Accueil du site

Sommaire des infos

L'informateur

Cont@ct

 

Témoignage d'un cobaye:

une méthodologie scientifique fautive

 

Au printemps 1993, j'ai été cobaye pour Thérapharm, à Boulogne-Billancourt, pour un essai en tant que sujet sain afin de tester des effets secondaires sur l'hypertension d'un antidépresseur de Synthélabo.

Les cobayes gagnaient 1.000 FF pour une journée d'hospitalisation et la loi leur interdisait de gagner plus de 20.000 FF par an.

Lorsqu'on dépassait un niveau de tension artérielle déterminé lors d'une première hospitalisation, on sortait le lendemain de la clinique.

Par ce biais, la durée d'hospitalisation et le paiement étaient variables. Beaucoup de cobayes sont des étudiants en médecine, et ils connaissent assez de choses pour qu'on ne puisse pas parler de double insu.

Il y avait par exemple deux étudiants qui voulaient partir avant le week-end afin d'aller à Amsterdam. Alors que jusque là, afin de rester plus longtemps et gagner plus d'argent, ils feignaient d'avaler les pilules alors qu'ils les gardaient, ils ont absorbé plusieurs pilules, et leur tension est montée à un point dangereux et très douloureux (un à 20, un autre à 21, un troisième à 22).

Moi-même, je voulais gagner le maximum d'argent afin de m'acheter on premier véhicule, et j'approchais d'une hospitalisation à 20.000 FF. Je savais que si je ne faisais pas ma réaction la veille, je resterais dans la clinique sans aucune compensation financière. Des étudiants m'avaient dit que la contraction abdominale augmentait la tension. Heureusement pour moi, je fis la réaction à la limite et pus sortir le jour souhaité.

Quel enseignement tirer de cette expérience?

J'ai appris à l'université, qu'en méthodologie scientifique, on doit éliminer les variables parasites. Il fallait donc hospitaliser tous les cobayes la durée maximale et les payer au maximum, 20.000 FF. Par radinerie envers des cobayes sous-payés (41,67 FF par heure), prenant des risques sanitaires, avec des contraintes pénibles (incarcération, alimentation contrainte, prélèvements biologiques), ce n'est pas ce qu'ils ont fait.

Pourtant, j'avais pu voir par ailleurs à quel point Synthélabo (dont Philippe Pignarre était le responsable de la communication) faisait des dépenses somptuaires, à travers des opérations de communication à travers l'édition de la collection Les Empêcheurs de penser en rond, dans de grandes salles prestigieuses, avec des cocktails copieux et coûteux, des distributions de livres. Avec l'argent récolté sur le dos des malades, de la Sécurité Sociale, et qu'ils distribuent ostensiblement en publicité, rognant sur les dépenses scientifiques fondamentales.

 

12294e journée.

 

______________________________________

 

 

 

Participation à l'émission de Laurent Ruquier On a tout essayé du lundi 20 mars 2006 sur France 2.

 

 

L'assistante de Laurent Ruquier, Andréa, m'a trouvé par mon témoignage sur mon site internet que j'ai mentionné à la fin, ce qui a malheureusement été coupé au montage. L'enregistrement a duré 28 minutes, dont la moitié seulement a été diffusée.

A été coupée la deuxième anomalie que je mentionnais lors de ma première étude: le fait qu'on nous a fait une quarantaine de prises de sang en nous trouant à chaque fois au lieu de nous laisser un cathéter qui aurait été moins douloureux.

Je n'ai pas été assez clair à propos du problème de l'exclusion des non "caucasiens": les tests sont faits pour une autorisation de mise sur le marché en France; or, en France, il n'y a pas que des "caucasiens" qui utilisent des médicaments en France; donc, il y avait une discrimination raciste dans les tests.

J'ai oublié de préciser que lors de ma deuxième étude, les cobayes qui avaient accumulé les médicaments étaient monté jusqu'à 22 de tension, dans d'affreuses douleurs, avec l'impression que leurs yeux allaient exposés. L'équipe médicale était très nerveuse avec ce test foiré par leur souci d'économiser des bouts de chandelle alors que le budget communication du laboratoire commanditaire (j'en profitais) était énorme.

[22 mars 2006]

 

 

Le 6 décembre 2010, je reçois un mail d'une phyto-aromathérapeute, Christel, qui m'informe sur Hervé Allain :

 

« Pour répondre à votre interrogation sur Hervé Alain...

Pas compliqué ce nom me disais quelque chose :

 

Cette société est un centre de phase 1 testant sur des cobayes volontaires... dont le siège social est à Rennes et qui a des filiales un peu partout.

Quel hasard n'est ce pas !

Nous pouvons en tirer les conclusions qui s'imposent, pensez en ce que vous voulez, je souhaitais juste apporter un peu d'info à ce sujet :).

J'ai quitté ce domaine (10 ans de recherche) suite à un passage éclair dans un de ces centres... mon sens de l'éthique était semble-t-il trop poussé... »

 

On peut lire sur cette page :

 

« Implantée sur le site de Rennes-Atalante à Villejean, la société Biotrial s'est spécialisée dans les études pré-cliniques et cliniques d'évaluation de médicaments, notamment dans deux domaines particuliers : la neurologie et la pharmacologie du vieillissement.
 

Créée en août 89 par Jean-Marc Gandon, pharmacien de formation, sous l'impulsion d'Hervé Allain et de Jacques de Certaines, cette société rennaise est, avec Bioprédic, l'une des rares entreprises françaises à avoir réussi un transfert de technologie, de l'université vers l'industrie. Employant aujourd'hui 20 salariés dont une dizaine de chercheurs, elle réalise un chiffre d'affaires de 7,8 millions de francs (50 % en France, 45 % en Europe et 5 % aux USA). »

 

 

 

Suite à la mort d'un cobaye français lors d'un test mené par la firme portugaise Biotrial, William, de La Nouvelle Edition sur Canal Plus, me téléphone le lundi 18 janvier 2016, après m'avoir sollicité par texto;.

« Bonjour Luca,
Auriez-vous une dizaine de minutes à nous accorder cet après-midi pour enregistrer une séquence pour le plateau de demain midi? Nous aimerions recueillir votre témoignage sur les anomalies lors de vos test et sur le côté biaisé des résultats?
On peut se déplacer là où vous vous trouvez.
Merci beaucoup 
William La Nouvelle Edition »

Le mercredi 20 janvier, la journaliste Camille Corvest vient m'interroger. avec deux techniciens Elle connait beaucoup moins le dossier que William qui l'a brièvement brieffé. Je fais mon exposé très critique.

Une vingtaine de minutes plus tard, elle vient sonner chez moi (j(avais oublié de reconnecter mon téléphone), car son assistante a remarqué que j'enregistrais (j'avais mis une caméra sur un tripode sur la table, en évidence donc, afin d'avoir l'intégralité de l'enregistrement qu'ils exploiteraient et monteraient  à leur guise. Elle dit que j'aurais dû lui demander l'autorisation (alors qu'on voit souvent sur sa chaîne diffuser des séquences journalistiques enregistrées à l'insu des protagonistes, et que a caméra n'était même pas cachée). Elle revient encore plusieurs minutes après me demander de ne pas diffuser cet enregistrement..

Le jeudi 21 janvier, les animateurs interrogent en direct un cobaye, Jean-Philippe Couturier, qui a fait plusieurs tests récents chez Biotrial, et insiste sur leur « sérieux » (deux fois, à 3mn56s et 5mn08s). Une interview d'« Anne Laude, doyen de la faculté de droit de Paris Descartes, auteur de Essais cliniques, quels risques? », est aussi diffusée, qui a le même discours sans aucune critique. En voici la courte intégralité:

« Ces risques sont largement encadrés, puisque ce que l'on cherche avant tout, c'est assurer la sécurité des personnes qui se prêtent à ces recherches biomédicales. C'est tellement rare, donc, c'est quand même que c'est bien encadré, et que ça fonctionne généralement très bien. ».

Rien de mon interview n'est diffusé. En conclusion, circulez, il n'y a rien à voir. On ne comprend rien (après plus de trois jours d'"enquête"), et c'est advenu, on doit inférer que ça doit être la faute à pas de chance, ou que c'est mystérieux.

La séquence est intitulée « Quand les labos dérapent » :

http://www.canalplus.fr/c-emissions/c-la-nouvelle-edition/pid6850-la-nouvelle-edition.html?progid=1349423