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« Sauver la planète :

une unanimité non-violente est-elle possible ? »

Vendredi 7 décembre 2012 de 9h15 à 17h30

Fondation Del Duca

10, rue Alfred de Vigny 75008 Paris

 

(sous la direction de Bernard Perret, avec  Olivier Abel, Christian Arnsperger, Bernard Perret,

Nicolas Bouleau, Dominique Bourg, Jean-Pierre Dupuy, Michael Foessel, Dominique Meda, Alain Papaux)

 

 

 

 

Jean-Pierre Dupuy

On forme une intention dissuasive afin de ne pas la mettre à exécution: elle est auto-invalidante.

Si l'Iran devenait une puissance nucléaire, Amanénidjad deviendrait rationnel.

Dans le système pénal, il faut des transgressions pour voir la peine.

Un des plus grands représentants de la philosophie analytique, David K. Lewis s'est fait les dents sur la dissuasion nucléaire: "On ne s'amuse pas à chatouiller des tigres, c'est aussi simple que ça."

Le tigre imaginaire est chargé de les dissuader, ce double extériorisé de la violence humaine. On n'est pas loin de René Girard (mais aussi de Günther Anders).

Un tigre affamé vous mange, mais il n'est pas méchant.

Le mal est capable de s'autotranscender, et de s'autolimiter.

William/Bernard?? Brodie, philosophe analytique, 1982: la peur d'une confrontation nucléaire, c'est qu'elle puisse échouer: on tente pas le destin.

Qu'est-ce que ça peut vouloir dire pour un destin, de ne pas s'accomplir.

Robert McNamara dit qu'au cours de la guerre froide, il y a 32 fois où il s'en est fallu d'un cheveu, dont 15 pendant la crise de Cuba: "We luck out" ("On s'en est sorti par le bol.").

Il faut un accident pour que ça produise, mais contrairement au destin, un accident peut ne pas se produire.

Le meurtre de Laïos par Oedipe à la croisée d'un chemin, de l'Arabe par Meursault à Alger, est un accident et le destin dans la philosophie méditerranéenne.

Jouer avec le feu, pas trop près car il déchaine la violence, mais pas trop loin pour ne pas ignorer le danger: c'est le cas aussi du sacré archaïque.

La perte d'un enfant par exemple, on dit que c'était écrit, mais ce n'était pas nécessaire. Il y a indécidabilité même s'il y a nécessité.

Cette métaphysique

Les anti-catastrophistes, Jean de Kervasdoué, Pascal Bruckner, ??, Michael Foessel, me font dire que la catastrophe est inéluctable. Je dis le contraire: l'indécidabilité de la catastrophe, pas la certitude.

René Girard dans Des Choses cachées "Science et apocalypse" p278-279 parle de la bombe atomique comme une métaphore. je dis que c'est une analogie structurelle.

Chez Girard, le sacré n'est pas une fiction.

J'ai un ami, Henri Atlan, qui est un Juif religieux athée: le dieu est un bouc émissaire méchant créé.

La bombe fonctionne comme le sacré, une ruse.

La méconnaissance est-elle nécessaire au sacré primitif, comme l'affirme Girard? Je pense que la bombe est un contre-exemple que non.

 

Olivier Abel

Augustin, La Cité de Dieu: Rome peut s'effondrer, ce n'est pas la fin du monde.

Jacques Ellul, le bluff technologique

Calvin, dans une époque apocalypse religieuse, de Nostradamus. Il commente les textes religieux mais pas l'Apocalypse. Il y a effondrement de quelque chose mais possibilité de repartir sur des bases plus larges.

Je pense au fait que dans la bande dessinée de Roy Paterson, Calvin est avec Hobbes, un petit tigre.

Dans L'Etoile mystérieuse, tout le monde est catastrophé et Tintin dit Hourrah, ce n'est qu'un tremblement de terre. C'était rassurant pour moi enfant: quelque chose pouvait être très grave mais pas la fin du monde.

On a construit des tours orgueilleuses qui s'écroulent sous leur propre poids: ce n'est pas seulement les tours du 11 Septembre, mais les institutions, la technologie.

Les questions, en s'accumulant, s'éboulent, devant d'autres questions.

Peut-être qu'on a besoin de la guerre pour nous rendre contemporains: il y a plein de décalages temporels entre nous. Il y a plein de choses abominables qui se passent un peu partout dans le monde.

On travaille à faire un GIEC; il faudrait une instance pour les ressources naturelles; les géologues sont épouvantés.

J'ai le sentiment que plus on est intelligent, plus on est bête; plus on est rationnel, plus on est irrationnel.

Pierre bayle disait que l'homme préfère se faire du mal qui ferait du mal à l'adversaire que de se faire du bien qui lui ferait aussi du bien.

On a l'impression qu'on est plus intelligent et qu'on va s'en sortir tout seul: la France avec le nucléaire, les Etats-Unis. Ce serait très dur pour nous 50 ans, mais ce serait bien pour nos descendants (pas les descendants des autres). Idée de l'arche de Noé très dangereuse.

Hannah Arendt dans Vie politique

Jean-François Lyotard: il va falloir quitter la terre, notre condition, notre corps.

On a ça dans le stéléfilms, les mangas, un imaginaire gnosique.

Il y a une résistance théologique, comme Hitler qui se donnait des attributs théologiques: décision totale

Peur panique de l'entropie: tout ce qui est dans le sens de la complexification serait bien. Il faudrait accepter le dépérissement. On a un rêve thermodynamique.

Georges Bataille l'avait montré dans sa Théorie de la religion.

Ethique: nous sommes responsables de l'humanité, la vie, la planète.

Etre sauvé a une dimension gnostique.

Maintenant, on fait des théories du singulier et on agit sur des généralités 'on fabrique des espèces).

 

Moi: unanimité non violente impossible (11 Septembre, irrationalité attribuée à Amedinidja, président de l'Iran, seul à dénoncer à l'ONU la responsabilité des Etats-Unis dans le 11 Septembre).

 

Dupuy: le Jésus des Evangiles est violent, comme Illich.

Jésus violent envers ses frères,

Dans le film de Morris sur McNamara, il y a un chapitre fondamental Rationality will not save

Pour être vigilants, il ne faut oublier que la menace existe.

 

Alain Papaux

Le droit n'est qu'une affaire de force: car il se définit par la sanction

Mark Anspach, dans L'œil du cyclone: "Le détour est devenu le piège."

Le principe majeur de l'Union Européenne, et je le regrette, est la libre concurrence: nous sommes donc conduits à la violence.

 

Dominique Bourg

Francis Jacques: la relation comme première.

 

Christian Arnsperger, économiste déformé par la philosophie.

Poursuite du projet des lumières, pas du tout une rupture.

Ernst Schumacher dans les années septante dans Small is beautiful a thématisé la taille des entreprises économiques.

Question du deuil d'un certain rapport au monde productiviste, consumériste rationaliste.

Le secteur bancaire, américain d'abord, est à l'origine de la crise financière.

Nous vivons dans un système de monnaie crédit, et ce qui circule est une monnaie dette.

Ce qui sous-tend ce système est un individu croissanciste.

Christian Maroupi dans son livre sur Adam Smith: accroissement des biens et services.

En année sabbatique, je fais des études en Suisse non chez UBS mais ABS: Alternative Banque Suisse.

Domaine important en parallèle: le domaine des monnaies complémentaires: on rompt avec la dette.

 

Dupuy: Je dirige le comité d'éthique sur Fukushima, que les Japonais font rimer avec Hiroshima.

Le Japon s'est sacrifié avec la plus grande catastrophe de l'humanité, à part Tchernobyl.

Discours complètement sacrificiel.

 

Arnsperger: Dire que nous ne croyons pas à la mutation anthropologique mais seulement institutionnelle, c'est déjà aller vers la mutation anthropologique.

 

Alain Papaux: En Suisse 80% de locataires

Article 544 du code napoléon: vous avez le droit de faire ce que vous voulez article 1; mais 2 On vous retire certains droits.

Mariage synallagmatique (symétrique) en France. Le divorce est un démariage: ce n'est pas une nouvelle institution

 

Moi: censuré par le distributeur de parole, Bernard Perret (qui n'a pas dû apprécier mon intervention anti-consensuelle sur le 11 Septembre), je dis en privé à Christian Arnsperger que dans les systèmes d'échange locaux, la création de monnaie est aussi création de dette, et que la différence est que dans ce système, la création est gratuite, sans intérêt, alors que dans "notre" système, la création monétaire est payante, et c'est cela qui fait nécessiter la "croissance". Il tique à reconnaître que c'est une dette, car remarque-t-il, on s'endette vis-à-vis de la collectivité, pas d'un individu. C'est vrai, mais ça n'empêche pas que c'est une dette. Ca me fait justement penser que dans les SELs, les dettes et les crédits sont collectifs, alors que dans "notre" système, le crédit est collectif (on peut utiliser sa monnaie avec n'importe qui), alors que la dette est individuelle (on ne doit qu'au prêteur).

 

Après-midi

Nicolas Bouleau

La finance se caractérise par l'effacement des causes du changement.

Les idées néoclassiques du 19e s autour de Léon Walras et William St. Jevons: mathématisation de la loi de l'offre et de la demande inspirée des lois de la statique??

Les néoclassiques voulaient changer le monde et pas seulement l'interpréter.

Importance du prix, observable, pas comme l'utilité.

Idée renforcée par Friedrich Hayek qui souligne l'intelligence distribuée par les prix. Hayek souligne la lecture des changements.

Ontologie libérale fondée sur l'économie néoclassique: le réel suffisant: les prix et les tendances des prix

accentué par le pragmatisme a-ontologique (Peirce, Dewey, William James).

Réalité de l'économie financière néolibérale

Les marchés financiers dérivés ne ressemblent pas aux marchés qu'étudiaient Walras et Marx (on peut y acheter et vendre immédiatement, en permanence, sans histoire)

Il ne peut y avoir de tendance lisible sur les marchés spéculatifs.

les prix ne sont bornés par aucune limite.

C'est fait par des équipes: les individus ne peuvent rien faire. Moi: N'était-ce pas le cas avec George Soros en 1992 spéculant sur la livre à la baisse et gagnant plus d'un milliard de dollar (mercredi noir), la sortant du SME; et bien plus récemment, avec Blythe Masters, qui dirige le département Matières Premières à la JP Morgan a pris d'énormes positions vendeuses sur l'argent pour le faire baisser puis acheter par ses clients]

La courbe du pétrole se raréfiant ne sera pas une courbe à la Club de Rome, mais une courbe de plus en plus agitée.

L'agitation est destructrice, par exemple les investissements pour la production agricole. La petite paysannerie vient s'agglutiner dans les banlieues des grandes villes.

Irresponsabilité des citoyens, qui cautionnent malgré eux: investissant sans le savoir pour l'aéroport de Nantes, ou Monsanto,

La doctrine du passage du Nord-Ouest: "climate realism", théorie de la modernisation écologique.

 

Dominique Meda (que Benoit Chantre a récemment croisé à propos des 35 heures), a publié "Au-delà du PIB".

La Terre est malade: Victor Leopold, ou Bertrand de Jouvenel

Pour Smith, il s'agit que l'opulence se répande jusqu'aux plus basses classes du peuple. [Voir Michel Clouscard]

Selon Lind White??, 7e siècle: invention d'une charrue qui s'enfonçait dans le sol et nécessitait plusieurs bœufs, et nécessitait un excédant: jadis, l'homme faisait partie de la nature; désormais, il l'explorait.

Catherine Larrère apporte une solution en disant que la politique du care ne suppose pas de réciprocité, lorsqu'on s'occupe de la terre.

[William] Beveridge, en 1944: Full employment in a free society: reprenant la politique keynésienne, injecter de la production, contrôle des échanges commerciaux entre pays éthiquement convenables.

Les riches pensent qu'ils échapperont à la crise écologique. [Moi: N'est-ce pas en moyenne vrai? Les pauvres sont au front, par exemple des millions [les pieds dans la gadoue] au Bangladesh si les eaux montent (Fright [erreur de ma part: c'est freeze] or fight, comme dirait Henri Laborit [erreur de ma part, c'est de Walter Bradford Cannon]), alors que les riches, la bien nommée jet-set plus à l'arrière s'envolent vers des cieux plus cléments (fly, il y a un comparatisme interdividuel qui fait qu'ils savent qu'ils ont les coûts après les profits en moyenne, à l'opposé des pauvres, après moi le déluge; il est même rationnel de vivre 5 ans de moins quand on vit à plus de cent, à 1000 à l'heure,  ou risquer d'être mort à je ne sais combien de millions de kilomètres en avion. Il y a un très bon sketch humoristique de Patrick Timsit là-dessus, qui s'appelle "décomplexé" [ou tous seront égaux, comme disait Coluche]]

 

Bernard Perret taquine la théologie: Logique de l'espérance, auteur aussi Pour la raison écologique

Le compteur de consommation instantanée conduit à adopter une conduite écoresponsable.

Contrôle social et "nudges": coups de pouce.

 

Le but n'est pas de limiter l'énergie, mais les productions de gaz à effets de serre. On a beaucoup d'énergie solaire: problème de coût, pas de quantité; à part pour les énergies fossiles.

 

Nicolas Bouleau me répond:

Ils ont fait des coups. Pas de tendance (je dis que Blythe Masters pense que l'argent va monter) Pas de cinétique économique

 

Dominique Meda: On va me prendre pour une affreuse gauchiste, mais on n'a pas parlé des lobbies, de la publicité, d'un système qui a intérêt à ce qu'on soit dépendants.

 

Nicolas Bouleau: le prêteur fait un calcul de risques avant de prêter puis c'est tout avant de prêter: pas de lien contractuel entre le prêteur et l'emprunteur. C'est absurde

 

Bernard Perret: implorant de faire des initiatives locales, mais ça ne suffit pas: rapport entre les efforts et les sacrifices qu'on fait, et que ça bouge un peu partout.

 

Mr. Boyer: En Afrique, il y a un problème de foncier.

Est-ce qu'on ne peut pas résoudre les émeutes de la faim par la suppression des marchés à terme sur les matières alimentaires?

 

Maxime Leroux: Qu'en est-il des antagonismes de monnaies, conflit des modélisations?

Notion de surdimensionnement auquel Illich était sensible?

 

Bernard Perret: contre les calculs coûts/profits, mais pour coût/efficacité.

 

Femme à Dominique Meda: Lévi-Strauss; on serait mieux si moins nombreux.

3 millions de bébés qui meurent chaque année.

On a inventé la pilule, mais on ne met pas les enfants au monde, mais en enfer.

Violence nécessaire: contrôle des naissances?

 

Dominique Meda: Si vous me demandez si on doit diffuser les moyens de contraception, ma réponse est oui, mais je n'irai pas plus loin.

 

Jean-Pierre Dumas: question du care selon Girard: autotranscendance de l'amour?

La pub: question de l'être.

 

Bernard Perret: l'horizon, c'est de remplacer l'unanimité sacrificielle sur une unanimité fondée sur l'amour.

 

Dupuy: deux propositions contradictoires ne peuvent être vraies en même temps que dans un cœur humain" (Mme de Sévigné)

 

Michael Foessel, spécialiste de philosophie morale et politique, travaille beaucoup à la revue Esprit

La démocratie à l'épreuve de l'écologie

Comme mon rôle est de jouer l'unanimité moins un ou l'avocat du diable.

Dans quelle mesure l'écologie politique est compatible avec la démocratie? Ce ne sera pas mon sujet car c'est tout à fait conciliable.

Il entre dans la logique démocratique que la nature et le projet humain de se rendre maître et possesseur de la nature devienne un enjeu de discussion.

Réécriture de la thèse de Marx: les Philosophes ont interprété le monde, maintenant il faut le transformer; écologistes: nous l'avons défiguré, il faut le préserver;

Concept de cosmopolitisme

Analyses d'Ulrich Beck.

Le terme d'"unanimité" est ce qui fait problème: car même non violent, l'unanimisme peut être le paravent d'un savoir d'experts.

Exemple de Jonas: responsabilité du parent vis-à-vis de l'enfant nouveau-né: fragile, non choisi d'être là.

Groucho Marx: "pourquoi je m'occuperai des générations futures puisqu'elles n'ont rien fait pour moi."

Etymologie écologie et économie: la maison, le domaine, avec dans un cas la mesure, de l'autre le langage.

Jonas: Le phénomène de la vie (traduit à Bruxelles en 2000).

Jonas: "le problème est de maintenir les conditions d'une vie authentiquement humaine."

Le problème de la pensée de Jonas est son anthropologie qui le définit comme être de besoin.

"Que la justice soit, même si le monde en devait périr."

 

Dominique Bourg

Je ne pense que l'on puisse lire le principe responsabilité comme vous le faîtes, c'est l'asymétrie par rapport au temps.

Le problème de Jonas n'est pas de faire passer un principe de responsabilité dans la démocratie.

Ce qu'il cherche à faire, c 'est comme un principe éthique peut passer dans les politiques publiques.

A propos d'écologie, il faut promener son oiseau de Minerve dans les champs, sinon il ne pourra pas dire grand-chose.

Appauvrir les espèces, c'est pour des millions d'années.

Réchauffer les mers, ça ne suffira pas d'ouvrir tous les frigos chinois.

C'est cette responsabilité au présent dont prend conscience Jonas.

C'est un exercice négatif: en se tapant des tornades, e tc, on ne pourra pas exercer la démocratie.

Vous avez raison lorsque vous faites une critique non de Jonas, mais de [Bruno] Latour qui se fout encore de nous: faire un parlement: l'intérêt du vivant, c'est de vivre.

Lorsque Jonas parle de vie, il parle de l'excès humain.

La démocratie n'est pas un absolu pérenne, fermé à Athènes, ouvert maintenant: Locke impossible à comprendre sans le nouveau monde.

Benjamin Constant et la finitude.

 

Foessel: Ce que vous dites me conforte. Il n'y a pas de pensée de la démocratie chez Jonas, que pour la politique publique, des experts.

Selon Jonas, on doit préférer l'être au vivant. La vie se veut elle-même. Sinon nous n'avons aucune raison de vouloir que les générations futures soient là.

"La sécurité est la première des libertés": certainement on ne sera pas libre si on est mort.

D'une évidence factuelle, on ne peut conclure au fait que l'ensemble des droits de l'homme puisse être repensé en termes écologiques.

Moi, je suis lefortien: la démocratie, c'est la résolution entre le légitime et le ??.

L'expert, le pouvoir et le savoir ne peuvent être réunis.

Il n'y a pas de possibilité, et c'est le tragique de la démocratie, de régler ses conflits depuis un savoir scientifique

Ca pourrait être futile si ce n'était pas la survie de la planète (Bourg: des hommes) qui était en jeu.

La question de l'énergie n'est pas que celle des ressources, mais du partage. On doit poser les deux questions de manière contemporaine, au minimum.

Combien de vies le nucléaire a-t-il sauvé?

 

Bourg: Hans Jonas a une philosophie égo centrée, pas biocentrée. La question est d'abord collective, avec des degrés différents: d'abord la survie de l'humanité; après des devoirs par rapport à la survie des grands singes, etc.

Pourquoi est-il légitime que le peuple soit souverain? Si le bien-être est le but, il faut demander au peuple ce qu'il en est.

Habitant au bord du périphérique, mes enfants sont exposés au cancer, ce que je ne peux voir, mais que l'expert me dit.

Si le souverain disait: achevons la fête industrielle vingt ans et après basta, je m'incline.

 

Jean-Pierre Dumas: Le fait que la vie se veut elle-même pose problème, selon Girard; moi qui est fait de la mise en scène d'après bataille, puis Girard.

Au fond la réconciliation de soi avec soi-même est fondamentale pour se réconcilier avec autrui.

 

Bourg: Désirer vivre n'est pas désirer être soi-même: c'est désirer autre chose, parfois au point de se suicider; s'ils en réchappent, ils peuvent désirer autre chose.

 

Foessel: on peut concevoir le désir de façon girardienne ou hégélienne. Il y a un désir fondamental, le désir du changement. [rien sur la vie selon Spinoza: persévérer dans son être].

 

Dupuy: Moi aussi suis disciple de Lefort, Gauchet Castoriadis contre Tocqueville. On a cité Hannah Arendt ce matin. Ca c'est la démocratie, antinomique avec la démocratie.

On connait l'unanimité girardienne de tous contre un; mais peut-on avoir l'unanimité de tous contre quelque chose.

Moi, ce n'est pas le Jonas démocratique qui m'intéresse, car il n'y a pas grand-chose.

C'est le disciple de Heidegger qui m'intéresse le plus, Günther Anders. Ces histories de philosophie, c'est comme un boulanger qui ferait du pain que pour ses collègues boulangers. il y a urgence.

 

Bernard Perret: Même si je ne suis pas convaincu, la teneur du débat, Michael, est réjouissante, et je me félicite de t'avoir invité, pour une vraie contradiction.