Cristina, l'avenue San Martin "tambien", très commerçante, et après avoir pris peu de photos, suis revenu pour déjeuner avec eux en début d'après-midi, après avoir acheté deux kilogrammes de fraises. Fatigué, les pieds endoloris, j'espérais sinon me balader dans la campagne viticole, pouvoir me connecter à internet mais ce n'était pas pratique.

J'ai passé l'après-midi à traîner, à somnoler. J'ignore si Ricardo s'apercevait que je m'endormais sur mon tabouret quand il me montrait les photos dont il était le plus fier, qu'il avait faites de sa maison colorée, certaines avec des effets spéciaux.

La ville, dont je n'avais pas douté de l'intérêt, m'avait rendue morose: comme c'était un écart sur mon chemin, j'y consacrais une journée et deux nuits,

 

Mardi 22 septembre 2009 (14269e journée)

Dès la première fois ou j'ai passé la frontière pour entrer au Chili, j'avais un pot de miel. Cette cinquième et dernière fois, ça ne passe pas. Je devrais payer une amende de cent-dix-mille pesos (deux cent dollars) en passant au Pérou. On verra. En tout cas, ce miel qui devait soigner ma gorge, en reste en travers sans que je ne puisse plus jamais l'avaler, car il doit être détruit par la douane.

Je voulais prendre le plus vite possible le premier bus à Santiago pour Coquimbo mais je ne pensais pas qu'il y en avait si peu. J'ai dû passer plus d'une heure et demi à Santiago et n'ai trouvé pour 8h qu'une place onéreuse, de celles qui sont à l'étage inférieur et ou il n'y a pas de vue vers l'avant. En fait, je vis dans le bus qu'il y avait de la place en haut...

Pour la première fois depuis une semaine, je pouvais lire dans le bus: en quittant pour la troisième et dernière fois Santiago, j'avais franchi un cap; j'avançais droit vers le nord et prenais moins de retard.

Je somnolais, lisais, regardais les films.

J'avais sous-estimé la durée de ce trajet et il était déjà quatorze heures lors que j'arrivai à Coquimbo. Je me dirigeai vers la plus haute colline, surmontée d'une immense croix chrétienne en béton, appelée du Troisième Millénaire, que l'on pouvait visiter. On voyait que la ville était une presqu'ile, avec dans sa baie quelques gros bateaux au mouillage et de l'autre coté, à quelques kilomètres, La Serena. C'était un beau panorama. Je me dirigeai vers une autre colline ou émergeait une sorte de minaret: c'était une construction marocaine pour le dialogue des civilisations.

Puis je trouvai un bus pour La Serena qui paraissait tout de suite jolie, avec de vieilles églises, des reproductions de sculptures classiques sur le large terre-plein central d'une avenue, des trottoirs soignées et un grand secteur piétonnier. M'éloignant du centre, je rencontrai d'abord une couchsurfeuse, Ofelia, dans la station de bus durant une courte pose de son travail dans une librairie du centre commercial voisin. De retour au centre, j'étais agacé de ne pas faire de photos alors que la lumière déclinait.

Je montai vers la colline, suivant la lumière du Soleil, et aussi car j'avais plus de chance de faire des photos. Là, il y avait un ancien bâtiment, semblant être utilisé par l'armée. Je redescendis par une rue parallèle vers le centre. A un moment, faisant un mouvement d'étirement, mon grand-angle à décentrement, que j'ai depuis treize ans, sauta du sac pour atterrir sur le bitume: une ailette de la baïonnette tordue, le rendant difficile à monter, le diaphragme ne réagissant pas; alors que je venais de le démonter et réparer moi-même la veille de mon départ, en opération de la dernière chance,, à la suite d'une chute quelques mois auparavant...

Je voulais atteindre la mer pour le crépuscule, mais n'y parvins pas: il y avait des obstacles privés et le Soleil avait disparu, ce qui me fit revenir à la station de bus, car je m'inquiétais à ne pas avoir de ticket. Dans toutes les compagnies, c'était le même discours: pas de bus, complet. Je ne trouvai qu'un bus à 1h45 qui arrivait à Antofagasta à 14h. J'allai donc voir les bus, espérant trouver une place directement, mais en vain. Lorsque je revins vers la compagnie qui m'avait fait la seule proposition pour la nuit-même, on m'y proposa un bus à 22h40, une couchette en bas avec un discount. J'étais content. J'avais envie de patates frites depuis un moment mais elles étaient onéreuses à la cafétéria. Je retournai au centre ville, afin de le découvrir de nuit, de trouver à manger et de me connecter à internet, ce que je trouvai dans la rue. Je me fis une petite frayeur en ne trouvant pas ma carte bancaire que j'avais imprudemment laissée dans porte-monnaie très accessible.

Revenu dans la station, avec le même désir de patates frites, je commandai plutôt une soupe qui contenait malheureusement beaucoup de poulet et très peu de légumes.

 

Mercredi 23 septembre 2009

Je me réveillai à l'aube en plein désert, avec un paysage qui me rappelait la Patagonie orientale.

Plus grande ville du nord du Chili, Antofagasta s'étend entre l'océan et de hautes collines du désert d'Atacama. Et mes mollets s'en souviennent encore tant que j'en boîte ce soir. De par sa déclivité, on peut voir la ville sur des kilomètres depuis la mer que j'ai d'abord suivie vers le nord, imaginant que deux hauts immeubles annonçaient le centre. Il y avait deux surfeurs en combinaison. Je trempai mes pieds pour la première fois dans l'océan, mais il était trop frais pour m'enfoncer plus, bien que nous soyons juste à coté du tropique du Capricorne. Précautionneux, je retournai à la station de bus. J'abandonnai l'idée de m'arrêter à Iquique car ce serait la nuit, d'aller à San Pedro d'Atacama qu'on me conseillait, car l'intérêt n'était pas dans la ville mais dans de longues excursions dans la nature, qui prenaient du temps, de la monnaie et que je ne me voyais pas faire seul. Alors je pris un billet qui me menait de 20h30 à 6h30 à la ville frontalière d'Arica, réputée pour son aridité. La vendeuse m'avait dit 12.000 pesos ce matin, 10.000 maintenant, et sur le ticket c'est marqué 13.000...

J'avais du temps et pris le chemin des hauteurs de la ville. Pour la première dans un supermarché, je vis un bon choix de chocolats, tant que j'achetai quatre tablettes en plus d'oranges, d'un avocat et de pains aux céréales. Il faut dire que la qualité des sucreries et bien inférieure à l'Europe, même si on retrouve certaines marques. A un moment, un mécanicien me déconseilla de rester dans ce quartier dangereux, où la police ne venait pas, et je pouvais être attaqué au couteau, en particulier par des drogués. Il m'accompagna un peu et je refusai de prendre un taxi. J'allai vers le centre, plus au sud, que je n'atteins qu'en fin d'après-midi, où il y avait deux églises au moins, un joli square avec en particulier un original kiosque à musique sous lequel on pouvait passer par ses quatre ouvertures, offert il y a un siècle par la colonie slave. Puis au crépuscule, je rentrai à la station de bus en suivant le rivage.

J'ai un très léger coup de soleil au cou, car il ne faisait pas assez chaud pour que je remplace ma casquette par mon chapeau.

En attendant le bus, j'apprends sur la couverture d'un journal qu'un nouvel accident de bus au Chili a fait huit morts.

J'ai bien fait de choisir une des deux places les plus au fond du bus: d'une part, elles sont surélevées, présentant une meilleure vue; et je n'ai pas de voisin. Inconvénients: il n'y avait plus de plateau-repas pour moi, et le serveur me donna des paquets de gaufrettes, mais je n'en pouvais plus des sucreries! et je dois sentir les produits toxiques qu'il vient de mettre dans les toilettes; et le téléviseur est très loin...

 

Jeudi 24 septembre 2009

La meilleure position que j'ai trouvé pour dormir était d'allonger mon buste sur les deux sièges, et d'allonger mes jambes sur le dossier. Ca n'a pas plu au serveur car on voyait mes pieds nus j'imagine (je ne pouvais pas avoir accès à mes chaussettes); alors, j'ai trouvé la parade: les cacher avec ma veste. Puis j'ai vu qu'on avait des couvertures à disposition, dont je me suis servi pour me cacher et ne plus avoir froid.

Je suis arrivé à l'aube à Arica. Comme hier après-midi à Antofagasta, le ciel était gris, alors que nous sommes en zone tropicale (il faisait soleil à Ushuaia). Je suis allé vers la mer puis vers le centre, où la mer n'est guère accessible, utilisée par le port et un atelier de démolition de bateaux. Le centre, qui n'a rien d'exceptionnel (une église, un jardin) est coincé au sud par une falaise, le Morre, que j'ai voulu monter mais l'accès en était empêché. Il s'est mis à faire soleil juste lorsque je suis revenu à la station de bus, à 9h30. J'hésitai à prendre un ticket global pour Arequipa mais je pensai que ça m'empêcherait d'être libre de m'arrêter sur le chemin, alors que j'arriverais assez tard à Arequipa que je pouvais visiter le lendemain. De toute façon, il fallait d'abord prendre un taxi collectif pour la frontière car il n'y avait pas de bus.

J'eus la satisfaction de constater qu'à la douane, la police d'investigation qui m'avait arrêté dans les Andes ne me demanda pas de payer l'amende. Le taxi, contre mon espérance, nous amena jusqu'à la ville péruvienne de Tacna, dans un paysage désertique de sable beige, où émergeaient bizarrement une multitude de petits bungalows carrés de deux mètres de côté.

Après avoir été alpagué par un gars qui m'amena dans une officine où les tarifs de bus ne semblaient pas cohérents, j'allai vers le centre où j'eus la surprise d'assister à une grande cérémonie militaro-religieuse devant l'église.

Aidé par un autochtone, je trouvai un vieux bus pour Moquegua qui fut long à partir et à arriver, utilisant la roue libre dans les descentes, et surtout longtemps arrêté pour un contrôle de douane, où j'assistais à l'altercation entre un douanier et le chauffeur.

A Moquegua, j'allais vers le centre sur les hauteurs, avec une église et un square, comme d'habitude, puis pris le bus au crépuscule pour Arequipa. Je vis la fin d'un film avec John Cage, Knowing, où la Terre explose, mais son fils et une fille sont emmenés et sauvés par des personnes extra-terrestres. Je voulus remettre le film, comme j'étais à l'avant près d'un des téléviseurs, mais les boutons auxquels j'avais accès ne le permettaient pas. L'employé mit un mauvais film mélodramatique local, et j'essayai de dormir après avoir mangé une demi-douzaine d'oranges pour me désaltérer.

Arrivé à presque 22h, je ne trouvai pas de connexion à internet, pour savoir si le couchsurfeur qui avait spontanément répondu à mon annonce il y a un mois m'avait enfin communiqué ses coordonnées.

Là je perdis mon chapeau pliant acheté à Buenos Aires: désormais, j'allais devoir utiliser celui que ma mère avait ramené de Chine, ridicule avec un pompon violet au sommet. Mais je n'apparaissais pas autant ridicule qu'à Paris. Les gens, occidentalisés, utilisent très peu de chapeaux, et se couvrent donc avec leurs mains, des porte-documents, des papiers. Comme dirait mon ami Luc-Laurent, les gens utilisent des parapluies non parce qu'il pleut, mais parce que les autres utilisent des parapluies (en fait, c'est pour les deux, mais on néglige la cause imitative, comme souvent).

J'allai vers le centre à pied, qu'on me disait à six kilomètres, une demi à une heure de marche, qu'on me déconseillait d'atteindre à pied, trop dangereux. J'eus d'abord un peu peur dans une grande rue presque sans piéton, et aussi mal informé par les premières personnes que j'interrogeais, puis trouvai le chemin.

Le centre apparut enfin, avec un revêtement de rue plus joli, des façades anciennes, et la station internet que je trouvai me permit de vérifier que ni Nathaniel, ni d'autres couchsurfeurs que j'avais vite contacté dans la journée, ne m'avaient répondu.  Je devais trouver de l'électricité car mes trois appareils (photo, ordinateur et smartphone), depuis trois jours à Mendoza, malgré un régime économique, étaient tous vidés. Je vis deux prises électriques dans un distributeur de monnaie et utilisais ma carte bancaire pour y entrer. Je vis que le format des prises est nord-américain. Trois pays voisins, trois formats déjà... Je redressais mes deux adaptateurs nord-américains et commençais tout le travail que j'avais en retard tout en rechargeant les batteries. Comme il est plus de une heure du matin, que je n'ai pas fini (trois jours de photos à renommer), je pense qu'il est plus sûr que je reste ici pour les cinq heures qui restent de nuit, malgré l'inconvénient de la forte lumière. A 4h30, je viens de finir de renommer les photos. Une petite sauvegarde, et au "lit"! Il est déjà 5h (6h au Chili, 7h en Argentine).

 

Vendredi 25 septembre 2009

J'avais à peine fini qu'un homme , probablement drogué, me fit quelques signes. Je lui montrai vaguement mon couteau. Il partit peu après. J'ai essayé de dormir mais c'était déjà l'aube. J'étais juste à coté de la belle place des Armes, avec autour du jardin, trois cotés avec deux étages d'arcades, et le troisième par une église. Cela me rappelait Saint-Jacques de Compostelle. Un peu plus loin, je voyais la montagne enneigée déjà illuminée par le Soleil.

Je faisais des photos d'une place à un arrêt de bus que deux hommes me parlèrent des risques de vol. Je vis d'autres bâtiments anciens et un homme m'indiqua à ma demande comment retourner à la place des Armes et me prévint des risques de vol... Presque arrivé, je trouvai au bistro chic Manolo avec internet wifi où je pris du mate et une assiette de frites à laquelle j'ajoutai de l'huile...

Je tournais dans le centre ville et mes pas, mes intentions plutôt, me ramenaient toujours vers la place des Armes, ou tout passait, surtout les touristes que j'aimais voir.

Attiré par la place principale, je repensai à la phase de centralité psychotique si bien décrite et expliquée par Henri Grivois (qui recevait aux urgences de l'Hôtel-Dieu ceux qui se trouvaient attirés au centre de Paris), au livre Fous d'Inde, et à mon mois/isolement de juillet 1987 , catalyseur de la folie et du génie, début de mon système philosophique encyclopédique.

Je vis sur un plan au mur qu'il y avait une rivière, je la franchis vers une église puis retournai sur la rive principale ou il y avait un hypermarché ou je trouvais mandarines, bananes, sardines, avocat, tablette de 400 g du chocolat le plus cacaoté, mini-tournevis pour mon objectif. J'aime à l'étranger les hypermarchés: parler n'est pas important, on est comme les autochtones' on accède à tout visuellement. Et pour une fois, je pouvais marcher léger sans mes deux sacs laissés à la consigne. Assis devant les caisses, il y avait la tranquillité pour que je répare mon objectif, mais ne parvins qu'à l'améliorer un peu. Je retournai à la place des armes pour pique-niquer un peu, suivis un touriste que je perdis très vite puis retournai une dernière fois à la place des Armes. J'avais pensé aller à quelque ville ou village sur le chemin de Nazca mais rien ne s'imposait. Alors je partis sur le chemin de la station de bus, plus beau et photogénique que la veille, et au bout d'une heure pus m'acheter un billet pour 18h30. J'envoyais quelques messages pour mes prochaines étapes et reçus un deuxième message de Nathaniel pour aujourd'hui. Mais je pars déjà. Lorsque je n'ai rien d'autre à faire que découvrir les rues seul, l'intérêt s'épuise vite et j'ai hâte de partir.

 

Je me suis un peu baladé autour de la station mais comme je m' y attendais, mon appareil a suscité l'attention et on m'a déconseillé d'aller plus loin. Je suis revenu et comme j'avais remarqué des boutiques avec des sacs, j'en ai trouvé un qui remplacerait bien celui oublié de Wikipedia. Je me sentirai moins mal à l'aise.

 

Samedi 26 septembre 2009

J’ai choisi un bus économique, mais j'avais deux places pour dormir' ce que je fis très vite, quoique je fus à l'avant, avec le film, les passages. Je m'inquiétais sur mon arrêt. En contr9lant mon billet, un employé me dit que je devais descendre maintenant. Heureusement, il n'était pas les 2h du matin prévu mais presque 4h et demi. Avec l'heure locale solaire, il ferait jour dans une heure, assez soudainement car le Soleil s'élève presque verticalement dans la zone intertropicale.

J'avais l'impression d'être dans un village, avec très vite les coqs qui chantaient. Je dormis et rêvai un peu dans un coin protégé, puis en allant faire des photos fus alpagué plusieurs fois pour les tours en avion.

Lorsque je revins de mon tour photographique, j'achetai mon billet directement à une compagnie aérienne, évitant les surcommissions et les mensonges des alpagueurs qui s'étaient mutuellement dénigrés devant moi. En plus l'employé parlait français, et un minibus nous emmenait en attendant dans un hôtel avec piscine, internet et film sur Nazca. Je demandai à vérifier qu'on pouvait se baigner.

Emmené avec un Japonais qui venait d'acheter son ticket à mes cotés, j'allais d'abord me baigner avec mon chapeau pliant dans la petite piscine à l'eau fraiche. Quel bien ca faisait!

Puis allai me connecter à internet mais il fallait partir.

A l1éroport, en voyant les consignes de sécurité, je préférai laisser à la compagnie mon couteau et ma cuillère, même si je vis que les contrôles ne les auraient pas trouvés: j'aurais pu faire s'écraser l'avion et détruire les figures 1, 2 et 7 (sans même toucher la septième, par effet ricochet collatéral), et déclencher une guerre du Pérou contre quelque pays chrétien économiquement intéressant; mais on ne refait pas l'Histoire...

Mon avion était un Cessna à ailes haute (comme tous les avions présents) pour quatre passagers. Avec Polo le pilote, il y avait un vieux couple de l'Arizona dont l'homme avait été pilote privé sur Piper et prit la place avant, et dont la femme, à ma droite, m'offrit un chewing-gum à la cannelle (une coutume de chez eux, je crois). Je préférais être à l'arrière pour éviter le pilier de l'aile, mais ça m'empêchait les vues dégagées vers l'avant.

J'étais un peu effrayé au départ, au premier virage à mi-verticale, puis fus même exalté d'être là. Polo nous montrait les figures selon le plan de vol, répétait Ok? Ok?, retournait dans l'autre sens. Ma voisine avait la gentillesse de parfois se pencher pour me permettre de photographier de son coté aussi.

J'avais préréglé l'exposition mais je ne m'attendais pas un si faible contraste à travers la vitre que je ne parvenais pas parfois à faire la mise au point automatique. Au moins, j'avais encore suivi le modèle du touriste normal.

Au retour, le couple se fit photographier avec Polo et lui donna un pourboire (pourboires bienvenus, était écrit dans l'avion en plusieurs langages touristiques), puis la femme proposa de me photographier avec le pilote.

Devant l'aéroport, un homme d'une cinquantaine d'années m'aborda à propos du GPS sur mon appareil photo. Eduardo se disait photographe professionnel, me communiqua son site www.nazcanews.com. Il était pilote, ce qui lui permettait de voler au-dessus de plein de lieux à la demande d'amis. Il me montra au mur une ou deux de ses photos de Nazca, et me dit de regarder le film diffusé dans la salle où il intervenait en ULM.

Après, je vérifiai par wifi que Jenny Felicita, couchsurfeuse de Lima qui m'avait contacté avant mon départ, m'attendait pour ce soir.

Dans le minibus du retour, je fis la connaissance d'une Parisienne de la gare du nord, qui voyageait dans quatre pays d'Amérique du sud et en Nouvelle-Zélande, et qui allait visiter des pyramides. Ca me tentait bien, comme d'aller au mirador que j'avais vu du ciel pour approcher, toucher les figures et photographier le contexte culturel. Mais en cherchant mes bagages, elle avait déjà disparu - Je regrettais de quitter si vite un lieu de culture antique et mystérieuse, car j'aime les lieux pétris d'histoire et de créativité humaine comme en Grèce et en Italie, mes deux pays préférés. - et il restait le jeune couple d'Australiens qui allait comme moi à Ica. Un homme nous proposa d'y aller avec sa grosse voiture américaine pour 12 sols, j'acceptai pour aller plus vite mais demandai une réduction à 10, pris du bus, lorsque je vis qu'il y avait déjà trois personnes et que nous allions être sept. Il accepta 11.

Assis à coté de ma grosse voisine, je plaisantai Moi aussi j'ai une petite amie, et feuilletai leur Lonely Planet. Je regardais les avertissements de danger selon les lieux, et constatais qu'il trouvaient Mendoza très joli, en particulier grâce à sa reconstruction suite à un tremblement de terre il y a un siècle et demi...  Ce n'est pas ce guide qui m'aurait dissuadé de la visite...

Les deux Australiens étaient arrivés par Santiago mais n'étaient descendus que jusqu'à Puerto Montt. Elle fera une onéreuse excursion d'une dizaine de jours en Antarctique payée par son père. Ils allaient aussi en Colombie et j'étais bien tenté d'y aller aussi.

Notre route était celle qui passait à coté du mirador que j'ai vite photographié avec sa grappe de touristes.

Arrivé à Ica, il y avait un essaim de rickshaws (tricycles motorisés couverts) qui me rappelaient l'Inde, et qu'ils appellent "tuc tuc" comme au Népal. Je vis une pancarte pour l'oasis de Huacachina à 2,9 km. Je dis au chauffeur que nous y allions. Après avoir déposé ses autres passagers, il nous y conduisit. J'accompagnais jusqu'à leur hôtel Cassie, qui était étudiante en biologie, et Rael, qui travaillait dans un restaurant bar, tous deux à Hobart, Tasmanie. Je leur dis que c'était l'Ushuaia (la Terre de Feu) de l'Australie. Ils allaient prendre un petit-déjeuner et utiliser un de ses buggies qu'on voyait.

Je montai péniblement sur la dune la plus proche du lac de l'oasis, essoufflé, mes pieds s'enfonçant dans la pente; mais je voulais y arriver. En sueur, je pris mon second bain de la journée (et du voyage). En renageant vers la rive, dans une joyeuse confusion des impressions, moi blanc bec parmi des jeunes basanés, je ne me rappelais plus ou j'étais: Inde? Afrique du nord? Iran? Je finis le tour du lac et un taxi me proposa de revenir à Ica pour cinq sols; mais je désirais utiliser un rickshaw qui m'aurait plongé cinq années en arrière, ce qu'il m'affirma couter six sols, ce que je ne crus guère. Mais comme aucun n'arrivait, que le taxi venait d'embarquer un couple de Péruviens, il me proposa de venir pour deux sols et j'acceptai. Je préférai qu'il me laissât à la place des Armes plutôt qu'au terminal. Là, j'allai d'abord vers une église plus éloignée, en face de laquelle je fus abordé par des hommes travestis dans un salon de coiffure, ou je ratais quelques photos car me était déjà pleine et qu'il fallait le d'en effacer d'anciennes, ce qui leur permit d'en voir du glacier Perito Moreno. Un enfant me déconseilla d'aller plus loin à cause des risques de vol dans le quartier, mais de toute façon, mon intention était de commencer là mon demi-tour. Puis je pris un ticket pour Pisco.

Concentré sur mes écritures, j'avais dépassé l'arrêt de Pisco. J'étais plutôt étonné que ce ne soit pas advenu plus tôt, surtout de nuit (quoique là les employés doivent faire plus attention), tant les indications toponymiques sont rares.

Le sol devenait verdoyant, le ciel uniformément gris. Il était 16h45 et bientôt la nuit, alors j'avais l'intention de continuer dans ce bus jusqu' 'à Lima, en téléphonant à Felicita depuis un mobile. Mais les passagers me signifièrent de prendre un autre bus qui me ramènerait à Pisco en vingt minutes, et l'employé m'emmena dans un en partance, ou on me fit payer trois sols supplémentaires aux quatre que j'avais payé. Agacé, je mis de l'ordre dans mes papiers, car j'avais mon sac à dos en cabine, et mangeai un peu d'antidépresseur cacaoté. Le Soleil revenait, mais bien bas.

Soudain un jeune homme me signifia de le suivre pour Pisco et m'entraina à sa suite dans un taxi ou il y avait déjà un autre passager. C'est alors que je disparus à tout jamais. Non, je plaisante! Nous suivions le Soleil, plein ouest sur une route toute droite et de plus en plus poussiéreuse: tout était beige. L'homme me signifia de faire très attention avec les yeux au port' puis il paya avant de sortir et me dit à ma demande que c'était un sol cinquante. Je donnai deux sols et n'eut pas de monnaie. Le chauffeur me demanda si j'allais place des Armes; je dis oui. Arrivé là, il me redemanda ou j'allais; je lui parlai du port et il me dit que c'était trois sols. Je sortis pour faire un tour de la place très animée avec de la musique, puis pris la rue la plus commerciale, malgré son sol terreux. Ici, on ne semble pas avoir découvert le bitume. Au bout, je demandais à un homme le chemin du port et de la plage. Il me dit que le port était très loin mais que la plage était au bout de cette rue, mais que c'.était dangereux à cette heure-ci. De toute façon, il allait faire très vite nuit. Je repris la rue commerçante, achetai un sachet de churros (avec l'habituel ajout de dulce de leche de l'Amérique du sud que j'acceptai) qui me consoleraient de cette visite avortée en me remémorant des brocantes parisiennes et la foire du Trône.

Arrivé sur la place des Armes, je cherchai le moyen de partir. Des taxis me proposaient de m'emmener pour huit, dix sols. Un homme que j'interrogeais me dit qu'un collectif, c'était un sol. Je retournai vers les taxis et dis que je voulais le prix normal. Un me proposa deux sols et je lui dis d'accord pour un sol cinquante. Revenu au croisement alors que la nuit était complète, je vis un bus Flores, la compagnie que je prends depuis le début au Pérou et y montai pour Lima, m'installant au fond car j'étais monté avec mon sac à dos. Je réussis à joindre Felicita avec le mobile d'un jeune à qui je donnai ma carte car il refusait que je le paie.

 

Lundi 28 septembre 2009

Mon incertitude quant au lieu de rendez-vous avec Felicita m'empêcha malheureusement de dormir. Felicita était au terminus et un long trajet en taxi, aussi onéreux que certaines nuits en bus, nous emmena dans sa banlieue nord, à Los Olivos. Elle logeait avec sa famille dans un immeuble encore en construction qui leur appartenait, et ou elle menait une école pour des enfants d'environ quatre ans au rez-de-chaussée ou j'allais dormir sur un sofa. La soirée me fit me coucher à 2h40, malgré mon refus d'aller sortit danser. Et il fallait se lever à 7h car tous les dimanches, elle allait aider sa cousine à son restaurant, ou un long trajet en bus nous emmena, dans la banlieue sud de Miraflores, sous un ciel immuablement grisâtre. Sur le chemin, nous vîmes une grande manifestation des professionnels de la santé. Arrivé au restaurant qui était un estaminet sur un marché, elle me suggéra de faire des photos vers la plage. Ce que je pensais être une courte ballade dans un quartier vide et ennuyeux dura cinq, dont trois quarts à l'aller, à suivre la longue suite de jardins sur la falaise de cette banlieue chic et soignée.

Retourné au restaurant, ou Felicita s'était inquiétée, je mangeai affamé des spaghettis vertes avec du poulet, puis du riz avec des flageolets et un peu de viande, en discutant avec une Australienne, bibliothécaire dans une école de Melbourne, et sa mère. J'étais pressé d'aller enfin visiter le centre de Lima, avec déjà une lumière faible, et même une bruine, voir les vieilles maisons coloniales aux balcons fermés, la place des Armes et ses beaux bâtiments, églises, le palais présidentiel. Felicita tenait à me faire gouter une boisson, le Pisco Sour, dans un joli bistro décoré traditionnellement en bois massif, puis alors qu'il faisait nuit à visiter un parc payant de treize fontaines illuminées ouvert il y a deux ans. Après être retourné diner chez elle, elle m'emmena prendre un bus pour Trujillo ou je pris une place en haut tout devant à droite, ce qui était un mauvais choix car ayant un voisin, j'avais moins de place pour mes jambes qu'aux autres places.

Le matin, un marchand ambulant parla d'alimentation et de santé et, d'accord avec son discours, j'en enregistrai ce que je pus.

Arrivé, Abrahan était là avec une Zurichoise qui voyageait depuis avril en Amérique du sud avec son petit ami espagnol et colombien qu'elle avait rencontré en Suède ou, avec une bourse Erasmus, elle était allé étudier l'environnement comme lui, qui écrivait un livre sur les écovillages en Amérique du sud.

Avec Abrahan, qui avait gentiment pris une journée de congé dans son travail dans une librairie scolaire, nous sommes allés visiter le centre ville, très joli avec ses façades colorées.

Abrahan, qui n'est jamais sorti de son pays connait étonnamment beaucoup de choses, parlant le français que sa mère lui a choisi comme première langue étrangère, connait Laurent Ruquier (dont il a vu que j'avais été invité à l'émission) ou Florence Foresti. Couchsurfeur très actif, il est curieux et pose beaucoup de questions.

Puis avec Sara qui nous a rejoint, nous avons continué. Vu l'Alliance française, et déjeuné dans un restaurant. Ils avaient envie de rentrer se reposer, dans cette pièce ou il nous accueillait, au-dessus d'un immeuble, sur une terrasse ou il y avait le chien glabre et assez monstrueux de son frère.

Il s'est mis à faire soleil et je les ai poussés à sortir, à aller vers la plage. Après que j'ai pris une grosse glace, nous sommes allés en bus et je n'avais pas imaginé que c'était si loin. Le Soleil disparaissait et j'avais froid. L'eau aussi était froide. Il y avait des surfeurs et des jonques sur la plage. Nous avons rencontré un Français près de la plage, que Sara connaissait mais c'est Abrahan qui l'a reconnu d'après des photos qu'il avait vues sur l'appareil de Sara.

Pierre est un Landais, projectionniste à Anglet, en vacances trois semaines au Pérou.

Comme il était trop tard pour faire du surf, il nous a suivis sur la terrasse d'un restaurant où nous sommes allés car j1vais encore faim, et ou le repas fut trop copieux' et ou j'ai en particulier mangé du poisson cru. Le Soleil est réapparu faiblement juste avant de se coucher.

Nous sommes rentrés pour voir un film mexicain de 1976 à l'université, et durant lequel je m'endormais, puis nous avons rejoint une couchsurfeuse australienne et son hôtesse, avec qui nous sommes allés dans un bistro bruyant boire de la bière et danser (pas moi, trop fatigué). Puis Abrahan m'a raccompagné chez lui prendre mes affaires pour le terminal de bus, le premier où on relevait l'empreinte digitale. Cette fois-ci j'ai pris une place tout a l'arrière et je disposais aussi du siège voisin.

 

Jeudi 1er octobre 2009

Arrivé à Piura, j'ai d'abord acheté mon ticket pour Guayaquil, dans une station proche, selon les indications de Mayra, couchsurfeuse que je devais rencontrer devant la cathédrale à 14h. Entretemps, j'avais de quoi faire plusieurs fois le tour de la ville, et je ne trouvai malheureusement pas de bistro avec internet par wifi. Je m'assoupis devant la cathédrale.

Mayra arriva un peu avant 14h et m'emmena dans un restaurant typique où elle me fit prendre un plat typique avec du maïs grillé et d'autres choses, et une boisson au maïs qu'on boit dans des coupes en bois appelés "culs". Mayra travaillait dans l'office du tourisme dont elle ^'avait ramené plusieurs documentations sur le Pérou, et avait pris son après-midi de congé pour moi.

Après, accosté par un chauffeur de tuc tuc, nous sommes allés dans un village où l y avait un site archéologique, avec des restes de sacrifices humains, et en haut d'une petite colline, une église fermée qui dominait toute la région plate. On nous a montrés des produits régionaux, à base de miel, très bons mais  que je ne pouvais pas prendre, et des produits artisanaux. Je pris deux sortes de petits instruments.

Après, nous sommes allés dans un plus grand village d'artisanat, avec une église verte, où nous sommes restés jusqu'à 18h.

Je voulais me connecter à internet et elle connaissait un bar restaurant où c'était possible tout près de la cathédrale... J'y serais bien resté des heures ce matin.

Elle voulait voir des photos de Nazca qu'elle ne connaissait pas.

Ensuite, elle m'a accompagné, mais pas jusqu'à la station car ce quartier lui faisait peur...

Dans la nuit, les postes frontière me semblèrent bizarrement situés, séparés de plusieurs rues dans la même ville, comme si on pouvait passer n'importe où d'un pays à l'autre.

Arrivé à Guayaquil, je téléphonai à Fernando, couchsurfeur qui pouvait me rencontrer à 13h30. Je cherchai le centre mais deux personnes m'avaient d'abord indiqué la direction opposée. En fait, il était plus éloigné que jamais, la station de bus étant juste après l'aéroport.

Près de l'université, je trouvai près de la rivière une zone wifi où j'appris  qu'à cause de son travail, Fernando ne serait libre qu'à 18h. Je continuai vers le centre, me reposai dans un parc et atteignis le bord de la large rivière. Là, il y avait un restaurant Mc Donald's avec wifi et deux prises électriques, une belle vue sur la rivière et un bateau à voile à drapeau de pirate, où je restai des heures, discutant sur Skype. En plus de ce que j'avais acheté, un serveur m'apporta un autre repas complet, que je crus d'abord qu'il voulait manger en face de moi... Fernando m'annonça qu'il ne pouvait me voir, à cause du décès de son oncle. J'allai vers la cathédrale et le parc aux iguanes qu'il m'avait indiqué, et j'eus la surprise de voir des iguanes dans les allées. Je retournai vers la rive et la suivis vers le nord, las Peñas, deux jolies collines encore ensoleillées. Une jeune femme m'aborda pour que je la photographiai avec son téléphone, puis me proposa de venir avec moi. Camila prétendait être touriste, d'une ville à cinq heures de bus, Santo Domingo, être professeur pour les enfants, avoir un fils de cinq ans. Lorsque je lui demandai ce qu'elle aimait, elle me répondit le négoce et avoir une affaire. Nous montâmes sur la colline aux nombreuses marches, avec des peintures kitsch qui me rappelaient Montmartre. Là haut, elle se rapprocha de moi d'une manière qui me sembla soudaine et affectée. Elle regardait beaucoup autour d'elle, moi aussi mais j'avais d'autres raisons. Il y avait des policiers et un groupe de trois ou quatre jeunes hommes. Elle me dit qu'il y avait beaucoup de touristes. Ceux-là m'avaient l'air autant de touristes que moi d'un parachutiste à la retraite. Elle avait reçu deux appels, dont à l'un elle avait dit où elle était. . Je pensai à L'Appât de Bertrand Tavernier et à l'histoire qui l'avait inspirée et qui m'avait marqué avant le film, et  je lui dis que ça arrivait aussi en France. Nous redescendîmes, et elle proposa d'aller boire une bière. Je lui demandai d'abord de me montrer sa carte d'identité Je crus comprendre d'abord qu'elle me dit qu'elle ne l'avait pas dans ce sac, puis entrouvrit son sac où elle me la montra sans la sortir et me dit que ce n'était pas la peine s'il n'y avait pas la confiance. Je pensai que ce n'était pas la peine si elle ne me montrait pas sa carte d'identité et nous nous séparâmes. Elle ne m'avait pas assez épaté pour que je sois appâté. Retourné sur la zone wifi près de l'université, où il y avait beaucoup de jeunes, je décidai d'aller vers la cote avant Quito. Je retournai vers la station de bus mais ce fut très long. Je me perdis un peu et y arrivai par l'autre coté de l'aéroport. Il n'y avait plus de bus pour Salinas, je mangeai un glace et allai dormir dans les environs, et pris un bus vers 6h.

Arrivé vers 8h, le Soleil était déjà haut et j'étais le dernier passager. Il y avait de grands immeubles près de la plage, mais la ville était relativement vide, déprimante. Le temps d'une ballade, je pris deux bus pour Montañita qui est le village de surfeurs de l'Équateur,  avec beaucoup de jeunes caucasiens et des bars au style un peu grunge ou hippie. Je me baignais enfin parmi les vagues, seul nageur parmi les quelques surfeurs, mais ne restai pas trop longtemps de crainte de vite attraper des coups de soleil. Je pris un bus avec le lieu suivant mentionné sur la carte que j'avais téléchargé sur internet, Salango. C'était un village d'autochtones où je me sentais le seul allogène; Puis j'allai à la commune proche de Puerto Lopez, où il y avait beaucoup de touristes et de propositions d'excursions maritimes vers des iles et des baleines, avec aussi des paillotes sur la plage. J'en partis pour Puerto Cayo où les deux seules touristes que j'y croisais montaient avec leurs sacs à dos dans le bus pour Manta d'où je descendais. C'était un village de pêcheurs avec des filets ça et là.

J'allai en Manta par deux bus et la lumière déclinait déjà. J'assistai par hasard à une parade d'"écoliers avant de décider que faire. Je n'avais pas atteint la dernière étape que je m'étais proposé, Bahaia de Carraquez, avant d'envisager d'aller à Quito. Sur la plage, je regardai sur l'ordinateur le chemin que j'avais à faire, et ne trouvant pas d'internet, décidai d'appeler Philippe, couhsurfeur à Quito qui m'avait contacté. Il était d'accord pour que j'arrive dans la matinée et avait sa journée de libre. Le temps de manger deux glaces, je pris un ticket et m'installai tout à l'arrière pour avoir la place de reposer mes jambes, mais dans ce veux bus, les sauts sont tellement importants.....

 

samedi 3 octobre 2009

Non seulement le bus avait des amortisseurs usés et faisait de grands bonds, mais c'était un omnibus qui à un moment s'est retrouvé plein, et j'ai du m'asseoir dans le coin. J'ai du attendre qu'il se vide pour gagner des places plus à l'avant. Arrivé au terminal à 5h, j'ai attendu 7h en lisant et en somnolant pour pouvoir appeler Philippe, professeur dans l'école française, et qui habitait de l'autre coté de la ville. Il m'a fallu 2h et quatre bus pour traverser la ville qui s'étale du sud au nord entre les montagnes. Philippe habite avec Christelle et son fils Romain dans une jolie maison qui donne la vue sur la ville. Il ne pouvait pas sortir à cause d'orgelets. Il me parla d'une Française qu'il connaissait qui s'était fait tué par balle, l'hôpital ne soignant pas tant qu'il n'est pas assuré d'un moyen de paiement; et aussi du directeur de son école, qui s'est fait agresser dès ses premiers jours à Quito. Je fis ma première lessive depuis plus d'un mois à Bahia Blanca. Philippe me montra ses belles photos de paysages prises lors de tous ses voyages. Puis j'allai dans le centre ville, magnifique avec ses anciens bâtiments, et saisi d'une fringale, ne pensai qu'à manger: glaces, petit repas dans un restaurant, churro, donut. Là encore, alors que je montai une colline, on m'a conseillé de faire demi-tour.

Je m'éloignai à peine du centre pour rentrer à pied lorsqu'une forte pluie s'abattit vers 16h et je rentrai en bus.

Il y avait chez Philippe un ami, Laurent, professeur de physique à Quito, qui me montra ses belles photos de baleines sautant de l'eau pour épater les femelles.

Le lendemain matin, Philippe me montra une partie de du film de son voyage à travers l'Amérique latine, amusant et bien réalisé. Puis j'allai sur les conseils de mes hôtes à la Mitad des Mundo, là ou avait été calculé l'équateur par des savants français au dix-huitième siècle. Je pensai que c'était un bon moyen de fixer symboliquement la limite septentrionale de mon voyage en Amérique du sud: quelques mètres dans l'hémisphère nord, quelques millions de mètres dans l'hémisphère sud. Le lieu, autour du monument central, m'agaça, avec tous ses marchands qui alpaguent. J'allai après au musée qui se trouvait exactement sur l'équateur, 240 m au nord, car il y avait une erreur. C'était un intéressant musée, avec une partie ethnographique, puis des expériences sur l'équateur. Je retournai au centre avec un jeune Israélien qui venait de voyager six mois en Amérique du sud et avec qui j'allai au restaurant alors qu'il commençait comme hier à pleuvoir à 16h, puis je rentrai avant de prendre un bus de nuit pour le sud, à Cuenca.

Alors que je prenais un de ces bus dont les stations sont filtrées, on m'a dit dans le centre-ville que je ne pouvais pas arriver au terminal par ce réseau (alors que j'y suis parvenu à l'aller, il est vrai avec quatre bus) et que je devais passer par le trolley jusqu'ou on m'a fait escorter par deux policiers. Depuis l'avant du trolley, bondé comme la plupart des bus que j'ai utilisés x Quito, j'ai assisté à une scène de violence: quatre ou six jeunes, dont au moins une femme, tapaient un jeune homme d'apparence sud-américaine, à terre et en caleçon et tee-shirt, d'après ce que j'ai rapidement vu, alors que le chauffeur klaxonnait, ralentissait avant de continuer son chemin.

 

Dimanche 4 octobre 2009

Le bus arriva à presque 10h et j'appelai aussitôt Priscila, que j'avais choisi pour sa connaissance du français et son gout des arts. Je la retrouvai au centre ou son père l'avait amenée dans son impeccable Toyota Corolla vert métallisé de 1974 . Il nous conduisit sur une colline près d'une église et d'ou il y avait un panorama sur Cuenca. Il travaille dans la muséographie et il nous a amenés ensuite dans une exposition de très belles céramiques artisanales, d'ou on voyait tout Cuenca et qui me rappelait le musée de Cuenca en Espagne ou les galeries de Saint-Paul de Vence. Il nous proposa d'aller ensuite dans un nouveau restaurant raffiné, ou nous rejoint la sœur de Priscila.

Puis Priscilla m1 emmené dans le centre assez vide ou j'ai fait peu de photos. Nous sommes allés dans un centre commercial ou j'ai à peine eu le temps de me connecter que nous avons été cherché une amie à elle pour une manifestation liée à l'Alliance française mais que nous n'avons pas trouvé. Nous sommes alors allés dans un bistro fréquenté par les étrangers, rejoints par le petit ami de Daniela.

Après Priscila m'a conduit au terminal. Sur le chemin, elle était effrayée par les risques que prenait un chien en traversant la route, puis au terminal par les gens. Je lui dis que j'allais la raccompagner à sa voiture. Ensuite, j'attendis mon bus en somnolant.

Pour la première fois en entrant dans un bus, il y a eu une fouille des passagers mais j'ai tellement de choses sur moi que comme je m'en doutais, mon couteau n'a pas été détecté.

 

Lundi 5 octobre 2009

Arrivé à 6h après une assez bonne nuit, et non pas au milieu de la nuit, j'avais le choix, pour mon bus vers Zumba, à la frontière orientale avec le Pérou, de reprendre un bus à 9h qui m'y conduirait à 15h, ou de prendre un bus de nuit. Comme j'avais un contact par Couchsurfing et un autre par le père de Priscila, je décidai d'appeler, surtout que pour les étapes suivantes, des petites villes, je n'avais pas de contact. Je fis bien, car je passai une des journées les plus harmonieuses du voyage. Leo, frère de la couchsurfeuse que j'avais contactée mais qui venait de partir aux USA pour faire des achats, me proposa un rendez-vous à 11h et m'indiqua l'adresse de l'Alliance française que je compris être Miguel Frio Frio (Froid Froid), que je lui fis répéter car elle m'étonnait' et après avoir atteint la rue en demandant plusieurs fois le chemin, je lus que c'était la rue Miguel Riofrio (Rivière froide). Puis Johana, architecte qui connaissait le père de Priscila, me donna rendez-vous au centre ou nous primes un café, elle me donna un rendez-vous avec Pablo, un ami, pour 15h. J'eus le temps de repasser à l'Alliance française photographier la carte des villes ou il y en a et feuilleter deux magazines avant de trouver Leo avec qui je me baladai un peu, en particulier dans les églises, avant d'aller manger chez son grand-père. Juste avant, on s'est arrêté dans l'atelier de son père qui préparait une moto du Dakar, prés de deux carrosses en bois. J'eus la surprise de voir que la maison de son grand-père était un château qu'il avait construit selon ses désirs, et que Léo me fit visiter. On mangea avec sa famille en regardant la télé. Puis je laissai Léo à l'université pour me balader et hésiter à aller au terminal avant de trouver Pablo à qui je fis part de ma préférence pour acheter mon billet maintenant. Il voulut louer une moto, j'achetai mon billet et il me conduisit dans un parc ou il y avait des reproductions de monuments comme la tour Eiffel,

 

mardi 6 octobre 2009

ou d'architecture chinoise. C'était délicieusement kitsch et coloré comme un parc russe. Puis nous sommes allés sur une jolie place assez déserte qui me semblait déserte, et enfin au sommet d'un château récent et kitsch.

Nous retrouvâmes Johana au centre ville et allâmes chez un glacier. Apres je retournai au château Tello. Ou plutôt juste à coté ou la famille venait d'ouvrir un bistro et salle de fêtes ou je mangeai un peu avec Léo avant que nous n'allions chez lui ou je pus me connecter à internet. Après que sa mère soit rentrée, il me proposa de l'accompagner acheter du papier. J'acceptai malgré la fatigue et tout ce que j'avais à faire.

Puis il m'amena à la station de bus.

 

Mercredi 7 octobre 2009

La route était en terre et étroite; ça sautait dans tous les sens.

Arrivé dans le village de Zumba prés du Pérou à 6h, il fallait attendre 8h le bus pour y aller. Je mangeai une aile de poulet avec du riz et un autre légume puis allai faire un tour avant de travailler sur l'ordinateur.

Sur les bancs en bois du camion qui nous conduisait à la frontière, je liai connaissance avec un couple d'Allemands de 21 ans, Nils et Lena, venant de villages près de Francfort, qui voyageaient pour un an en Amérique latine depuis mai. Ils voulaient commencer par le Mexique, mais leur assurance, à cause de la grippe influenza, refusait de les couvrir même s'ils se cassaient la jambe... Alors, pour des raisons d'enseignement de l'espagnol, ils ont commencé par le Costa Rica qu'ils ont détesté car trop touristique, et onéreux. Ils ont surtout aimé la Colombie pour la chaleur des gens. Ils font souvent de l'auto-stop, parfois du couchsurfing, mais peu car ils évitent les zones peuplés et touristiques, Quito par exemple ils refusent d'avoir le guide Lonely Planet sur l'Amérique du sud, car tout endroit y est prétexte à "parties". Arrivés à la frontière péruvienne, le douanier a refusé d'utiliser le peu de place de mon ancien passeport de 2001 et j'ai du entamer celui de 2006 .

Nous avons pris un taxi, à six dans la voiture, qui nous conduisit à la première ville en roulant comme un fou. Là, il pleuvait fort, on voulait nous faire prendre un taxi mais nous trouvâmes à moitié prix un minibus Toyota Hiace ou, après que j'ai mangé un gros plat de riz, flageolets et riz, nous partîmes à 19 vers Jaén. Nous discutâmes bien, ils étaient écologistes. Je leur parlai surtout de René Girard, des traitements du cancer, et du sida. Lui voulait faire de la photographie, et elle de la philosophie, ou de la biologie du comportement, en particulier des mammifères marins. Nils me donnait 27 ou 28 ans, et fus étonné de mon âge réel. A Jaén, malgré les sollicitations des tricycles motorisés, nous allâmes à pied au centre, vers la Plaza de Armas, ce qui me permit de faire des photos. Ils trouvèrent un hôtel mais je préférai aller à la station de bus trouver une destination vers le sud-est cette nuit, en m'évitant de repasser par la cote, ce que Jenny et Mayra m'avaient dit impossible. Je trouvai pour 20h30 un bus pour Tarapoto et en l'attendant, je retrouvai les Allemands pour diner avec eux, encore du riz, avec du poisson et une boisson que j'appellerais du café cola sans bulles. Nous nous promenâmes un peu et je partis. C'était un bus à deux étages ou un passager avait pris ma place près d'une fenêtre et on me proposa une place près du couloir et de l'escalier. Je compris que je ne dormirais pas tranquillement avec mes affaires exposées (Nils m'avait demandé si je n'avais pas peur de me faire voler dans les bus de nuit) et au bout de quelques minutes, exigeai ma place. Malgré que je n'avais qu'une place, je dormis bien car ça ne sautait plus.

Arrivé à Tarapoto, il faisait déjà chaud, j'étais harcelé par les chauffeurs de tricycle et allai au centre à pied, ne trouvai aucune place mais une activité commerçante très importante. Retourné au terminal, je ne trouvai pas de bus pour Juanjui, et un chauffeur qui me harcelait m'emmena pour trois soles dans un terminal de taxis ou j'aurais du payer 25 soles. Le chauffeur de tricycle voulait maintenant cinq soles mais je refusai. Après quelques minutes sur internet, comme le chauffeur me dit qu'il fallait attendre une demi-heure pour trouver deux autres passagers, je partis vers le centrez et trouvai vite une station de minibus ou on me proposa le trajet pour dix soles.

Avant de partir, il fallait chercher un groupe d'une douzaine de personnes plutôt âgées, presque que des femmes, dans une fabrique de chocolat, pour remplir le bus.

Sur la route de montagne à la végétation luxuriante, les maisons étaient faites de bois avec des toits en branchages gris ou en tôle ondulée. En approchant de la destination, je m'aperçus qu'il s'agissait d'une autre ville, Yuriguamas, dans la direction opposée, 120 km au nord, à la limite de la jungle. Je refusai de payer le conducteur, qui disait perdre un passager, et moi du temps, et pris un autre minibus en chemin inverse.

 

Jeudi 8 octobre 2009

Revenu à Tarapoto, il n'y avait plus de minibus pour Juanjui mais je trouvai une camionnette pickup. Au départ, nous étions quinze debout (sauf moi assis sur un rebord) sur deux mètres carré, avec un gros bidon, des paquets et des sacs. Puis je pus m'asseoir sur le bidon et savourer de sentir les odeurs dans l'air, le bruit du vent qui couvrait celui du moteur, malgré l'inconfort de mon siège qui ma cassait littéralement les couilles. Comme dans une voiture décapotable, je jouissais de cette communion avec le paysage, avec de beaux nuages, puis avec les étoiles. J'étais le seul passager à aller jusqu'à Juanjui et le chauffeur me fit entrer dans la cabine. Arrivé à Juanjui, on me dit qu'il n'y avait aucun transport pour Chapote avant 4 heures du matin. Quoique je n'avais pas faim, je préférai aller prendre un repas chaud car je n'avais mangé que sept bananes dans la journée et ne trouverai rien le lendemain. Puis je trouvai un peu difficilement un lieu où dormir.

 

Jeudi 8 octobre 2009

Comme on m'avait dit qu'il y avait des transports à partir de 4h, j'avais mis ma sonnerie à 3h30, mais ne partis qu'à 8h20, sur la plateforme d'un pickup, ou plus directement sur la plateforme du tricycle posé dessus. Allongés dessus avant le départ, Un vendeur plaisanta sur notre transport à couchettes (cama). Je trouvai à m'asseoir sur un pot mais ça sautait dans tous les sens et je devais protéger mon matériel. C'était une route à travers la forêt, avec parfois un pont fait de troncs d'arbres, et deux fois pas de pont du tout, mais des barges. Je regrettais d'être passé par là.

Arrivé à Tocache, je ne tardai pas à trouver un taxi collectif pour Tingo Maria sur de meilleures routes et dans un tout autre confort. Le conducteur, extraverti, roulait comme un dingue. Il avait embrassé une icone et fait un signe de croix en partant. Ca le calmerait d'être athée.

 

Vendredi 9 octobre 2009

Arrivé le soir à Tingo Maria avec la multitude de rickshaws et le désordre, j'avais l'impression d'être en Inde. Le bus pour Huancayo était parti mais on me dit qu'à Huánuco, je pourrais trouver un bus. Mais là, à 23h30, je n'en trouvai pas et dus y passer la nuit. Ville sans rien de particulier, sinon des collines environnantes et une activité commerçante importante dès 7h, je la quittai vers 8h30 pour Ferro de Pasco. J'avais envie de prendre le premier bus qui partait vers Junin mais me forçai à y faire un tour. Heureusement, le terminal de bus de cette fraiche ville minière est en plein centre, entre le marché et la place décorée de wagonnets et de casques de chantier géants en mine de parasols. Je me demande quelle poussière on y respire. J'avais le souffle court, la fatigue, les sacs qui serrent, avec une altitude de 5.000 m selon ma vieille voisine, confirmée à 4.800 m par mon vieux voisin suivant: moi qui imaginais une altitude moitié moindre souvent rencontrée. Je retrouvai mes chers bus à deux étages (annonciateurs de confort, bonne route et civilisation) mais on me fit asseoir vers l'arrière et non vers l'avant panoramique car je n'allais pas au terminus.

Après s'est assis à coté de moi un homme avec un sac en plastique avec de la viande dedans; je ne sais pas lequel des deux puait.

Arrivé à Junin, qui m'attirait par son lac sur la carte, je n'avais guère envie de descendre. Je descendis la grande rue vers le lac, traversai une place un peu soviétique et tranquille, puis une double voie ferrée, puis une autre place du même acabit. Lorsque la rue cessa d'être bitumée, et que je voyais au loin mais pas de lac, je décidai de prendre la rue parallèle de l'autre coté des places, le souffle court à cause de l'altitude. Arrivé à l'arrêt des bus, je discutai avec un homme qui me demanda ce que j'étudiai. Je compris que plutôt que de prendre un taxi collectif à dix soles, je pouvais prendre le bus jusqu'au croisement pour Tarma. Dans le bus bondé, j'étais dans la cabine panoramique et je compris que les employés se disputaient sur le fait de m'avoir pris, touriste, pour deux soles. La fenêtre près de moi est ouverte, mais je ne sens pas le vent, tellement il y a peu d'air, et tellement le Soleil tape fort.

Arrivé au croisement, je portai en plus de mes sacs deux lourds paquets jusqu'au taxi, en haut d'un talus. Et dans le taxi, je me retrouvai antre le conducteur et un passager, délicatement lové contre le levier de vitesse. Je ne pensais pas que ce serait si long, sur une route sinueuse, avec déjà beaucoup de hameaux dans l'ombre, mais je vis la ville encore ensoleillée. Elle était surnommée dans une des brochures que m'avait données Mayra la perle des Andes, ce qui avait incité ma curiosité à faire ce détour. C'était plutôt mignon, avec la rue centrale, et au fond un quartier sur la colline, mais bon, rien d'extraordinaire. Je trouvai un bus pour en partir à 18h, me rebaladai en attendant.

Installé au siège du fond au centre pour avoir de la place pour mes jambes, je le regrettai à cause de la promiscuité avec des enfants qui faisaient du bruit et me tapaient alors que l'obscurité était faite. J'arrivais avec le stress que la couchsurfeuse ne me répondait pas, et allai donc chez elle. Sa sœur m'ouvrit et me fit attendre dans une salle de leur restaurant, qui était fermé faute de temps. Andrea Paola travaillait dans une banque et ne pouvait me répondre. Elle me proposa trop à manger car je m'étais un peu goinfré à Tarma. Il y avait trois Allemands, un venu faire sa mission citoyenne ici, et son frère et sa mère lui rendant visite. Je demandai à Andrea l'altitude de sa ville, dont elle ne se souvenait pas. 3.200 m, me dit l'Allemand.

Je suis bien content d'avoir un matelas, des couvertures, de l'électricité et même de l'internet wifi (mais ça, seulement en bas). Allez, au lit!

 

Samedi 10 octobre 2009

Réveillé à 5h30 alors qu'il faisait déjà jour, je travaillai sur l'ordinateur mais ma connexion internet avait disparu. Alors que j'étais dans la cour, un homme d'une soixantaine d'années me demanda qui j'étais, me dit que c'était sa maison, pas un hôtel, et me chassa. Je n'avais pas pu voir Andrea, mais l'Allemand me dit qu'il était comme ça. Andrea m'avait proposé d'aller aux alentours de Huancayo après son travail à la banque et j'avais parlé de prendre un bus de nuit après vers Ayacucho, mais comme l'Allemand ne me proposa rien, je décidai de parcourir la ville vers le centre puis vers les bus. Il n'y avait plus de bus pour Ayacucho avant 20h, alors je pris le bus de 10h pour Huancavelica, la ville intermédiaire avec quand même un petit détour.

Arrivé là-bas, on ne parlait d'un bus à 4h du matin pour aller vers Ayacucho. Je me retrouvai dans la même difficulté de me déplacer que dans une autre montagne, au Tibet cinq ans auparavant. Après avoir difficilement trouvé ce ticket à défaut d'un autre,

en arpentant la ville, qui ne manquait pas de vieilles églises ou autres constructions, je mangeai avant d'aller vers les bains thermaux. je trouvai d'abord la première arène à corridas de mon voyage, puis dans un groupement de gens, la petite source thermale ou je me baignai juste avant une forte pluie qui me fit réfugier sous une arche ou j'enfilai pour la première fois depuis la Patagonie le maximum de vêtements. Puis je cherchai de la wifi que je trouvai devant la boutique de mon ticket, et j'al lai manger à côté pour en profiter. Enfin j'allai dormir près de la rivière, après avoir mis un pied dans l'eau et une grosse épine de cactus dans la jambe et des petites dans les doigts.

 

Dimanche 11 octobre 2009

Après une demi-nuit un peu difficile (le froid, des chaussettes humides, des cailloux), j'allai au bus en traversant la rivière et en y retrempant les pieds. J'étais stressé de rater l'embranchement avec l'autre bus car je ne savais pas que c'était le terminus quatre plus tard.

De par ma méconnaissance, un minibus bondé partit sans moi, et j'attendis presque deux heures, le moral dans mes chaussettes humides, le minibus suivant. J'en ai marre de ces petits chemins qui me font tant attendre, perdre du temps et de la monnaie. Heureusement, je me suis plongé dans la fin palpitante de Sa Majesté des Mouches. J'espère trouver un bus de nuit direct pour Cusco, ou il y a une couchsurfeuse motivée pour me rencontrer. Dans le minibus, je viens de finir Sa Majesté des Mouches, ému aux larmes, tant ça résonne de notre destin, avec tous les "Jack" qui prennent le pouvoir et brulent notre ile. Je n'ai plus de livre à lire. Je pris de nombreuses photos de la montagne après le col de presque 4.800 m. Le titre Sa Majesté des Mouches dit la foule autour du cadavre de la victime sacrificielle, avec en plus l'aspect royal du sacrifice (ou plutôt l'aspect sacrificiel de la royauté).

Le trajet de 3h pour 138 km me parut interminable, car nous étions jusqu'à 25 dans un minibus Toyota Hiace et mes fesses endolories se rappelaient à mon souvenir.

Arrivé à l'entrée de la ville, je fis une longue descente vers le centre et cherchai un billet pour Cusco. Je ne pensai pas que ce serait si long et qu'un départ à 19h m'y amènerait le lendemain à 16h. Je pensai que j'aurais dû ne prendre que le premier bus et visiter deux villes dans la journée, mais j'étais épuisé par ces haltes aléatoires, et j'espérais trouver la couchsurfeuse que malheureusement je ne réussis pas à contacter. Le centre d'Ayacucho se démarquait par une zone piétonnière qui me rappela Turin il y a un an, une jolie place à arcades et de nombreuses vieilles églises. Tranquille, la ville me plut. Je renonçai à aller à Quinua, trop peu de temps. Je rentrai à la station lorsque le Soleil disparut derrière une colline pour travailler un peu sur l'ordinateur.

Maintenant que je sais dans quel type de bus je vais passer la nuit, à un étage, sans repas, à la dernière place au fond, au dossier inamovible, je pense que je n'aurai pas trop de la journée dans l'autre bus, tout à l'avant de l'étage supérieur, pour me reposer.

Un de mes voisins espagnols me raconta qu'un bus de la compagnie péruvienne avait eu il y a deux mois un accident qui avait tué 30 personnes sur 45.

La route était difficile, et je m'étonne d'avoir tant dormi jusqu'à notre étape à Andahuaylas à 3h30 où on m'a réveillé. Après ce qui reste de moi: 64 kg, et 22 kg pour mon attirail, durant deux heures, j'ai pu travailler sur l'ordinateur avant qu'on reparte. 

Pour le second bus, j'avais cru qu'il était à deux étages, et j'eus la déconvenue de me retrouver derrière le rideau orange du poste de conduite, avec à ma droite une fenêtre à vision réduite et qui n'ouvrait pas, et à ma gauche le téléviseur qui diffusait d'anciens westerns sous un angle inconfortable. Lorsque je pus, j'allai tout au fond faire des photos de part et d'autre, vers la pente d'une route de montagne étroite en terre poussiéreuse à laquelle je ne m'attendais plus, sans rambarde de sécurité, nous faisant frôler le précipice. A 10h, on nous a arrêté juste avant Abancay devant un restaurant ou, comme les Espagnols, j'ai pris une bonne tortilla, de verdura pour moi. Je ne regrettais plus de ne pas mettre arrêté à ces deux étapes ou je me serais ennuyé, seul. J'ai passé une grande partie du reste du trajet à potasser le guide touristique Pérou-Bolivie d'un couple de Français.

Arrivé à Cuzco, comme la couchsurfeuse ne pouvait m'héberger, j'ai préféré aller d'abord vers le Machu Pichu. Je cherchai le moyen le plus économique, en évitant autant que possible le train, et je tombai sur trois gringos qui me parlèrent en français, devant une boulangerie, Le Café de Paris, ou on me conseilla sympathiquement. Ils me confirmèrent l'histoire que j'avais lu dans le guide: en juillet 2008 , près d'un site à 3 km au nord de Cuzco, un Français de Polynésie s'est fait assassiner par balle pour avoir refusé de donner son appareil photo. On m'a dit qu'à boire l'eau du robinet, je risquais des vers qui me perforeraient le système digestif. Je prends ce risque, car c'est un problème que je dois résoudre après le voyage. Après avoir acheté un gros pain aux céréales, gouté au bon gâteau au chocolat, avoir laissé mon sac à dos à Gilles, le boulanger, mais sans l'ordinateur, car il s'est fait cambrioler, j'ai finalement trouvé le lieu indiqué pour un minibus, sans doute trop cher: 30 soles négociés à 25 soles: la vendeuse refusait à 20.

Au crépuscule, je voyais un paysage vallonné clairsemé d'arbres et de petites maisons qui me rappelait la Toscane, avec en plus l'apparition de montagnes enneigées.

Et puis voilà que j'entends à l'autoradio le succès international: Voyage, voyage! "sous la pluie de l'équateur"... "et jamais ne reviens." j'espère bien que si...

 

Mardi 13 octobre 2009

A un arrêt, ma voisine demanda l'heure: 8h30 je lui répondis, et elle se demanda quand on serait arrivé. Elle vient pour la première fois de Lima pour aller travailler à Urumba(?) et elle a payé 20 soles... A force de ne pas pouvoir étendre mes jambes, j'avais d'intenses douleurs aux genoux. A presque 22h30, on débarqua le gringo le premier et seul à Santa Maria ou il n'y avait plus de bus pour Santa Teresa. Le chauffeur de taxi me dit qu'il y en aurait à 4h et interpela aussitôt un camion qui me fit monter sur sa plateforme ou il y avait déjà deux hommes. Je restai debout avec mes sacs pour protéger mon matériel. La route à flanc de montagne avec la rivière en bas était si étroite que j'avais l'impression qu'on allait toucher la roche et que je devais retirer mes doigts, même si je préférais rester de ce coté-ci que de celui du précipice. J'admirais la nuit, les phares qui éclairaient la montagne de l'autre coté de la rivière, les étoiles si intenses que j'avais l'impression qu'elles transperçaient la montagne. Débarqué à Santa Teresa, le chauffeur exigea deux soles supplémentaires aux cinq que je lui proposais, puis ne me parla pas de suivre la voie ferrée mais la rivière. Je pris un chemin, indiqué par un homme dehors puis par une veille femme dont j'entendis la voix depuis sa maison et suivis le chemin de Sahuayaco selon un panneau que je deus photographier au flash pour le lire, l'autre possibilité étant la centrale électrique à gauche. A 3h, je m'endormis une demi-heure, réveillé par une camionnette dans ma direction. Je repris le chemin puis interpelai le second véhicule ou on me fit comprendre que je devais faire demi-tour, ce que je fis, confirmé après par un homme qui m'éblouit avec sa lampe. Il commença à pleuvoir et je trouvai une terrasse couverte ou vite, alors que je me décidai à dormir, arriva un minibus qui me ramena pour deux soles à Santa Teresa. On m'indiqua le marché où acheter le ticket, pour huit dollars, mais le train n'était qu'à 16h30. Je ne voyais pas de rail et on me dit qu'un bus amène d'abord à la centrale électrique. C'est l'information qu'il me manquait et m'a fait perdre 6 ou 7h de nuit. J'essayai de retrouver mon chemin,, essayai sans résultat une passerelle suspendue sur la rivière, puis marchai seul dans la bonne direction, souffrant plus de la solitude dans cet isolement que dans la foule urbaine ou on peut communiquer. Un taxi collectif me proposa de m'emmener à la centrale pour trois soles, et je refusai, en partie parce que je n'ai que 18,50 soles, situation dans laquelle je me trouve car pour ce qui est touristique, les dollars sont acceptés et j'en ai 66, et que dans environ 3 jours, je quitte le Pérou. Content de la météo nuageuse qui ne me fait rien rater, à 7h30 le Soleil apparait... Déjà haut heureusement, ne m'ayant rien fait rater. Des bus et des taxis me doublent, et je continue, obstiné... Et assoiffé. Et voici un marchand d'eau. 8h moins dix: un conducteur me dit que j'en ai pour une 45 pour Aguas Calientes et qu'il me prendrait à son retour. A un poste de contrôle (écrire son nom, sa nationalité, son numéro de passeport, son âge, son sexe, son agence de voyage, signer), deux employés me rassurent et me mirent même du baume au cœur, me parlant d'abord naïvement de mon matériel photo (A combien de km je peux photographier? A l'infini, les étoiles. Il insiste: A 10 km? Plus, je réponds). Puis on me montre la carte de la faune et la flore, la carte du parc national avec la route des Incas que je vais prendre' 2h pour Aguas Calientes, plus 45 mn pour le Machu Pichu. Puis j'arrive sur le terminus de train, longé de boutiques. A un des robinets ouverts, je bois un demi-litre et ai la surprise au bout d'une centaine de mètres de voir que la voie aboutit à la roche, mais c'est parce qu'il s'agit d'un aiguillage pour faire marche arrière en montant. Un autre aiguillage identique plus loin. Un homme dans une maison me dit que j'en ai pour deux heures et demie et qu'il plus de trains que ça. Je trouve un avocat que je mange, pas mur. Je croise un jeune homme et une jeune femme sud-américains ensemble.

Je traverse un pont rouillé qui ne m'inspire pas confiance. Il est signalé que le passage de piétons est interdit, mais j'ignore s'il s'agit de la partie ferroviaire ou aussi de la partie piétonnière avec ses plaques trouées par l'oxydation. Je m'agrippe à la rambarde.

Je croise deux hommes sud-américains, l'un avec un long couteau qu'il tient par le bout de la lame, l'autre patibulaire.

Enfin un voyageur argentin vivant en Espagne, tout de blanc vêtu, qui fait l'aller-retour à pied et me conseille de dormir sur place et visiter demain. Puis un sud-américain, Puis un couple d'États-Uniens qui ont quand même pris le bus entre Aguas Calientes et le Machu Pichu car lui était malade. Puis une locomotive de maintenance.

 

(Vendredi 16 octobre 2009

Je dois recommencer le récit que j'avais écrit sur mon smartphone car je me le suis fait voler hier à La Paz. Là j'attends longuement au commissariat de police. J'avais beaucoup écrit ce qui s'est passé entretemps et je ne sais pas si j'aurais le temps et l'autonomie électrique pour le refaire maintenant.)

 

(Mercredi 14 octobre)

Je rattrapai deux Brésiliens de Sao Paulo. Ils m'avaient vu depuis le bus vers le terminus du train et étaient étonnés de ma vitesse.  Comme ils comptaient monter le Machu Pichu cette après-midi comme moi, je leur proposai de les accompagner. Mais alors que nous arrivions, la lanière d'une de mes sandales, que je porte pour la quatrième année, céda sous le choc des pierres de la voie ferrée, ce qui me ralentit sérieusement. Nous arrivâmes enfin, avant 11h30, à Aguas Calientes, qui est une étrange ville touristique construite autour d'une voie ferroviaire. Avant de faire la visite, ils voulaient d'abord se renseigner sur les trains du retour (31 dollars pour les étrangers...), ce qui me laissa le temps de récupérer le lacet que j'utilisais pour maintenir mon chapeau pour l'enrouler atour de la semelle et de la lanière, ce qui s'avéra efficace. Ensuite, ils voulaient trouver un hôtel. Heureusement, j'avais noté la veille sur le guide des Français l'auberge la plus intéressante, qui était d'ailleurs jolie et simple, en bois avec une lumière jaune qui venait des tôles du toit translucide, où ils prirent une chambre à deux lits superposés. Ensuite, ils voulurent manger. Je proposai de prendre quelque chose à emporter, comme des sandwichs, et nous allâmes finalement dans un restaurant où j'enfilai le plus vite le repas. Ils étaient lents et cools. Ils s'étaient rencontrés lors d'études de commerce. Robinson, 28 ans, beau du style latin lover, né à Lima de parents missionnaires itinérants, s'était installé en Amazonie, à la frontière du Pérou et de la Bolivie, pour produire des jus de fruits, faire de l'argent car à Sao Paulo il en faut déjà pour entreprendre, mais aussi participer au développement d'une région pauvre, car il est vain de ne faire que pour soi. Il me parla de son amour pour la Bible, sa foi, alors qu'en Europe, la religion, c'est la carte bancaire... Roger, 32 ans, mais une allure d'adolescent maigre avec sa casquette et son t-shirt Superman, plus discret, un grand-parent japonais, enseignait la théologie dans une école chrétienne à Tokyo, depuis six ans. Ne disposant que de dix jours annuels de vacances, alors qu'au Brésil on a quatre semaines, il n'était revenu que tous les deux ans au Brésil.

Enfin nous fîmes l'ascension des innombrables marches (sinon c'était 15 dollars le bus pour les étrangers). Avec ces compagnons, je me demandai si j'allais vivre une expérience mystique... Je suais à grosses gouttes. Robinson prit gentiment mon sac ventral. Il était 14h20. L'entrée était à 124 sols (44 dollars) pour les étrangers. On pouvait tamponner son passeport comme je l'avais fait à Ushuaia et la Mitad del Mundo, mais il y avait beaucoup de gens. Je commençai à photographier les touristes, dont mes acolytes; surtout Roger semblait vouloir se faire photographier, souvent les pouces levés, devant chaque aspect du site (péché d'orgueil?). Puis ils se mirent à rester avec une guide en espagnol. Je craignais de les perdre. Je fus envahi d'un horrible sentiment de nostalgie et de solitude dans ce lieu particulier, qui ne passa que lorsque j'abandonnai l'idée de ne pas les perdre et surtout me concentrai sur la photographie de ce que, sur des sites touristiques, est fait pour être vu mais pas montré, comme les panneaux signalétiques, les barrières, les aménagements pour le passage; et aussi ce qui n'est pas fait pour être vu: les employés, les chantiers. Ayant fait le tour de l'essentiel du site, je croisai par hasard mes acolytes avec la guide et un couple de Boliviens de La Paz, dont José Miguel qui me parla beaucoup car il apprenait le français depuis un an, après avoir fait trois ans d'études de tourisme et maintenant des études de théâtre. A 17h, le Machu Pichu fermait et j'attendis les Brésiliens qui, toujours lents et cools, en sortirent les derniers. Entretemps, je discutai avec un des employés qui attendaient pour être reconduits sur la plateforme d'un camion bâché. J'avais oublié de tamponner mon passeport. Nous redescendîmes, Robinson reportant mon sac photo, très longtemps escortés par deux chiens très joueurs. Un Allemand, qui avait apprécié de vivre sept ans à Narbonne en travaillant au Canal du Midi, nous dépassa car il était pressé de suivre la voie ferroviaire. J'aurais aimé pouvoir le suivre. Robinson me reparla de la Bible, du fait de croire à quelque chose qu'on ne voit pas, ce qui est unique et tellement fort que ça prouve que Dieu existe... Je lui dis qu'en science, on croit en pleins de choses qu'on ne voit pas, quand on nous parle des atomes par exemple. Il me parla du darwinisme et du créationnisme, pourquoi ne pas enseigner les deux théories? Je lui dis que l'une était scientifique, l'autre pas. Il me demanda en quoi je croyais. Je lui dis que je croyais au monde, sans début ni fin, toujours avec son énergie, son unité qui fait que même si la vie, la conscience qui est fait pour distinguer, nous sépare, nous faisons partie de cette unité où tout est relié. Il me dit que pour moi, un moustique et un humain, c'est pareil, alors que l'humain est meilleur. Je lui dis que l'humain peut être pire qu'un moustique, comme Hitler, ou meilleur, en construisant de belles choses comme le Machu Pichu, que le moustique agit par instinct, et nous par imitation, ce qui développe la créativité et ressort aussi du darwinisme quant à l'adaptation. J'accompagnai les Brésiliens jusqu'à leur chambre, dans l'espoir d'aller dans les eaux chaudes, ou de prendre une douche, avant de partir, mais, à cause de travaux et d'une unique salle de bains, occupée, je ne pus même pas remplir ma bouteille ni uriner. Je me reposai quelques minutes avant de les saluer. Robinson, qui m'avait déjà dit que j'étais "crazy", me dit que j'étais courageux, près à partir à la guerre, et qu'ils prieraient pour moi, et je leur dis que j'en avais besoin, que je croyais en l'efficacité de la prière. Il était 19h.

Je n'eus pas le courage d'aller jusqu'à la gare chercher de l'eau et commençai à longer la voie, difficilement dans l'obscurité, m'aidant parfois de l'écran de mon appareil photo, comme dans un tunnel, repérant les zones noires qui indiquaient des trous pour le passage de l'eau.

Fatigué, mais pas encore ensommeillé, je me reposais un peu puis repris mon chemin de fer. Pas longtemps après, j'allai dormir une demi-heure, réveillé par un piéton avec une lampe que je ne pus rattraper. Puis j'arrivai à une bifurcation que je n'avais pas eu de raison de remarquer à l'aller et ne sus quel chemin suivre. Alors je décidai de dormir. Réveillé par la clarté à presque 4h50, je vis un panneau dont je me rappelai, puis poursuivis ma route jusqu'au pont rouillé que j'étais content de retrouver. le reste de la route ma parut plus rapide qu'à l'aller, comme si c'était le début de la route qui paraissait long. Au terminus, je n'eus pas non plus le courage de faire un détour pour chercher de l'eau. Comme il n'y avait pas de transport en commun que j'espérais, je suivis la route terreuse, regrettant de ne pas avoir hélé la seule camionnette de chantier qui m'avait dépassé. Puis un minibus me prit, refusa que je le paye et m'indiqua un chauffeur de taxi collectif qui demanda huit sols. Comme il était vide alors qu'un autre était plein, j'allais vers celui-ci où on me proposa cinq sols. Le premier voulut s'aligner mais je préférai finir de remplir un taxi et partir vite.

Arrivé à Santa Maria, une femme se précipita sur moi pour me vendre un ticket de bus à 12 sols pour Ollantaytambo, mais je lisais des horaires tardifs qu'elle démentait, et il n'y avait pas de bus, donc pas d'urgence. Un chauffeur de minibus me proposa 25 sols, et j'en voulais pour 15. Il refusa de descendre à 15. J'allai acheter un sachet de cinq fruits que je croyais être des mandarines et eus la surprise de trouver à l'intérieur de grosses graines sombres sucrées et juteuses. Le chauffeur était parti. Tant pis; j'aurais quand même été son client le plus cher. Le suivant, qui ne tarda pas trop, me proposa aussi 25, descendit à 20 et j'insistai pour 18 et il me dit de monter. Il fit une halte pour déjeuner et je pris un repas, achetai même un jus de fruit. Je fis une rapide visite d'Ollantaytambo, joli village touristique réputé être le seul avec l'urbanisme inca, des rues en pierre avec des caniveaux au centre. Au lieu de prendre un bus direct pour Cusco, je pris un minibus pour Urumba à 1,20 sol et de là pour Cusco à 5 sols: j'étais sorti du circuit touristique où tout est plus onéreux pour les gringos.

A l'arrivée, je demandai mon chemin vers la boulangerie à un des passagers que j'avais remarqué et il me dit qu'il habitait à côté et me proposa d'aller avec lui en taxi. c'était assez proche en fait. Il refusa que je participe aux frais, ce qui m'étonna après ces deux derniers jours de transports, et je laissai chez Gilles mon sac informatique. Sur le chemin du centre, j'entrai dans un marché couvert où je ne résistai pas à demander un jus d'orange pressé. La collégienne en uniforme, Estrela, treize ans mais bientôt quatorze, me servit pour deux sols deux grands verres avec du miel. Après, je croisai José Miguel qui me reconnut, accompagné de sa copine. Arrivé au centre, j'admirais la belle architecture d'une ville envahie de touristes et de tourisme. Je montai sur la colline, regrettai de ne pas avoir le temps d'aller sur le site aux grosses pierres, puis redescendit dans la nuit, entre des boutiques de luxe, avec des marchandises européennes plus onéreuses qu'en Europe. Dans une librairie, je vis des livres en français trois fois plus onéreux qu'en France, à 150 sols un roman par exemple: surtout du Vargas Llosa, du Paolo Coelho, un peu d'Amélie Poulain, et quelques auteurs sur des thèmes locaux. Je repassai prendre du jus d'orange mais demanda que le filtre soit retiré pour en consommer la pulpe, tant pis pour les pépins!

Arrivé à 19h à la boulangerie, je fus déçu d'apprendre que Gilles était parti, remplacé par son employé de Cusco, un spécialiste informatique en construction de sites mais sans tel emploi ici. Je rêvai d'une tarte aux fraises, une soudaine envie de fraises qui passa à cause de la crème pâtissière sous les fraises. Je travaillai sur l'ordinateur, me rafraichis et me changeai. L'employé me proposa un chocolat chaud et des pains au chocolat un peu durcis. A la fermeture de la boutique, j'allai m'installer dans mon bus pour Puno, sans voir José Miguel qui m'avait dit prendre aussi à 22h un bus, mais pour La Paz. Je vis amusé un passager qui ressemblait à Jerry Lewis, y compris l'aspect bigleux, examinant le numéro de siège, son ticket chiffonné en boule et me demandant, insistant plusieurs fois ensuite, la place côté fenêtre. Il jeta agressivement des sacs posés sur son siège par un autre passager. A un moment, un homme lui dit de partir, ce qu'il ne fit pas. Il me parla beaucoup, et me fit penser à Franck. Au bout d'un moment, je repris mon écriture. Il me parlait si près qu'il était sur mon siège, sa tête touchant mon oreille, et me postillonnant dessus. Ca me fit rire. Il était saoul. Comme il y avait du retard, il criait "Vamos!". A un moment, je sentis un liquide sur ma chaussette mais ne sus ce que c'était. Je m'endormis.

Arrivé à Puno vers 6h , je téléphonai à Lizandro qui me donna son adresse. Je regardai sur le guide touristique d'un sympathique couple de l'Aveyron (elle s'appelle Pauline) qui voyage jusqu'en décembre vers le Brésil. J'aurais bien passé la journée avec eux. Et je rencontrai José Miguel.  Puis j'allais chez Lizandro, qui me dit de ne pas faire attention au désordre, il y avait eu la fête, et qui buvait des bières, l'œil jaune, avec sa copine ou épouse. Il m'indiqua ma chambre, avec trois matelas, où il y avait déjà le sac à dos d'une voyageuse. Un ami arriva, qu'il me présenta comme l'amant. Je partis faire des photos pour deux heures, lui m'assurant rester chez lui toute la journée et que je pouvais l'appeler sur son mobile. Il y avait beaucoup de maisons inachevées, les tiges en l'air, et j'imaginai que c'était pour des raisons fiscales, comme en Tunisie ou en Grèce. Il y avait un grand marché sur plusieurs rues. Voyant beaucoup de touristes en tricycle dans une direction que j'avais abandonné, car excentrée, je les suivis et arrivai au port où on me proposa des excursions pour la journée, jusqu'à 17h30, pour 25, voire 20 sols. Ca ne me tentait pas seul. Je rentrai chez  Lizandro en me demandant ce qui m'attendait, et justement personne: personne ne me répondit. Je tapai fort, allai voir à une cantine selon un garagiste voisin, à qui je demandai une échelle qu'il n'avait pas, crus devoir chercher son téléphone dans une officine internet, l'appelai sans qu'il réponde, puis allai déjeuner une soupe avec un gros os et plein de gras. En revenant, j'entendais de la fenêtre ouverte. Je décidai de faire appel à la police qui m'assura venir. Un employé d'hôtel, Gregori, m'accompagna, et cette fois-ci, je fis la jeune femme, puis lui par la fenêtre, qui vient lentement m'ouvrir, l'œil rouge. Il me faisait penser aux Vitelloni de Fellini Je pris mes affaires et partis, avec deux heures de perdues dans l'inquiétude, accompagné par Gregori jusqu'au terminal pour Juli, qui est un village où, depuis la place centrale où je fus laissé, descendis longuement vers le lac Titicaca, avant de remonter péniblement à travers champs vers une église en rénovation, et de prendre une suite de trois bus vers Copacabana, dont j'ignorais que c'était en Bolivie. J'allai seul vers la frontière avec le dernier, le regrettant car je ratai des photos sur une route pas très longue qu'il me fit bien payer.

Copacabana est comme Montañita un village pour jeunes branchés où je ne restai pas car je ne trouvais malheureusement aucun bistro avec de la wifi. Le chemin vers Tukinawa était compliqué: soit repasser par La Paz, soit repasser par le Pérou, et j'abandonnai malheureusement l'idée d'y aller. Je tentai une dernière fois de trouver un hébergement sur Couhsurfing avant de prendre le dernier bus à 18h30. J'eus la surprise de voir presque tous les passagers descendre aux paroles d'un employé que je ne compris pas. Une Japonaise fit sa crise d'hystérie: "Espera, señor! Espera!". Je demandai simplement si le le bus allait à La Paz. C'était oui. Le bus alla sur une barge traverser le lac. A l'autre bout, les passagers disparus remontèrent. Arrivé à 22h30 à La Paz, je cherchai une boutique internet pour voir si j'avais une réponse positive parmi mes trois demandes, mais n'avais aucune réponse. Je partis payer vite juste avant la fin de quinze minutes de connexion sans savoir quel était le palier, puis commençai à descendre vers le centre. Au bout de moins de cinq minutes, je ne trouvai plus mon smartphone, et compris que je l'avais laissé sur la table de l'ordinateur. Je remontai précipitamment, ne le trouvai pas  et demandai d'appeler la police. Cette idée déplaisait fortement aux gérants. Mon voisin de droite partit sans que je sus le retenir, et mon voisin de gauche accepta que je le fouille. Après avoir demandé le numéro de téléphone de la police j'appelai et parlai à une femme. Un policier arriva. Bizarrement, il ne voulait pas que je lui passe la policière au téléphone, mais la prit à force d'insistance. Il semblait du coté des gérants, parlant de lieu public. Je ne pouvais m'exprimer assez bien en espagnol, mais ils n'avaient rien fait pour retenir mes voisins. J'aurais dû essayer d'empêcher le premier de sortir, mais seul contre tous et sans possibilité de me faire comprendre, je n'avais guère d'issue, sinon suivre ce premier voisin, mais j'ignorais encore que le second, se prêtant à ma fouille, était innocent.

Le policier me donna le numéro de téléphone de la police touristique mais ne sut, voulut ou put me donner l'adresse.

Après la casse du 24 mm à décentrement à La Serena, que je ne peux guère utiliser et limite mes possibilités créatives, c'est le deuxième gros incident de ce voyage.

J'ai trouvé une cour où j'ai pu dormir malgré les aboiements d'un chien invisible contre moi, je crois. Après avoir fait quelques photos à l'aube vers le centre, je suis allé au commissariat de police où on m'a fait attendre fait attendre une heure ou deux, dans une salle où il y avait une fière bourgeoise et une autre femme épleurée, je crois battue par le père de son fils, et un policier qui persécutait un jeune homme qui nettoyait le sol, pour me faire aller finalement à la police touristique, petite officine indiquée par un papier où deux ou trois policiers regardent la télévision, et ne parlent rien d'autre que l'espagnol... La policière se moquait d'avoir le numéro d'identification de mon téléphone, détectable sur le réseau; ils ne font les papiers que pour les assurances.

Je suis remonté dans la ville faire des photos et me restaurer. Montagneuse comme Quito, avec de grands immeubles comme Hong Kong, La Paz n'en a pas la beauté, et est très grouillante.

Au moment d'acheter une glace, je me renseignai et appris qu'il y avait la wifi à l'intérieur. Je m'installai, y rencontrant José Miguel et son amie qui finalement partirent vite sans manger, jusqu'à mon rendez-vous à 12h30 devant l'église San Francisco avec une couchsurfeuse suisse, Alexia. J'attendis presque une heure, revoyant encore au loin José Miguel et son amie, et compris que si mon smartphone était à l'heure bolivienne, mon appareil photo, que je croyais avoir réglé, ne l'était pas car il faut ajouter une validation peu intuitive et ergonomique. Il commençait à pleuvoir et je montai vers le terminal acheter un ticket pour Cochabamba à 22h pour arriver vers 6h, et redescendis vers le restaurant Brosso où j'avais la wifi. J'eus du mal à en partir, mais comme les messages ne partaient pas, il me fallait appeler Alexia et sortir, ce que je fis après 16h. Gentiment, elle me proposa de me rejoindre vers 19h au restaurant où je comptais rester jusqu'à mon départ. Je descendis vers des photos et appréciai mieux la ville, traversant le pont, peu rassurant pour moi, dont m'avait parlé José Miguel, et remontant par une avenue avec une large contre-allée et quelques pavillons plus anciens.

Je suis toujours à Brosso, il est 20h40, la wifi ne fonctionne pas et Alexia n'est pas venue. J'ai pu contrairement à mes espoirs refaire le récit très rapidement grâce à ces inconvénients, en avoir le temps grâce à ces contretemps...

Les employés de Brosso me disaient d'attendre un peu, mais ça a duré deux heures, et je soupçonne qu'ils aient éteint "pour" moi, client peu rentable et seul sur le réseau. Ma deuxième venue, dans l'après-midi, je n'avais rien acheté, mais parce qu'on ne m'avait rien demandé.

Je partis gai vers le terminal, sans doute parce que j'avais déjà presque rattrapé ma perte de datas, voire amélioré, ce qui est rare pour une reprise.

Je pris un sandwich chaud en route, comme beaucoup de gens dans beaucoup de stands, l'avenue était très animée, déjà depuis la contre-allée devant Brosso avec une sorte de défilé.

Je réussis à appeler Liz, la troisième couchsurfeuse qui m'avait joint de Santa Cruz (alors qu'il n'y en avait que quatre à me joindre dans tout le pays, car j'avais appris cette après-midi qu'elle était en vacances à Cochabamba. Il y avait du bruit, elle mit du temps à me comprendre et me dit qu'elle était saoule et de l'appeler en arrivant.

Dans le terminal, je pris des photos, discutai aisément à mon étonnement dans le bus avec mon sympathique voisin à qui je repris mon siège près de la fenêtre, puis achetai à un vendeur ambulant à qui il achetait des piles un gros couteau à sortie automatique, avec lampe intégrée, pour 27 bolivianos seulement. Bonne nuit!

 

Dimanche 18 octobre 2009

Réveillé à 6h alors que les passagers sortaient déjà, arrivé dans un terminal glauque, après avoir appelé Liz, je suis sorti dans une zone où il y avait un immense marché dans les rues, grouillant de gens et de véhicules. Je suis monté sur une colline d'où je voyais la ville et de l'autre côté une autre partie de la ville avec un lac, j'ai rappelé Liz qui m'a proposé un rendez-vous à la place centrale à 10h mais je ne savais pas si j'aurais envie de rester jusque là et j'avais envie d'arriver à Santa Cruz le soir pour pouvoir me reposer chez une couchsurfeuse qui pouvait m'héberger. Je suis allé vers le centre, bien plus calme, ai trouvé la grande place jardinée avec quelques anciens bâtiments autour, puis ai cherché les bus qui allaient à Villa Tunali, une ville intermédiaire où je voulais faire une petite promenade. Hormis les minibus deux fois plus chers, plus rapides mais où j'avais moins la possibilité d'avoir de la place, le temps et la fenêtre pour faire des photos, il y avait un bus qui partait dans moins d'une heure, à 10h. J'appelai Liz qui ne répondait plus et pris donc le ticket. Le paysage était plat, beige et poussiéreux, avec des maisons le long de la route, et lorsque je me réveillai, je vis un paysage de forêt très verte dans une route de montagne, qui m'oppressa un peu. Je manquai le centre de Villa Tunali, qui me sembla un village dans la jungle qui ne m'attira pas du tout. Le bus me laissa sur la route près d'un restaurant où on me dit qu'il y aurait un bus dans la nuit. Alors je commençai à faire de l'autostop. Un homme d'une soixantaine d'années me prit dans sa voiture. En fait c'était un taxi collectif. Je découvris que c'était moi qui avait le tableau de bord. Je compris qu'ils achètent des voitures japonaises à volant à droite et le mettent à gauche avec les pédales, et c'est pourquoi je voyais des minibus avec l'unique portière coulissante à gauche. Il me déposa à un terminal de taxis d'où j'allais dans un autre village, au nom remarquable de Bulo Bulo, pour un autre taxi, jusqu'à Santa Cruz, dans l'inconfort pour mes fesses deux fois de partager le siège passager. Arrivé à Santa Cruz, je n'avais pas eu la possibilité de prévenir Charlotte et n'avais plus de boliviano, ayant même dû ajouter un dollar pour payer la dernière course. Je trouvai un bancomat et ne pus payer qu'avec un billet de 100 mon appel téléphonique, où on m'indiqua le chemin à prendre vers la place du 24 Septembre, en devant faire attention aux ladrons. Il y avait une rue avec des boutiques de luxe dans des maisons basses, une sorte d'avenue des Champs-Elysées locale. La place jardinée était grande et peuplée, et je dus retéléphoner avant de trouver Charlotte devant la cathédrale, d'où nous rejoignîmes Dani, un ami à elle d'origine madrilène, qui avait vécu quatre ans Norvège. Charlotte était une Bolivienne adoptée en Suède qui travaillait dans l'humanitaire. Chez elle, un appartement sur un toit dans le centre avec une immense terrasse autour, j'ai pu enfin trouver une douche chaude, laver mes vêtements à la main, en découvrant que dans mon étourderie, j'avais perdu j'ignore où un pantalon et un slip, puis nous avons mangé un repas préparé par son ami, qui m'a dit que la colline que j'avais monté à Cochabamba était très dangereuse (ce que confirmait le guide touristique de Charlotte), avant qu'il ne parte en bicyclette, et que je me couche sur le sofa.

 

Lundi 19 octobre 2009

Lorsque Charlotte fut prête, nous sommes allés à pied au lointain terminal de bus pour mon billet pour Sucre, dans une ville vide sous une chaleur écrasante. Le trajet pour Sucre sera long, de 18h à 8h. Au retour, nous avons remarqué une voiture blanche qui nous suivait, avec deux hommes. Le passager voulait qu'on monte pour vérifier le passeport au poste, car il y avait des problèmes avec les touristes. Ils ont montré leur carte plastifiée. J'ai donné mon passeport qu'il a rendu. Ils étaient en civil, semblaient n'avoir pas d'arme. J'ai dit qu'ils peuvent vérifier par téléphone. Ils parlaient de menottes. Finalement, ils sont partis en proférant de vagues menaces, et j'ai vu qu'il n'y avait pas de plaque d'immatriculation. Charlotte m'a raconté qu'elle avait déjà été arrêtée par ces hommes avec Dani. Après, Charlotte a préféré que nous rentrions en taxi. J'ai dit: Si nous étions allés dans leur voiture, nous nous serions retrouvés nus dans la forêt? Puis nous sommes allés dans une cafétéria chic où j'ai pu me connecter longtemps à internet, avant de retrouver difficilement le chemin de son appartement proche. Elle m'a dit qu'elle s'inquiétait pour moi: à 13h30 Une collègue suédoise s'était faite attaquée et volée par un  homme bien habillé en voiture avec un pistolet, près de leur lieu de travail près du lequel nous étions passés. Ayant alerté la police, elle a entendu ensuite des coups de feu. Nous nous sommes promenés dans le centre, sans que je trouve une photo à prendre, et après qu'elle m'ait préparé un poulet au curry avec des pâtes, je suis vite allé en taxi au terminal.

Arrivé à 7h, j'ai rejoint Simon dans sa pittoresque auberge où nous avons bu du chocolat sur un sofa à bascule sur la terrasse. Etudiant en botanique à Kiel et voyageant lentement durant un an en Amérique du sud pour la diversité végétale de l'Amazonie, il veut chercher dans la phytothérapie et est conscient des aberrations de la médecine moderne.

Nous nous sommes promenés dans le centre puis avons déjeuné sur les transats d'une terrasse en haut d'une colline avec la vue sur la ville, ville qui m'a déçu par rapport à sa réputation de plus belle ville de Bolivie. Bien sûr, n'étant pas seul et discutant beaucoup, j'étais moins attentif à l'environnement visuel. Nous sommes ensuite allés visiter le cimetière où j'ai pris plus de photos. Avec son téléphone, Simon prenait encore plus de photos de la ville. En retard sur mon programme de la journée, je n'ai pris qu'à 13h30 un bus pour Potosi qui est arrivé à 17h20.  J'ai acheté mon ticket pour 19h vers Uyuni puis suis monté vers le centre qui est en haut d'une colline. A un moment, deux hommes m'ont interpelé car l'un tenait mon GPS Photo qui était encore tombé de mon appareil: je suis encore étonné de ne pas encore l'avoir perdu, tant il tient mal. La lumière déclinant, les nombreuses églises romanes étaient mises en valeur par leur éclairage, la saleté et la dégradation de la ville s'estompant, ce qui donnait une belle allure avec dans la perspective des rues la vue sur des collines environnantes et un beau ciel.

Arrivé à mon bus à 18h57 selon mon appareil photo, alors qu'il partait, l'employée m'a dit qu'il était 19h05 et j'ai dû poursuivre mon bus avec un taxi qui avait du mal  à le rattraper. Et selon mon ordinateur, il n'est qu'une minute de plus que selon mon appareil. A contrôler.

 

Mardi 20 octobre 2009

Comme il y avait de la place dans le bus, j'ai pu m'allonger sur les sièges du fond, avec l'inconvénient des secousses. Mais vers 22h30, le bus s'est rempli et je me suis retrouvé assis sur les plus mauvais sièges, avec le froid, l'envie d'aller aux toilettes. Une fois arrivé à Uyuni, on pouvait dormir dans le bus, ce que j'ai fait. Une de mes chaussures avait disparu, et j'ai dû mettre une sandale à l'autre pied jusqu'en partant, je retrouve cette chaussure tout à l'avant du bus. Rencontrant un Argentin, je suis allé avec lui dans le premier restaurant ouvert. Puis comme j'ai été abordé pour une excursion moins chère vers le Salar, j'ai accepté, ce qui m'a permis de laisser mon sac. J'ai ensuite eu la chance, comme il n'y a pas de bus de nuit vers le sud, de pouvoir acheter mon premier billet de train, qui part le mardi et le jeudi soir. Après, j'ai acheté des chaussures moitié fermées moitié ouvertes, puis une pochette pour mettre mon disque dur externe et mes documents les plus importants. Uyuni est un grand village plat dans le désert, avec de larges rues poussières avec les poteaux électriques au milieu. J'avais remarqué plusieurs réparateurs de bicyclettes, moyen de transport plus utilisé ici que je ne l'ai vu ailleurs.

Revenu à l'agence, la vendeuse voulait que je paie un supplément car des Brésiliens voulaient voir un volcan. Je répliquais que je ne l'avais pas demandé. Nous étions sept passagers dans le 4x4. Comme j'étais seul et un des premiers à m'installer, je pus avoir la place à côté du conducteur pour la journée. Nous allâmes d'abord dans un village de travailleurs du sel, surtout transformé en boutique d'artisanat pour touristes. Puis nous sommes allés au salar par lui-même, avec le bas des collines au loin qui se reflètent sur le sol, les plaques de sel plutôt hexagonales délimitées par des lignes de monticules. Après nous sommes allés dans un village manger, puis vers une ile de cactus; enfin dans un hôtel fabriqué avec le sel (avec des prix si élevés que l'addition est vite bien salée), et enfin juste à la sortie de Uyuni le cimetière de trains. je suis resté ensuite avec les deux Brestois, Julien et Laurent et le Chilien qui étaient dans mon excursion, pour aller dans un restaurant tenu par des Français, La Loco. (Ils utilisent un appareil photo trouvé complet dans son sac sur une plage. Avec mon projet Serial Number, ça serait moins facile de s'approprier un objet trouvé comme ça.)

 

Mercredi 21 octobre 2009

D'après leur guide, ils espéraient voir le patron breton, mais qui était au Chili, et il y avait un patron de Lille. Laurent, qui venait d'apprendre qu'il allait devenir oncle, voulait nous offrir à boire. Comme La Loco était onéreuse, nous sommes allés dans deux autres bars avant que je les laisse pour prendre le train.

Arrivé à Tupiza avant 4h, il n'y avait pas de salle d'attente et je me suis allongé une heure sur un banc devant la gare avant de parcourir la ville à l'aube, vers 5h40, jusqu'à ce que le Soleil émerge des collines à 6h20. La ville vide était assez attristante, avec quelques monuments, sculptures de personnages par endroits. J'avais envie de partir vite. Après avoir mangé tout  autre chose que des pizzas, au terminal, je ne trouvai rien pour la frontière argentine avant 14h, et à 8h, à la gare ferroviaire, j'appris qu'il n'y avait pas de train avant demain. Revenu à la gare routière, j'eus la chance de trouver un bus qui partait dans les minutes qui suivaient, à 8h40. Maintenant, le bus est bloqué près de la ville devant un tunnel qui a dû en partie s'effondrer, ou plutôt à cause d'un problème mécanique.

Arrivés vers 12h15, je fus surpris qu'on mette à peine plus de temps que les 3h du train, dans une route en construction, et avec une halte pour un repas.

Villazón a une vaste zone de commerces jusqu'au poste-frontière, après lequel La Quiaca juste de l'autre côté semble assez morne.

J'ai pris le premier bus qui partait vers Tres Cruces, indiqué par les Brestois, un bus à deux étages confortable sur une route bien asphaltée, et je retrouve le pourboire pour le sac dans la soute.

Comme je m'en doutais, je loupais le village, puis je laissais aller les deux autres recommandés. J'avais mal aux jambes et pas très motivé. On ne me demanda rien et j'arrivai non à Salta mais à San Salvador de Jujuy au crépuscule où, après avoir mangé deux glaces, je m'installai dans un bistro avec wifi internet jusqu'à une heure du matin.

 

Jeudi 22 octobre 2009

Il y avait des policiers seuls à de nombreux carrefours du centre ville. J'allai dormir près de la rivière. Réveillé vers 6h30, sous un ciel gris, un peu pluvioteux j'allai me promener au centre peu intéressant avant de prendre un bus pour Salta où je pus m'installer à l'avant de l'étage supérieur.