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 L'amiante ou un siècle de mensonges

 

Sources:

[A] Georges Golbérine: "Amiante, victoire sur l'oubli", dans Sciences et Avenir, avril 2002, p. 7-8.

[B] Patrick Herman: "Dans l'enfer blanc de l'amiante (Un crime social parfait)", dans Le Monde diplomatique, avril 2002, p. 30-31.

[C] "La recherche avance... le cancer aussi"; dans Télérama, nº 2823, 18 février 2004, p. 8-13.

[D] José Bourgarel: Cent mille cercueils : le scandale de l'amiante, France 2, Infrarouge, jeudi 28 janvier 2010.

 

L'amiante est un matériau d'isolation incombustible efficace et peu onéreux.

En 1906 Denis Auribeault, inspecteur du travail, affirmait le danger de l'amiante dans le journal professionnel des inspecteurs du travail, après ses constatations d'asbestose (fibrose causant une insuffisance respiratoire grave) chez les travailleurs d'une filature de Condé-sur-Noireau, dans le Calvados: une cinquantaine d'ouvrières sont ainsi mortes entre 1890 et 1895. [A:7]

En 1918, des firmes d'assurance refusent d'assurer des ouvriers dans l'amiante. [D]

En 1933 en Grande-Bretagne, le Dr Gloyne décrit des cas de cancers bronchiques causés par l'amiante. [A:7]

Le 3 juillet 1937, à cause des risques sanitaires, cinquante-six riverains protestent par pétition au projet d'installation d'une usine d'amiante à Aulnay-sous-Bois par le Comptoir des Minéraux et Matières Premières. Assurant qu'il s'agit d'«un minéral absolument inerte», le CMMP, qui travaille pour la défense nationale, obtient l'autorisation. Durant des décennies, des ouvriers et riverains (dont d'anciens élèves d'une école à une cinquantaine de mètres) en mourront. [B:30]

En 1964, le Pr Irving Selikoff, de l'École de médecine du Mont-Sinaï à New York établit la causalité des fibres d'amiante sur le cancer du poumon. [A?]

En décembre 1974, ignorants des dangers de l'amiante, des ouvriers de l'usine Amisol de Clermont-Ferrand décident d'occuper l'usine à l'annonce de la fermeture de l'usine et du licenciement collectif. En février 1976, Henri Pézerat, toxicologue, directeur de recherche au CNRS, vient de Paris, où le collectif Jussieu s'insurge contre la présence massive d'amiante dans la faculté des sciences, à la suite de quoi les ouvrier. ???????????????????????????

En 1975, il y a 12 morts en trois mois à Clermont-Ferrand; il y a peu de mesures de Raymond Barre et de Simone Veil qui, sollicités par l'émission Thalassa sur France 3 en 2002[?] refusent de s'exprimer. L'ancien ministre de la Santé Jack Ralite refuse aussi de s'y exprimer.

En 1982, les industriels de l'amiante créent et financent le Comité Permanent Amiante (CPA), dont, selon le toxicologue Henri Pézerat, «la stratégie est de contrôler le discours scientifique en insinuant le doute sur l'importance du risque». Son principal argument est que l'amiante n'est dangereux que s'il est utilisé sans précaution. L'ancien député André Aschieri décrit comment les recherches sur la nocivité des substances nouvelles sont menées par les industriels eux-mêmes et non par l'État ou des organismes indépendants. Il écrit qu'en 1978, la Direction générale de la Santé disposait déjà d'un registre des mésothéliomes montrant le nombre élevé de victimes de l'amiante dans les métiers du bâtiment, de la construction navale, de la métallurgie, ou reliés au bricolage et à certaines appareils ménagers. Il accuse la Direction des relations au travail, du ministère du Travail, d'avoir entériné le problèmes, car «Les industriels sont très influents, faisant parfois nommer leurs propres cadres à la direction des services administratifs et trouvant toujours une oreille très attentive dans les cabinets ministériels» [C:11].

Le 20 novembre 1975, le Pr Jean Bignon écrit à propos de Jussieu: «Je pense qu'on a pas le droit d'attendre pendant des années des preuves plus convaincantes pour remédier à la pollution à l'intérieur de tels locaux.» Mais, devenu chef de service de pneumologie de l'hôpital intercommunal de Créteil en 1982, il participe à la création du CPA, piloté par le lobby de l'amiante avec un cabinet de communication, et qui va gérer le dossier amiante en France une quinzaine d'années avec la bénédiction des gouvernements. Jean Bignon, alors membre du groupe de recherche et d'étude sur les affections respiratoires et l'environnement de l'hôpital Henri-Mondor à Créteil, cautionne l'industrie canadienne qui prétend «supprimer la toxicité de l'amiante en modifiant sa surface» («Un nouvel avenir pour l'amiante», Le Monde, 8 juin  1984), car l'Institut de l'amiante canadien tente de réhabiliter le chrysolite, variété d'amiante présentée mensongèrement comme quasi inoffensive. Dirigeant la clinique de pathologie respiratoire de Créteil, et appartenant à l'unité Inserm 139, il assure en janvier 1990 à un colloque international de  l'Association brésilienne: «L'amiante, s'il est utilisé correctement, est inoffensif». Finalement, lorsque l'interdiction de l'amiante par le gouvernement français s'annoncera, il dira: «Nous aurions dû collectivement nous opposer à la création du CPA» («Une expertise officielle admet que l'amiante causera au moins 190 décès en 1996», Le Monde, 3 juillet 1996). [B:30]

Le Pr Patrick Brochard, universitaire à Paris-XII, pneumologue, spécialiste des pathologies professionnelles, chercheur à l'Inserm, défend «l'usage contrôlé de l'amiante» (dans Santé et travail, revue éditée par la Fédération nationale de la mutualité française, avril 1994), puis cosigne en juin 1995 avec Jean Bignon une lettre à Pierre-André Périssol, alors ministre du logement, où est écrit que «En toute objectivité, le CPA [...] a fait du très bon travail pendant les treize dernières années»; ceux qui réclament l'interdiction de l'amiante «utilisent la situation actuelle pour inquiéter les populations. [...] Il ne nous paraît pas opportun de prendre des décisions hâtives dans le conteste actuel.»

Le Pr Étienne Fournier, président de la commission des maladies professionnelles au Conseil supérieur de la prévention des risques professionnelles, directeur du Centre antipoison Fernand-Widal à Paris, professeur de clinique toxicologique, membre de l'Académie de médecine, médecin-conseil (en particulier à Air France), patronne en 1977 le colloque «Amiante et cancérogenèse humaine», avec pour but pour le lobby patronal, de reconquérir les milieux scientifiques et médicaux. Le Pr Jean Roujeau, de la faculté de médecine Lariboisière–Saint-Louis, lui écrit le 2 mai 1977: «J'espérais qu'il s'agissait d'un colloque scientifique à but désintéressé. Or je viens d'apprendre que l'organisateur réel du colloque est la chambre syndicale patronale de l'amiante. [...] Je ne peux accepter que mes propos [...] puissent être déformés et utilisés par des patrons dont le seul intérêt est de faire fabriquer et vendre leurs produits avec le maximum de bénéfices.». Après le symposium mondial sur l'amiante de mai 1982, Fournier parraine avec Dominique Moyen, alors directeur de l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), la création du CPA, qui sera dissous subrepticement peu avant l'interdiction de l'amiante. Fournier fait adopter par l'Académie nationale de médecine un rapport publié en août 1996, où les estimations de mortalité sont fantaisistes, où sont niées les maladies hors exposition professionnelle, sous-estimation du rôle de l'amiante comme cause des cancers du poumon. Une plainte contre lui pour publication et diffusion de fausses nouvelles sera classée sans suite mais peu après, le Pr Fournier sera expulsé de la commission des maladies professionnelles. [B:30]

Les premières interdictions sont en Europe nordique.

En décembre 1996, la France est le huitième pays à interdire l'amiante.

Au Canada, grand producteur d'amiante, le seuil de tolérance est cent fois supérieur de celui de la France.

Le 28 février 2002, en France, la Cour de cassation confirme la "faute inexcusable" des marchands d'amiante Éternit, Éverite, Valéo, Ascométal, Bendix qui voulaient faire croire qu'ils ignoraient les dangers de l'amiante avant 1977, date de la première loi anti-amiante. [A]

En 1997, l'amiante est interdit en France, cinq ans après la directive 91632 qui l'interdit en Europe. La France est alors attaquée par le Canada, gros producteur, devant l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour obstacle au commerce, et perd.[C:11]

Après la décision de la cour d'appel d'Aix en Provence, qui reconnaît en mai 2000 la «faute inexcusable» des employeurs pour neuf salariés de La Seyne, Me Philippe Plichon, avocat du Mouvement des Entreprises de France (Medef) et d'Éternit, proteste: «La plupart des jugements vont dans le sens d'une mutualisation du risque, en faisant payer la communauté des employeurs par le biais de la branche accidents du travail de la Sécurité sociale. Une loi d'indemnisation des victimes de l'amiante aurait été plus juste.». [B:31]

Le 23 octobre 2001 est créé par décret le Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (FIVA), financé à 75 % par la branche accidents du travail et à 25 % par l'État. Mais l'indemnisation varie de 1 à 5 entre les cours d'appel. [B:31]

 À Clermont-Ferrand s'est installé vers 2001 un laboratoire d'analyse pour poussières, fibres et autres particules, LHCF Environnement, avec pour PDG Daniel Bouige, ancien secrétaire général de la chambre patronale de l'amiante et membre du Comité Permanent pour l'Amiante (CPA) au titre de l'Asbestos[?] International Association. [B:30]

Le 15 janvier 2002 à Londres, les 7.500 mineurs sud-africains qui ont porté plainte contre la multinationale Cape Astestos[?] qui a exploité l'amiante durant 90 ans en Afrique du Sud, gagnent une indemnisation de 21 millions de livres Sterling. [B:31]

En Amérique latine, au Brésil en particulier, des multinationales concertées proposent à des victimes pauvres le paiement de soins médicaux minimaux contre le renoncement à toute action juridique. [B:31]

 

 

Pont-à-Mousson, Saint-Gobain (encore au Brésil) [Thalassa]