Apparition de l'humain
Il
y a 55 millions d'années et durant une vingtaine de millions d'années, les
petits mammifères ancêtres des primates, des chauve-souris, des écureuils
volants et des musaraignes arboricoles vivaient dans un environnement d'arbres
fruitiers, si abondant en vitamines C que chez ces animaux, le métabolisme de
synthétisation de la vitamine C a disparu, alors que s'est développé une
attirance génétique, innée pour le goût sucré.
*Les
prosimiens (prédécesseurs des singes) disparurent il y a 40 ou 50 millions
d'années avec l'apparition des singes, sauf à Madagascar, terre déjà séparée
du continent africain, où les singes n'apparurent pas (les lémuriens de
Madagascar se maintinrent, alors qu'en Afrique ils furent supplantés). Ils
avaient déjà des ongles et non plus des griffes, et un pouce opposable.
*Avec
les singes, il y eut un développement du cerveau, une maturité plus tardive
des jeunes (c'est par l'imitation que les jeunes en viennent lentement à connaître
les comportements de la vie adulte), et donc une immobilisation de la mère le
temps de l'apprentissage des jeunes, les uns et les autres devenant de ce fait
plus vulnérables et dépendants de toute la société. Alors que chez les lémurs,
le chef de bande pouvait être aussi bien une femelle qu'un mâle, il y eut chez
les singes un accroissement de la dominance du mâle.
*L'œstrus
apparut avec les singes et les anthropoïdes: c'est la période de réceptivité
qui revient pour la femelle non pas une fois par an, mais tous les mois. La
sexualité mâle pouvait ainsi s'accomplir toute l'année, et les femelles en
chaleur commençaient par accepter n'importe quel mâle, pour se réserver les mâles
les plus dominants lorsque la fécondité devenait maximale.
*L'ancêtre
commun des chimpanzés, des gorilles et des humains, vivait dans un paysage fait
de forêts et de savanes boisées, qui s'étendait, il y a vingt millions d'années,
à travers toute l'Afrique équatoriale, de l'océan Atlantique à l'océan
Indien; il y a 15 millions d'années, la lignée qui a mené au gorille s'est séparée
de celle des autres grands singes; et puis, vers dix millions d'années, il y
eut des événements tectoniques: réactivation de l'effondrement du Rift, cette
grande faille qui partage l'Afrique orientale, ouvre la mer Rouge et le
Proche-Orient; à l'ouest du Rift, entre l'océan Atlantique et la faille, les
précipitations se sont poursuivies avec la même régularité et la fréquence
qu'avant, tandis qu'à l'est, sur le plateau, lui-même entre deux et trois
mille mètres d'altitude, sous la barrière montagneuse qui borde le Rift, les
pluies sont devenues irrégulières et le couvert forestier s'est dégradé; à
l'ouest a primé l'adaptation au milieu arboré, au déplacement suspendu et au
redressement occasionnel: c'est là que sont apparus les gorilles et les
chimpanzés; à l'est a primé l'adaptation au milieu découvert, au déplacement
bipède, au grimper vestigial: c'est là que sont apparus les humains.
**Les
sept premiers millions d'années de cette période, il y a eu des pré-humains:
les australopithèques (six ou sept espèces), qui ont, à partir de trois
millions d'années, élargi leur territoire à l'ensemble du quadrant sud-est de
l'Afrique, et à partir de trois millions d'années, sont apparus les humains.
**L'Afrique
avait des forêts et des savanes boisées jusqu'à ce que, il y a huit millions
d'années, une faille se fit du sud au nord et sa partie orientale s'est soulevée;
moins arrosée, le climat y est devenu plus aride et un paysage de savanes
clairsemées et de prairies apparut; les grands singes (primates) ont été privés
des arbres dans lesquels ils vivaient, mangeaient et se protégeaient, et où
ils se déplaçaient par le moyen de leurs quatre mains; dans la savane, le
meilleur moyen pour se protéger des prédateurs était de se soulever sur leurs
pattes arrières afin de pouvoir les voir alors qu'ils sont encore lointains;
peu à peu, ils n'ont plus utilisé leurs mains antérieures pour se déplacer,
devenant ainsi bipèdes; leur denture a eu un émail épais, leur permettant de
consommer, fruits, graines et tubercules.
La faiblesse de la pilosité permet à
l'humain d'évacuer la chaleur lors de longs efforts, là où un animal
à forte pilosité serait épuisé.
La bipédie permet à l'humain de produire des déplacements
très longs moins fatigants qu'avec la quadrupédie.
La
locomotion bipède exclusive est acquise par les australopithèques il y a 6 à
1 millions d'années. Ceux-ci sont presque végétariens et se procurent leur
nourriture individuellement. Les homos sont apparus il y a 3,5 millions d'années
et ont vécu 2,5 millions d'années dans les mêmes régions que les
australopithèques. Les homos omnivores coopéraient dans la quête de leur
nourriture plus variée et moins coriace que celle des australopithèques. Leur
dentition a pu se réduire et permettre aux muscles masséters et temporaux de
diminuer. Ceux-ci ont cessé de comprimer en permanence la calotte crânienne,
permettant au cerveau de se développer. L'appareil phonatoire ne subit plus les
pressions qui limitaient la variété des expressions.
*Dans
une zone qui s'étendait du Rift africain au Pakistan, le climat s'est asséché
il y a 15 à 7 millions d'années, et la diminution des pluies a causé une réduction
de la surface des forêts.
*Les
grands anthropoïdes avaient besoin de beaucoup de nourriture, d'un grand
territoire: ils se sont déplacés avec les forêts. D'autre part, leur taille
faisait qu'ils devaient s'appuyer sur le dos de leurs mains pour se déplacer.
*Les
petits anthropoïdes, moins exigeants, restèrent là où la forêt se raréfiait
et durent de plus en plus descendre des arbres pour passer d'arbre en arbre.
D'autre part, ils pouvaient se déplacer sur deux pattes en se balançant, ce
qui leur aura permis d'utiliser leurs mains pour manier des armes pour se défendre
de prédateurs auxquels ils devenaient plus exposés dans ces espaces découverts,
puis ces armes furent occasionnellement utilisées pour assommer un petit animal
lent et compléter ainsi leur régime de fruits par quelques morceaux de viande.
Peu à peu, leurs canines, qui avaient auparavant la fonction qu'avaient leurs
armes, rapetissèrent (alors que par exemple chimpanzés, gorilles, macaques et
babouins, surtout les mâles, ont de longues canines). Par ailleurs, la
carnivorie leur permit d'accéder à des acides gras qui favorisent le développement
des cellules nerveuses, ainsi que celles des parois des vaisseaux sanguins.
*Les
petits anthropoïdes grimpèrent peu à peu moins aux arbres pour y chercher la
nourriture ou un abri. Il leur devint de plus en plus nécessaire de courir pour
capturer le gibier car celui-ci se méfiait de plus en plus d'eux.
**Un
peu avant trois millions d'années, il y a eu un refroidissement général de la
Terre qui a duré neuf cent mille ans, et qui a causé un nouvel assèchement;
la savane boisée et les îlots forestiers à grands arbres tropicaux est
devenue une savane très claire qui n'a plus que quelques zones arborées le
long des rivières; ce changement de végétation a modifié de nombreuses espèces
animales: comme on use beaucoup plus ses dents en mâchant de l'herbe qu'en mâchant
des feuilles, la hauteur des molaires de l'éléphant s'est multipliée par
trois, les suidés ont multiplié par trois la longueur de leurs dernières
molaires et le nombre des tubercules de ces dents, les antilopes de brousse (tragélaphes,
buffles) ont été remplacées par les antilopes de steppe (alcélaphes,
gazelles), les rongeurs arboricoles par les rongeurs fouisseurs, l'hipparion par
le cheval, meilleur coursier que son prédécesseur, le metridiochère par le
phacochère, meilleur consommateur de graminées que son prédécesseur; c'est
aussi là que sont apparus l'australopithèque robuste, pré-humain aux prémolaires
et aux molaires énormes très spécialisées pour une alimentation végétarienne
coriace, au corps puissant (1,50 m, 50 kg) et au petit cerveau (500 cm3),
et la la première forme humaine, l'homo habilis, à la denture omnivore, au
cerveau plus développé (700 cm3) et au corps grêle (1,30 m, 30
kg).
**Alors
que d'autres animaux se servaient déjà d'outils aménagés, effeuillant des
branches pour les rendre plus efficaces, l'outillage au second degré (outils
faits avec des outils) est apparu il y a plus de trois millions d'années
(petits éclats parfois retouchés), c'est-à-dire qu'il est la création d'un
hominidé pré-humain dont les mains n'étaient encore que partiellement
affranchies de leur fonction locomotrice; ainsi des australopithèques, il y a
trois millions d'années se servaient de pierres taillées pour éplucher des
tubercules.
**L'adaptation,
chez l'humain, des voies respiratoires supérieures à un meilleur
fonctionnement de la respiration en climat devenu particulièrement sec, par la
descente du larynx, a permis l'apparition des sons articulés et donc de la
parole.
**L'adaptation
de l'humain à un régime omnivore permet le développement du charognage et
le développement de la chasse, c'est-à-dire un changement important dans le
comportement et par suite dans l'organisation sociale.
Il
y a trois millions d'années, il y a eu un refroidissement du climat de la
Terre, asséchant l'Afrique orientale; les derniers bouquets d'arbres ont
disparu, remplacés par des grandes prairies et parfois des déserts; la
dentition des hominidés s'est encore transformée, et le régime alimentaire
s'est étendu à la viande, entraînant avec la recherche du gibier, charognage
et chasse, organisation et mobilité; l'outillage s'est multiplié.
Les
quadrumanes n'ont plus eu la possibilité de grimper sur des arbres et d'en
empoigner les branches avec les pieds, comme avec les mains pour s'y accrocher
Les
singes anthropoïdes ont des longs doigts crochus et un pouce court, leur
permettant de se suspendre dans les arbres.
Les
mammifères quadrupèdes ne peuvent pas survivre à l'augmentation du poids de
leur cerveau, parce que leur tête n'est pas à la verticale de leur cou.
Les
humains ont eu l'outil, l'habitat et la chasse avant le langage (premiers outils
il y a 2,5 millions d'années). Les possibilités de la parole sont apparus il y
a 500.000 ans et ont été acquises dans leur totalité il y a 100.000 ans.
Chez
les autres mammifères terriens, le larynx est en position haute dans le cou, à
peu près en face des trois premières vertèbres cervicales: ils peuvent avaler
et respirer simultanément; ils ont un petit pharynx qui fait caisse de résonance.
Chez les humains, quelques mois après la naissance, le larynx commence à
descendre pour arriver progressivement au niveau des sixième et septième vertèbres
cervicales: il y a un risque d'étouffement et de suffocation, mais il y a la
possibilité d'émettre une grande variété de sons, et donc de parler.
Les
sons [k], [g], [s], [z], [ƒ] (="ch"), [Z] (="j")
apparaissent tard.
Il
peut y avoir une origine compétitive de la marche à deux pieds, et donc une
origine sociale, hiérarchique.
*En
plusieurs millions d'années, des mutations advinrent et se répandirent: le
pied qui s'aplatissait adhérait ainsi plus au sol, le développement de la voûte
longitudinale augmenta l'élasticité et le ressort de leur démarche, l'éminence
métatarsienne permit un plus grand équilibre par une pression renforcée sur
le sol. Cette évolution, qui était presque achevée il y a deux millions d'années,
s'est faite dans la mesure où la vie des hominidés dépendait plus de la
capture d'une proie que de la fuite dans la sécurité des arbres. Il y a deux
millions d'années, les humanoïdes pouvaient courir, mais étaient incapables
de marcher sur de longues distances. Ils attendaient en embuscade près des
filets d'eau.
*Dans
la savane, la nécessité du partage de la nourriture apportée par la chasse
entraînait pour les mères une dépendance totale envers la compétence du mâles.
Le rayon d'action des femelles était délimité par les exigences du plus jeune
de ses enfants. Ce qu'elles ramassaient comme nourriture était important au
point de vue des vitamines, mais très peu en calories. Les mâles nourrissaient
les femelles réceptives sexuellement.
*La
posture sexuelle frontale permit un attachement individuel plus grand. Il y eut
un développement de la poitrine féminine, car c'était un déclencheur sexuel,
avec une augmentation de la pigmentation des aréoles. Il y eut aussi une
diminution de la pilosité, surtout féminine, car les femelles moins poilues,
exhibaient plus leurs attraits sexuels: seins, bouche (disparition de la barbe
chez les femmes), yeux (dilatation des pupilles), attiraient plus les mâles et
engendraient plus. L'orgasme intensifiant le désir féminin augmentait la
probabilité du retour des mâles après la chasse. Ils pouvaient être fatigués;
le désir féminin les revigorait. Si l'orgasme mâle est apparu il y a 200
millions d'années, l'orgasme féminin exige une certaine discipline, une
concentration sur cette partie du système nerveux central, concomitant au développement
du gros cerveau humain. Il est très récent, peu établi dans l'espèce, et
diffère donc beaucoup selon les femmes.
*Une
société de chasseurs ne pouvait guère réunir plus de 50 membres, y compris
les enfants. C'est à peu près le maximum que le gibier peut réunir dans un
rayon accessible, avec 10 mâles adultes au moins: beaucoup plus, et les
individus à nourrir eussent été trop nombreux; beaucoup moins, et ces gros
animaux plus gros et plus rapides que les chasseurs, n'eussent pas été pris,
puis tués. Pour affronter leurs proies, les chasseurs ancestraux ne disposaient
que du coup de poing, ou de la hache tenue dans la main, qui écrasait, de l'épieu
qui transperçait et de l'action concertée de leurs semblables.
*Pour
chasser, ils utilisaient des galets trouvés dans l'eau et dont ils dégageaient
un bord coupant d'un côté. Il y a un million d'années, ils utilisaient, deux
pierres sphéroïdes reliées par une corde, s'enroulant autour des pattes des
animaux qu'elles faisaient tomber.
*Il
y a 1,5-1 million d'années est apparu en Afrique orientale le biface acheuléen,
de forme amygdaloïde symétrique, soigneusement taillé des deux côtés; il
s'est diffusé ensuite en Afrique, pas en dehors (Europe et Asie) car le feu n'était
pas encore maîtrisé pour pouvoir vivre dans ces régions plus froides. Il y a
deux millions d'années, la main n'avait pas assez évolué pour permettre la préhension
précise indispensable au travail sur pierre de la culture acheuléenne.
Il
y a un peu plus d'un million d'années: premiers feux
Il
y a un peu moins d'un million d'années: premiers foyers
*A
partir de la glaciation d'il y a 700.000 ans, il y a eu une migration vers le
nord: Israël, Europe, Chine, car le gibier, n'ayant pas évolué aux côtés
des humains et les ignorant donc, était peu méfiant, mais aussi car la
population humaine augmentait et à cause d'une tendance à avoir un
comportement exploratoire, venant de l'ancienne curiosité primate et de
nouvelles pulsions prédatrices à l'exploration.
*Il
y a 500.000 ans, il y a eu une apogée technique et esthétique du biface acheuléen.
En même temps, en Chine, les bifaces étaient faits en cristal de roche
translucide et brillant, plutôt qu'en silex noir, pourtant plus facile à
extraire et à tailler.
*Des
artisans pouvaient manifester une supériorité sociale autrement que par la
chasse pour les mâles ou que par l'attraction sexuelle pour les femelles.
*En
Eurasie, il y a 500.000 les néandertaliens, hominidés petits et robustes,
adaptés au climat froid de la
glaciation eurasienne, habitèrent les premiers sites protégés, sous forme de
grottes. En Ukraine il y eut des constructions permanentes faites d'os de
mammouths et de peaux de rennes.
*Dans
ce climat plus rude apparut un artisanat (moustérien) de la pierre plus
grossier, moins beau, à base d'éclats détachés du noyau par des coups
habilement dirigés; les bords étaient bien tranchants et pouvaient être
retouchés.
Il
y a 400.000 ans des aliments commencent à être cuits.
Il
y a 250.000 ans: dessin de festons sur un os de mammouth en Dordogne
Il
y a plusieurs centaines de milliers d'années: en Chine et Indonésie, bris délibérés
de crânes, rites liés à la mort.
Il
y a 100.000 ans: enterrement des morts, creusement soigné de fosses, parfois
peintes à l'ocre, et inhumation de cadavres accompagnés de fleurs, de
nourriture et de diverses choses symboliques ou utilitaires.
*Il
y a 35.000 ans il y eut un réchauffement de quelques milliers d'années qui a
permis aux humains (homo sapiens sapiens) de migrer vers l'Europe occidentale.
*L'artisanat
lithique (aurignacien) consistait surtout en lames étroites, soigneusement
retouchées, sans doute au marteau et au percuteur. Certaines pointes devaient
être destinées à des sagaies. Mais étaient aussi travaillés l'os, le bois
de cervidé et l'ivoire du mammouth.
Les
populations des primates arboricoles sont séparées, ce qui tend à permettre
la contemporanéité de beaucoup d'espèces. Par contre, la bipédie des ancêtres
des humains tend à faire se répandre les populations, et par rivalité à
favoriser l'existence d'une unique population. Ainsi l'arrivée des humains en
Europe a éliminé la population des néandertaliens il y a 32.000 ans.
*Il
y a 35.000 à 32.000 ans, les néandertaliens disparurent à cause du partage du
même écosystème par les cro-magnons qui étaient concurrents pour la chasse et étaient différents
d'aspect.
*L'arc
et la flèche, de même que la sagaie si efficace et la fronde, ont été inventées
il y a seulement 30.000 ans environ. L'invention de l'arc et la flèche est due
à un peuple nord-africain (culture atérienne), grâce à de la soie. Est ainsi
apparue la possibilité de tuer à distance en évitant les dangers du combat
rapproché imposé par une arme tenue à la main. *Quand les Amérindiens ont mis le pied sur le continent à la fin de la dernière glaciation, ils savaient utiliser des sagaies à pointe striée, mais ils ne possédaient pas l'arc et la flèche. Ils les ont connu qu'il y a 1.500 ans. |