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L'alimentation humaine

 

Sources:

[A] Thierry Souccar: "Mangez préhistorique", dans Science et avenir, nº 651, mai 2001, p. 82-84.

[B] "L'Afssa et l'éthique", dans Sciences et Avenir, nº 651, mai 2001, p. 30.

[C] Thierry Souccar: "Soupçon sur les céréales raffinées", dans Science et avenir, nº 640, juin 2000, p. 58.

 

Alors que les mutations spontanées de l'ADN du noyau cellulaire est d'environ de 0,5 % par million d'années, l'organisme humain n'était pas adapté aux deux bouleversements alimentaires qu'ont causé l'agriculture il y a 10.000 ans, et l'industrialisation agro-alimentaire depuis un siècle. [A:82]

L'alimentation préhistorique était composée jusqu'à 70 % de produits de la cueillette mangés eu après la cueillette et sans transformation: fruits, légumes, plantes et baies sauvages, rhizomes. Les plantes sauvages étaient plus abondantes en protéines, en vitamines, minéraux et composés phytochimiques que les céréales domestiques modernes. Le Dr Boyd Eaton (université Emory, Atlanta, USA) estime qu'il y avait alors un apport de 3 à 10 fois plus de vitamines que dans l'alimentation moderne, et que l'on ingérait quotidiennement 600 milligrammes de vitamine C, soit 6 fois les apports officiellement conseillés, jusqu'à deux fois plus de calcium que les doses recommandés, et 4 fois plus de potassium que maintenant. [A:82-83]

Les animaux mangés par les humains se nourrissaient eux-mêmes de plantes sauvages qui leur faisaient une viande maigre dont le taux de graisses ne dépassait pas 4 % au lieu des 25 % présents, selon le Dr Artemis Simopoulos (Washington, USA), ce qui réduit les risques de maladies coronariennes et l'obésité (Pr Bernard Jacotot, hôpital Henri-Mondor, Créteil). Boyd Eaton en infère que l'alimentation paléolithique comportait 22 % de matières grasses, soit 8 % de moins que les apports conseillés. Il y avait égalité des apports d'acides gras oméga 3 et oméga 6, alors que l'on consomme maintenant 20 fois plus d'oméga 6 que d'oméga 3. Ils ne consommaient aucun laitage et ingéraient deux à trois fois moins de graisses saturées que maintenant. [A:84-85]

Le Dr Bruno Mercier affirme que l'homme préhistorique était grand (1,70 à 1,80 m), sans caries, sans goutte (malgré un régime très carné), avec peu de traces de pathologies infectieuses, d'ostéoporose ni de carences nutritionnelles. [A:84]

Vers -19.000 ans apparaît la cueillette des céréales et légumineuses sauvages (blé amidonnier, orge, lentilles) qui seront progressivement domestiquées jusqu'en -9000 ans, et qui sont pillées avec des meules dans les maisons, et avec lesquelles on prépare du pain bluté. Avec les farines apparaissent les premières caries, à cause des carences causées par le raffinage et l'acide phytique des céréales (un composé antinutritionnel qui retient les minéraux). Comme la part de la viande et des protéines diminue, la taille moyenne des humains baisse. [A:84]

Par ailleurs, une analyse combinée de plusieurs études épidémiologiques faites en Italie entre 1983 et 1993 a confirmé que la consommation importante de céréales raffinées est corrélée à un risque accru de cancers digestifs, du pharynx, du larynx et de la thyroïde (American Journal of Clinical Nutrition, 1999, 70 : 1107-1110; C]

Le Pr Walter Willett (Harvard) affirme que le lobby agro-alimentaire a amené à ce que féculents, farineux et laitages soient le socle des recommandations officielles. Aux USA une association de médecins poursuit en justice le ministre de la Santé à cause des liens qui unissent à l'industrie agro-alimentaire six des onze nutritionnistes  en charge des recommandations alimentaires aux USA. [A:85]

En France, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a confié la rédaction de ses recommandations sur le calcium à Léon Guéguen, qui est membre du Conseil scientifique du laitier Candia; et le ministère de la Santé a lancé le 31 janvier 2001 son Programme Nutrition Santé pour prévenir les maladies chroniques par des conseils alimentaires en la confiant au Dr Serge Hercberg, nutritionniste à l'Afssa et membre du Conseil scientifique Candia et du Comité scientifique des meuniers français. [A:85]

L'article L-794-5 du Code de la santé publique établit que les membres des commissions et conseils, ainsi que les collaborateurs occasionnels, doivent adresser "au directeur de l'agence une déclaration mentionnant leurs liens, directs ou indirects, avec les entreprises ou établissements dont les produits entrent dans son champ de compétence, ainsi qu'avec les sociétés ou organismes de conseil intervenant dans ces secteurs. Cette déclaration est rendue publique". Or l'Afssa n'a pas demandé aux experts extérieurs ayant formulé des recommandations dans ses Apports nutritionnels conseillés de lui signaler leurs liens éventuels avec des intérêts susceptibles d'interférer avec leur mission. L'article L-794-5 précise que ces personnes ne peuvent traiter des questions dans lesquelles elles auraient un intérêt direct ou indirect, la prise illégale d'intérêts pour une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public étant sanctionnée par l'article 432-12 du code pénal (5 ans de prison et 500.000 F d'amende). Anticipant la menace, le service de communication de l'Afssa répond que l'édition des Apports nutritionnels conseillés ne "constitue pas un avis de l'Agence". [B]