L'uranium appauvri

Sources:

[A] D'Alessandro Guillaume et Larousserie David: "Golfe: une guerre atomique", dans Sciences et avenir, Nº 646, décembre 2000, p. 100-109.

[B] Raphaël Stéphan: "De l'uranium appauvri dans les avions de ligne", dans Sciences et avenir, Nº 646, décembre 2000, p. 36-41.

- Un document, daté du 13 octobre 1943 et frappé du sceau du secret défense, est destiné au général Grooves, qui dirige aux USA le projet Manhattan de fabrication de la bombe nucléaire. Les auteurs du texte s'inquiètent de l'utilisation éventuelle d'obus à l'uranium par les Allemands. Dans l'usine d'Oak Ridge, dans le Tennessee, un groupe de travail s'est formé pour envisager les hypothèses d'utilisation. La dispersion de matières radioactives contaminant le sol empêcherait l'avancée des troupes. L'utilisation comme gaz de combat: "Les quantités nécessaires pour provoquer la mort en respirant ces matériaux sont extrêmement faibles. Il n'y a pas de traitement médical connu pour ce genre de blessures." Sont prévues des affections durables des poumons apparaissant des mois après la contamination radioactive, des troubles gastro-intestinaux, des dommages sur la circulation sanguine et les tissus internes. Trente et un plus tard, le secret défense est levé sur ce document. [A:102-103]

- En juillet 1990, un groupe de recherche lié à l'armée des USA publie un rapport où il est écrit que "L'uranium appauvri est un émetteur de radiations alpha de faible intensité qui est lié au cancer quand l'exposition est interne (par ingestion ou inhalation), et que la toxicité chimique provoque des dommages aux reins". [A:103]

L'uranium 238 appauvri contient du plutonium, et reste radioactif 4,5 milliards d'années; il se fixe sur les os, les poumons, les reins le foie, les testicules; il se transmet de la mère à l'enfant par le placenta. Pulvérisé par l'explosion des obus antichar, il est respiré aussi par les soldats qui inspectent les carcasses.

L'uranium appauvri dans les avions de transport

Des années 1960 à 1980, de l'uranium appauvri, pour sa densité de 18,7 kg/dm³, a été utilisé dans la fabrication des avions de ligne comme contrepoids dans les gouvernes de profondeur et de direction, afin d'éviter les vibrations causées à haute vitesse: le "flutter". [B:38] Il y en a ainsi dans les Boeing 747 série 100, 200, 300 et SPN, les McDonnell-Douglas DC-10 et MD-11, les Lockheed C-130 Hercules (transport militaire). [B:38] A la fin des années 1980; Boeing a équipé les Boeing 747 de la série 400 par des contrepoids en tungstène. [B:41]

Le 4 octobre 1992, un Boeing 747-cargo de la compagnie israélienne El Al s'écrase sue la cité Bjilmermeer, près d'Amsterdam. [B:38] Henk van der Keur, du Laka, organisation écologiste néerlandaise, affirme que: "Bien que les autorités de l'aviation civile néerlandaise aient été au courant de la présence d'uranium appauvri, elles n'en ont pas informé les différentes équipes qui sont intervenues sur les lieux. [B:41] Boeing a reconnu que ce 747 renfermait dans sa structure 385 kg d'uranium appauvri, mais 152 kg n'ont pas été retrouvés, vaporisés en microparticules. [B:41]

Le 9 janvier 2001, un technicien responsable des stocks de pièces détachées pour les grandes révisions des avions de ligne d'Air France affirme que sa compagnie possède 7 tonnes d'uranium appauvri, dont 60 % survole chaque jour la France. [B:38]