Croyance, doute, connaissance et ignorance
Une
croyance est l'imagination (représentative) ou la remémorabilité
(mémorisation ou remémoration) de quelque chose comme étant réel ou comme
représentant quelque chose de réel.
On
peut croire (en) quelque chose qu'on ne comprend pas: il s'agit alors de croire
non pas que quelque chose est réel, mais de croire qu'une représentation représente
quelque chose de réel. Par exemple, on peut croire en la théorie
de la relativité (en sa vérité, donc) sans la comprendre. Par exemple, si une personne lit dans un
journal l'affirmation: «‘La stagflation est devenue le premier problème des
économies occidentales.’» et si elle la comprend, elle y croira et croira
que la stagflation est devenue le premier problème des économies occidentales;
si elle ne comprend pas le mot «stagflation», elle pourra croire l'affirmation
et croire que les économies occidentales ont un nouveau problème, sans croire
ce que la stagflation est devenue le premier problème des économies
occidentales: elle croit alors que cette affirmation représente la réalité
sans croire en la réalité (de ce) qu'elle représente. La première croyance fausse est une confusion.
Un doute est l'imagination (représentative) ou la remémorabilité (mémorisation
ou remémoration) que le contraire de ce qui est cru est réel ou représente
quelque chose de réel, ou peut aussi être réel ou représenter quelque chose
de réel.
Douter
implique de savoir qu'on ne sait pas.
La
certitude est la croyance sans doute.
L'incertitude est la croyance avec doute (ou le doute sans croyance).
Une prévision est une croyance en un événement
futur. * Une illusion
est une imagination de quelque chose d'irréel, causée par une perception et
dont on peut croire que c'est une perception.
Par
exemple, en voyant le dessin de Fraser, on a l'illusion de voir une spirale
alors que les cercles sont concentriques. Par exemple, le nombre limité des récepteurs
tactiles sous la peau peut faire croire que deux piqûres simultanées très
proches ne sont qu'une seule piqûre. Des illusions
perceptives sont causées par l'aspect holistique de la perception.
Par
exemple, une tâche qui émet une même intensité lumineuse, sur des fonds
lumineusement très différents, semble noire dans un cas, blanche dans l'autre
(par dilatation ou contraction des pupilles).
Par exemple, l'illusion de Müller-Lyer, où sont présentées deux
segments de ligne de longueur égale, l'un se terminant par des flèches
pointant vers l'extérieur, l'autre par des flèches pointant vers l'extérieur,
on a l'illusion que le premier segment est plus long, car en fait on voit nécessairement
les cinq lignes de chaque ensemble, et on ne parle et juge que d'une partie de
ce qu'on voit, chacune des deux longues lignes, qu'on ne voit pas ainsi isolément. * Une inférence
est la création d'une croyance ou une pensée (conceptuelle et non symbolique)
nouvelle pour soi (pas une remémoration donc), qu'on a, causée par d'autres
croyances ou pensées qu'on a. Un raisonnement
est un système d'inférences. Une prémisse
est une croyance ou pensée (conceptuelle et non symbolique) à partir de
laquelle on en infère une autre. Une hypothèse
est une prémisse douteuse ou incertaine (pour celui qui la fait).
Par exemple, «Si
A est B, C est D. Si E est F, A est B. Donc si E est F, C est D.» est un
raisonnement syllogistique hypothétique. Une conclusion
est dans une croyance ou pensée (conceptuelle et non symbolique) inférée à
partir d'autres.
Une
déduction est une inférence telle que si ses prémisses représentent
la réalité, sa conclusion représente nécessairement aussi la réalité.
Par exemple, du fait que tous les canards seraient des oiseaux et que ce
pinson serait un canard, il est déductible que ce pinson est un oiseau; même
si en réalité aucun pinson n'est un canard..
Par exemple, du
fait qu'aucun humain est métallique, on peut déduire que rien de métallique
n'est humain; du fait qu'aucun de mes amis n'habite en Antarctique, il est déductible
qu'aucun habitant de l'Antarctique n'est mon ami (Aucun X n'est Y; donc aucun Y
n'est X.).
Par
exemple, du fait que quelque humain est paralytique, on peut déduire que
quelque paralytique est humain; du fait qu'un de mes amis habite en Roumanie, il
est déductible qu'un des mes amis habite en Roumanie (Quelque X est Y; donc
quelque Y est X.).
Par
exemple, du fait que tout humain est mortel, on peut déduire que quelque mortel
est humain (Tout X est Y; donc quelque Y est X.).
Par
exemple, du fait que tous les humains sont mortels, il est déductible qu'aucun
humain n'est immortel (X est Y; donc X n'est pas non-Y.).
Par
exemple, du fait que tout humain est vertébré, il est déductible que tout
invertébré est non humain (Tout X est Y; donc tout non Y est non X.).
Par exemple, du
fait qu'aucun humain n'est métallique, on peut déduire que quelque métal
n'est humain (Aucun X n'est Y; donc quelque Y est X.). Un syllogisme
est une inférence, du fait qu'une chose serait un élément d'un ensemble et
que cet ensemble serait un sous-ensemble d'un autre ensemble (plus grand), que
cette chose serait aussi un élément de ce plus grand ensemble.
Par
exemple, du fait que Socrate serait un homme, et du fait que tous les hommes
seraient mortels, je peux déduire que Socrate serait mortel.
Par
exemple, du fait que tous les haricots contenus dans un sac seraient blancs, et
du fait que des haricots sur la table proviendraient de ce sac, je peux déduire
que ces haricots seraient blancs.
Par
exemple, du fait qu'aucun humain n'est métallique, et que tout aimant est métallique,
je peux déduire qu'aucun humain n'est un aimant (Celarent: Aucun X n'est Y. Or
tout Z est X. Donc aucun Y n'est X.).
Par
exemple, du fait que tout humain a des os, et que quelque individu n'a pas d'os,
je peux déduire que quelque que quelque individu n'est pas humain (Baroco: Tout
X est Y. Or quelque Z n'est pas Y. Donc quelque Y n'est pas X.).
Par
exemple, du fait qu'un cygne n'est pas blanc, je peux déduire que tous les
cygnes ne sont pas blancs (déduction du singulier vers l'universel).
Par
exemple, du fait qu'aucun humain n'est métallique, et que tout humain est
osseux, je peux déduire que quelque os n'est pas métallique (Felapton: Aucun X
n'est Y. Or tout X est Z. Donc quelque Z n'est pas Y.)
Felio: Aucun X
n'est Y. Or quelque X est Z. Donc quelque Z n'est pas Y.
Par
exemple, le raisonnement déductif «Jésus-Christ est Dieu; donc la mère de Jésus-Christ
est la mère de Dieu.» est asyllogistique, car il n'y a pas la prémisse: «Jésus-Christ
a une mère.», et la prémisse «Jésus-Christ est Dieu» représente la mêmeté
de choses, et non le fait que l'une est un élément de l'autre. Un sophisme
est une inférence présentée comme une déduction mais qui n'en est pas une.
Par
exemple, «Tous les fascistes portent un loden vert; or tu portes un loden vert;
donc tu es un fasciste.» est un sophisme, car pour déduire cela, il aurait
fallu la prémisse inverse: «Tous ceux qui portent un loden vert sont
fascistes.».
«Tout
vertébré a le sang rouge; tout mammifère est vertébré, tout carnassier est
mammifère; tout félin est carnassier; donc tout félin a le sang rouge.»
«Ce
qui est rare est cher; or un cheval à 5 francs est rare; donc un cheval à 5
francs est cher.» semble être un sophisme à cause la polysémie de «cher».
«Certains
universitaires sont mal formés; or tous les médecins sont universitaires; donc
certains médecins sont mal formés.» est un sophisme. Une induction
est une inférence, du fait qu'une chose ferait partie de deux ensembles, que
les éléments du plus petit ensemble feraient aussi partie (seraient aussi des
éléments) de l'ensemble plus grand.
Une
induction est une inférence, du fait qu'un élément d'un ensemble
serait aussi un élément d'un second ensemble plus grand, que tous éléments
du premier ensemble seraient des éléments du plus grand ensemble. Par exemple, du fait que Socrate serait un
homme, et du fait que Socrate serait mortel, je peux induire que tous les hommes
seraient mortels.
Par
exemple, du fait que des haricots sur la table proviendraient d'un sac, et du
fait que ces haricots seraient blancs, je peux induire que tous les haricots de
ce sac seraient blancs. Une abduction est une inférence, du fait qu'une chose appartiendrait à un (grand) ensemble, et du fait que les éléments d'un autre ensemble (le sous-ensemble) appartiendraient à cet ensemble, que cette chose serait un élément du sous-ensemble. Par exemple, du fait que Socrate serait
mortel, et du fait que tous les hommes seraient mortels, je peux abduire que
Socrate serait un homme. Par exemple, du fait que des haricots sur
la table seraient blancs, et du fait que tous les haricots contenus dans ce sac
seraient blancs, je peux abduire que ces haricots sur la table proviendraient de
ce sac. En entrant dans une pièce, j'aperçois sur
la table une poignée de haricots blancs, et, à côté, un sac de haricots; je
constate que ce sac contient uniquement des haricots blancs; je fais alors
l'hypothèse que les haricots qui se trouvent sur la table proviennent de ce
sac; l'hypothèse permet d'expliquer un résultat (la présence de haricots
blancs sur la table) en supposant que c'est un cas d'une règle générale.
En apercevant les haricots sur la table et dans le sac, et en formulant
une hypothèse, nous acquérons une connaissance (une croyance) qui modifie
notre attitude, influence notre façon d'agir; nous pouvons, en effet, sortir de
la pièce et demander: «Qui a sorti les haricots du sac et ne les a pas remis
en place?». Cela resterait une hypothèse, contredite si on nous disait: «As-tu
vu les haricots que j'ai mis sur la table? Je les ai achetés au marché. Ils
sont comme ceux que nous avons récoltés dans notre sac!». *
Une
connaissance ou savoir est
la conscience ou la remémorabilité (réelle Une croyance vraie n'est
pas une connaissance si elle est déduite faussement, même de croyances vraies
(ou de connaissances.
Par exemple, si
je crois que le nom du premier ministre anglais en 1912 commençait par un «B»,
c'est vrai, car c'était Bannermann; mais si je crois que Balfour était en 1912
le premier ministre anglais, je crois encore que le nom du premier ministre
commence par un «B»; pourtant, cette croyance vraie n'est pas une
connaissance, car elle est déduite d'une croyance fausse.
Par exemple, si
je sais que tous les Grecs sont des humains et que Socrate était un humain et
que j'en infère que Socrate était un Grec, je ne sais pas ainsi que Socrate était
un Grec, car je n'ai pas fait une déduction mais une abduction. Croire quelque chose
n'implique pas la réalité de cette chose, mais connaître quelque chose
implique la réalité de cette chose. Par exemple, croire qu'il pleut n'implique
pas qu'il pleuve, mais savoir qu'il pleut implique qu'il pleut. Ce qui fait être
certain qu'une certitude est une connaissance, c'est qu'il faudrait modifier
beaucoup d'autres certitudes dont on est certain que ce sont des connaissances pour
croire que cette (première) certitude ne représentait pas la réalité et n'était
donc pas une connaissance. La preuve
est ce qui est suffisant pour faire savoir.
Par
exemple, si Héraclite sortait à l'aube de sa maison et voyait le sol trempé,
l'eau qui coulait du toit de sa maison et des feuilles de tous les arbres autour
de lui, il avait la preuve qu'il avait plu pendant la nuit; voir et toucher
l'eau tomber du ciel partout autour de lui lui prouvait qu'il pleuvait.
Apprendre,
c'est avoir une connaissance ou un savoir nouveau en partie causé par des
perceptions.
Par exemple, la
capacité à sauter plus haut causée par la maturation du corps n'est pas un
apprentissage, alors que la capacité à sauter plus haut par l'observation et
l'imitation de la technique de Dick Fosbury est un apprentissage.
L'ignorance est l'inconscience ou non-remémorabilité de quelque
chose de réel, ou la conscience ou remémorabilité de quelque chose de réel
sans la conscience ou la remémorabilité d'être conscient ou d'avoir mémorisé
quelque chose de réel. Par exemple, on peut croire qu'il pleut
mais ignorer s'il pleut. Par exemple, le 7 novembre 1918, des
journaux à grande diffusion annoncèrent par erreur un armistice; or, le jour même,
deux sportifs prirent la mer à Boston pour rallier les Bermudes dans un petit
voilier; ils avaient à bord les journaux du jour, mais pas de radio; quatre
jours plus tard, ils arrivaient à bon port, alors que la guerre venait de
finir: le 10 novembre, ils croyaient que la guerre était finie et ignoraient
qu'elle n'était pas finie; et en arrivant, le 11 novembre, ils croyaient savoir
que la guerre était finie, mais croyaient qu'elle était finie le 7 novembre,
et ignoraient qu'elle était finie le 11 novembre. *
La
connaissance implique la certitude.
Le
doute implique l'ignorance.
La
certitude n'implique pas la connaissance.
L'ignorance
n'implique pas le doute.
L'incertitude
implique l'ignorance.
Croire
qu'on ignore implique qu'on ignore.
Connaître
implique la certitude de connaître.
L'ignorance
n'implique pas la conscience.
L'incertitude
équivaut au doute. * On croit, on sait, ou on
doute de ce qui est déductible d'autres croyances, connaissances ou doutes. Par exemple, sachant que les poissons ne
portent pas de vêtements, que les requins sont des poissons et que les pyjamas
sont des vêtements, nous savons, même sans jamais en avoir été conscients
auparavant, que les requins ne portent pas de pyjama.
Les
croyances, les doutes, les connaissances et les ignorances ne font pas nécessairement
partie de la conscience: ils peuvent être virtuels, c'est-à-dire mémorisés
ou impliqués par d'autres (cela n'apparaît pas dans les définitions car elles
auraient été trop complexes). Par exemple, je peux croire que les éléphants
ne portent pas de pyjamas dans la savane, sans jamais en avoir été conscient,
si je crois déjà que les bêtes (du moins les bêtes sauvages dans la nature)
ne portent pas de vêtements, que l'éléphant est une bête, et que les pyjamas
sont des vêtements. Par exemple, si un sujet croit que deux
personnes ont vécu mille ans l'une après l'autre et qu'elles n'ont pas pu
vivre plus de cent ans, il croira, même sans jamais en être conscient,
qu'elles n'ont pas pu parler ni manger ensemble. Par exemple, lorsqu'un humain sort précipitamment
de son bureau, il n'éprouve pas consciemment la croyance que le sol continue à
l'extérieur, mais si on l'arrête et qu'on lui demande si, quand il s'est précipité
en toute confiance par la porte, il croyait que le plancher continuait de
l'autre côté, il répondra que oui. Par exemple, je sais que j'ignore ce que
j'ai mangé il y a sept ans, sept mois et sept jours: c'est une connaissance, et
donc une croyance que j'avais sans en avoir jamais été conscient, et qui est
impliquée (ou contenue) par la croyance que j'ignore ce que j'ai mangé (précisément)
la plupart des jours de ma vie. *
Est
subjectif ce dont la croyance implique la réalité (et donc la
connaissance).
Est
objectif ce dont la croyance n'implique pas la réalité (et donc la
connaissance). Par exemple, croire que c'est réel
n'implique pas que c'est réel; croire que c'est irréel n'implique pas que
c'est irréel; croire que c'est vrai n'implique pas que c'est vrai; croire que
c'est faux n'implique pas que ce c'est faux; croire percevoir n'implique pas
percevoir (il est possible de rêver ou d'halluciner alors qu'on croit
percevoir); croire remémorer n'implique pas remémorer; croire imaginer
n'implique pas imaginer; croire être conscient implique être conscient; croire
ressentir implique ressentir; croire rêver n'implique pas rêver; croire
halluciner n'implique pas halluciner; croire connaître n'implique pas connaître;
croire ressentir implique ressentir; croire qu'on croit implique qu'on croit;
croire qu'on veut implique qu'on veut; croire qu'on ment implique qu'on ment;
donc, la réalité, l'irréalité, la vérité, la fausseté, la perception, la
remémoration, l'imagination, le rêve, l'hallucination et la connaissance sont
objectives, et la conscience, la sensation, la croyance, l'ignorance, la volonté
et le mensonge sont subjectifs. La compréhension est subjective (compréhension
de l'indication) ou objective (compréhension des causes, du but, de la
signification, de la désignation, de l'insignation ou du principe). La subjectivité et
l'objectivité sont objectives. *
Ce
qui est affectif est nécessairement subjectif.
(L'affectivité
implique la subjectivité.) Par exemple, croire qu'on est heureux,
qu'on est malheureux, qu'on désire, qu'on craint, qu'on aime, qu'on déteste
implique qu'on est heureux, qu'on est malheureux, qu'on désire, qu'on craint,
qu'on aime, qu'on déteste. On est heureux,
malheureux, on désire, on craint, on aime, on déteste nécessairement autant
qu'on le croit. *
La
réalité, l'irréalité, la vérité, la fausseté et la connaissance sont
universellement objectives, mais il peut exister des réalités, des vérités,
des faussetés ou des connaissances particulières subjectives. Si je dis «‘J'aime le chocolat’», la vérité ou la fausseté de cette affirmation est pour moi subjective, car cette affirmation est autant vraie ou fausse que je le crois. |