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L'anthologiste

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Marcel Duchamp

 

 

Né en 1887

 

Ingénieur du temps perdu, entretien avec Pierre Cabane (1966)

ne suivant pas le courant en action à cette époque, ça gênait beaucoup de gens qui voyaient là une opposition à ce qu’ils faisaient, une rivalité si vous voulez ; mais qui en réalité n’existait pas du tout.

[Lu le vendredi 14 janvier 2011 dans Marcel Duchamp : un individu libéré du désir mimétique? de Jean-Marc Bourdin, extrait de Ingénieur de temps perdu, 1977, Belfond, Paris, p. 25]

 

Marcel Duchamp de retour en Amérique répond à Laurie Eglington

L’artiste moderne se doit de détester Picasso afin de créer quelque chose de nouveau, tout comme Courbet détestait Delacroix. Le fils doit haïr le père pour être un bon fils. Une telle haine semble être le seul moyen de produire cette réaction nécessaire contre les réussites de la période précédente. Vous ne voyez rien de Delacroix dans Courbet, ni rien d’Ingres dans Delacroix.

[Lu le vendredi 14 janvier 2011 dans Marcel Duchamp : un individu libéré du désir mimétique? de Jean-Marc Bourdin, extrait de Marcel Duchamp de retour en Amérique répond à Laurie Eglington, éditions L’Echoppe, Paris, 2004.

 

Marcel, mine de rien

Le monde serait plus heureux si l’échange s’effectuait sans compétition. Il n’existe pas de différence entre les épiciers entrant en compétition pour la vente de leurs bananes et les soldats Allemands et Américains se battant les uns contre les autres. […] La compétition est pire que la servitude ou l’esclavage.

[Lu le vendredi 14 janvier 2011 dans Marcel Duchamp : un individu libéré du désir mimétique? de Jean-Marc Bourdin, extrait de Denis de Rougemont, Marcel, mine de rien in la revue annuelle Etant donnés Marcel Duchamp n°3, 2001, p. 142]

 

Sans être fasciste, je pense que la démocratie n’a pas apporté grand-chose de sensé. On devrait penser qu’il y a assez de pain pour tous ! Il est honteux que nous soyons obligés de travailler simplement pour exister. Les hommes n’ont cependant jamais rien su faire de mieux que de faire de la vie une compétition – comme chez les animaux. Les religions elles-mêmes ne sont en fait que des prétextes à rivalités, à concurrence. C’est absurde ! On sait que les Noirs ne s’entendent pas avec les Blancs, et vice-versa. Néanmoins, on essaie mutuellement de s’imposer nos propres opinions… surtout les Blancs ! Et le résultat est qu’on s’entretue… Il y aurait certainement des personnes qui feraient du pain pour tous – gratuitement ; Il y aurait même des gens qui videraient volontiers les poubelles des autres; on devrait peut-être leur décerner une quelconque « légion d’honneur » en reconnaissance de l’accomplissement de ces basses besognes effectuées pour tous… Mais être obligé de travailler afin d’exister, ça, c’est une infamie!

[Lu le vendredi 14 janvier 2011 dans Marcel Duchamp : un individu libéré du désir mimétique? de Jean-Marc Bourdin, extrait de Serge Stauffer, Du coq à l’Âne mit Marcel Duchamp (1960), in Marcel Duchamp, Die Schriftien, Zürich, Theo Ruff Edition, 1994]

 

Quand je suis arrivé avec mon Nu descendant un escalier, ils ont su que cela ne correspondait pas à leur théorie, que ce n’était pas une illustration de leur théorie. Et de fait, il y avait dans ce tableau plus que du cubisme, à savoir l’idée du mouvement, sur laquelle les futuristes travaillaient dans le même temps. Alors ils ont jugé que ça n’était ni l’un ni l’autre, ni futuriste ni cubiste, et ils l’ont condamné.

[Lu le vendredi 14 janvier 2011 dans Marcel Duchamp : un individu libéré du désir mimétique? de Jean-Marc Bourdin, extrait de l'entretien avec Joan Bakewell le 5 juin 1968, The late show line up, BBC television post-production center, Londres]

 

un peu tourné les sangs

J’ai trouvé cela insensé de naïveté. Alors cela m’a tellement refroidi que par réaction contre un tel comportement, venant d’artistes que je croyais libres, j’ai pris un métier. Je suis devenu bibliothécaire à Sainte-Geneviève.

[Lu le vendredi 14 janvier 2011 dans Marcel Duchamp : un individu libéré du désir mimétique? de Jean-Marc Bourdin, extrait de Ingénieur de temps perdu, 1977, Belfond, Paris, p. 27]

 

 

 

Henri-Pierre Roché

Victor

Rester soi en aimant. Ne pas déménager dans l’autre. Un diamant peut coucher avec une émeraude. Ils se réveillent diamant et émeraude, pas confitures de diamant et d’émeraude.

Il ne faut pas manger l’autre ni vouloir être mangé, ça ne digère pas.

[Lu le vendredi 14 janvier 2011 dans Marcel Duchamp : un individu libéré du désir mimétique? de Jean-Marc Bourdin, p.

 

Jalousie tu étoufferas dans le cœur proprement.

Posséder tu ne souhaiteras en ton esprit loyalement.

Généreux toujours sera de fait et de consentement.

Mensonge tu éviteras comme la peste simplement.

(Tendresse tu prodigueras selon ton cœur directement).

Moitié de ton temps garderas pour ta fantaisie seulement.

Ton point de vue expliqueras avant toute chose clairement.

Ta liberté tu garderas et donneras mêmement.

Franchise intègre pratiqueras, premier devoir des amants.

Ta solitude préserveras, selon ton besoin fidèlement.

De petits enfants point n’auras pour te prolonger lourdement.

Ta route d’avance choisiras pour la suivre strictement.

Toutes les vierges tu fuiras, les initier serait méchant.

D’habitudes tu ne prendras qui tuent l’amour sûrement.

Fidélité ne promettras ni ne demanderas également.

Méditation pratiqueras et solitude journellement.

Ton temps tu protègeras et celui d’autrui sagement.

Ton travail tu soigneras pour toi seul pieusement.

[Lu le vendredi 14 janvier 2011 dans Marcel Duchamp : un individu libéré du désir mimétique? de Jean-Marc Bourdin, extrait de  Victor, 53-54]

 

Souvenirs sur Marcel Duchamp, in Robert Lebel, Sur Marcel Duchamp,Trianon, 1959, p. 80.

Fais à autrui ce qu’il désire, après t’en être bien assuré, et en usant de ta fantaisie.

[Lu le vendredi 14 janvier 2011 dans Marcel Duchamp : un individu libéré du désir mimétique? de Jean-Marc Bourdin, extrait de Souvenirs sur Marcel Duchamp, in Robert Lebel, Sur Marcel Duchamp,Trianon, 1959, p. 80]

 

 

 

Lydie Sarrazin-Levassor

Un échec matrimonial

L’amour sentiment, ça n’existe pas, répétait-il à ses amoureuses avec une franchise étonnante. C’est une habitude paresseuse de localiser sur un être ce qu’il faut distribuer à tous. Amitié, affection, voilà qui est bien. Quant à la fonction physiologique qui se fait à deux, elle n’a aucune espèce d’importance, pas plus que de dîner en compagnie.

 [Lu le vendredi 14 janvier 2011 dans Marcel Duchamp : un individu libéré du désir mimétique? de Jean-Marc Bourdin, extrait d'Un échec matrimonial 2004, Les presses du réel, Dijon, p. 160]