Accueil du site

Sommaire

Le philosophe

Cont@ct

 

Énonciations et autres signes

 

Une exclamation est une énonciation qui insigne de s'exprimer.

Une exclamation est une énonciation qui insigne d'exprimer un affect (un sentiment ou une émotion).

«`Bonjour.'»: expression de la reconnaissance (de façon courtoise): il ne s'agit pas d'affects.

Par exemple, remercier, féliciter, s'excuser (exprimer du remords), présenter ses condoléances, déplorer, blâmer, approuver, souhaiter la bienvenue ou se réjouir, c'est s'exclamer.

Par exemple, «`Bonjour.'», «`Au revoir.'», «`A bientôt.'», «`Adieu.'», «`Bon appétit.'», «`Qu'il soit le bienvenu!'», «`Que Dieu m'aide!'», «`Que le ciel te tombe sur la tête!'», «`Plût au ciel que Jean réussisse!'», «`Au diable toutes ces précautions!'», «`Bravo!'», «`Berk!'», «`Pouah!'», «`Bof.'», «`Hélas.'», «`Tant pis.'», «`Tant mieux.'», «`Zut!'», «`Aïe!'», «`Formidable!'», «`Que c'est beau!'», «`Quel spectacle!'», «`Qu'ils aillent au diable!'», «`Quel imbécile!'», «`Comme tu es intelligent!'», «`S'il est gentil!'», `«Tant mieux pour toi.'», «`Bien fait!'», «`Tiens!'» sont des exclamations.

Par exemple, «Joyeux anniversaire!’», «Bonne fête!’», «Bonne année!’», «Joyeux Noël!’» sont des exclamations exprimant des souhaits.

Il ne peut pas y avoir de négation dans les exclamations.

Par exemple, on peut s'exclamer «`Que c'est beau!'» ou «`Que c'est laid!'», mais pas «`Que ce n'est pas beau!'» ni «`Que ce n'est pas laid!'»; alors qu'on peut asserter «`C'est beau.'», «`Ce n'est pas beau.'», «`C'est laid.'» ou «`Ce n'est pas laid.'».

Les exclamations non formulées sont feintes.

Par exemple, l'exclamation «Crétin!», non formulée (on n'ose pas) n'est pas une insulte réelle.

*

Une assertion est une énonciation qui insigne de représenter la réalité.

Affirmer, supposer, confirmer, infirmer, mentir, conseiller, avertir, décrire, remarquer, commenter, alléguer, objecter, répondre, se vanter, se plaindre ou signer, c'est asserter.

Par exemple, «`Il pleut.'», «`Il ne pleut pas.'», «`la Terre est ronde.'», «`Il m'a prié de lui donner du sel.'», «`Je lui ai donné du sel.'», «`Il m'a remercié.'», «`Je t'apporte un livre.'», «`Je te parle.'», «`Je vous veux du bien.'», «`Je mens.'», «`J'affirme que la Terre est ronde.'», «`Je prédis qu'il va t'arriver un accident.'», «`Je prédis que tu réussiras ton examen.'», «`Peut-être viendra-t-il demain.'» sont des assertions.

La vérité est le fait pour une assertion (ou une croyance) que ce qu'elle représente est réel.

La vérité est le fait pour une assertion (ou une croyance) de représenter la réalité.

La fausseté est le fait pour une assertion (ou une croyance) que ce qu'elle représente n'est pas réel.

La fausseté est le fait pour une assertion (ou une croyance) de ne pas représenter la réalité.

Par exemple, l'assertion «`Il pleut.'» est vraie s'il pleut au lieu et à la date où je le dis ou écris; l'assertion «`La Terre est ronde.'» est vraie si la Terre est ronde; l'assertion «`J'affirme que la Terre est ronde.'» est vraie si la Terre est ronde; par contre, l'assertion «`Isis affirme que la Terre est ronde.'» est vraie si Isis affirme que la Terre est ronde, que la Terre soit ronde ou non; l'assertion «`Les raisons de l'astronomie nous convainquent que le Soleil est beaucoup plus grand que la Terre.'» est vraie si le Soleil est beaucoup plus grand que la Terre; l'assertion «`Je crois que la Terre est ronde.'» est vraie si je crois que la Terre est ronde, et même si elle ne l'est pas; par contre, l'assertion «`Je sais que la Terre est ronde.'» n'est vraie que si la Terre est ronde et que je le sais.

Par exemple, l'énonciation «Gaston n'est-il pas un continuel dormeur?» est une assertion, signifiant la même chose que: «Gaston est un continuel dormeur.».

La plausibilité est la possibilité pour une assertion d'être vraie.

L'implausibilité est l'impossibilité pour une assertion d'être vraie.

La plausibilité est le fait pour une assertion qu'on peut croire qu'elle est vraie (à sa vérité).

L'implausibilité est le fait pour une assertion qu'on ne peut pas croire qu'elle est vraie (à sa vérité).

La réfutation est la preuve de la fausseté.

La corroboration est la preuve de la vérité.

*

Affirmer, c'est asserter de façon certaine.

Supposer, c'est asserter de façon non certaine.

Par exemple, «`Il viendra demain.'» est une affirmation; «`Il viendra peut-être demain.'», «`Je crois qu'il viendra demain.'» sont des suppositions: on ne dira pas «`J'affirme qu'il viendra peut-être demain.'».

Nier, c'est affirmer le contraire.

*

Un mensonge est l'assertion de quelque chose telle qu'on n'y croit pas afin de la faire croire à un autre sujet.

Un mensonge est l'assertion de ce qu'on ne croit pas afin de le faire croire.

Un mensonge est une assertion faite par un sujet qui ne la croit pas afin de la faire croire à un autre.

Un mensonge est l'assertion de ce qu'on croit faux/irréel.

Par exemple, «`Peut-être l'incendie est-il accidentel.’» est un mensonge, si on sait qu'il est criminel.

Un mensonge n'est pas nécessairement faux; il peut être vrai: c'est le cas si ce que croit le menteur n'est pas réel ni ne représente quelque chose de réel.

Si un sujet ment à propos de, sur quelque chose qu'il sait, connaît (ce qui est subjectif, ses affects par exemple), son mensonge est (nécessairement) faux.

Les mensonges sur ce qui est subjectif sont nécessairement faux.

Si j'affirme qu'Oxford est à cent kilomètres de Cambridge, même si je sais qu'Oxford est à quatre-vingt-onze kilomètres de Cambridge, je ne mens pas, et ce que j'affirme est vrai, représente une réalité, mais approximativement: là, «cent kilomètres» ne représente pas cent kilomètres exactement, comme ça peut parfois mais rarement être le cas, mais une centaine de kilomètres.

Si, lors d'un congrès à Tokyo, je dis à un Japonais que j'habite à Paris alors que j'habite à Neuilly-sur-Seine, une commune qui jouxte celle de Paris, je ne lui mens pas, car «Paris» dans mon affirmation ne représente pas la commune mais la région ou une zone parisienne.

De la même façon, si une personne me demande si je suis resté en France cet été et que je lui réponds que non, je suis allé en Guadeloupe, le fait que la Guadeloupe fasse partie de la France n'implique pas que je lui aie menti ni que je lui aie dit une absurdité, car de la même façon que «Paris» peut représenter la commune ou la région, «la France» peut représenter le territoire sur le continent européen ou les possessions de la société française.

Si on affirme: "Je l'ai mis en vente à 880 ou 900 €." alors qu'on sait l'avoir mis en vente à 880 €, on affirme quelque chose de vrai, mais on ment en faisant croire qu'on ne se souvient plus à quel prix exact on a mis en vente.

Le menteur imite l'expression de la croyance.  

Une allégation est une assertion interprétée comme fausse, peu crédible.

*

Une théorie est un système d'assertions (non déictiques) sur des types.

Par exemple, «L'eau, à l'opposé de la plupart des substances, augmente de volume lorsqu'elle gèle et diminue de volume lorsqu'elle fond.» est une assertion théorique, contrairement à «Cet échantillon de liquide possède un volume moins important que le morceau de glace qu'il était avant de fondre.».

*

Un aveu est l'affirmation d'avoir fait, de faire ou d'avoir l'intention de faire quelque chose de mal, ou de honteux.

*

Une demande est une énonciation qui insigne (de causer) la réalisation par un autre sujet de ce qui y est représenté.

Questionner, enjoindre, exiger, commander, réclamer, prier, supplier, implorer, solliciter, conseiller, autoriser, plaider, inviter à, braver, défier ou provoquer, c'est demander.

Par exemple, «`Viens.'», «`Ferme la porte!'», «`Je t'enjoins de fermer la porte.'», «`Quelle heure est-il?'», «`Dis-moi l'heure qu'il est.'», «`J'aimerais que vous ne fassiez pas cela.'», «`Arrêt demandé.'» (en appuyant sur un bouton dans un bus), «`Que tout soit prêt avant minuit.'», «`Tu t'en vas, maintenant!'», «`Chut!'», «`Bis!'», «`Attention!'», «`Silence!'», «`Tu honoreras ton père et ta mère.'» sont des demandes (si les sujets qui formulent ces énonciations croient qu'ils peuvent en les formulant causer la réalisation de ce qu'elles représentent).

Une question est la demande qu'on nous fasse une énonciation ou un signe sur telle chose.

Une question est la demande qu'on nous fasse telle énonciation ou signe.

Une question est la demande que l'énonciataire fasse un signe à l'énonciateur.

Une question est la demande que l'énonciataire nous fasse un signe.

Par exemple, «`Quelle heure est-il?'», «`Dis-moi l'heure qu'il est.'», «`Qu'en penses-tu?'», «`Dis donc, pourquoi cette comédie?'» sont des questions, mais «`Pourriez-vous me faire cela?'» et «`Pouvez-vous me passer le sel?'» n'en sont pas, du moins le plus souvent; «`Dis-lui l'heure qu'il est.'» et «`Demande-lui de partir.'» ne sont pas des questions car ce ne sont pas des demandes d'énonciation pour soi; «`Dites «trente-trois».'», «`Dis-moi «l'heure qu'il est».'» ne sont pas des questions car ce ne sont pas des demandes d'énonciation, mais uniquement de parole; «`Fais-moi une énonciation.'» n'est pas une question car c'est la demande de n'importe quelle énonciation.

Les questions sont le plus fréquemment des demandes d'assertions.

Une réponse est une énonciation, un signe causé par une question.

Faire un signe de la tête peut être une réponse.

Enjoindre, c'est demander autoritairement.

Enjoindre, c'est demander en signifiant son autorité.

Obéir, c'est faire intentionnellement ce qui est enjoint.

Désobéir, c'est intentionnellement ne pas faire ce qui est enjoint.

Prier ou supplier, c'est demander à une autorité.

Une prière ou supplication est une demande à une autorité.

*

Une proposition est une communication à un autre sujet d'une possibilité qu'il peut choisir, qu'on préfère qu'il choisisse.

Une acceptation est le choix de la possibilité proposée, ou la réalisation intentionnelle d'une demande ou d'un accord.

Un refus est le choix du contraire de la possibilité proposée, ou l'irréalisation intentionnelle d'une demande ou d'un accord.

*

Un engagement est une énonciation qui insigne la réalisation future par celui qui la fait de ce qui y est représenté.

Faire croire à un autre sujet que l'on fera ce qu'on s'engage à faire est de la persignation.

Promettre, jurer, faire le serment de, garantir, menacer (langagièrement), faire un ultimatum, signer un contrat, pactiser ou faire le vœu de, c'est s'engager.

Par exemple, «`Je viendrai sans faute.'» «`Je te promets de venir.'», «`J'irai à la montagne cet été.'» (s'il s'agit de satisfaire un interlocuteur désireux de voir le sujet qui la formule aller à la montagne) «`Je te promets de veiller à ce qu'il fasse ses devoirs.'» , «`Merlin, nous ferons tout ce que tu nous demanderas.'», «`Je fais serment de fidélité au drapeau.'», «`Je fais vœu de me venger.'», «`Si tu fais ça, je te tue.'», «`Je t'attendrai chez moi jusqu'à midi.'» sont des engagements.

Une promesse est l'engagement fait à une autre personne de quelque chose dont on croit qu'elle le désire.

Un contrat est un ensemble de promesses et contre-promesses que se font des personnes.

Un ultimatum est un engagement à réaliser une menace si à une certaine date, une injonction n'est pas réalisée.

Une trahison est la réalisation intentionnelle avec une tierce personne du contraire de ce qui était promis avec une autre (personne).

Un secret est une connaissance ou une croyance qu'on s'est engagé à ne pas communiquer.

Un secret est une croyance ou une connaissance qu'un sujet a l'intention de ne pas communiquer ou faire savoir à un autre sujet.

*

Une déclaration est une énonciation qui insigne de causer la réalisation de ce qu'elle représente et qui fait partie de la réalisation de ce qu'elle représente.

Baptiser, titrer, voter ou parier, c'est déclarer.

Par exemple, «`Je déclare la guerre à la Prusse.'», «`Je vous déclare à cet instant unis par les liens du mariage.'», «`Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.'», «`Je baptise ce navire le «Babinet».'», «`Je vous excommunie.'», «`J'ajourne la réunion.'», «`La séance est levée.'», «`J'abdique.'», «`Je lègue tous mes biens à Isis.'», «`Je vous nomme commandant d'armes.'», «`Vous êtes viré!.'», «`Je donne ma démission.'», «`Je vous engage.'», «`Je vous congédie.'», «`Je vous désigne pour la présidence.'», «`Les hostilités sont ouvertes.'», «`J'autorise l'impression et la diffusion de cet ouvrage.'», «`Par grâce et privilège du Roi, X est autorisé à faire imprimer, vendre et débiter son ouvrage.'», «`Je parie cinq dollars que le dé tombera sur le 6.'», «`Je passe.'» (dit pendant une partie de poker), «`Il est interdit de stationner.'» sont des déclarations.

Il ne peut pas y avoir de négation dans les déclarations.

Les demandes ne sont nécessairement pas des déclarations, car elles ne font nécessairement pas partie de la réalisation de ce qu'elles représentent.

À part les déclarations surnaturelles (par exemple, Dieu disant «`Que la lumière soit.'») et les déclarations sur le langage (par exemple, «`Je définis...'», «`J'abrège...'», «`Je nomme...'», «`J'appelle...'», «`Je désigne...'»), les déclarations nécessitent une institution extra-langagière (Église, Loi, Propriété privée, État).

*

Parmi les cinq types d'énonciations, seule la demande est nécessairement communicationnelle.

Toutes les demandes, tous les engagements et toutes les déclarations nécessitent des auditeurs ou des lecteurs, mais pas toutes les exclamations ni toutes les assertions.

*

Une définition est l'assertion ou la déclaration de ce que représente un concept, ou d'une désignation d'un ensemble de monèmes qui représentent quelque chose de conceptualisable.

Par exemple, je ne peux pas définir les mots «Afrique» ou «Arthur» car ce sont des noms-propres qui représentent quelque chose de non conceptualisable.

Par exemple, le mot «canard» peut désigner un oiseau aquatique palmipède, un journal ou un morceau de sucre imprégné de café: ce sont trois concepts différents; «canard» est polysémique et on peut en faire trois définitions très différentes.

Un lexème est un monème définissable.

Un morphème est un monème indéfinissable.

Un morphème est un monème peu commutable.

Un lexème est un monème très commutable.

Par exemple, dans «voici mon père», «mon» est un morphème et «père» un lexème, car on plus peut commuter père («oncle», «vélo», «crayon», «verre», «siège», «tabouret», «livre», «camion», «pantalon», «manteau», etc.) que «mon» («ton», «son», «un», «le», «leur», «notre», «votre»).

*

La présupposition est le fait dans une énonciation ou pour une énonciation de présenter quelque chose comme déjà connu.

Le présupposé est l'information que le locuteur suppose ou feint de supposer commune à lui-même et au destinataire.

La présupposition est ce qui dans une énonciation est présenté comme déjà connu.

Par exemple, l'assertion «L'actuel roi de France est peut-être malade.» présuppose qu'il y a un actuel roi de France; l'exclamation «Qu'il fait chaud!» présuppose qu'il fait chaud, la demande «Ferme la porte.» présuppose que la porte est ouverte, la question «As-tu cessé de fumer?» présuppose que l'on fumait auparavant.

«Pierre aurait dû épouser Marie.» présuppose que Pierre n'a pas épousé Marie, alors que «Pierre n'aurait pas dû épouser Marie.» présuppose que Pierre a épousé Marie.

Par exemple, «Jean sait que Pierre est malade.» présuppose que Pierre est malade; «Jean s'imagine que Pierre est malade.» présuppose que Pierre n'est pas malade; «Jean pense que Pierre est malade.» ne présuppose ni l'un ni l'autre.

«Jean feint d'être malade.» présuppose que Jean n'est pas malade, alors que «Jean ne feint pas d'être malade.» ne présuppose pas que Jean n'est pas malade.

Par exemple, l'assertion «`Tous les chats d'Albert font la sieste.'» présuppose qu'Albert a des chats; l'assertion «`Bernard regrette d'avoir empoisonné un rat.'» présuppose que Bernard a empoisonné un rat; la question «`Albert a-t-il cessé de fumer?'» présuppose qu'Albert fumait, «`Il est remarquable que Jean ait été convaincu de trahison.'» présuppose que Jean ait été convaincu de trahison, «`Je regrette qu'il pleuve.'» présuppose qu'il pleut, «`Quand est-ce que Georges est revenu?'» présuppose que Georges est revenu, «`C'est Jean qui a tué le charcutier.'» présuppose que le charcutier a été tué.

Dans «La sœur jumelle de Robert travaille à Berlin.», le fait que Robert ait une sœur jumelle est présupposé; dans «Robert a une sœur jumelle qui travaille à Berlin.», ce fait est affirmé, ou traité comme une information nouvelle; le locuteur dira plutôt «Robert a une sœur jumelle qui travaille à Berlin.» que «La sœur jumelle de Robert travaille à Berlin.» si l'information que Robert a une sœur jumelle est suffisamment pertinente à elle seule; un locuteur qui considère que la supposition que Robert a une sœur jumelle n'est ni manifeste ni manifestement plausible devrait choisir l'énoncé «Robert a une sœur jumelle qui travaille à Berlin.».

«Tous les chats d'Arnaud font la sieste.» présuppose qu'Arnaud a des chats.

«Clodomir regrette d'avoir empoisonné un rat.» présuppose que Clodomir a empoisonné un rat.

«C'est Pierre qui est venu.» présuppose que quelqu'un est venu qu'une seule personne est venue et affirme que Pierre est venu.

«Ce n'est pas Pierre qui est venu.» présuppose que quelqu'un est venu et qu'une seule personne est venue et affirme que Pierre n'est pas venu.

On fait comme s'il était impossible de mettre en doute qu'une personne, et une seulement, soit venue, on fait comme si la seule information nouvelle apportée par l'affirmation (la seule donc qui soit discutable) concernait quelle personne était venue.

L'absurdité est pour une énonciation le fait que sa signification présuppose la réalité de quelque chose qui est (en fait) irréel.

Par exemple, il est absurde de demander à un homme s'il a cessé de battre son épouse, s'il n'a pas d'épouse ou s'il ne la battait pas; dans ce cas, l'homme ne peut répondre vraiment ni «`Oui.'» ni «`Non.'», car aucune de ces deux réponses ne serait vraie; il répondra plutôt: «`Mais je n'ai pas d'épouse.'» ou «`Mais je n'ai jamais battu mon épouse.'».

Par exemple, «Jean croit qu'il est plus grand qu'il n'est.» n'est pas absurde, mais «Jean sait qu'il est plus grand qu'il n'est.» l'est.

Une assertion absurde ainsi que l'assertion du contraire sont nécessairement fausses.

Une demande, une promesse ou une déclaration absurdes sont irréalisables, ainsi que la demande, la promesse ou déclaration du contraire.

Par exemple, «`Je ne sais pas écrire.'» est une assertion absurde, car elle présuppose que je ne l'ai pas écrite, ce qui est irréel; «`J'ai vu un centaure.'» est une assertion absurde, car elle présuppose que les centaures existent réellement, ce qui est irréel; «`Isis a-t-elle cessé de fumer?'» est une question qui présuppose qu'Isis a déjà fumé, et est donc absurde si elle n'a jamais fumé; «`Soleil, lève toi!'» est absurde, car elle présuppose que le Soleil peut obéir, ce qui est irréel.

Par exemple, le Soleil ne peut obéir ni à «`lève toi!'» ni à «`Ne te lève pas!'»; il est impossible de répondre vraiment directement à une question absurde; à la question «`Isis a-t-elle cessé de fumer?'», alors qu'Isis n'a jamais fumé, les réponses directes «`oui'» et «`Non'» sont toutes les deux fausses.

Expliciter, c'est affirmer ce qui est présupposé.

Par exemple, expliciter «`Donne-moi ton pull bleu.'», c'est affirmer «`Celui à qui est faite la demande a un pull bleu.'».

*

Un dialogue est un système de communications (parlées) réciproques entre deux personnes.

Une conversation est un système de communications (parlées) comprises réciproques à propos des mêmes choses.

Une conversation est un système de paroles communicationnelles comprises et réciproques à propos des mêmes choses.

Par exemple, un dialogue de "sourds" n'est pas une conversation.

Une négociation est une discussion (ou une conversation) entre des personnes afin de décider ensemble (en commun) de quelque chose qui permettrait (ou permettra) de résoudre de façon non violente (paisible, concertée) entre elles des conflits qu'elles ont entre elles.

Une négociation est une discussion (ou une conversation) entre des personnes afin de résoudre de façon non violente (paisible, concertée) des conflits qu'elles ont entre elles, en décidant ensemble (en commun) de quelque chose.

*

Un discours est un système non-fictionnel de communications parlées non-réciproques.

Un discours est un système de paroles communicationnelles non-réciproques.

Un texte est un système écrit d'énonciations.

Par exemple, l'ensemble des assertions contenu dans un annuaire téléphonique (ou bottin) n'est pas un texte, car ce n'est pas un système: la suppression d'une assertion ne change rien aux autres, ni leur compréhension (l'ordre ou le classement ne suffisent pas pour faire d'un ensemble un système).

Plus un système (ou ensemble?) d'énonciations a d'énonciations, plus la proportion moyenne d'assertions y augmente.

Plus une énonciation a de monèmes, et donc de phonèmes ou de graphèmes, plus il est probable que ce soit une assertion.

Moins une conversation ou un discours a d'énonciations, plus la proportion moyenne d'exclamations est élevée.

*

Une performation est l'ensemble des monèmes, dont un ou plusieurs lexèmes, qui représente l'insignation de l'énonciation dont ils font partie.

Par exemple, il y a une performation dans les énonciations: «J'affirme que le chat est sur le paillasson.'», «Je fais l'affirmation qu'il pleut.'», «Je te donne l'ordre de partir'», «J'en conclus qu'il pleut.'», «Je te jure qu'il n'est pas venu.'», «Promis, je viendrai.'», «Je viendrai, c'est promis.'», «Je t'avertis, tu ne pourras pas.'», «Je te demande l'heure qu'il est.'», «Je t'enjoins de venir.'», «Je te prie de m'aider.'», «Il était là, je t'assure.'», «Je déclare la séance suspendue.'», «Il pleut, je t'informe.'», «Je te dis qu'il pleut.'», «Les voyageurs sont priés d'emprunter la passerelle pour traverser les voies.'», «Vas-y, c'est un conseil.'», «Messieurs les étrangers sont avertis qu'il existe par ici un chien méchant.'»; par contre, les énonciations suivantes ne peuvent pas être performatives: «Je me vante d'avoir été le premier à réussir là où tous avaient échoué avant moi.'», «Je te menace (de)...», «Je te parle (de...).», «Je raisonne.», «Je réfléchis.», «Je te convaincs qu'il faut y aller.», «Il pleut.», «Il jure qu'il n'est pas venu.», «Je l'ai averti.», «Je démontre que ce théorème est vrai.», «Je me moque de toi.», «Je t'estime.».

Par exemple, «Je t'insulte.» n'est pas une énonciation performative, car on ne peut pas insulter en la faisant.

Par exemple, si un fils demande à son père: «Qu'est-ce que tu écris?», et que celui-ci répond: «Je te lègue ma maison.», en disant cela, il fait une affirmation, et non une déclaration performative: par contre, en l'écrivant, il fait une déclaration performative.

Par exemple, peuvent être des performations: «Je te demande...», «Je t'ordonne...», «Je te remercie...», «Je te salue.», «Je te félicite.», «Je t'affirme...», «Je te conseille...», «Je t'avertis...», «Je te certifie...», «Je te promets...», «Je te jure...», «Je parie...», «Je te bénis.», «Je te maudis.», «Je te donne...», «Je te prête...», etc.

 

Un salut est un signe qui insigne d'exprimer courtoisement, poliment à un autre sujet qu'on l'a reconnu.

(Un salut langagier est une exclamation faite courtoisement, poliment à un autre sujet qu'on l'a reconnu.)

Saluer, c'est montrer, exprimer à un autre sujet qu'on l'a reconnu.

 

Une félicitation est une exclamation, une déclaration ou une affirmation d'admiration de/envers la personne à qui on la fait.

Par exemple, «`Bravo!’» (exclamation), «`Je te félicite.’» (déclaration), «`Vous avez fait un match grandiose.’» (affirmation) sont des félicitations.

Une félicitation est un signe qui insigne d'exprimer à un autre sujet sa satisfaction pour (à cause de) la réalisation par cet autre sujet d'un événement.

L'applaudissement est une félicitation.

(Une félicitation langagière est une exclamation faite à un autre sujet de sa satisfaction pour (à cause de) la réalisation par cet autre sujet d'un événement.)

Féliciter, c'est exprimer à un autre sujet qu'on est content, satisfait que quelque chose lui soit advenu.

Féliciter, c'est affirmer qu'on est admiratif.

 

Une confirmation est quelque chose qui augmente la croyance en une assertion, ou c'est l'affirmation qu'une autre assertion est vraie.

Par exemple, «Il pleut.’»: «C'est vrai.’»; «Pas encore au XVIIIe siècle. Ça sera l'annonciation du XIXe siècle.’»: «Vous avez tout à fait raison: pas encore.’».

Une infirmation est quelque chose qui diminue la croyance en une assertion, ou c'est l'affirmation qu'une autre assertion est fausse.

 

Un conseil est l'affirmation faite à un autre sujet qu'il lui serait profitable de réaliser ce qui y est désigné.

Conseiller, c'est affirmer à un autre sujet qu'il serait plus satisfait en faisant tel acte ou en ayant tel comportement.

Conseiller, c'est affirmer à un autre sujet qu'il lui serait plus profitable de faire tel acte ou d'avoir tel comportement.

Par exemple, «À ta place, je voterais X.’», «Parents qui avez des enfants, gardez-vous des mœurs de vos domestiques.’» sont des conseils.

 

Un avertissement est l'affirmation faite à un autre sujet de ce qu'il risque ou qu'un événement insatisfaisant lui adviendra.

Par exemple, «Chien méchant.’», écrit sur le portail d'une villa, est un avertissement; «Fumer peut être dangereux pour votre santé.’», écrit sur les paquets de cigarettes, est un avertissement fait par le ministère de la Santé aux fumeurs.

 

Prédire, c'est affirmer que quelque chose, sans qu'on le veuille, se réalisera.

Par exemple, «Il pleuvra demain.’», «Vous allez bientôt rencontrer l'homme de votre vie.’» sont des prédictions; «demain, on sera le 7 novembre 1990’» n'est pas une prédiction, car une date n'est pas un événement.

Une rétrodiction est l'affirmation d'un événement passé auparavant inconnu ou non imaginé.

Par exemple, Halley, en observant en 1681-1682 une comète qui portera son nom, grâce à la théorie de la gravitation de Newton,, put annoncer non seulement le retour au périhélie des comètes périodiques et prédire le ainsi le retour de cette comète pour 1758, mais aussi il rétrodit (expliqua) des apparitions de comètes observées sans savoir que c'était la même, ou non observées.

 

Un récit ou narration est un système d'affirmations représentant des événements passés relativement à d'autres événements passés postérieurs aux premiers.

Une phrase narrative se réfère à deux événements.

Par exemple, «En 1713 naquit l'auteur du «Neveu de Rameau».’», «Aristarque a anticipé en 270 avant notre ère la théorie publiée par Copernic en 1543 de notre ère.’».

Une description est une représentation par un système d'assertions de l'essence (contingente?) ou de l'état une chose.

Par exemple, on peut décrire un animal, une plante, un paysage.

 

Une signature est l'affirmation écrite nominale (par l'écriture de son nom) figurée (graphisée, pictographiée, idéographiée) que c'est soi-même qui a écrit ou lu les énonciations précédentes ou qui a fait ce sur quoi est faite l'affirmation.

 

Assurer, c'est affirmer quelque chose à un sujet dont on croit qu'il en doute (afin de le lui faire croire).

 

Une rumeur est une assertion communiquée successivement de personne en personne sans que ces personnes aient de quoi / aient le moyen d'en connaître la vérité (ou la fausseté), voire d'en connaître l'origine (le premier asserteur).

Par exemple, en France il y a eu il y a plusieurs années des rumeurs fausses selon lesquelles telle actrice (Isabelle Adjani) et tel chanteur (Étienne Daho) avaient le sida, et des rumeurs vraies selon lesquelles le Président de la République François Mitterrand avait un cancer et avait une fille cachée; c'était des rumeurs tant qu'on ne pouvait pas en connaître la vérité ni qui a propagé ces assertions.

Les propagateurs d'une rumeur ne s'estiment/considèrent pas responsables de sa vérité.

Un ragot est une rumeur sur une personne.

 

Une requête est une demande qui n'est pas une question.

 

Une exigence est une demande impérieuse.

Exiger, c'est demander beaucoup.

 

Un appel est la demande faite à un autre sujet, en ne disant que son nom, de venir (à soi, vers soi) ou d'être attentif ou d'écouter ce qu'on va lui énoncer (lui dire?).

Par exemple, «Albert, va-t-en.’» n'est pas un appel.

Un appel sans nom: «Ohé!’».

 

S'excuser, c'est communiquer sa volonté d'être pardonné.

S'excuser, c'est communiquer qu'on veut être pardonné.

S'excuser, c'est demander le pardon.

Une excuse est une demande de pardon.

S'excuser, c'est formuler du remords à un autre sujet.

 

Une accusation est l'affirmation faite à un autre sujet que tel sujet a fait une/telle transgression.

Une inculpation est une accusation officielle, institutionnelle (plutôt officielle qu'institutionnelle).

Un aveu est l'affirmation d'avoir fait une/telle transgression.

 

Un défi est une déclaration provocatrice (incitant quelqu'un à faire quelque chose) par laquelle on signifie à quelqu'un qu'on le tient pour incapable de faire une chose.

Par exemple, «Je vous prends au mot.’» et «Tu n'oserais jamais.’», «Chiche!’», «Chiche que j'y arrive!’», «Je la défie de fournir un signalement qui tienne debout.’» sont des défis.

 

Une interrogation est une intention, un désir ou une volonté langagier de savoir (d'apprendre).

Les questions sont nécessairement des interrogations, mais pas inversement.

Se demander (ou s'interroger), c'est désirer langagièrement (pensivement) savoir.

Les questions ne sont pas nécessairement interrogatives: par ex, un examinateur qui connaît la réponse vraie (mais il y a interrogation sur ce que sait l'élève).

 

Une insulte est une exclamation agressive.

Une insulte est nécessairement langagière, pas une injure.

Injurier, c'est se venger langagièrement.

Injurier et calomnier. outrage

Insultes de saleté: «Pute!’», «Salope!’», «Cochon!’», «Fumier!’».

Insultes de sexualité: «Va te faire foutre!’», «Enculé!’», «Pédé!’», «Couillon!’», «Connard!’», «Pute!’», «Salope!’», «Cochon!’», «Puceau!’», «Impuissant!’».

Insultes de bestialité: «Cochon!’», «Quel âne!’», «Chameau!’».

Insultes de déficience intellectuelle: «Idiot!’», «Imbécile!’».

Insultes de tare corporelle: «Gros tas!’», «Vieux croûton!’».

Insultes d'inachèvement: «Minus!’», «Enfant!’», «Bébé!’», «Gamin!’».

Le «con» concerne tout ce qui touche à l'absence de pénis; pour un grec, traiter quelqu'un de «con» revenait à le dépouiller symboliquement de ses attributs virils, c'est-à-dire à le châtrer. Parce qu'un con, par définition, est coin-cé - il ne peut pas aller au-delà d'un coin.

 

Un argument est une énonciation faite afin d'en faire admettre une ou plusieurs autres.

Par exemple, dans «Ne tuez pas les mouches: elles ne vivent que soixante-dix jours.», «elles ne vivent que soixante-dix jours» est un argument pour ne pas tuer les mouches.

Dans «J'aime tous les légumes: les patates, les carottes, les petits pois, et même les rutabagas.», «même» introduit l'argument majeur: si l'on aime les rutabagas, considérés comme un légume peu apprécié, on aime a fortiori les autres légumes, et on peut en conclure qu'on aime tous les légumes.

Dans «Allons chez Paul. On y sera toujours mieux qu'ici.», l'argument est: «On y sera mieux qu'ici.» et la conclusion: «Allons chez Paul.», et «toujours» présente un argument faible, mais, si faible soit-il, c'est un argument, et «toujours» pourrait ainsi être remplacé par «au moins».

«Pierre et Jean sont amis.’», «Pierre n'a pu trahir Jean.’»: l'amitié de l'accusé pour la victime, argument à la décharge de la défense, se retourne contre elle, moyennant un autre topos selon lequel l'ami est une proie d'autant plus facile qu'il ne se méfie pas de vous.

 

Une objection est une affirmation ou un argument fait afin de prouver qu'une autre est fausse.

Une objection est une affirmation ou un argument fait afin d'en réfuter une autre.