Indice et signe
Un indice ou
signal est une chose qui cause un réflexe
ou dont la perception ou sensation cause la remémoration ou imagination d'autre
chose.
Par exemple,
les bois de l'élan mâle sont des indices pour l'élan femelle; un ciel gris et
nuageux, le tonnerre indiquent qu'il y aura de l'orage au paysan qui les perçoit;
de la fumée s'élevant au-dessus d'une forêt indique qu'il y a du feu au garde
forestier qui la voit; le feu rouge indique l'arrêt à l'automobiliste; une
girouette indique le sens du vent; l'abeille indique par ses mouvements la
position des fleurs aux autres abeilles de sa ruche; la rougeur du visage
indique la colère, la timidité ou la honte; dans «`cet enfant est
impossible!'», l'allongement et le renforcement du /p/ indique à l'auditeur
l'irritation du locuteur.
Par exemple, la
vision de formes ouvertes comme des étoiles ou des croix (fleurs écloses)
indiquent le butinage aux abeilles, alors que des formes fermées comme des
cercles et des carrés (boutons de fleurs) ne leur indiquent rien; les abeilles
voient des fleurs mais ignorent qu'elles voient des fleurs, c'est-à-dire
qu'elles ignorent la cause de leurs perceptions
Par exemple, la
coquille Saint-Jacques ne voit de son prédateur l'astérie que son mouvement;
cette perception indique la sortie de tentacules qui lui permettent de sentir;
la perception de l'odeur de l'astérie par la coquille Saint-Jacques indique son
soulèvement et son éloignement par la nage.
L'indication est
le réflexe ou la remémoration ou imagination causé par l'indice.
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L'expression
est la perceptibilisation d'indices de ce dont on est conscient.
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Une souffrance
est un affect qui indique ce qui cause sa cessation ou sa diminution.
Une jouissance
est un affect qui indique ce qui cause sa prolongation, son augmentation ou
sa répétition.
Une douleur est
une sensation qui indique ce qui cause sa cessation ou sa diminution.
Un plaisir est
une sensation qui indique ce qui cause sa prolongation, son augmentation ou sa répétition.
Par exemple, la
faim, la soif, la fatigue, l'ensommeillement, la nausée, la démangeaison, le
picotement, le fourmillement et le chatouillement sont des douleurs; l'orgasme
est un plaisir.
Par exemple, la
faim indique la manducation, la soif indique l'imbibition, l'étouffement ou
dyspnée ou suffocation indique la respiration, la fatigue indique le repos,
l'ensommeillement indique l'endormissement, la démangeaison indique le
grattement, le fourmillement indique le mouvement, la nausée indique le
vomissement, le chatouillement indique le rire.
Contrairement aux douleurs, les plaisirs ont
naturellement une durée limitée; sinon, les sujets prolongeraient leur plaisir
jusqu'à en mourir (et la vie disparaîtrait). Par exemple, des biologistes ont artificiellement permis à des souris de prolonger (elles-mêmes) leur plaisir en appuyant sur un levier relié à une partie de leur cerveau; les souris sont mortes d'épuisement parce qu'elles ont cessé d'avoir faim et (donc) de manger.
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Une habitude
est un ensemble de réflexes non génétiques (non instinctifs) ou d'actes que
le sujet répète fréquemment (à cause de la répétition d'un même événement,
ou de la croyance en la répétition de ce même événement (dans son
environnement ou en lui)).
L'habituation est
le fait pour un acte ou un comportement intentionnel de devenir réflexe, ou est
la diminution ou la cessation/disparition de la perception, de la sensation ou
de l'indication de quelque chose fréquemment (souvent ou longtemps) perçu ou
ressenti.
Quand une sensation ou une perception cause moins de
réflexes, il y a habituation.
Par exemple, si
on soumet de façon répétée un nouveau-né à une odeur particulière, cela
cause la diminution progressive, puis l'extinction des réponses motrices et
respiratoires aux stimulations odorantes chez des bébés âgés de deux-trois
jours: il y a habituation.
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Un signe est
une chose, un événement représentatif exprimable qui présente une intention.
Un signe est nécessairement intentionnel, pas un
indice.
Par exemple,
les photographies ou les sculptures ne sont pas des signes en elles-mêmes.
La désignation
est ce qui est (re)présenté d'une chose ou la façon dont une chose est représentée
dans un signe ou une partie de signe.
Par exemple, le
signe qui consiste à montrer du doigt a pour désignation ce qui est dans son
prolongement.
Un référent
est une chose (re)présentée par un signe ou une partie de signe.
Le référent
est ce que (re)présente actuellement un signe ou une de ses parties.
La référence
est la relation d'un signe ou d'une de ses parties à ce qu'il (re)présente
actuellement.
Par exemple, «l'étoile
du matin» et «l'étoile du soir» n'ont pas la même désignation: «l'étoile
du matin» désigne l'astre que l'on voit en dernier (hormis le Soleil et la
Lune) au début du jour depuis la Terre, et «l'étoile du soir» désigne
l'astre que l'on voit en premier (hormis le Soleil et la Lune) à fin du jour
depuis la Terre, mais les deux réfèrent au même astre, qu'on le sache ou non:
la planète Vénus.
Par exemple, «Henri
Beyle» et «Stendhal» réfèrent au même homme, mais «Henri Beyle» désigne
l'enfant puis l'homme tel qu'il a été nommé socialement, tandis que «Stendhal»,
le pseudonyme qu'il s'est choisi, désigne l'écrivain qu'il est devenu.
Par exemple, «Qu'est-ce
qu'elle fait là, cette sale bête?» et «Qu'est-ce qu'il fait là, le minou?»
peuvent référer au même chat, mais le désignent différemment: dans le
premier cas, dans une relation plutôt haineuse de la part de l'énonciateur,
dans le second dans une relation plutôt aimante de la part de l'énonciateur.
Par exemple, l'énonciation
«`Je viendrai demain.'» a pour désignation la venue de la personne qui l'a
dite ou écrite le lendemain du jour où elle l'a dite ou écrite; dite ou écrite
par Casimir le 29 août 1970, elle réfère à la venue de Casimir le 30 août
1970.
Par exemple, l'énonciation
«`J'habite à Paris.'» a toujours la même désignation, mais sa référence
change si ce sont deux personnes différentes qui la disent ou l'écrivent.
Une insignation
est une intention présentée dans un signe.
Par exemple, le
signe qui consiste à montrer du doigt insigne de faire voir son référent à
la personne à qui il est fait.
Par exemple,
les signes: «`Tu m'aimes.'», «`Aime-moi.'», «`M'aimes-tu?'» et «`Qu'est-ce
que tu m'aimes!'» ont la même désignation mais pas la même insignation; «`Charles
est sage.'», «`Charles est-il sage?'», «`Charles, sois sage.'», «`Que
Charles est sage!'» ont la même désignation mais pas la même insignation.
Par exemple, si
on me demande ce que j'ai l'intention de faire et que je réponds: «`J'ai
l'intention de partir.'», mon intention de partir est une intention représentée;
l'intention présentée (l'insignation) est celle de représenter une réalité,
c'est-à-dire de faire une affirmation.
Il y a cinq types d'insignation: s'exprimer, représenter
une réalité, faire faire quelque chose par un autre sujet, faire soi-même
quelque chose dans le futur, et réaliser quelque chose avec, par le signe lui-même.
Une signification
est l'ensemble de la désignation, de la référence et de l'insignation
d'un signe.
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La dénotation
est la partie de la désignation qui permet de référer.
La connotation
est la partie de la désignation qui représente une relation du sujet qui fait
un signe à ce à quoi il réfère. Par exemple, «chat» et «minou» ont la même dénotation mais pas la même connotation ; «toutou» et «minou» ont la même connotation (une relation plutôt aimante de la part de l'énonciateur) mais pas la même dénotation.
La compréhension
est la conscience ou connaissance de l'indication, des causes, du but, de la
signification, de la désignation, de l'insignation, de la référence ou du
principe.
Un signe compris est nécessairement un indice.
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L'intelligence
est la capacité de comprendre des choses nouvelles.
L'intelligence
est la capacité de comprendre sans savoir, sans avoir appris.
L'intelligence
est la capacité de comprendre ce qu'on ignorait.
Par exemple, ce
n'est pas parce qu'une personne connaissant l'anglais comprend une phrase en
anglais qu'une autre personne, ne connaissant pas l'anglais, ne comprend pas,
que celle-là est plus intelligente que celle-ci.
L'imbécillité
est l'incapacité à comprendre des choses nouvelles.
L'imbécillité
est l'incapacité à comprendre sans savoir, sans avoir appris.
L'imbécillité
est l'incapacité à comprendre ce qu'on ignorait.
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Une communication
est l'acte de faire un signe à un sujet, et de lui faire comprendre
ce signe et qu'on lui fait ce signe.
Par exemple, si
une personne fait un signe à une autre en croyant (ou en sachant) que celle-ci
ne le comprendra pas, elle a l'intention de lui faire un signe et de lui faire
comprendre qu'elle lui fait un signe, mais n'ayant pas l'intention de lui faire
comprendre ce signe, elle n'a pas l'intention de communiquer avec elle.
Par exemple, si
une personne sait qu'un espion écoute ce qu'elle dit grâce à des microphones
cachés et qu'elle croit que l'espion ignore qu'elle sait qu'il y a ces
microphones, elle peut avoir l'intention de dire quelque chose à l'espion, mais
il n'y aura pas communication tant qu'elle ne lui signifiera pas que c'est à
lui qu'elle parle.
Par exemple, un
neurologue réussit à connaître les pensées d'autres personnes grâce à un
appareillage relié à leur cerveau; il fait l'expérience avec une jeune femme
dont il est isolé; elle l'aime et pense «`Je vous aime.'» avec intention
qu'il le sache; elle aura réussi à communiquer avec lui s'il connaît sa pensée
grâce à son appareillage. On peut communiquer avec soi-même, par exemple écrire: «Ne pas oublier d'acheter le pain et d'appeler Séverine.» pour le lire soi-même plus tard.
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Un déicte est
un signe ou une partie de signe dont la référence dépend du contexte (de l'événementialité,
de l'occurrence) du signe.
Par exemple, le
signe qui consiste à montrer une pomme du doigt est un déicte, car dès que je
ne montre plus la pomme avec mon doigt, il cesse de la représenter; par contre,
le monème «pomme» n'est pas un déicte, car il représente toujours pomme indépendamment
de toute relation événementielle avec une pomme.
Par exemple, «je»
(la personne qui fait l'énonciation) ainsi que «mon», «ma», «mes», «nous»,
«notre», «tu» (la personne à qui est faite l'énonciation) ainsi que «ton»,
«ta», «tes», «vous», «votre» sont des déictes personnels; «maintenant»
(le temps où est faite l'énonciation), «aujourd'hui» (le jour où est faite
l'énonciation) «hier» (le jour précédant celui où est faite l'énonciation),
«demain» (le jour suivant celui où est faite l'énonciation) sont des déictes
temporels; «ici» (l'espace où est faite l'énonciation), «ailleurs», «là»
sont des déictes spatiaux; «cet homme-là» (ce que le sujet qui
fait l'énonciation regarde ou montre du doigt), «ceci», «cela», sont des déictes
de ce qui est perceptible au temps de l'énonciation par le sujet qui fait l'énonciation
ou le sujet à qui elle est faite; «la» dans «La boucherie est fermée.»
est un déicte.
Par exemple,
dans «La glace flotte sur l'eau.», dans «L'or est un métal.» et dans «Les
humains sont des mammifères.», il n'y a pas de déicticité; dans «Il pleut.»,
il y a une déicticité spatio-temporelle («Il pleut ici et maintenant.»);
dans «J'ai faim.», il y a le déicte «J'» qui a pour désignation la
personne qui fait l'énonciation et une déicticité temporelle («J'ai faim maintenant.»).
Par exemple,
dans «`Bonjour papa!'», «papa» est un déicte; par contre, il n'est
pas déictique dans «`Je vous présente mon papa.'», c'est «mon» qui
l'est.
Par exemple, Si
j'écris: «Comme on peut le voir dans les illustrations ci-contre, ci-dessus ou
ci-dessous...», «ci-contre», «ci-dessus» et «ci-dessous» sont des déictes
spatiaux relatifs à la position de la phrase dans la page.
Une anaphore
est un signe ou une partie de signe dont la référence dépend du contexte des
autres signes.
Par exemple, «S'il
vient, Pierre sera content.».
Par exemple, «il»
est une anaphore dans «Paul est venu; il est parti peu après.»;
«ce» est une anaphore dans «Paul, ce crétin»; «ici» est une
anaphore dans «L'auteur aborde le problème dans le second chapitre: ici
il propose une autre définition.»; «il», «elle», «ils», «elles», «son»,
«sa», «ses», «leur», «leurs», «le leur», «les leurs» sont des
anaphores; «le» dans «le fils de la concierge» est une
anaphore (alors que «la» est ici un déictique).
Une
cataphore est une anaphore qui précède ce à quoi elle réfère.
Par exemple, «ce» est une cataphore dans «Je vais vous expliquer ce
point: comment distinguer ces deux emplois.».
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Montrer,
c'est faire voir intentionnellement quelque chose à un autre sujet en lui
faisant intentionnellement comprendre l'intention de lui faire voir cette chose.
La monstration implique la communication.
La monstration implique la déicticité.
Cacher,
c'est intentionnellement ne pas faire voir.
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Une suggestion
est un indice intentionnel (donc fait par un sujet) sans intention de
communiquer.
Par exemple, un
humain peut plisser le front afin de faire croire à un autre qu'il est préoccupé;
une personne absente de sa maison peut laisser allumés l'éclairage et la
radio, afin de dissuader d'éventuels cambrioleurs en leur suggérant qu'il y a
une personne dans la maison; un joueur de poker peut relancer fortement afin de
suggérer aux autres joueurs qu'il a un beau jeu; une personne peut penser ou se
dire «J'ai chaud, j'ai chaud, j'ai chaud...» afin de s'(auto)suggérer qu'il a
chaud, qu'il fait chaud.
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Enseigner, c'est faire apprendre intentionnellement en communiquant un type ou un
ensemble de choses.
Enseigner, c'est communiquer avec un autre sujet afin de lui faire apprendre un
type ou un ensemble de choses.
Par exemple, si
une personne me dit qu'il pleut dehors, ce n'est pas un enseignement car elle me
fait savoir une chose unique.
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La timidité est
la velléité de communiquer.
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L'insistance est
l'acte de répéter une communication à une même (autre) sujet afin qu'il la
comprenne plus, y croit plus, ou réalise plus ce qui y est (re)présenté.
Par exemple,
dans «`C'est très, très beau.'» ou dans «`J'ai attendu, attendu,
attendu.'», il n'y a pas d'insistance, car ce n'est pas un acte de répétition
d'une énonciation, mais un acte de répétition dans une énonciation.
Si on répète
une énonciation parce qu'on croit que le sujet à qui on l'a faite ne l'a pas
entendue, ce n'est pas de l'insistance, car on croit ne communiquer qu'une fois.
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Un symbole
est un indice qui indique tellement autre chose qu'on l'y assimile fortement
(sans les confondre).
Une symbolisation
est l'assimilation de quelque chose à une autre chose qui permet de distinguer
plus cette première chose.
Par exemple, la sagaie symbolise le phallus; la blessure symbolise la
vulve; la balance symbolise la justice; le renard symbolise la ruse; le lion
symbolise le courage et la majesté; le vert symbolise la fraîcheur,
l'innocence, l'immaturité, la nature, l'apaisement, la sécurité,
l'autorisation; le rouge symbolise le sang, l'excitation, le danger,
l'interdiction.
Par exemple, dans une culture traditionnelle, l'interdiction d'exhorter
un bébé à dormir sous prétexte qu'il risquerait d'en mourir est symbolique,
car le sommeil indique la mort, et encourager un individu encore fragile à
dormir indiquerait une incitation à mourir; pour la même raison, les berceuses
y sont appelées «consolations», c'est-à-dire chansons pour apaiser les
larmes, et non pour faire dormir; il y est aussi interdit à un homme de battre
sa femme avec la grande cuiller en bois qui lui sert à faire la cuisine, car
elle en mourrait: cette cuiller est imaginée comme l'outil protecteur de la ménagère,
puisqu'elle lui permet de ne pas se brûler lorsqu'elle cuisine; une telle
inversion de l'utilisation de l'ustensile indiquerait et causerait donc une
inversion de son efficacité.
Par exemple, la voûte des églises indique la carène renversée d'un
navire, symbolisant la religion au milieu du monde extérieur hostile.
Par exemple, il y a une relation symbolique entre l'orage et la colère,
entre le clair de lune et les déclarations d'amour.
La balance symbolise d'abord l'équilibre, puis aussi la justice en
Occident (car le juge doit peser le pour et le contre entre deux parties
adverses pour parvenir à un état d'équilibre), ou l'harmonie entre le Yin et
le Yang en Chine. L'eau, le rouge symbolisent la vie mais aussi la mort; la croix, symbole d'expiation est devenue pour les chrétiens le symbole de la rédemption; le sel, symbole de la nourriture spirituelle et aussi le symbole de l'aridité de la terre; le lion est le symbole du Christ et aussi de l'Anté-Christ. |