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Ignác Fülöp Semmelweis et l'asepsie

 

Sources:

[A] Pierre de Puytorac, 1999: Panorama de la biologie d'hier à aujourd'hui (Ellipses).

[B] Thierry Kübler: "Philippe Ignace Semmelweis, la vérité prématurée...", dans La Recherche, Nº 363, avril 2003, p. 44-47.

[C] Jean-Yves Gourdol: "Ignace-Philippe Semmelweis" (perso.club-internet.fr/jgourdol/Medecins/MedecinsTextes/semmelweis.html).

 

 

L'asepsie est l'ensemble des méthodes préventives des maladies infectieuses consistant à empêcher l'introduction de microbes dans l'organisme.

 

Ignác Fülöp Semmelweis est né le 18 juillet 1818 à Buda. Médecin hongrois, il découvrit avant Louis Pasteur le caractère infectieux de la fièvre puerpérale (maladie infectieuse qui survient après l'accouchement) et introduisit l'asepsie pour l'accouchement.

Le 27 février 1846, Semmelweis, récemment diplômé d'obstétrique, est nommé assistant du Pr Klin. [B:44]

À Vienne, deux pavillons, par alternance de 24 heures à accueillent les femmes sur le point d'accoucher. En 1846, la mortalité postnatale des femmes est de 16% dans le pavillon du Pr Bartch, et de 31% dans le pavillon du Pr Klin. [B:44]

Chez Bartch, ce sont les sages-femmes qui s'occupent des femmes, alors que chez Klin, ce sont les étudiants en médecine. [B:45]

En examinant les statistiques antérieures à 1840, époque où les étudiants en médecine ne travaillaient pas dans les hôpitaux et n'étudiaient pas l'anatomie par dissection mais uniquement dans les livres, il apprend que la létalité dans les deux services était identique dans les eux pavillons: 1,25%. [C]

Semmelweis constate la faible mortalité des femmes qui accouchent dans la rue avant d'être transportées à l'hôpital. [B:45]

Semmelweis fait le rapprochement avec les coupure mortelles que se faisaient des étudiants avec des instruments maculés par des dissections, autopsies, coupes de tissus cadavériques. [B:45]

Semmelweis demande que les étudiants se lavent les mains. Klin refuse et le révoque le lendemain, 20 octobre 1846. [B:45]

La mort de son ami le professeur d'anatomie Kolletcha, des suites d'une coupure survenue lors d'une dissection, lui confirme son hypothèse. [B:45]

Avec l'intercession de Skoda, médecin très influent auprès de la cour impériale, Semmelweis fait réaliser dans le pavillon de Bartch l'essai du lavement des mains avec une solution de chlorure de chaux avant tout examen d'une femme enceinte. La mortalité par fièvre puerpérale descend à 0,23%. [B:46]

Mais les étudiants et le personnel hospitalier protestent contre ces "lavages malsains". Le Pr Klin intrigue afin de discréditer son rival. À Amsterdam, Édimbourg, Londres, les éminents professeurs informés de cette nouvelle méthode la rejettent. Scanzoni, qui l'expérimente à Prague, conteste les résultats. À Vienne, seulement cinq médecins renommés, dont Skoda, soutiennent cette procédure révolutionnaire. Il y a une bagarre à l'Académie des sciences de Vienne. [B:46]

Klin déclare: "Monsieur Semmelweis prétend que nous transportons sur nos mains de petites choses qui seraient la cause de la fièvre puerpérale. Quelles sont ces petites choses, ces particules qu'aucun œil ne peut voir? C'est ridicule! Les petites choses de Monsieur Semmelweis n'existent que dans son imagination!" [C].

Le 20 mars 1849, Semmelweis est révoqué une seconde fois et interdit de résidence à Vienne. [B:46]

Skoda le recommande à un poste de premier assistant à la maternité de Pest mais déprimé, il ne va pas rendre au professeur de ce service la visite de courtoisie traditionnelle. [B:46]

Un étudiant de Kiel lui raconte que son professeur, Michaelis, s'est suicidé, se jugeant responsable de la mort par fièvre puerpérale d'une de ses cousines qu'il avait accouchée sans prendre de précaution après avoir soigné d'autres femmes atteintes de fièvre puerpérale. [B:46]

Semmelweis sollicite alors un poste à l'hôpital de Budapest, accordé à condition de ne plus reproduire les scandales de Vienne. Birley, le patron du service, croit que Klin ne purgeait pas méthodiquement ses patientes. [B:46]

Pendant plus de quatre ans, Semmelweis rédige en secret L'Étiologie de la fièvre puerpérale, et il se lave les mains en catimini avant d'examiner ses patientes. Il correspond avec de grands accoucheurs à l'étranger qui ne prennent pas la peine de lui répondre. À la mort de Birley, Semmelweis lui succède. [B:47]

Il publie une "Lettre ouverte à tous les professeurs d'obstétrique" qui attise la polémique. [B:47]

Semmelweis est professeur "en disponibilité" lorsque, le 16 août 1865, il meurt dans la clinique psychiatrique où il avait été hospitalisé quelques jours plus tôt pour septicémie, après s'être piqué avec un scalpel lors d'une autopsie. [B:47; C]

Holmes fait la même découverte que Semmelweis et se heurte à la même hostilité [A:61]

Des millions d'accouchées ont continué, pendant quarante ans, de mourir de la fièvre puerpérale jusqu'à ce que Pasteur et Lister parviennent difficilement à imposer l'asepsie et l'antisepsie.

 

"Aujourd'hui, les esprits vertueux s'indignent de cet acharnement qui vous frappa. Comme si, de nos jours, les passions idéologiques ne biaisaient pas les recherches." p. 46

 

"il se trouvera toujours un obstiné pour regarder autrement et refuser de rentrer dans le rang."

 

Semmelweis découvre qu'en se lavant les mains au chlorure de chaux avant de toucher les femmes en train d'accoucher, on diminue considérablement la mortalité de la fièvre puerpérale, de 10-20% à 1% [A:61].

Combattu par son patron de la maternité de l'hôpital Général de Vienne, le Pr Klin,  il fut exilé à Budapest où il est mort en traitant ses censeurs d'assassins.