L'affaire
Patrice Alègre à Toulouse
Sources:
[A]
Arnaud Viviant: «Peur sur la ville», dans Les
Inrockuptibles, Nº 397, 9-15 juillet 2003, p. 26-32.
[B]
Géraldine Sarratia: «Six ans d'enquête», dans Les
Inrockuptibles, Nº 397, 9-15 juillet 2003, p. 30-31.
[C]
Ariane Chemin: «Deux autres ex-prostituées, Nadia et Isabelle, se constituent
parties civiles dans l'affaire Alègre», dans Le
Monde, 22-23 juin 2003, p. 9.
[D]
Éric Decouty et Thierry Portes: «"Patricia" soupçonnée de
manipulation, "Fanny" avoue avoir obéi à des pressions», dans Le
Figaro, 19 juin 2003, p. 8.
[E]
Éric Decouty et Thierry Portes: «Le "vrai-faux" dessaisissement de
Nicole Bergougnan», dans Le Figaro,
19 juin 2003, p. 8.
[F]
«Un nouveau revirement dans l'affaire Alègre», dans Métro,
3 juillet 2003, p. 2 (dépêche AFP).
[G]
François Labrouillère et Ugo Rankl: «Affaire Alègre: le réseau qui fait
trembler Toulouse», dans Paris Match,
Nº 2819, 29 mai-4 juin 2003, p.88-93.
[H]
Patricia Tourancheau: «Baudis en victime chez le juge», dans Libération,
27 juin 2003, p. 2.
[I]
Patricia Tourancheau: «Reculs et avancées d'une saga sordide», dans Libération,
27 juin 2003, p. 2-3.
[J]
Patricia Tourancheau: «Toulouse: notables en mauvaise passe», dans Libération,
23 mai 2003, p. 16.
[K]
Patricia Tourancheau: «Affaire Alègre: travelling arrière», dans Libération,
23 mai 2003, p. 16.
[L]
François Labrouillère et Ugo Rankl: «Alègre est un calculateur pervers»,
dans Paris Match, Nº 2820, 5-11 juin
2003, p.82-83.
[M]
Laurent Chabrun, Éric Pelletier et Jean-Marie Pontaut: «La terrible affaire de
Toulouse», dans L'Express, Nº 2709,
5-11 juin 2003, P. 8-14,
https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/la-terrible-affaire-de-toulouse_495979.html
[N]
Ariane Chemin et Gérard Davet: «Les trois étranges crimes du tueur en série
classés comme suicides». dans Le Monde, 12 juillet 2003, p. 7.
[O]
Ariane Chemin et Gérard Davet: «Les cinq pistes des enquêteurs pour vérifier
les alibis». dans Le Monde, 12
juillet 2003, p. 7.
[P]
Ariane Chemin et Gérard Davet: «Un enchevêtrement de plaintes et de
personnages». dans Le Monde, 12
juillet 2003, p. 7.
[Q]
Ariane Chemin et Gérard Davet: «L'affaire Alègre risque de tomber sous le
coup de la prescription». dans Le Monde, 12 juillet 2003, p. 7.
[R]
Frédéric V...rd: «Six femmes à l'origine du scandale», Le Parisien 15
juillet 2003
[S]
Patricia Tourancheau: «Affaire Alègre: Bourragué reçu aussi comme
"victime"», dans Libération,
3 juillet 2003, p. 16.
[T]
Éric Decouty et Thierry Portes: «Les juges toulousains sur la piste d'un
nouveau présumé proxénète», dans Le Figaro, 15 juillet 2003, p. 8.
[U]
Patricia Tourancheau: «Les dérapages incontrôlés de la justice toulousaine»,
dans Libération, 23 juillet 2003, p.
4-5.
[V]
Philippe Berti: «Dominique Baudis: le document qui dérange», dans VSD,
22-28 mai 2003, p. 10-12.
[W]
Philippe Cohen-Grillet: «Les dossiers noirs de la ville rose», dans VSD,
29 mai-4 juin 2003, p. 14-18.
[Y]
Jean-Marc Ducos: "Un magistrat fantôme", dans Le
Parisien, 29 décembre 2003, p. 13.
[Z]
Michel Roussel: Homicide 31 (Au cœur de l'affaire Allègre) (Denoël,
2004) [index].
[AA]
Gérard Davet: Un psychiatre estime que "Fanny" est "crédible
dans ses dires"; Le Monde, 14 février 2004, p. 12.
[AB]
Jean-Marc Ducos: La police des polices décortique la mort d'Hadja, dans Le
Parisien, 10 mars 2004.
+[AC] Pièces
à conviction: Affaire Alègre: l'enquête scandaleuse, 31 janvier 2004, France
3.
Autres informations:
"Perben, Baudis, Alègre, un nouveau volet révélé par les
enfants de feu le magistrat Pierre Roche - Exclusif : Révélations Publiques d’un
nouveau pan de l’affaire Alègre resté inconnu jusqu’à ce jour - Nouvel entretien
avec les enfants du magistrat Roche, dévoilant les dernières confidences de leur
père peu avant sa subite disparition", vendredi 9 septembre 2005
En avril 1985,
Patrice Alègre est arrêté pour un vol de mobylette et ses empreintes
digitales relevées [M:12]
Le 30 novembre 1987,
en rentrant de l'école, un petit garçon découvre le cadavre de sa mère Hadja
Darolles-Ben Youssef baignant dans le sang, un couteau de cuisine en travers du
cou, une corde avec deux nœuds complexes autour du cou, et une couche-culotte
dans la bouche. Le 1er décembre 1987, les médecins légistes Pierre-Marie
Bras et Danièle [X] Alengrin (toujours en activité au CHU Rangueil de Toulouse
en juillet 2003) concluent après autopsie que «la défunte, après avoir essayé
dans un premier temps de s'entailler la gorge avec un couteau, avait pu tenter
de se pendre à l'aide de la cordelette, puis, n'y parvenant pas, se planter le
couteau de cuisine à travers la gorge». La couche-culotte renforce la thèse
du suicide puisque le bridge de la morte n'est «pas cassé, ce qui se serait
vraisemblablement passé si l'enveloppe plastique avait été mise de force dans
la bouche de la victime». Fin 1989, la famille obtient l'ouverture d'un
complément d'enquête, et dans leur procès-verbal de synthèse, les gendarmes
notent le 28 février 1991 que les personnes [l'] ayant côtoyée dans son
milieu familial comme dans son milieu professionnel la décrivent comme étant
une fille dynamique et gaie». «Une demi-heure» avant la découverte du corps,
elle évoquait encore son projet de nouvelle maison qu'elle souhaitait
construire. «La poignée de la fenêtre à laquelle Hajda aurait essayé de se
pendre se trouve à 1,90 m du sol. Ceci obligeait Hadja Darolles, 1,50 m, à
utiliser un tabouret pour y accéder.» Hors il n'y a aucun tabouret à proximité.
«Les clichés laissent apparaître des traces de sang sur l'escalier donnant
accès à l'appartement des Darolles.» [N] Selon sa sur Sén[o?]ussia Clément,
l'inspecteur de la sûreté Louis F. aurait dit à leur père que même s'il «lui
amenait l'assassin et s'il avouait», il continuerait à défendre «la thèse
du suicide» [AB].
Le 27 février 1989,
Valérie Tariote, 21 ans, ex-serveuse au buffet de la gare Matabiau, est retrouvée
uniquement vêtue d'un tee-shirt, les mains attachées par un lacet [N], bâillonnée
par un foulard serré derrière la nuque, un autre enfoncé très profondément
dans la gorge, et sa tête reposant sur une casserole de sang, son slip déchiré
coincé entre le mur et le lit [N], et des boîtes de neuroleptiques à ses
côtés. Cinq jours auparavant, le gardien de l'immeuble avait trouvé dans
le local à poubelle son sac à dos jeté contenant ses papiers d'identité [N],
des cotons de démaquillage imbibés de sang, une chaussure de tennis sans lacet
et un cendrier en verre sur lequel sont visibles des empreintes digitales.
Les empreintes digitales ne seront pas comparées à d'autres [M:12]. Les médecins
légistes Pierre-Marie Bras et Danièle Alengrin concluent que la trace sur le
cou est une «pliure naturelle» [N]. Le médecin légiste, qui a trouvé des
traces de chlorophorme [M:14] conclut «au suicide par intoxication médicamenteuse.»
[I:2; M:12] Les policiers du SRPJ de Toulouse chargés de la même enquête
écrivent que «Le suicide ne peut pas être remis en question». [A:32] Après
le dépôt d'une plainte pour assassinat par la mère et l'oncle de Valérie, la
juridiction ouvre une information judiciaire confiée à une magistrate
toulousaine; les spécialistes de la police judiciaire sont saisis, et sans
qu'aucun travail de fond ne soit effectué, ils renvoient en octobre 1989 le
dossier à la juge en concluant aussi au suicide, louant même l'enquête «complète
et minutieuse» de leurs collègues de la sûreté urbaine; et la juge clôt
l'affaire par un non-lieu en octobre 1990, décision validée définitivement en
1991 par la chambre d'accusation. [M:12]
Le 23 septembre
1990, dans une zone industrielle de Cintegabelle en Haute-Garonne, est trouvé
le cadavre d'Édith Schleichardt, 23 ans, le blouson remonté sur la poitrine,
le slip et les collants baissés, une bombe lacrymogène coincée entre les
cuisses. Aucun médecin légiste ne va sur place, mais le substitut du procureur
Marc Bourragué y est présent, comme l'atteste une photo [Z:102]. L'autopsie de
Pierre-Marie Bras et Danièle Alengrin ne mentionne aucun prélèvement
biologique et ils ont délivré le permis d'inhumer avant que le rapport
toxicologique leur soit transmis. Ils concluent à un suicide par intoxication médicamenteuse.
Le procès-verbal de synthèse comporte de nombreuses erreurs de date qui n'ont
pas été relevées. La gendarmerie de Muret conclut au suicide ainsi que le
juge d'instruction Jean-Paul Garraud (devenu depuis député UMP de Gironde).
Dans ses dépositions, Patrice Alègre a dit "avoir pris une
auto-stoppeuse" entre l'Ariège et Toulouse à l'époque de cette mort, et
Édith a été vue faire de l'auto-stop le 18 septembre à Saverdun en Ariège.
[X]
L'ex-prostituée
surnommée Patricia affirme avoir été prostituée à l'âge de dix-neuf ans
(vers 1989) par le proxénète algérien Lakhdar Messaoudine, qui utilise
Patrice Alègre, fils de policier, et serveur en 1987 à la cafétéria du
commissariat [J], comme «essayeur» et «dresseur». Patricia dit avoir recruté
une trentaine de filles, souvent mineures, fugueuses. [G:92]
Patricia affirme que
lors de son vingtième anniversaire, le 20 novembre 1990, Dominique Baudis,
maire de Toulouse, participait avec elle, Alègre et Messaoudine, à une
partouze à quatre à Toulouse.
À l'automne 1991,
Laurence, 17 ans, qui se prostitue depuis 4 ans à Toulouse, accepte des
relations sexuelles avec le policier Lionel Ziegler afin qu'il libère de la
prison son compagnon Maurice L. accusé de «proxénétisme aggravé». Sur le
conseil de deux amies, Laurence appelle l'IGPN. Son interlocuteur téléphonique
lui conseille de continuer à voir Ziegler en lui disant qu'elle serait sur écoute
téléphonique. Il n'y a aucune convocation officielle de Laurence pour prendre
sa déposition et Ziegler, prévenu, ne la contacte plus. Il est muté à
Blagnac. Le 28 novembre 1991, elle a raconté les mêmes faits à Jean-François
Curvalle, responsable de l'association d'aide à l'enfance en difficulté
Sauvegarde 31, qui les a consignés sur procès verbal. [U:4]
En décembre 1991,
«la Puce» (sauf selon Patricia qui dit que c'est une autre fille [T]), seize
ans, enceinte, débute depuis quelques jours dans la prostitution, mais pas
assez efficace, Messaoudine et Alègre l'emmènent avec Patricia et Line
Galbardi dans un bois au bord du lac de Noé [K] près de Saint-Gaudens.
Patricia tente de persuader «la Puce» de se laisser «essayer et dresser»
comme elle-même l'a vécu, c'est-à-dire de subir des sévices sexuels, brûlures
de cigarette, tortures à la lame de rasoir. «La Puce» refusant, Messaoudine démolit
son visage à coups de poing pendant qu'Alègre l'«essaie», mais il finit par
l'étrangler. Messaoudine va chercher un seau et du ciment dans le coffre de sa
voiture, et après avoir cimenté les pieds du cadavre, ils le jettent dans le
lac. [G:92] Patricia dit que quatre autres jeunes femmes auraient été «cimentées»
par les deux hommes. [G:92]
Quelques jours après,
Line Galbardi raconte cet «essayage» et meurtre à un policier de la brigade
des mœurs, l'inspecteur Lionel Ziegler. [G:92; J]
Dans la nuit du 2 au
3 janvier 1992, Line Galbardi est assassinée à l'hôtel de l'Europe, chambre
24, boulevard de Bonrepos à Toulouse, sous les yeux de "Fanny"
(Florence Khélifi) et "Patricia". [D; G:90; J] Patricia affirme qu'elle
a désigné Line du «regard» à Messaoudine, qui, informé par l'inspecteur
Lionel Ziegler voulait savoir qui s'était confié à lui. [K].
Le lendemain, les
policiers de la sûreté présents, les commandants de police Jean-Pierre Zerr,
Jean-Claude Jolibert et leur patron le commissaire Gérard Athier, mentionnent
six fois dans les procès-verbaux le déplacement de "monsieur le procureur
de la République" sans le nommer [Y]. Marc Bourragué, substitut du
procureur au parquet financier (de 1989 à 2002), se mêle de l'enquête sur le
meurtre en se rendant sur les lieux à l'hôtel de l'Europe, alors qu'il n'est
pas de permanence (le tableau des permanences disparaîtra, mais la magistrate
Brigitte Grosjean [Y] a confirmé que c'était elle qui était de permanence)
[U:5; G:92:93]. Comme il y a un journal local de Perpignan dans la chambre, la
police privilégie l'hypothèse d'un assassinat par un client de passage de
cette région [M:9]. L'affaire est classée sans suite. [G:93] À la même époque,
Alègre a vécu trois mois dans cet hôtel avec Laurence [U:5].
Le 24 janvier 1992,
Nadia dénonce son proxénète qui lui a volé 40.000 F et veut l'emmener à
Marseille. Messaoudene est emprisonné le 25 pour proxénétisme aggravé, sur réquisitoires
de Bourragué, et le 28, il est interrogé par les gendarmes. Le PV d'audition
disparaîtra [U:5]. Condamné à 3 ans de prison, il est expulsé en Algérie en
juin 1994, selon lui afin qu'il ne parle pas: «Sur ma première condamnation,
le gendarme L. m'a auditionné, il m'a demandé de me taire. J'ai été manipulé
par une société pourrie.» [U:5]
Le 25 février 1992,
Claude Martinez, travesti de 47 ans, est tué de vingt-deux coups de couteaux à
son domicile. [L:82, G:92] L'affaire est classée sans suites.[G:93]
Dans les années 1990, trois travestis du quartier Arnaud Bernard (où vivait Claude Martinez) sont brûlés vifs dans un incendie criminel.
[A:32]
L'écoute téléphonique
judiciaire du 7 novembre 1996 à 21h14 enregistre la conversation d'Anita
Brumark (plus tard condamnée pour proxénétisme) et d'une prostituée de son réseau
parisien démantelé: Wafaa (37 ans en 2003, domiciliée à Paris), orthographiée
«Vafa» sur les écoutes, qui parle de Dominique Baudis comme d'un client «sûr»
de Toulouse qui «monte une fois par semaine ou tous les quinze jours» [J]:
«V: [...] À toi je
peux le dire... je vois Dominique BAUDIS de temps en temps
A: Qui?
V: Dominique BAUDIS
A: Qui c'est?
V: C'est un homme
politique avant tout
A: Ha bon?!
V: Et je le vois de
temps en temps parce qu'il est de TOULOUSE. Et il monte une fois par semaine,
des fois tous les quinze jours. Et la dernière fois quand tu m'as appelée c'était
lui. Et là quand c'est lui je peux pas dire non
A: Ah d'accord!
V: Parce que quand
il monte à Paris, il faut que je sois dispo quoi. Et lui je peux pas le rater,
parce que c'est quand même quelque chose qui arrivera régulièrement, tout le
temps
A: Et ouais ouais...
V: Donc là c'est
vraiment sûr. C'est pour ça quand il m'appelle, je dois refuser tout le reste.»
[V:12]
Lorsque le juge
d'instruction N'Guyen demande à auditionner Wafaa, la police judiciaire,
opportunément, ne la retrouve pas, précisant qu'elle était à Biarritz
[W:18].
Le 11 février 1997,
les pompiers venus éteindre un incendie d'appartement, découvrent le corps de
Martine Matias au milieu du salon. Une ampoule noircie est à côté du corps
alors que l'éclairage du même étage a été démonté, et un chargeur de
pistolet automatique près d'un genou. Dans la salle de bain, il y a un
soutien-gorge et un tapis de bain imprégnés de sang. des traces sur une
serviette révèlent un ADN masculin. L'autopsie démontre que Martine a peut-être
subi des sévices sexuels. Elle aurait été tuée par inhalation de monoxyde de
carbone. Le médecin légiste trouve des traces d'alcool et de chloroforme. La
veille vers 10h30, une voisine a entendu «trois cris effroyables». Le
policier découvrant le corps, Alain Vidal, conclut indubitablement au meurtre
après deux heures d'investigations [AC]. Le procureur de la République ouvre une
information judiciaire pour homicide. Mais la sûreté urbaine conclut au
suicide. Paradoxalement, le procès-verbal de synthèse (écrit par le capitaine
de police Michel Porta [N]) argumente: «il semble peu probable que quelqu'un
ait pu provoqiuer la mort de Melle Matias Martine, tant il est invraisemblable
qu'un meurtrier ait pu laissé autant tant de traces derrière lui.» [M:14,
(Z:65-66), AC]
Le 5 septembre 1997,
Patrice Alègre, 29 ans, est arrêté à Châtenay-Malabry, pour avoir la veille
maquillé l'assassinat d'Isabelle Chicherie en suicide, à Paris. Il est soupçonné
de trois meurtres dont deux avec viols, puis il est mis en examen pour cinq
meurtres et six viols. [B:30] Le profil du suspect, originaire de Toulouse, intéresse
les gendarmes de Haute-Garonne qui veulent élucider deux meurtres de jeunes
femmes dans la région, et l'adjudant Michel Roussel va le jour-même à Paris
interroger Alègre qui commence à se confier à lui [M:12].
Le 2 décembre 1997,
Alègre avoue avoir étranglé puis violé Valérie Tariote, qui travaillait
avec lui au Bar de la Gare. Il dit: «Je ne comprends toujours pas que personne
n'ait vu les traces de strangulation que devait présenter le corps.» [N]
Un soir de décembre
1997, Alègre, pour retarder son retour en cellule et contre une bouteille de
champagne et une bourriche d'huîtres, avoue à Roussel l'assassinat d'une
certaine Valérie, et on découvre qu'il s'agit d'une affaire classée en
suicide [M:12&14].
Lors d'un
interrogatoire, Alègre confond les prénoms «Mireille» et «Martine». Comme
les gendarmes n'ont pas d'affaire d'assassinat concernant de Martine, ils
trouvent le dossier de la mort de Martine Matias, qui concluait au suicide.
[M:12]
En 1999, Françoise
Dorival, ancienne prostituée, va à la gendarmerie déposer plainte contre Alègre
qui l'a violée et brutalisée. Le tueur est mis en examen. Lorsque les enquêteurs
lui posent des questions sur Galbardi, elle leur répond que Patricia et Fanny,
selon elle, ont «assisté au meurtre» [R].
En juin 2000, au
sein de la section recherches de la gendarmerie, est créée la cellule spéciale
Homicides 31, dirigée par Michel Roussel, et orientée sur les crimes non élucidés
par la police toulousaine (plus de cent-cinquante entre 1986 et 1997). Dès
1999, sont retrouvées d'ex-prostituées ayant travaillé avec Line Galbardi: «Patricia»,
née en 1970, mère de trois enfants, qui travaille à Pau dans la métallurgie;
Fanny, à Toulouse, née vers 1972, ex-fugueuse du foyer Paraminières, mariée
à un chauffeur depuis 1996, qui élève ses quatre enfants; Nadia et Isabelle.
[I:3; B:30; A:28; M:14]
Le 14 février 2002,
Michel Treilles, le président de la cour d'assises, dit au capitaine de police
Philippe Porta, à propos de la mort de Martine Matias: «Vous dites qu'il ne
pouvait pas y avoir de meurtrier parce qu'un meurtrier ne laisserait pas autant
de traces. C'est incroyable. Il n'y avait même pas de scellés sur la porte de
l'appartement de la victime... C'est quand même embêtant.» «Je ne vais pas
faire des lectures de procès-verbaux, ce serait trop cruel.» [N]
Le 21 février 2002,
après dix jours d'audience, les assises de Haute-Garonne condamnent Patrice Alègre
à la perpétuité avec une période de sûreté de vingt-deux ans. [B:30]
Le 8 janvier 2003,
au bout de sa onzième audition [K] et des mois à la mettre en confiance sur la
volonté d'élucider l'affaire [J], Patricia craque et avoue avoir assisté au
meurtre de la prostituée Line Galbardi par Patrice Alègre qui voulait la
punir. [I:3; B:30; A:28, Z:122] Elle affirme qu'Alègre travaillait pour le proxénète
Lakhdar Messaoudine, et qu'ils bénéficiaient de la protection policière des
inspecteurs Lionel Ziegler, C. et Michel M. qui couvraient leurs activités
contre des fellations et des «enveloppes marron de 900 francs chaque semaine»
[J; I:3] Fanny, ex-«gonzesse» d'un directeur de firme, M. de B., puis d'Alègre
puis d'un substitut du procureur toulousain surnommé «Marcus» (Marc Bourragué),
affirme avoir participé avec Patricia à des séances sadiques dans le bureau
de cinq magistrats du palais de justice de Toulouse). Elle dessine un plan du
bureau de Marcus et un portrait de celui-ci, tous deux très ressemblants [I:3],
en écrivant à côté: «personne meyllan [m'ayant] fait beaucoup de mal avec
Patrice» [S].
Les 10 et 11 février
2003, Patricia, qui craint la prison pour sa complicité, incrimine Dominique
Baudis, surnommé «Nénette» dans deux séances avec Alègre, une à l'hôtel
de l'Europe, l'autre dans l'appartement de Messaoudine, cité Empalot. [I:3; K]
Alors que la
juridiction toulousaine tergiverse à ouvrir un nouveau dossier, le procureur général
Jean Volff (le plus haut magistrat de la ville [M:8]), cité dans les procès-verbaux,
s'y oppose et s'invite même aux réunions gendarmes-magistrats. [I:3]
Le 1er avril 2003,
Patricia affirme qu'Alègre, en tant qu'homme de main du proxénétisme
toulousain, bénéficiait de protections policières, et l'accuse du meurtre de
la prostituée Line Galbardi, punie pour avoir trop parlé à l'inspecteur de
police Lionel Ziegler, cela devant d'autres prostituées pour qu'elles
apprennent à se taire. [B:30; C] Ce jour, La
Dépêche du Midi et Le Figaro révèlent
l'affaire, notamment les soupçons sur des policiers locaux [M:10].
Le 15 avril 2003, le
procureur Michel Bréard ouvre une information judiciaire «contre Patrice Alègre
et tous les autres» pour «proxénétisme en bande organisée, viols, viols en
réunion, viols par majeurs ayant autorité sur mineures, actes de tortures et
de barbarie» [P; Q]. L'enquête est divisée en deux: les patrons de la
section de recherches de Toulouse écartent de la partie consacrée aux notables
(confiée aux juges Thierry Perriquet et Nicole Bergougnan [M:10-11]) Roussel
qui, sous la direction du juge Serge Lemoine, ne se consacrera plus qu'aux
vingt-trois meurtres imputés à Alègre; [B:30; C]. La hiérarchie de la
gendarmerie reprochait à Roussel d'avoir acté sur procès-verbal les noms qui
dérangent, et de ne pas avoir «tamisé les auditions», ce qui est pourtant
illégal [I:3].
La nouvelle équipe
de gendarmes sur le volet notables, sous la direction des juges Thierry
Perriquet, d'emblée opposé aux témoignages, et de Nicole Bergougnan, plus
neutre, mène une contre-enquête sur Fanny et Patricia, en interrogeant les
policiers de la brigade des mœurs qu'elles accusent. Ils interrogent des
clients «pigeonnés» qui les traitent de menteuses [I:3]. Me Catala, avocat de
Fanny, dit: «Ces trois gendarmes s'appuient sur les policiers mis en cause pour
faire passer les témoins pour de dangereuses affabulatrices. On assiste à une
tactique discrète mais particulièrement obscène, à une tentative grossière
pour déstabiliser nos clientes, et pour étrangler la vérité.» [J]
Le 12 mai 2003,
confronté à Patricia et à Fanny, Alègre infirme les accusations et affirme
n'avoir pris qu'un verre avec un substitut du procureur, Marc Bourragué. [B:30]
Patricia dit à Alègre: «Y a pas de raison que tu plonges tout seul.» [H]
Le 13 mai 2003, Marc
Bourragué dément avoir protégé Alègre et confirme avoir avec pris «fortuitement»
un apéritif [B:30], chez lui à Launaguet [J; I:3] avec Alègre, après avoir
été présenté par un «ami commun» [G:93], Gilles Bivi, ex-portier du
Broadway, «une petite frappe plus ou moins dealer» [J], en 1991 [J; I:3]: «Je
ne l'ai vu qu'une seule fois, lorsqu'il accompagnait un ami qui était venu me
rendre visite. C'était en 1991 ou 1992» [M:11q].
Le 14 mai 2003, Alègre
est mis en examen (par Serge Lemoine??) pour l'assassinat, en 1992, du travesti
Claude Martinez. [B:30]
Le 18 mai 2003,
Dominique Baudis, président du Comité de Surveillance Audiovisuel (CSA), révèle
être accusé par une ex-prostituée. «Je n'ai jamais, ni de près ni de loin,
fréquenté Patrice Alègre ni participé ou organisé des soirées barbares»,
dit-il, dénonçant une «effarante machination» fomentée par le «lobby
pornographique» à cause de son avis du printemps 2002 pour l'interdiction de
diffusion de films pornographiques à la télévision. [B:30] Il prend comme
avocat maître Francis Szpiner, avocat d'Alain Juppé (ancien premier ministre
et président de l'UMP, parti du président Jacques Chirac) dans l'affaire des
HLM de Paris, conseiller officieux de Jacques Chirac, et ex-candidat UMP à la
députation contre Arnaud Montebourg qui avait bataillé pour que Jacques Chirac
soit traduit devant les tribunaux français.
Le 19 mai 2003,
un poste à la Guadeloupe dès l'été est proposé à l'adjoint de Michel
Roussel à Homicides 31. [B:30]. Serge Lemoine, lors d'une réunion
de gendarmes, déplorera ce départ qui compromet l'enquête.
Le 22 mai 2003, VSD
révèle l'écoute téléphonique judiciaire de Wafaa qui parle de Baudis comme
d'un client régulier à Paris. Pourtant, Baudis dit: «Quand on est maire, tout
est noté, consigné. Tous les soirs, j'étais chez moi avec ma famille.»
[V:12].
Entendue par le juge
le 22 mai 2003, Fanny dit que «des policiers venaient la chercher comme un dû
dans son studio pour l'emmener le soir, au palais de Justice à des magistrats
qui la prenaient de force dans les bureaux». Sur les photos montrées par les
gendarmes, elle reconnaît sans hésiter cinq magistrats et montre «sur le plan
les bureaux qui correspondent bien à ceux de ces hommes». Il s'agit de trois
magistrats de la cour d'appel, un président de chambre correctionnelle et du
substitut du procureur surnommé «Marcus», Marc Bourragué. Elle dit avoir été
emmenée «dans une belle demeure près du casino de Salies-de-Salat», en présence
du surnommé «Nénette», Dominique Baudis. [J]
Le 27 mai 2003, Jean
f, procureur général de la cour d'appel de Toulouse, révèle dans L'Est
Républicain qu'il est accusé par Fanny de l'avoir violé dans une chambre
de l'hôtel de l'Opéra [P]. Il dit: «peut-être y a-t-il, à la base, une
parcelle de vérité, mais l'ensemble décrit par ces dames est certainement
beaucoup exagéré» [P]. Fanny l'accuse avec quatre autres magistrats reconnus
sur photo d'avoir participé à des soirées sadiques. [B:30]
Le 27 mai 2003, le
jeune travesti Pierre-Olivier Puis [H], surnommé Djamel, 30 ans (ou 23 ans
[P]), enfant adopté d'origine tahitienne [G:93], «mythomane notoire» [D] venu
témoigner devant la police en confirmant les accusations des prostituées et en
ajoutant d'autres, se rétracte, et il est mis en examen et écroué pour «dénonciation
de crime ou délit imaginaire ayant exposé les autorités judiciaires à
d'inutiles recherches» et «témoignage mensonger». [D; F; P]
Le 28 mai 2003,
Jean-Jacques Ignacio, substitut général de Toulouse, révèle dans Libération
sa mise en cause dans le dossier et dément. [B:30; P]
Le 28 mai 2003, le
ministre Dominique Perben annonce que Jean Volff est démis de ses fonctions
pour n'avoir pas averti la chancellerie et le garde des Sceaux «des éléments
qui étaient à sa disposition». [A:29; B:30; P; M:8], et il le remplace par
le procureur de la République de Créteil, Michel Barrau, qui avait méticuleusement
déminé l'affaire des HLM de Paris, qui concernait les agissements de Jacques
Chirac, alors maire de Paris, et de son parti politique. [A:29; B:30]
Le 29 mai, le
ministre de la Justice Dominique Perben déclenche une enquête sur les
violations du secret de l'instruction [P; I:3].
Le 30 mai 2003, Alègre
confirme deux meurtres devant le juge Serge Lemoine [D]: celui de la prostituée
Line Galbardi, selon lui demandé par l'inspecteur de police Lionel Ziegler qui
l'assure «que l'affaire serait classée», et à qui elle avait parlé, lors
d'une remise d'enveloppe de billets, de l'assassinat d'une autre prostituée et
des trafics d'armes et de cocaïne d'Alègre et Messaoudine [L:82; H]; et celui
du travesti Claude Martinez, commandité par Dominique Baudis et le magistrat «Marcus»
[H], afin de «faire taire» [H] le maître chanteur et récupérer les
cassettes vidéo compromettantes tournées en caméra cachée pour faire
chanter. [B:30-31; D; L:82] Une ex-prostituée, Nadia, affirme devant le juge
Serge Lemoine avoir assisté à l'assassinat de Line Galbardi. [C]
En mai ou juin, le
juge d'instruction Lemoine, contre l'avis du parquet, accepte dans son
ordonnance la constitution de Patricia et Fanny comme parties civiles, les deux
femmes «se trouvant obligées d'assister à cette exécution et que depuis, à
leurs dires, confirmés par les expertises psychologiques, la scène hante leur
sommeil... Nous nous trouvons en conséquence dans un cas d'espèce tel qu'il
n'apparaît impossible de dire que le préjudice subi ne saurait avoir un lien
direct avec le crime commis». Mi-juin, le procureur de la République de
Toulouse décide de faire appel de cette ordonnance. [D]
Le 14 juin 2003,
Baudis (ainsi que son avocat Szpiner [L:83]) n'accuse plus de complot le lobby
pornographique mais le journal La Dépêche
du Midi, en particulier son directeur Jean-Michel Baylet et critique pour
son absence de soutien le présent maire de Toulouse, Philippe Douste-Blazy.
[B:31; ]
Le 17 juin 2003,
devant le juge d'instruction Thierry Perriquet, en présence du procureur de la
République, Fanny raconte à nouveau que trois magistrats connus et déjà cités
l'auraient violée en la sodomisant, l'un l'attrapant par les cheveux pendant
que l'autre la brûlait avec des cigarettes; et aussi avoir été violée par
des policiers dans un parking. Elle lui raconte aussi les pressions (déjà évoquées
devant le juge Lemoine le 3 mars) exercées sur elle afin qu'elle désigne au
hasard les photos de magistrats que les gendarmes allaient lui montrer, et a
ajouté que c'était Lionel Ziegler, ancien de la brigade des mœurs à la sûreté
de Toulouse, toujours en activité dans un autre service, qui lui avait dit fin
février ou début mars: «Attention, tu risques de finir dans le canal, comme
les autres». [D; C] Les deux ex-prostituées Nadia et Isabelle [surnommée
aussi Magali] (qui mineure a vécu quatre mois avec Alègre) se portent parties
civiles. [C]
Le 17 juin 2003, on
dit à la chancellerie que la juge Nicole Bergougnan, qui instruit avec Thierry
Perriquet le volet sadique de l'affaire Alègre allait se concentrer sur le
dossier Djamel. Louée pour sa rectitude et sa détermination, on soupçonne
qu'est écartée celle qui veut faire avancer l'enquête pour ne laisser que le
juge Perriquet qui la freine. Une dépêche AFP certifiée par une source
judiciaire annonce le remplacement de Nicole Bergougnan par Jean-Claude
Vaucheret. Finalement, la chancellerie officialise que la juge garde l'affaire
Alègre. [E]
Le 18 juin 2003,
Lakhdar Messaoudine, accusé par d'ex-prostituées d'avoir été le complice d'Alègre,
rentre d'Algérie et se livre à la police. [B:31]
Le 20 juin 2003,
Patricia est mise en examen pour «complicité de faux témoignage» en ayant
manipulé Djamel, qu'elle aurait connu depuis des mois et hébergé, et elle est
incarcérée. [B:31; A:31; D] Le premier ministre UMP Jean-Pierre Rafarin dit:
«J'ai une pensée pour la souffrance de Dominique Baudis». [B:31; C]
Le 22 juin 2003,
Jean-Michel Baylet, directeur de La Dépêche
du Midi, porte plainte contre Baudis qui l'accuse d'avoir comploté contre
lui. Canal+ annule la diffusion du Vrai
Journal consacré à l'affaire Alègre. [B:31]
Le 23 juin 2003, Jean
Volff, malgré sa faute professionnelle, est nommé à un poste plus important:
avocat général à la Cour de cassation, sur décret du président de la République
Jacques Chirac. [A:29; B:31]
Le 25 juin 2003, Alègre
contredit ses aveux des meurtres de Line Galbardi et Claude Martinez, au moment
où il change d'avocat avec maître Gilbert Collard (candidat de la majorité
présidentielle à la mairie de Vichy en 2001), qui demande un dépaysement
de l'affaire, qui retarderait la procédure. Il dit aussi: «Mon sentiment est
que l'ancien maire de Toulouse n'est pour rien dans cette affaire.» [B:31]
Lakhdar Messaoudine affirme que Patricia coorganisait les soirées sadiques avec
Alègre. [B:31]
Le 26 juin, Baudis
et Patricia sont confrontés. Baudis infirme sa participation à une partouze
avec elle à son vingtième anniversaire en montrant un billet d'avion
Toulouse-Paris et son agenda où est inscrite sa présence à l'Assemblée
nationale à Paris [H]. Le procès-verbal rapporte: «J'ai mon agenda, le voilà».
Le juge demande: «Que faisiez-vous ce soir-là?» «Dans la mesure où rien ne
figure à mon agenda pour cette soirée, je l'ai passée avec mon épouse».
Patricia dit: «Ça ne prouve rien. [...] les agendas, on peut en faire ce qu'on
veut. Pour les avions, c'est pareil. J'ai des membres de ma famille qui
travaillent à Orly. Il en décolle régulièrement.» [O]. Me Raphaël
Darribere, le jeune avocat de Patricia, commis d'office, dit que «le
"recadrage" de l'enquête semble consister à protéger les personnes
mises en cause et à affaiblir les victimes.» [H] Selon son avocate Muriel Amar,
Fanny réaffirme ses accusations de «viols en réunion» en accusant des hommes
de loi et magistrats, mais pas Baudis [H].
Le 26 juin, les enquêteurs
interrogent Sylvie Müller, la voyante que Patricia a l'habitude de consulter,
et elle confirme que Patricia lui a dit la même chose [Q].
Baudis pose pour la
couverture de Paris Match et dit qu'il note dans un petit carnet «les bons» et
«les méchants», afin de les tuer moralement, professionnellement, précise le
journal. [B:31]
Le 30 juin, le
procureur général Michel Barrau refuse le dépaysement du dossier et dit que
«personne ne sera préservé». [B:31]
Le 1er juillet 2003,
Jean Volff se constitue partie civile et est entendu par le juge.
Le 2 juillet 2003,
après Baudis et Volff, Bourragué est aussi entendu en tant que victime par le
juge Perriquet, qui ne l'a jamais interrogé auparavant comme suspect. [S B:31]
Il montre devant le juge Perriquet son épaule vierge de tatouage, contrairement
aux affirmations de Fanny, et se dit prêt à «toute constatation ou expertise
médico-légale» [O].
Le 2 juillet 2003,
à une nouvelle confrontation entre Patricia et Djamel, Djamel répète avoir été
victime de soirées sadiques auxquelles participaient des notables toulousains,
et son avocate Catherine Barrère dit: «il déclare qu'il a été contraint
par les gendarmes à signer les déclarations au terme desquelles il indiquait
avoir été manipulé par Patricia». [B:31; F]
Le 17 septembre
2003, "Fanny" innocente Baudis devant le juge Perriquet, mais le 9
octobre elle le réaccuse devant le juge Lemoine, expliquant ses dénégations:
"J'ai eu peur pour mes nerfs et pour mes gosses". Elle dénnonce aussi
des actes de violence sexuelle qu'elle aurait subies dans un commissariat de
police vers le 10 janvier. Dans son 'expertise psychiatrique de
"Fanny" remise au juge Lemoine le 26 janvier 2004, le Dr Daniel
Ajzenberg conclut que "Fanny" est «crédible dans ses dires sur le
plan psychiatrique» [AA].
Le mercredi 7
janvier 2004, Patricia, qui suit une cure de sommeil, et Fanny, qui suit un
traitement psychiatrique depuis plusieurs mois, sont confrontées devant le juge
Perriquet [France Inter, mercredi 7
janvier 2004, journal de 8h].
Le jeudi 12 février
2004, dans le volet "proxénétisme aggravé" de l'affaire Alègre,
Perriquet auditionne sur le rôle de certains policiers toulousains Christèle
Bourre, qui quitte précipitamment son bureau, lui reprochant de la considérer
comme coupable plutôt que victime refusant d'être à nouveau interrogée par
lui [AA].
Le 25 mars 2005, le
juge d'instruction Thierry Perriquet déclare le non-lieu pour toutes les
inculpations de Dominique Baudis, Marc Bourragué
___________________________________
18 juin 2003:
Gilbert Carthayrade, le veilleur de nuit à l'hôtel de l'Europe où Line
Galbardi a été tuée, écroué, nie toujours avoir la moindre connaissance de
cette histoire. [D]
2 autres personnalités
politiques et le patron d'une grande fédération sportive G:93
Alègre: «Accablé
de solitude, à l'isolement presque total» «Plus personne ne vient le voir»
[L:83]
agenda nouvel
Observateur cette semaine
assemblée nationale
14h maronites après
Wafaa
femme de Baudis en
22 ans pas découché
Satyricon
Patricia Tourancheau
lundi 16 juin 2003 «Qui veut la peau de l'affaire Alègre» p. 2-4.
p2 Douste avare en
soutien selon Baudis ; 1er juin Baudis demande à être mis en examen pour avoir
accès au dossier
dernier paris match
Le point 20 juin
22 juin 2003 journal
dimanche
valeurs actuelles
Kamel Benamghar
avocat de Messaoudene
VSD 29mai
Le Monde 7 juin p12:
Szpiner conseiller de Chirac
Qui est Vaucheret??
brigade des mœurs
dissoute au début des années 1990 [M:10] Pourquoi??
château d'Arbas,
appartient au comité d'entreprise de la mairie de Toulouse, gros travaux de rénovation
au début des années 1990 [M:10] ou plutôt château de Gourdes à Arbas
Jean-Michel Baylet a
des relations houleuses avec la juridiction toulousaine depuis sa condamnation
en appel, avec sa mère, dans une affaire d'infraction financière entre le
quotidien dont il est le PDG et une entreprise de nettoyage [M:11] Bourragué
procureur de la section financière??
Le 18 avril 2003, La
Dépêche du Midi est mise en examen en tant que personne morale (fait
rarissime) pour l'incursion de deux de ses journalistes dans l'enceinte d'une
usine proche d'AZF en 2001 [M:11]
Averti le 12 avril
de la mise en cause de Baudis, Philippe Douste-Blazy ne l'en avertit pas. [M:11]
Le 12 mai 2003,
Baudis apprend par son directeur de cabinet que son nom est cité dans la procédure
[M:11]
Le 18 mai 2003,
Baudis consacre une partie de la journée à Paris
Match qui le montrera en famille [M:11]
En mai 2003, le
procureur Jean Volff s'apprêtait à prendre la présidence du consistoire de l'Église
protestante luthérienne [M:11]
Djamel affirme la présence
dans les soirées sadiques de Marion, fillette disparue en novembre 1996 à
Agen. Il se présente comme le fils caché du chanteur Michael Jackson et accuse
aussi le premier ministre britannique Tony Blair [M:11]
1 -> 5 sept 97 Série
de suicidées ou suicideur en série? la police (mal)mène l'enquête. [d20.7.3]
2 La gendarmerie
contre-enquête: Patrice Alègre le tueur en série solitaire. 5 sept 97-janv-fév
2003
3 janv fév 2003:
L'arbre malade cachait une forêt pourrie: les notables sortent du bois
v18 juillet 2003 les
mêmes acteurs venant de la grisaille de l'affaire des HLM à Créteil se
retrouvent dans le rose des frasques sexuelles de/à Toulouse. De la grisaille
parisienne au rose toulousain
Les "chrétiens"
de l'affaire: «Les premiers seront les derniers» [d20.7.3]
Des notables
au-dessus de tout soupçon [d20.7.3]
Une galerie de
portraits
Qui veut faire
l'ange fait la bête
«Apprendre à jouir
des plaisirs simples, c'est se déconditionner peu à peu de notre quête des
plaisirs intenses qui seuls nous réveillent de notre torpeur sensorielle. Plus
le corps est absent au monde, plus l'intensité est attendue et recherchée pour
libérer la tension. Cette absence trouve son point culminant dans les pratiques
sadomasochistes qui tentent de mettre en frémissement un corps abandonné.»
Daniel Odier: Désirs,
passions et spiritualité JC Latès 19 p. 58
Daniel Odier cite
aussi le bouddhiste zen D.T. Suzuki, qui fit ce commentaire sarcastique de la
tradition chrétienne: «La Nature contre l'Homme, l'Homme contre la Nature;
Dieu contre l'Homme, l'Homme contre Dieu; Dieu contre la Nature, la Nature
contre Dieu. Drôle de religion!»
À propos «des êtres
fascinés par une recherche spirituelle qui tendent à s'épurer des désirs et
des passions en essayant d'en réduire l'impact sur leur vie quotidienne»,
Daniel Odier écrit aussi: «Leur tolérance a des limites, ils sont souvent légèrement
fanatiques et tout donne à penser que leur équilibre est précaire, qu'il
suffirait d'une belle tentation pour qu'ils basculent dans la quête névrotique
du plaisir qu'ils condamnent chez les autres.» p. 16
Luca Salomon l21.7.3
Qui veut faire la bête
fait (semblant) l'ange
Nadia = Christine
B.; Nathalie
Patricia = Christèle
Boure
Laurence: Patricia
exagère
Des suicides
masochistes...
[R] Fanny 30a n'a
pas connu son père et a été délaissée par sa mère. Elle a eu 5 enfants
tous placés en foyer. commence à se prostituer à 15 ans. elle a vécu 6 mois
avec Alègre. Elle raconte avoir été «la reine» de soirées sadiques et
affirme avoir eu une relation «suivie» avec Bourragué, ce que nie ce dernier.
Elle dit avoir assisté à la mort de Galbardi.
Nadia: 30a, soignée
pour dépression nerveuse, première à expliquer que la mort de Galbardi
pouvait être une punition infligée par ses proxénètes. Mère d'un garçon de
7 ans, «recrutée» et violée par Alègre en 1991; puis a vécu avec
Messaoudine. Raconte les relations de celui-ci avec des policiers du
commissariat de Toulouse et son implication dans des trafics d'armes et drogues.
Laurence: fugue à
13a en 87. Rencontre Alègre à Toulouse prostituée, vit 4 ans avec lui, quitte
la prostitution en 1993. Mère d'un enfant, partie civile dans le dossier «proxénétisme
organisé». Raconte le racket organisé par les policiers.
Magali: née en
1974, famille de banlieue toulousaine. Père éducateur, mère assistante
sociale. ado turbulente, prostituée en septembre 1991. Peu après, tombe sous
la coupe de Messaoudene. Le 16 novembre 1991, elle est arrêtée par une
patrouille de gendarmerie avec un client dans une voiture. Sa famille porte
plainte contre Messaoudene, qui est arrêté 2 mois après. Le vendredi 11
juillet 2003, elle porte plainte contre Alègre, Messaoudene et une troisième
personne que son avocat Daniel Lalanne n'a pas voulu nommer (Claude de B., alors
cadre d'Aerospatiale [T]). Il dit qu'elle aurait subi «des sévices sexuels
extrêmement graves».
Ariane Chemin et Gérard
Davet: «L'affection contrariée de Me Pierre Alfort». dans Le
Monde, 12 juillet 2003, p. 7.
pression: selon son
avocat, sa fille «Anaïs est l'une des rares personnes qui comptent pour lui.»
[O] Fanny affirme être
montée fin 1990 à l'Hôtel de l'Opéra, place du capitole, avec Bourragué,
substitut du procureur de Toulouse, et y avoir retrouvé Jean-Jacques Ignacio,
substitut général, et le procureur général de Toulouse Jean Volff (surnommé
par elle «l'homme du capitole»)
[O] Messaoudene
affirme être allé en Algérie du 16 déc 91 au 22 jan 92 pour fêter son
second mariage dans son village Sidi Lakhdar le 23 déc et montre comme
preuve les dates de visa de son passeport et de son acte de mariage.
flics suspects: Gérard
Authier; Alain Dreuilhe
Lionel Ziegler (dans
Figaro) son chef: Jean-Pierre Zeer (interrogé)
Claude de B pas
voulu nommer
Josette Leglois;
prostituée 60 ans 4 déc 1987; mains attachées, étranglée, calcinée; Sonia,
prostituée de 30 ans donne une description précise de l'homme à moto blanche
à selle rouge qu'elle a refusé, beau mec à type militaire.
Alègre en examen 30
mai 2002
Josette Poirou 42a
21 sept 92 assassinée carbonisée. masseuse
Son Proxénète, René,
avocat, n'a pas témoigné
Corinne Latzari
aide-soignante 2 mars 92 disparue laissant sa voiture
Hélène Rodes
retrouvée suicidé lac Cazères, base nautique ou il allait
Gilbert Laval La
paix des lâches au Capitole Libé 23 juil p7 &
«Et maintenant
Baudis s'en prend à Douste», Canard enchaîné, 11 juin 2003, p 2
Après que Baudis
ait obtenu deux témoignages écrits, le 13 juin, Douste-Blazy va au domicile de
Baudis pour y signer le licenciement d'un collaborateur du groupe municipal UMP,
Xavier Eychenne, pour avoir affirmé le 4 juin que Baudis aurait participé à
des soirées spéciales.
pdt de club de judo
& pdt d'assoc fam critique Douste de pas soutenir assez Baudis
Libé 23 juillet
2003 p 6 procureur 2 juillet demande ADN de militaires Franck D. & Frédéric
D.
Perriquet &
Vaucheret : Djamel
Roland Castro Figaro
27 juin 2003 flic qui a mis contravention
ED & PT «Affaire
Alègre: le dur combat de l'ex-substitut Bourragué» Le Figaro 16 juillet 03 p7
Le 2 juillet
2003, Bourragué accuse des journalistes, un juge d'instruction, des présidents
de tribunaux de commerce, des francs-maçons
Fanny dit avoir volé
des vidéos compromettantes au domicile de Bourragué, et que récemment, il l'a
suivi en voiture et proposé beaucoup de monnaie contre ces cassettes. il aurait
«un tatouage indistinct sur le triceps droit» [elle a du vocabulaire]
Bourragué: «Gilles
Bivi était une relation amicale à l'époque où il était tourneur-fraiseur»
au juge il dit «En 1997, j'ai rompu les ponts avec Gilles Bivi»
Au début des années
90, un policier municipal a verbalisé la voiture de Bourragué devant une
maison de Launaguet lors d'une réunion de truands: «Les gendarmes de la
section de recherches m'avaient dit que ces individus étaient des braqueurs et
que, parmi eux, se trouvait un nommé Gilles Bivi»
En 1998, à propos
de l'afaire Escoulan, grande firme toulousaine, le juge d'instruction Laurent
Nion reproche à sa greffière de communiquer des pièces à Bourragué qui n'y
a aucune fonction officielle, et l'IGSJ enquête. Bourragué finit par avoir une
promotion.
GO GLNF & GL démentent
l'initiation maçonnique de Bourragué
2 juillet 2003 Présence
sur le lieu du meurtre de Galbardi: «Je n'ai aucun souvenir de cela, si j'y
avais été je m'en souviendrais. Je n'ai aucune raison de le cacher.» Fin 97,
il dit à gendarme & Lemoine avoir croisé une fois Alègre
ED & TP L'étrange
confession de l'ami de Bourragué figaro 23 juillet 03 p10
Le 23 juin,
Curvale est entendu par Bergougnan, après que les gendarmes n'aient pas accepté
de l'entendre. Il avait insisté des mois pour témoigner.
Après que Laurence
l'informe du racket de Lionel Ziegler, Curvale appelle Bourragué, cofondateur
de Sauvegarde 31, qui lui conseille de joindre le policier CG, responsable de la
direction économique et financière du SRPJ de Toulouse. Il le voit une première
fois, puis une 2e avec Laurence, le 28 novembre 91, elle montre la photo de
Lionel Ziegler. Il n'y a aucun acte de procédure mais Lionel Ziegler est
muté peu après la police de l'air et des frontières à l'aéroport de
Blagnac.
Le 3 juillet 03,
Laurence confirme s'être confiée à Curvale mais nie la rencontre avec CG par
l'entremise de Ziegler
Curvale dit: Le 10 déc
2002, Laurence va voir Curvale pour lui dire qu'elle est dans l'affaire Alègre
et qu'elle a peur. Elle ne vient pas au rendez-vous du lendemain.
Eychenne dénoncé
par l'ophmatologue Mme B., à la clinique où il travaillait
Raymond Mihère: en
prison, contrôlait machines à sou. Écrit à Collard le 15 juin, voisin Alègre
qui a besoin d'un nouvel avocat
Or l'avocat de Mihières
est Frédéric Moneret
janvier 98 champagne
& huîtres: auto-stoppeuse dans lac, Corinne Lazari disparue; ou Hélène
Loz trouvée dans même lac; mère de famille pas suicidée contrairement à ce
que les policiers avaient dit
Le 17 sept 99, la
tenancière de l'hôtel Antoine meurt dans une explosion au gaz, alors que deux
jours avant, elle disait à la police judiciaire et au juge qu'elle était en
bonne relation avec les policiers de la Sûreté urbaine (Le
Point, 20 juin 2003)
Patricia Gélis
trouvée dans la Garonne. individu aperçu bien décrit. reconnu, Alègre mis en
examen
Cambrioleur & Alègre
bourrés de coke, avec Cécile mère de la fille d'Alègre. arrêtés avec
l'arme qu'a le cambrioleur. L'arme est prise. Ils sont libérés. Alègre lui
rend l'arme le lendemain
Marianne 12 mai
Sébastien
Fontenelle: La lettre qui relance l'affaire France soir 11 février 2004p5
Baudis dit etre à
assemblée de 16hà19h et avec délégation maronite à 18h
Fanny se rétracte
devant Perriquet le 17 septembre, mais réaccuse Baudis devant Lemoine le 9
octobre |
Helène Loubradou "rendez-vous avec Pat"
Cheminot de Mons M. Baronne
Lieutenant Soucaze devient commandant, prend 2 galons, alors que Roussel a retraite anticipée
Dominque Baudis controlé dans voiture Emile Sanchez, rugbyman, cours Dillon bords de la Garonne
Michel Darolles adjudant chef SR de Toulouse, devenu chef de brigade de Millau, a quitté TOulouse à cause de l'affaire de Ouos
Roussel s'est trop occupé des affaires de sexe, de morale avec avec les prostituées contre les notables, plutôt que de se concentrer sur les assassinats.
Avenue Saint-Michel: gendarmerie et maison d'arrêt distantes de 500m. Dans l'autre sens, il a levé la tête en disant qu'il a assassiné. Pourquoi vont-ils dans l'autre sens? C'est en fait dans la gendarmerie qu'il fait ces aveux.
Alègre et la nana travaillaient au même endroit, mais pas à la même époque. Aucun journal n'en parle.
A cause de Roussel, les affaires de cul, les avocats de Paris arrivent. Collard
Alègre voulait se soigner de son besoin de tuer. Soulagement d'être arrêté
Bourragé a été sauvé par les affaires de cul
Barbouze d'etat directeur de la société Kevlar, asssassiné par son gendre. Meurtre de la femme du pdt Bongo