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Sommaire de l'anthologie

L'anthologiste

Cont@ct

 

Euripide

 

Il est né en -480 à Salamine est mort en -406 à Pella en Macédoine..

 

Iphigénie

Clytemnestre: - ... pour prévenir le sac de la cité

pour servir sa maison, racheter ses enfants,

immolant l'un pour sauver tous les autres,

on aurait pu lui pardonner.

Mais non! Voilà une Hélène impudique...

 

 Iphigénie en Tauride

(déesse) Athéna (au roi Thoas): - Institue aussi cette loi: lorsque le peuple célébrera sa fête, que le prêtre élève l'épée sur la gorge d'un homme, en compensation de ta vie épargnée, et qu'il fasse perler le sang, pour que les rites soient respectés et que la déesse obtienne les honneurs qui lui sont dus.

***

 Iphigénie à Aulis

Agamemnon: - Un dieu m'a pris au piège, dont la malice a sans peine eu raison de toute ma diplomatie. Oh! bienfaisante bassesse d'une naissance vulgaire! On peut alors donner libre cours à ses larmes; on peut exhaler toutes ses plaintes; mais au fils d'une race illustre sa haute fortune l'interdit; la grandeur dont nous sommes enflés régente notre vie et nous asservit à la foule.

(Vers ~445-~450)

**

Achille: - Un devin, qu'est-ce? Un homme qui mêle à beaucoup de mensonges quelques vérités, quand il a de la chance! Et lorsqu'il ne tombe pas juste, la chose sombre dans l'indifférence.

(Vers ~958-~960)

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 Andromaque

La Coryphée: - Peu importante dans sa cause, la querelle grandit quand la langue l'envenime. Aussi les sages d'entre les mortels se gardent-ils d'entrer en discussion avec des amis.

(Vers ~942-~944)

***

 Les Phéniciennes

la poussière aux dents, et chacun meurtrier de l'autre,

ils gisent côte à côte, et le pouvoir entre eux n'est pas départagé

***

[Euripide?]  Antigone

Dans leur double destin, les deux frères ont péri en un seul jour, donnant et recevant les coups de leurs bras iniques.

***

 Ion

Le Vieillard: - ...Et comment s'accomplit en elles le double don de la déesse?

Créuse: - Sous le coup mortel, de la veine creuse, jaillit une goutte...

Le Vieillard: - A quoi sert-elle? Quelle en est la vertu?

Créuse: - Elle écarte les maladies et nourrit la vigueur.

Le Vieillard: - Et comment agit la seconde?

Créuse: - Elle tue. C'est le venin des serpents de la Gorgone.

Le Vieillard: - Les portes-tu réunies, séparées?

Créuse: - Séparées. Mélange-t-on le salutaire et le nocif?

***

 Oreste

Tyndare (désignant Oreste): - À l'égard de cet homme, quel débat pourrait-il y avoir lieu d'instituer sur ce qui est sage? Si le bien et le mal à tous sont manifestes, qui plus que lui jamais se montra fol? Il n'a pas eu un regard pour la justice; il ne s'est pas soumis aux lois adoptées par tous les Grecs. Lorsque Agamemnon eut exhalé son dernier souffle, frappé à la tête par ma propre fille - crime honteux s'il en fut, que jamais tu ne me verras approuver -, il devait punir la meurtrière, mais sans offenser les lois divines, la poursuivre en justice, et de son palais chasser sa mère; de l'épreuve il serait sorti avec la réputation d'un sage, et, fermement attaché à la loi, il serait un homme pieux. Loin de là, le voici sous le coup de la même malédiction que sa mère; car, s'il avait raison de la juger criminelle, il s'est en l'immolant rendu lui-même plus criminel encore. Je ne te poserai, Ménélas, que cette simple question: si sa compagne de lit vient à l'égorger lui-même, et qu'ensuite leur fils égorge sa mère à son tour, puis, que le fils de ce fils lave le sang par le sang, jusqu'où reculera le terme de ces crimes? Les Anciens, nos pères, sur ce point furent gens bien sensés; ils ne permettaient pas que s'offrît aux regards ou qu'abordât autrui, quiconque avait du sang aux mains; il fallait lui imposer les exils régénérateurs; mais le tuer à son tour, non pas! Toujours, autrement, un homme devait tomber, sous le coup de cette sanction sanglante, puisque à ses mains demeurait attachée la plus récente souillure.

(Vers 495-520)

 

II 5

 

 Le Cyclope  

Vers 280-285

Le Cyclope - Est-ce vous qui du rapt de l'exécrable Hélène allâtes châtier la cité d'Ilion, voisine du Scamandre?

Ulysse: C'est nous. Cette tâche terrible, nous l'avons épuisée.

Le Cyclope: - Honteuse expédition! Pour une femme avoir cinglé vers la terre phrygienne!

Ulysse: - Ce fut l'œuvre d'un dieu; n'en accuse nul mortel.

 

 Médée  

Vers 89-95

La nourrice: - Entrez - tout ira bien - dans la maison, mes enfants. - Et toi, le plus possible tiens-les à l'écart, ne les laisse pas approcher une mère au désespoir. Déjà je l'ai vue fixer sur eux un œil farouche, comme prête à quelque éclat. Et elle ne suspendra sa colère, j'en suis sûre, qu'elle n'ait fait tomber ses coups sur quelqu'un. Qu'aux ennemis du moins, non aux amis, en aillent les effets!

 

Vers 122-130

La nourrice: - Mieux vaut être habitué à vivre dans l'égalité; pour moi du moins, que mon lot soit de vieillir hors des grandeurs en lieu sûr! Le juste milieu, par son nom d'abord, emporte la palme, et, à l'usage, rien n'approche de son utilité pour les humains; l'excès, au contraire, n'a jamais pour les mortels valeur opportune: de plus lourdes calamités, quand un dieu se courrouce contre une maison, voilà ce qu'il rapporte.

 

 Rhésos  

Vers 755-762

Le cocher: - Le destin nous accable, mais aux malheurs s'ajoute la honte, qui redouble notre malheur. Une mort glorieuse - puisqu'il faut mourir - est toujours triste. à mon avis, pour celui qui meurt; comment le nier? mais pour ceux qui survivent, elle est un sujet d'orgueil et fait la gloire de la maison. Nous, nous avons péri faute de prudence, et sans gloire.

 

 Les Troyennes  

Vers 630-645

Andromaque: - Elle a péri comme elle a péri. Quoi qu'il en soit, la vie est pour moi une faveur du destin moins précieuse que ne l'est pour elle la mort.

Hécube: - Non, ma fille, ce n'est pas la même chose de voir encore le jour et d'être mort: la mort c'est le néant, la vie a pour elle l'espérance.

Andromaque: - Ô mère, ce n'est pas un excellent raisonnement que tu as ici conçu. Écoute: je veux apporter une consolation à ton cœur. Le non-être est égal à la mort, selon moi; mais il vaut mieux mourir que vivre misérable: on ne souffre pas quand on n'a nul sentiment de ses maux. Quand des faveurs du destin on tombe dans ses rigueurs, on a l'âme obsédée par le regret de son bonheur passé. Pour elle c'est comme si elle n'avait pas vu la lumière; maintenant qu'elle est morte, elle ne sait rien de ses propres maux. Moi, je visais à une bonne renommée, je l'ai atteinte, mais je n'en ai que davantage manqué le bonheur.

 

Vers 683-695

La Coryphée: - Tu as atteint le même degré de malheur que moi; et en pleurant ton sort, tu me fais sentir l'étendue de mes souffrances.

Hécube: - Moi-même je ne me suis pas encore embarquée sur un navire, mais les peintures que j'ai vues et des récits me l'ont appris, si les marins ont une tempête ordinaire à essuyer, ils luttent avec ardeur pour échapper aux dangers; l'un se tient à la barre, l'autre aux voiles, un autre vide la sentine. Si la mer est la plus forte et qu'elle est trop déchaînée, ils cèdent à la fortune et s'abandonnent aux courants des flots. Ainsi moi. Accablée par mille malheurs, je reste sans voix, je cède et je me tais, vaincue par la vague de malheurs que soulèvent les dieux.

***

Fragment, 292, 7 et 254, 2

Le plus facile, tu l'as dit, c'est d'accuser les dieux.